Ce qui détruit votre relation parents-adolescents

Ecrit par Mark Gregston

Jamais une mère ne m’a dit : « Je veux que ma fille soit parfaite » ni un père : « Je veux avoir une autorité absolue sur mon fils ». Et jamais aucun parent ne m’a annoncé fièrement : « Nous allons être des parents extrêmement critiques. » Mais j’ai entendu des centaines d’adolescents se plaindre en disant : « Ma mère attend de moi que je sois parfaite », « Mon père nous mène vraiment à la baguette », ou « Mes parents sont les gens les plus critiques que je connaisse. »

Nous recherchons un lien relationnel fort avec nos ados, mais parfois, malgré nos bonnes intentions, ce que nous faisons a plutôt tendance à détruire ce lien. Alors quels sont les principaux comportements qui détruisent notre connexion avec nos enfants ? Voici quatre des difficultés que j’ai le plus souvent rencontrées.

1. Exiger la perfection

Lors d’un séminaire pour parents, j’ai demandé à chaque participant d’envoyer ce message texte à leur ado : « Penses-tu que j’attends de toi que tu sois parfait ? » Au bout de cinq minutes, tous les téléphones dans l’auditorium se sont mis à vibrer : environ 95% des adolescents avaient répondu oui.

Nous voulons le meilleur pour nos enfants, c’est pourquoi nous mettons tant d’efforts à les pousser vers le haut. Mais il n’y a parfois qu’un pas entre encourager à l’excellence et créer des attentes déraisonnables. Quand nous mettons nos enfants devant des standards inatteignables, nous prenons le risque de les voir baisser les bras.

Votre ado peut manifester ce découragement de différentes manières. Certains vont se rebeller pour prouver qu’ils contrôlent leur propre vie. D’autres vont devenir hyper conscients de vos attentes élevées et mettre en place des mesures drastiques pour les atteindre (comme les ballerines qui deviennent anorexiques pour augmenter leurs chances d’obtenir le premier rôle). Nous devons trouver l’équilibre entre chercher ce qu’il y a de mieux pour eux, et poser des attentes inatteignables.

Nous savons que personne n’est parfait. Mais si vous n’avez jamais parlé avec vos enfants de vos propres défauts, ils ne savent pas qu’il est possible d’apprendre à vivre avec ses imperfections, et ils imaginent que la norme est d’être sans défauts. La première fois qu’ils aperçoivent un bouton d’acné sur leur figure, ils piquent forcément une crise ! En admettant vos défauts, vous donnez à votre enfant le droit de faire des erreurs et de ne pas être parfait et vous lui permettez de créer un lien plus profond avec vous. De plus, en étant témoins de vos succès et échecs, ils comprennent qu’il est tout à fait possible de construire une bonne vie même quand on fait des erreurs ou qu’on n’est pas toujours à la hauteur.

2. Avoir une attitude critique

C’est le plus insidieux des ennemis de la relation parent-ado. Certains parents passent par l’intonation de voix, le langage corporel et même par des versets bibliques, pour faire comprendre quelque chose à leur enfant. Mais celui-ci n’entend généralement rien d’autre qu’un jugement sévère qui lui tombe dessus. Quand vous prenez position sur des sujets tels que la marijuana, l’homosexualité, la religion ou un film, votre enfant peut interpréter vos paroles comme une critique injuste. Avez-vous peut-être l’impression qu’il interprète mal les choses et que vous n’êtes pas particulièrement critique ?

Laissez-moi vous demander ceci : avez-vous déjà levé les yeux au ciel en voyant votre fille dans certaines tenues ? Utilisez-vous les Écritures pour renforcer les règles dans votre maison ? Vous est-il arrivé de moins câliner votre fils parce qu’il vous avait déçu ? Nous avons tous eu ce genre d’attitude. Le problème est que ces actions peuvent être perçues comme découlant d’un esprit critique et les ados y sont très sensibles. Il n’est pas mauvais de verbaliser vos préoccupations, mais quand vous le faites, soyez attentif à ne pas rabaisser votre enfant.

Faites preuve de grâce dans vos actes comme dans vos attitudes. Et prenez le temps d’écouter votre enfant avec un cœur ouvert. Vous n’avez pas besoin de lui donner systématiquement votre avis. Et s’il vous demande votre opinion, commencez par : « Je ne veux pas que cela te paraisse être une critique, mais voilà ce que j’en pense :… »

3. Le besoin de contrôle

Nous désirons protéger nos enfants, cela fait partie de notre rôle. Mais ce désir peut facilement se transformer en un contrôle inconscient de l’autre.

Voulez-vous contrôler la vie de votre fils quand il aura vingt ans ? Non ! Et à dix-huit, ou quinze ans ? À quel moment commencez-vous à lâcher un peu de lest ? Si vous ne voulez pas contrôler leur vie adulte, les années d’adolescence sont les meilleurs moments pour vous entrainer progressivement à lever le pied.

Quand les ados ont le sentiment que leurs parents contrôlent tous les détails de leur vie, ils commencent à faire des bêtises. Leur rébellion est une manière d’essayer de conquérir leur pouvoir de décision, même si le résultat est souvent désastreux. J’ai un jour rencontré une ado qui était fan de piercings, au désespoir de ses parents. Pour elle, les piercings étaient une manière de prendre le contrôle sur elle-même face à ses parents qui (pleins de bonnes intentions) maintenaient une mainmise trop forte sur sa vie. Une fois qu’ils l’ont laissée faire plus de choix pour elle-même, ses piercings ont peu à peu disparu.

Si vous essayez de préparer vos ados à la vie en la contrôlant vous-même, il est probablement temps de changer et de vous débarrasser de cette habitude destructrice.

4. La négativité permanente

Combien de fois cette semaine avez-vous prononcé ces mots : « Il faut que tu… », « Tu aurais dû… » ? Le plus efficace pour amener votre jeune à se fermer, c’est de lui parler de manière plus négative que positive. Si vous passez plus de temps à critiquer qu’à encourager, à juger qu’à enseigner, à condamner qu’à approuver, vous êtes en train de doucement creuser la tombe de votre relation avec lui. Cherchez activement à repérer les attitudes, actions et comportements positifs pour lesquels vous pouvez féliciter votre enfant.

Personne ne veut passer du temps avec des gens constamment négatifs, ni écouter ce qu’ils ont à dire. Ne vous méprenez pas sur mes paroles, les enfants ont besoin de conseils constructifs. Mais ils ont aussi besoin d’amour et de soutien constant. Mettez en avant le positif chez lui et regardez grandir votre relation.

Il n’est pas évident d’entendre dire que quelque chose dans notre attitude affecte notre relation. Mais nous pouvons tous admettre que nous ne sommes pas des parents parfaits, que nous pouvons toujours grandir. Pour construire de merveilleuses relations, nous devons être capables de nous remettre en question pour continuer à créer des liens sains et solides avec nos ados.

Mark Gregston est le fondateur d’un centre d’hébergement pour adolescents au Texas. Pour en savoir plus sur son ministère allez sur Parentingtodaysteens.org.

Extrait du blog de Mark Parentingtodaysteens.org.  © 2015 par Mark Gregston. Utilisation autorisée.