Petit traité d’apologétique pour les enfants

Par Natasha Crain

Équipez vos enfants pour répondre aux questions des sceptiques

« Il n’y a pas la moindre preuve que Jésus ait existé. »

Ce n’était pas la première fois que j’entendais un commentaire remettant en question la foi chrétienne. Au fil des années, mon site internet a attiré de nombreux sceptiques cherchant à contester le contenu de mes publications. Étant chrétienne depuis mon enfance, je souhaitais répondre à cette affirmation, mais me suis aperçue que j’étais assez mal préparée à discuter intelligemment face aux affirmations suivantes :

« La science a prouvé que Dieu n’existe pas. »

« La Bible est pleine de contradictions. »

« La religion chrétienne n’est qu’un mélange d’anciennes traditions païennes. »

Le jour où quelqu’un m’a écrit qu’il n’y avait alors aucune preuve de l’existence même de Jésus, je savais qu’il fallait que je m’informe un peu mieux. J’ai découvert l’apologétique, cette discipline qui a pour but d’argumenter en faveur des vérités fondamentales de la foi chrétienne. L’apologétique m’a aidée à mieux comprendre les preuves historiques du ministère et de la résurrection de Jésus. J’ai pu ensuite formuler des réponses à ceux qui proclamaient que Jésus n’a pas existé.

Tout en étudiant ces sujets, j’ai appris que de nombreux jeunes gens s’éloignaient de la foi chrétienne faute d’arguments réfutant ces défis. Malheureusement, de nombreux parents chrétiens ne savent pas comment inclure ce type d’information dans l’éducation chrétienne qu’ils donnent à leurs enfants.

Si vous faites partie de ces parents, vous pouvez commencer par apprendre vous-même comment répondre aux quatre grandes objections suivantes faites à notre foi :

  1. « La foi s’oppose à la raison. »

Je discutais récemment avec des parents sur la meilleure approche pour faire de nos enfants des disciples. Une des mères avait une vision très éloignée de la mienne en la matière. « J’explique à ma fille que croire en Dieu est une question de foi. C’est comme pour le Père Noël, certaines personnes y croient et d’autres non. »

Malheureusement, cette mère semblait avoir intégré l’idée fausse selon laquelle la foi est le contraire de la raison, où croire en Dieu est comparable à croire au Père Noël. Elle n’est pas seule, de nombreux parents s’arrangent de cette dichotomie erronée entre la foi et la raison. « Il suffit d’avoir la foi », expliquent-ils à leurs enfants lorsque quelqu’un leur oppose que leurs croyances ne sont pas « raisonnables ».

En réalité, nous n’avons pas à choisir entre foi et raison. La foi en elle-même consiste à adopter une croyance. Elle peut être basée sur de bonnes comme sur de mauvaises raisons. Une foi bien placée est soutenue par un bon raisonnement, alors qu’une foi mal placée n’est pas soutenue par la raison.

Les chrétiens sont appelés à avoir une foi raisonnable en réponse aux preuves que Dieu nous fournit, telles que les caractéristiques physiques du monde dans lequel nous vivons ou la capacité de l’être humain à comprendre et à intégrer un code moral. Nous devons comprendre ces preuves pour être prêts à en parler quand on nous pose des questions (1 Pierre 3.15).

Mise en pratique

Aidez vos enfants à se rendre compte que les chrétiens devraient être à l’aise dans les discussions basées sur la raison et la logique. Expliquez-leur qu’il y a une réelle distinction entre une foi bien placée ou une foi mal placée. Cherchez des exemples pour chaque catégorie, en faisant le parallèle avec notre foi en Dieu.

Par exemple, j’ai récemment remarqué que mon fils se tenait dans la cuisine, examinant les cuillères dans le tiroir à couverts. « Elles ne sont pas toutes propres », a-t-il constaté.

« Dirais-tu alors que tu as des raisons de croire que le lave-vaisselle n’est pas toujours efficace ? Compter sur le lave-vaisselle serait donc mal placer sa foi ! » ai-je répondu.

Nous avons éclaté de rire, mais ce petit moment nous a conduits à avoir une discussion intéressante sur les bonnes raisons de placer sa foi en Dieu.

  1. « La science a prouvé que Dieu n’existe pas. »

Si la foi est ancrée dans la raison, alors nos enfants devraient connaitre ces bonnes raisons et savoir repérer les manières dont Dieu se révèle à nous.

La Bible est notre principale source de connaissance sur Dieu, mais les chrétiens négligent souvent le monde naturel comme source de révélation de Dieu aux hommes. Que pensez-vous pouvoir apprendre de Dieu en observant le monde autour de vous ?

Notre monde physique déclare la gloire de Dieu, révélant l’œuvre de ses mains (Psaume 19.1). La vraie science – l’observation honnête du monde – est en fait loin d’être incompatible avec notre foi.

Un bon point de départ est… le début. C’est un fait scientifiquement accepté que l’univers a eu un commencement. Nous savons également que tout ce qui vient à exister doit avoir une cause. Rien n’apparait dans le monde sans cause. Et pour pouvoir être à l’origine de l’espace, du temps et de la matière, cette cause doit être extérieure à l’espace, au temps et à la matière. Tout cela est parfaitement compatible avec la description biblique de la création et de la nature de Dieu.

L’astrophysicien Hugh Ross et ses collègues ont observé plus de 140 propriétés de l’univers, telles que la force de la gravité, qui sont très précisément adaptées pour permettre l’existence de la vie. Il est extrêmement peu probable que ces facteurs se soient combinés par l’effet du hasard pour créer la vie. Cela suggère donc fortement que notre univers est le produit d’une intelligence raisonnée au-delà de la nature.

Mise en pratique

Demandez à votre enfant de s’imaginer devoir apprendre à connaitre Dieu sans l’aide de la Bible : « Que pourrais-tu apprendre de Dieu en observant le monde autour de toi ? » Appuyez-vous sur Romains 1.18-20, que vous pourrez utiliser comme tremplin pour des futures conversations sur ce que le monde nous révèle de notre Créateur.

  1. « Où est ton Dieu maintenant ? »

Avec les attaques terroristes et autres tragédies causées par l’homme, ce genre de commentaire montre comment la question du mal s’infiltre dans nos conversations du quotidien. C’est un dilemme sans âge : si Dieu est vraiment bon, il devrait éliminer le mal, et s’il est vraiment tout-puissant, il peut l’éliminer. Donc si le mal existe, Dieu ne peut exister.

De nombreux parents m’ont contactée parce que leurs enfants en étaient arrivés à cette conclusion.

Nous devons anticiper ces questions en commençant par rappeler à nos enfants que Dieu a créé les humains avec un libre arbitre. Imaginez ce que serait la vie sans aucune liberté de choisir le mal. Qu’en serait-il si nous étions seulement capables de faire le bien et d’aimer Dieu ? Il ne faut pas longtemps pour comprendre que nous serions comme des robots obéissant aveuglément aux ordres reçus.

La véritable bonté ne peut pas être forcée, nous devons la choisir. Une telle liberté nous permet pourtant aussi de choisir le mal. Dieu a rendu le mal possible en nous donnant le pouvoir de choisir mais ce sont les humains qui sont responsables d’avoir introduit le mal dans le monde.

Il est aussi très important pour les jeunes de comprendre que les athées ont leur propre problème à régler avec le mal. Si Dieu n’existe pas, il n’existe pas non plus de standard objectif pour décider de ce qui est mal. Sans une autorité morale qui surpasse les humains, ce que nous considérons comme « bon » ou « mauvais » ne peut être qu’une question de point de vue. Cependant, notre intuition la plus profonde nous souffle que certains comportements sont objectivement mauvais. Étant donné que ces « lois » morales objectives existent, la meilleure manière de l’expliquer est qu’il existe aussi un législateur qui les a créées (Romains 2.14-16).

Mise en pratique

Les nouvelles que l’on voit à la TV nous procurent malheureusement de nombreuses occasions de parler de ce sujet avec nos enfants. Servez-vous-en pour demander à votre enfant : « Comment penses-tu que ce mal peut se produire si Dieu est bon ? » Discutez avec lui de ce qu’est le libre arbitre et de ses conséquences. Expliquez-lui aussi que c’est parce que Dieu existe qu’on peut qualifier le mal de ce qu’il est.

  1. « Comment peux-tu croire que les morts ressuscitent ? »

Imaginez que vos enfants arrivent en courant et crient : « On vient de voir trois cochons volants dans le ciel ! » Vous ne les croiriez probablement pas. Parce que les cochons ne volent pas !

Pour beaucoup, c’est la logique qu’ils utilisent pour expliquer que les affirmations du christianisme, comme la résurrection, sont fausses. Un athée m’a dit un jour : « Je sais que la résurrection du Christ n’a pas eu lieu parce que la science me dit que les morts restent morts. » D’autres sceptiques sont d’accord : les affirmations des chrétiens vont à l’encontre du fonctionnement du monde naturel.

Il est important que nos enfants comprennent le défaut inhérent à cet argument. Les chrétiens comme les non-croyants sont d’accord pour dire que les morts ne reviennent pas à la vie naturellement. Mais les miracles tels que la résurrection sont des événements dont la cause est extérieure à la nature. Ils ne sont donc pas limités par les lois naturelles.

Mise en pratique

Demandez à votre enfant : « Pourquoi penses-tu que les chrétiens croient que Jésus est ressuscité alors qu’on sait que tous ceux qui meurent restent morts ? » Expliquez-lui que la résurrection est présentée comme un miracle et que les miracles sont des événements dont la cause est extérieure à la nature. Ils ne suivent donc pas les lois de la nature. Insistez sur le fait que si Dieu, créateur de l’univers, existe, les miracles sont complètement possibles et même probables.

Ces conversations ne sont qu’un point de départ mais elles offrent un cadre pour répondre aux principaux défis intellectuels auxquels font face les chrétiens de nos jours. Elles mèneront à des discussions qui armeront vos enfants d’une foi plus solide.

Natasha Crain est auteure de plusieurs livres et enseignante d’apologétique.

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Natasha Crain. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.