Infection téléphonique
Ecrit par Joshua Rogers
Je m’étais dit que je n’achèterais jamais d’iPhone. J’estimais que je n’en avais pas besoin (mon simple cellulaire remplissait déjà très bien sa fonction), et si j’en achetais un, j’avais peur de finir comme ces gens agaçants qui consultent leur iPhone à tout bout de champ comme s’ils vérifiaient leurs signes vitaux. Mais je me suis fait avoir par l’appareil photo.
J’en avais assez d’utiliser un portable de mauvaise qualité pour immortaliser tous les adorables moments de mes filles. Je me suis dit que si ces souvenirs n’avaient pas de prix, alors, peut-être que ce n’était pas excessif de payer 250 $ pour un téléphone.
C’est ainsi que je me suis retrouvé à signer un engagement sur deux ans pour posséder un téléphone que j’avais auparavant jugé inutile. Quand je l’ai eu en main pour la première fois, admirant son design chic et épuré, j’ai eu un sentiment de fierté. Après toutes ces années à n’avoir qu’un bête téléphone, j’étais tout content de posséder la crème de la crème. Mais ce que je n’avais pas anticipé, c’est que c’était bientôt lui qui allait menacer de me posséder.
Exposé au virus
Cela m’a pris un moment avant de remarquer mon attachement grandissant à mon téléphone. Je savais bien que je passais pas mal de temps à fixer ce petit écran rectangulaire, mais je me persuadais que j’étais juste en train d’explorer les fonctionnalités de mon nouvel appareil. Le problème, c’est qu’il y avait toujours quelque chose de nouveau à explorer : une nouvelle appli à télécharger, un nouveau texto à envoyer, une nouvelle photo à retoucher.
« Tu commences à ressembler à Carly avec ce téléphone », m’a un jour dit ma femme. Notre amie Carly passait son temps le nez collé à son téléphone intelligent, sans la moindre conscience de son impolitesse envers tous ceux qui l’entouraient.
« Mais bien sûr que non ! », ai-je répondu, en me disant que, contrairement à moi, Carly était accro à l’iPhone. Moi je n’utilisais le mien que pour trouver mon chemin, vérifier la météo, regarder ma liste de choses à faire, trainer sur Internet, envoyer des posts amusants sur Facebook, vérifier mes courriels, lire ma Bible, mettre des photos sur Instagram et répondre à mes textos… à longueur de journée.
Je refusais de l’admettre, mais je me suis demandé si elle n’avait pas raison.
Une épidémie familiale
Le premier indice vraiment inquiétant a été un séjour au cours duquel ma femme et moi sommes rentrés chez ma famille avec les enfants pour les fêtes. Non seulement ai-je remarqué que j’étais moi-même de plus en plus absent, accaparé par Instagram et Facebook, où je partageais tous les moments de notre séjour, mais j’ai vu que c’était aussi le cas des autres membres de ma famille. Pour la première fois, on avait presque tous un téléphone intelligent.
Vers la fin de la semaine, j’ai réalisé que je n’avais jamais autant pu admirer la chevelure de chacun. Notre obsession collective nous obligeait à passer tout notre temps la tête penchée sur nos appareils à jouer, écrire, regarder des vidéos ou utiliser Internet. C’était comme si le téléphone intelligent était devenu le nouveau membre de la famille sur qui tout le monde portait son attention. Et même si j’essayais encore de me convaincre que tous les autres étaient bien plus accros à leurs téléphones que moi, au fond, je savais que c’était faux.
J’avais fini par m’attacher à mon iPhone. Littéralement. Il était collé à ma main en permanence, comme une infection localisée dont je ne souhaitais pas guérir. Je le savais et je voulais que ça change. Mais pas suffisamment pour en faire quelque chose.
Le prix à payer
Un jour, j’étais en train d’écrire un texto sans importance, quand je me suis rendu compte que ma fille était par terre à côté de moi à me répéter : « Papa regarde. Regarde-moi papa ! » Je voulais regarder, bien sûr, mais il me fallait encore quelques secondes pour finir mon message.
Tu vas rater ce moment, me suis-je dit à moi-même, mais j’ai continué à écrire quand même.
Quand j’ai enfin levé les yeux, je l’avais raté, quoique cela ait été. J’ai ressenti une pointe de regret, réalisant que mes enfants allaient se rappeler de moi comme de ce père systématiquement penché sur son téléphone, comme en méditation ; ce père présent, mais absent. J’ai enregistré cet instant dans mon esprit et j’ai commencé à reconnaître que la bataille pour obtenir mon attention était devenue plus rude.
Peu de temps après, à la demande de ma femme, j’ai participé à une journée de retraite silencieuse organisée par un ministère local. Ils demandaient à ce qu’on vienne sans nos appareils électroniques, ce qui ne me plaisait pas tellement. Je n’aimais pas l’idée qu’un message puisse rester sans réponse pendant toute la journée ou, encore pire, que quelqu’un m’appelle sans que je décroche. Mais les règles sont les règles et le jour de la retraite, arrivé sur place, j’ai consulté une dernière fois mon compte Facebook et j’ai laissé mon téléphone dans la voiture.
Au fil des heures, j’ai été surpris et heureux de constater le soulagement que me procurait le fait d’être loin de mon téléphone, de pouvoir être au calme et à l’écoute d’autre chose que de la moindre petite sonnerie. En prenant le temps de méditer en silence sur la Parole pendant la journée, le Seigneur a pu parler à mon cœur en profondeur, comme ça n’était pas arrivé depuis des années. Cela n’aurait pas pu se faire si mon téléphone était resté avec moi. J’aurais alors traité Dieu comme j’avais traité ma fille, et encore une fois, j’aurais raté l’essentiel.
Je savais qu’il fallait que je change, et je le voulais vraiment. Pas pour essayer d’être un bon utilisateur chrétien de mon iPhone, mais parce que je voulais à nouveau vivre, être capable de me sentir connecté sans l’intermédiaire d’une machine.
La cure de désintox
Je ne vais pas vous mentir, je n’ai jamais envisagé me séparer complètement de mon iPhone. Il m’était vraiment trop utile au quotidien. Mais au lieu de cela, j’ai prié pour recevoir la grâce de briser ma dépendance à mon smartphone et j’ai décidé de mettre en place quelques restrictions quant à l’utilisation que j’en faisais.
Pour commencer, je me suis engagé à ne pas aller sur Facebook quand j’étais en présence de ma famille (étant donné que mes enfants sont dans la période où ils me suivent partout, cela a eu pour effet de réduire d’au moins 70% mon temps sur Facebook). J’ai aussi décidé de ne plus utiliser mon iPhone comme passe-temps sans réfléchir quand je fais la queue dans un magasin ou quand je prends l’ascenseur. Au lieu de ça, quand j’ai des petits moments libres, j’utilise mon application Bible pour lire la Bible en espagnol (je parle espagnol et je cherchais justement des moyens de le pratiquer. Qui aurait cru que les moyens étaient là, sous mes yeux…)
Cette réinitialisation technologique a clairement réduit le temps que je consacre aux réseaux sociaux et a augmenté celui que je passe avec ma famille. En plus, j’ai commencé à découvrir de nouvelles choses dans la Parole et j’améliore mon vocabulaire en espagnol. Je me sens plus présent de manière générale et moins prisonnier de ce petit téléphone en forme de paquet de cigarettes.
Grandir
Grâce à cela, le Seigneur m’a interpellé sur plusieurs domaines de ma vie à travers 1 Corinthiens 13.11, qui dit : « Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu un homme, j’ai mis fin à ce qui était de l’enfant. »
En appliquant ce principe à mon utilisation de l’iPhone, j’ai compris que Dieu ne me demandait pas de devenir un ascète anti-Tweeter ou Instagram. Il m’appelait à grandir et à me servir de mon téléphone comme un homme ; de posséder un téléphone intelligent plutôt que de me laisser posséder par lui.
Extrait du site Boundless, boundless.org. © 2013 par Joshua Rogers. Utilisation autorisée.