Quand bébé s’invite

Comment trouver la joie au milieu d’une grossesse inattendue

Par Cynthia Alves

C’était un vendredi d’automne, une journée bien chargée pour ma famille et moi. Les enfants n’avaient pas école, ils allaient donc m’accompagner pour tout ce que j’avais à faire. Nous sommes arrivés un peu en retard à notre premier rendez-vous. À vrai dire, c’était le seul qui me préoccupait réellement. Laissant les deux petits dans la salle d’attente, je pénétrai seule dans la salle d’examen où la lumière était tamisée. Bien que l’ambiance fût à la relaxation, en mon être intérieur un tourbillon faisait rage. Anxieuse, je m’allongeai sur le lit et laissai l’assistante médicale procéder à son examen. Un peu de gel sur mon ventre et voilà que la sonde parcourait mon abdomen pour révéler cette réalité que je redoutais tant de confronter. Il était bien là, ce petit bout de chou, en train de faire ses galipettes dans mon sein. Je regardais l’écran de l’échographie et avec stupéfaction, je faisais la rencontre de mon troisième enfant. J’aurais voulu être saisie d’une joie spontanée mais en toute honnêteté, j’étais davantage assaillie de questions. Faire face à cette grossesse non planifiée allait me demander d’entrer dans un processus d’acceptation, un chemin de réflexion avec le Seigneur dans lequel se mêlaient mes interrogations et mes émotions avec sa parole et son amour.

L’arrivée d’un enfant n’est pas systématiquement synonyme de joie. C’est une réalité peu abordée dans l’église. On peut vite se sentir démunie quand une grossesse nous fait peur, nous dérange ou nous interroge. En partageant ici certaines des pensées qui ont pu me traverser et qui sont communes chez celles qui sont confrontées à cette situation, mon intention est de fortifier et d’encourager celles qui sont en chemin.

« En réalité, je ne voulais pas de cet enfant. »

La question du libre arbitre

Aussi choquante que cette idée puisse paraître, elle est cependant au cœur même de la difficulté éprouvée par celles qui font face à une naissance non planifiée. Elle exprime cette lutte entre notre volonté et celle de Dieu.

Tout d’abord, j’aime à me rappeler que Dieu n’est pas choqué par nos émotions, il les connaît toutes. Nous pouvons donc venir avec assurance les déposer à ses pieds. Dieu entend nos difficultés et, plutôt que d’étouffer nos pensées, nous pouvons vivre ce processus dans l’intimité avec notre Créateur. Reconnaître et abandonner nos émotions devant lui, puis y renoncer en les crucifiant à la croix, nous aidera à adopter de nouvelles perspectives.

Par ailleurs, nous vivons dans un temps où les moyens de contraception sont nombreux et communément acceptés par le public chrétien. Le contrôle des naissances peut donc nous donner l’impression que nous sommes aux commandes. Mon propos n’est pas de remettre en question la contraception, mais de souligner que cela peut parfois nous faire oublier que c’est Dieu l’auteur de chaque vie. La Parole est remplie de témoins nous rappelant que Dieu seul ouvre et ferme le sein maternel. Le miracle de la vie lui appartient et il en le seul Maitre.

Dieu ne cherche pas à outrepasser notre libre arbitre, mais il nous encourage à considérer nos corps et nos vies comme une offrande à son service : « Je vous encourage donc, frères et sœurs, par les compassions de Dieu, à offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. Ce sera de votre part un culte raisonnable. » (Romains 12.1)

Je suis émerveillée de la réaction de Marie lorsque l’ange lui annonce qu’elle sera enceinte. Si on s’arrête pour y réfléchir, il n’y a pas d’exemple plus parfait que celui-ci pour illustrer une naissance non planifiée. Certains penseront que le cas de Marie est singulier dans la mesure où elle enfante le Messie. Mais, soyons honnêtes, c’était un énorme défi pour cette jeune fille que d’accepter la volonté de Dieu. Elle avait beaucoup à perdre : son fiancé, son avenir, sa réputation et celle de sa famille. Cette annonce venait changer tous ses plans. Si Joseph la répudiait – comme il en avait le droit, personne d’autre n’allait l’épouser sachant qu’elle avait un enfant. En dépit de toutes ces circonstances, Marie a choisi de se soumettre à la volonté de Dieu et répond à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! » (Luc 1.38)

Puissions-nous, comme Marie, adopter la posture du serviteur. Puissions-nous, comme Jésus au jardin de Gethsémané, confesser à Dieu : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Matthieu 26.39)

 

« On n’a pas les moyens d’avoir un autre enfant. »

La question des ressources

Dans le contexte économique actuel, l’arrivée d’un enfant peut générer certaines inquiétudes financières. Elles sont parfaitement légitimes et peuvent être sources d’anxiété au sein du foyer. Pourtant, nous avons des promesses certaines sur lesquelles nous appuyer : « Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins conformément à sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens 4.19)

L’apôtre Paul nous assure ici qu’il y a en Dieu une pleine mesure, une provision abondante, pour combler tout ce qui nous est nécessaire. Notez qu’il parle de nos besoins et non pas de nos désirs. Jésus lui-même, dans Matthieu 6.25-34, nous invite à vivre une vie sans inquiétude du lendemain, considérant que Dieu sait ce dont nous avons besoin. Dans ce passage, Jésus nous exhorte à chercher d’abord la volonté du Père plutôt que le manger, le boire et le vêtir. Dieu nous invite à une vie de complète dépendance envers lui. Mettons donc notre confiance en son amour à l’égard de notre famille et de cet enfant en devenir. Nos moyens peuvent nous paraître certes limités mais nous avons un Père céleste dont les ressources n’ont pas de fin.

 

« Ce n’est vraiment pas le bon moment pour avoir un autre enfant. »

La question de la perspective

Il n’est pas rare qu’un enfant arrive au beau milieu d’une période de transition : un changement professionnel, un déménagement ou lorsque l’on s’apprête à entreprendre quelque chose de nouveau. Du point de vue de nos circonstances, cela peut sembler peu opportun. Et pourtant, c’est exactement le moment que Dieu choisit pour susciter cette nouvelle vie. C’est que Dieu écrit à travers chacun d’entre nous une histoire qui va bien au-delà de nous-mêmes. Dieu écrit l’histoire d’un peuple, d’un royaume, de nations. Si on adopte la perspective divine, on comprend que chaque personne, que chaque destinée sont minutieusement orchestrées, calculées et révélées à un temps choisi pour accomplir une œuvre précise. Jérémie 1.4-6 nous aide à comprendre cette vérité : « La parole de l’Éternel m’a été adressée : avant de te former dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu naisses, je t’avais consacré, je t’avais désigné prophète pour les nations. » (Jérémie 1.4-5)

Ainsi, chaque naissance est l’ouvrage originel et intentionnel de Dieu, le fruit même de sa pensée, conçu avec la collaboration de deux êtres. À ce titre, il est lui-même au contrôle du temps et des circonstances. Chaque fœtus est une destinée en attente d’être révélée, à laquelle sont assignées des œuvres préparées d’avance pour une génération précise. « En réalité, c’est lui qui nous a faits ; nous avons été créés en Jésus-Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions. » (Éphésiens 2.10)

Réjouissons-nous donc avec Dieu de ce que cet enfant viendra répondre à une mission, à un appel qui lui sont réservés.

 

« J’ai l’impression que je ne sers qu’à m’occuper des enfants. »

 La question de la valorisation

Alors que mon église prévoyait une conférence pour les femmes, je discutais avec une des organisatrices, lui expliquant ma frustration de ne pas pouvoir y participer, notamment en raison des enfants. Elle m’a alors partagé son expérience de femme mature, étant déjà passée par toutes ces étapes de la vie. Elle s’est souvenue des quinze années qu’elle avait elle-même mises à part pour élever ses trois enfants.

Nous avons pu échanger sur la multitude de sentiments ambivalents qu’une femme peut éprouver à l’égard de la maternité. Elle m’a d’ailleurs avoué qu’à cette époque, lorsque les gens lui demandaient ce qu’elle faisait dans la vie, elle éprouvait une certaine gêne à répondre : « Je m’occupe de mes enfants. » On a évoqué ensemble cette dévalorisation que l’on peut ressentir en tant que femme quand on fait le choix de sacrifier pour un temps nos projets personnels pour se consacrer pleinement au ministère maternel. Rester à la maison pour élever nos enfants semble être communément perçu par nos contemporains comme l’équivalent de ne rien faire.

À l’occasion de cette discussion, elle m’a encouragée à vivre pleinement ce temps de maternité en ne regrettant rien des projets mis en suspens. Elle m’a exhortée à ne pas croire à ce mensonge selon lequel ce temps consacré à l’éducation de nos enfants nous vole notre vitalité, nous retire notre existence de femme active, nous dérobe nos rêves. Bien au contraire, pour elle, ce temps avait fait d’elle la femme mature qu’elle est devenue. Aujourd’hui, à plein temps au ministère dans l’église, elle accomplit pleinement son appel. S’appuyant sur le chapitre 3 de l’Ecclésiaste, elle m’a confié : « Il y a un temps pour les enfants, puis viendra un temps pour réaliser d’autres projets qui te semblent importants. Rien de ce qui est attaché à ta destinée ne te sera ôté ! » En me rappelant le verset 3 du Psaume 127, elle a conclu : « Réjouis-toi de cette bénédiction et vis-là entièrement ! »

Cette conversation a été décisive dans mon approche de la maternité. En quittant l’église ce jour-là, je fus saisie d’une réelle paix, considérant que ce temps consacré à mes enfants participait aussi à ma croissance, au développement de ma maturité en Christ, et ne m’éloignait en rien de ma destinée.

Le temps et les questions passant, j’en étais ainsi à mon cinquième mois de grossesse. Un matin, je ne sais comment, je me suis levée saisie d’une grande joie à l’idée de cet enfant en devenir. Peut-être était-ce le fait d’avoir compris l’honneur que Dieu me faisait de me rendre partenaire de son projet ; ou le fait d’avoir longuement médité sur tous ces versets ; ou encore le fait d’avoir proclamé chaque jour une bénédiction sur cet enfant. Il est certain qu’écrire cet article m’a aidée à entrer dans un chemin de résilience. Je ne peux l’expliquer, mais quelque chose en moi est enfin prêt à accueillir cette vie, à laisser jaillir l’amour maternel. Bien que consciente des défis qui attendent ma famille, je suis sereine, comptant sur l’Éternel pour répondre à chacun de nos besoins.

J’ai accepté que cet « imprévu » puisse aussi apporter un bonheur inattendu.

Cynthia Alves est coach de vie et coach parental. Dotée d’un véritable don pour l’encouragement, elle aime aider et motiver chacun à réaliser son plein potentiel. Retrouvez-la sur son site internet: CynthiaAlves.com.

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