Pour des conversations sérieuses avec votre ado : posez-vous les bonnes questions
Par Gwen Edwards
« Je ne sais pas comment parler à mon fils. » Aussi insensé à admettre et ridicule à affronter que cela puisse paraître, c’est la vérité. On pourrait penser que puisque je suis sa mère depuis 16 ans, j’ai eu le temps d’apprendre à communiquer avec lui. Au contraire, j’ai l’impression qu’engager une conversation avec Ethan devient de plus en plus difficile avec les temps.
Récemment, en désespoir de cause, je me suis assise afin de rédiger une liste de questions-chocs qui me permettrait de provoquer une conversation avec mon fils. C’était pour le moins étrange. Trouver des éléments amusants servant à briser la glace avec des inconnus est une chose, mais avoir à réfléchir à cela avec son propre enfant ? Le pire c’est que ma page est restée quasiment blanche. Lorsque j’ai réalisé que la seule idée qui me venait en tête pour arriver à parler avec mon fils était de crier « Au feu ! Au feu ! » devant la porte de sa chambre, j’ai compris que j’étais dans le pétrin. Le temps était venu de recourir à une aide professionnelle.
Mon intention première est toujours de trouver de l’aide à moindre coût, donc au lieu de consulter des spécialistes de l’éducation des enfants, je me suis tournée vers leurs livres. Plusieurs m’ont aidé, mais certains d’entre eux m’ont carrément convaincue que je faisais tout à l’envers, que je débutais avec les mauvaises questions. En réalité, ce qui permet d’engager de sérieuses conversations avec notre ado, ce ne sont pas des questions infaillibles qu’il faut lui lancer juste au bon moment. Le plus important est de réfléchir aux questions qu’on doit se poser à soi-même.
En découvrant ces questions et ce qu’elles impliquent, ma manière d’établir des rapports avec mon ado a profondément changé. Si vous avez aussi des difficultés à savoir comment aborder votre adolescent, je suis certaine que vous trouverez ces questions utiles.
Question 1 : Est-ce que je fais la différence entre éduquer des enfants et éduquer des ados ?
Lorsque les enfants entrent dans l’adolescence et que leur corps commence à subir des transformations, le style de communication des parents doit lui aussi se transformer. Durant l’enfance, nous contrôlons la plus grande partie de la vie de nos enfants et nous passons beaucoup de temps à leur donner des ordres – ordres qui sont souvent importants pour leur éducation et leur sécurité, cela a donc réellement du sens et l’enfant le vit comme quelque chose de sécurisant, il en a besoin. À l’adolescence cependant, les besoins de notre progéniture évoluent considérablement, et il peut être périlleux de s’accrocher à cette façon de communiquer.
Il est normal de continuer à lui dire de se lever le matin pour ne pas manquer l’autobus ou de sortir les poubelles quand c’est son tour, mais si la communication ne se résume qu’à cela, votre ado risque fort de s’éloigner de vous émotionnellement et de devenir défensif. Il est important, maintenant plus que jamais, de vous écarter de cette logique autoritaire du genre « fais ce que je te dis parce que je le dis ». À cette étape de leur vie, ces adultes en devenir supportent mal de se sentir contrôlés ; ils désirent plutôt se sentir valoriser.
Si vous désirez sincèrement entretenir une relation étroite avec votre ado, il est important d’apprendre à évoluer avec lui en tant que parent – à changer votre style d’intervention pour ce que l’on pourrait appeler : la patiente recherche du cœur de votre ado. Créer un environnement relationnel propice à la conversation et attendre le moment où votre fils ou votre fille vous révèlera ce qu’il pense vraiment est un processus à long terme.
En dépit des apparences, votre adolescent n’est pas indifférent à votre intérêt, loin de là. Quand votre fils s’en va furtivement le matin sans même dire « bonjour » cela ne signifie pas qu’il ne désire pas votre attention et si votre fille se mure dans un silence renfrogné pendant les repas familiaux il se peut tout de même qu’elle ait désespérément envie de partager avec vous ce qu’elle a sur le cœur. Toutefois, aucun ado ne partagera ses pensées avec un parent qui ne semble pas intéressé. Vous devrez chercher à convaincre votre enfant de trois choses :
- Il est extrêmement important pour vous
- Vous êtes intéressés par ses opinions, son vécu et ses aspirations
- Vous voyez – et aimez – l’adulte unique qu’il est en train de devenir (et ce, même quand il commet des erreurs en cours de route).
Concrètement ?
Commencez par préparer le terrain pour une communication étroite en saisissant les occasions qui mettront votre adolescent en valeur. Faites-lui savoir que vous voyez les choses qu’il fait bien et non seulement celles qu’il fait mal. Soyez spécifique dans vos éloges et essayez de valoriser ses efforts et ses traits de caractère plutôt que de vous concentrer uniquement sur ses réussites. Prenez l’habitude de demander l’avis de votre ado et assurez-vous de toujours considérer ses opinions avec respect. Faites-lui savoir que vous priez pour lui, et ce, pour des situations spécifiques.
Question 2 : Est-ce que je mets en avant l’écoute dans ma communication avec mon ado ?
Après avoir passé toutes ces années à diriger la conduite et les pensées de votre enfant, apprendre de nouvelles façons de communiquer n’est pas facile. Toutefois, certaines aptitudes sont essentielles si vous désirez gagner la confiance de votre ado afin qu’il partage avec vous ses pensées et ses craintes les plus profondes. Par exemple :
- Cesser d’utiliser le « ton d’enseignant ». Concentrez-vous d’abord sur l’écoute afin de comprendre réellement le point de vue de votre adolescent et…
- résistez à la tentation de ne pas tenir compte de l’opinion de votre ado, ou pire encore, de dénigrer son point de vue – rien ne le renfermera davantage.
Une bonne écoute n’est pas une écoute passive. Lorsqu’il se sent réellement écouté, cela interpelle l’adolescent, lui fait savoir qu’il est estimé. Gardez donc en tête la sagesse de Jacques 1:19 et « soyez prompt à écouter ». Lorsque votre enfant engage la conversation, arrêtez ce que vous faites et accordez-lui votre attention. Éteignez la télévision, tournez le dos à votre écran d’ordinateur, etc. Si vous ne pouvez pas vous engager dans la conversation immédiatement, prévoyez de revenir sur la discussion plus tard, à un endroit et à un moment précis.
Une autre chose à laquelle vous pouvez vous entrainer : écoutez sans interrompre ! Tentez de rester concentré sur les émotions de votre adolescent et sur ce qu’il essaie de vous dire et non sur ce que vous allez lui répondre.
En parlant trop vite et en voulant absolument donner votre point de vue, vous risquez de parasiter la conversation. Rappelez-vous que votre rôle n’est plus de diriger, mais d’aider votre fils ou votre fille à explorer ses propres opinions et à exercer sa capacité à prendre des décisions. Peu importe si les idées de votre ado semblent ridicules ou alarmantes, vous devez rester calme. La meilleure approche est de poser des questions qui aideront votre enfant à examiner plus en profondeur ses pensées et son raisonnement plutôt que d’invalider ce qu’il exprime.
Y a-t-il un moment pour partager vos opinions ? Absolument. Toutefois, vous devez d’abord montrer du respect envers l’indépendance de votre enfant en lui demandant s’il veut entendre votre point de vue. Demandez simplement quelque chose comme : « Aimerais-tu savoir ce que j’en pense ? » ou « J’ai déjà eu à prendre une décision semblable, puis-je t’en parler ? » Il est possible que votre fils ou votre fille ne soit pas ouvert à vous entendre sur le moment. Dans ce cas, il est sage de respecter son choix, car il ne vous entendra pas de toute façon. Ainsi il sait que vous le considérez comme un adulte en devenir et que le cas échéant, vous serez là pour le conseiller s’il le désire.
Concrètement ?
Faites savoir à votre ado que vous êtes disponible. Prenez l’habitude de lui dire : « Même si ce soir j’ai des choses à faire, si tu veux discuter, je serai content de prendre le temps ». Soyez attentif et tentez de déterminer le moment où votre ado est le plus ouvert à la discussion et assurez-vous d’être présent à ce moment-là. Soyez ouvert pour une conversation inattendue, même à une heure tardive de la soirée. Sortez régulièrement manger en tête à tête avec votre ado ou pratiquer une activité qui laisse la place à la discussion. Au début, cela vous semblera peut-être étrange, mais très vite, vous réaliserez tous les deux ce que vous avez manqué.
Question 3 : Est-ce que je prends en compte l’importance d’être patient et de garder mon sang-froid ?
Alors que vous cherchez à avoir des conversations plus intimes avec votre ado, essayez d’envisager une perspective à long terme. Si un adolescent s’est senti négligé ou incompris, vous aurez besoin de temps pour gagner sa confiance. Entre-temps, chacune des conversations que vous aurez avec lui compte. Dans son livre Have a New Teenager by Friday, le docteur Kevin Leman rappelle aux parents que « peu importe à quel moment vous parlez à votre ado, soit vous ouvrez une porte pour vos conversations futures, soit vous fermez cette porte ».
Le temps est un allié important pour le parent comme pour l’adolescent. Il est donc important d’être capable de remettre une conversation à plus tard. Si la discussion devient trop houleuse, demandez un temps mort. Il est préférable de dire « nous en reparlerons plus tard lorsque nous serons tous les deux un peu plus calmes », plutôt que de courir le risque de briser le lien de confiance que vous avez travaillé fort à bâtir entre votre enfant et vous.
La patience diminue la tension d’une conversation sous bien des aspects. Si votre opinion n’est pas la bienvenue, pourquoi forcer la main ? Reparlez-en plus tard lorsque votre ado sera d’humeur plus réceptive. Les adolescents éprouvent un kaléidoscope d’émotions qui changent rapidement et il est fort probable que l’occasion de reprendre la discussion se présentera bien assez tôt!
Concrètement :
Accélérez le processus de rapprochement entre votre ado et vous-mêmes en explorant vos ressemblances et vos différences. Prenez en considération son profil de personnalité. En quoi est-il différent du vôtre ? Qu’est-ce qui lui fait plaisir et qu’est-ce qui l’irrite ? Quel est son langage d’amour ? Quels sont vos intérêts communs ? Quels sont les sujets sur lesquels vous désirez en apprendre davantage afin de développer des points communs ?
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