Vapotage : distinguer le vrai du faux
Quelques pistes pour les parents
Par Marie Kohlwaies
« Heureusement que je ne suis pas pressée », ai-je marmonné en m’arrêtant à un énième feu rouge. Sur ma gauche, trois adolescents, deux filles et un garçon, avaient entrepris de traverser devant moi. Un nuage de vapeur a momentanément enveloppé leur figure, avant de se dissiper dans l’air du soir.
Alors qu’ils passaient à proximité de ma voiture, l’odeur sucrée de vanille et de raisin qu’ils exhalaient s’est répandue autour de moi. Cela n’a rien d’inhabituel de voir des jeunes en train de vapoter, mais je ne peux m’empêcher de me demander comment et pourquoi les ados se tournent vers cette habitude. Leurs parents sont-ils d’accord avec cela ? Sont-ils même au courant ? Quelles informations sont disponibles pour les parents au sujet de cette pratique du vapotage ?
Pour de nombreux parents, le vapotage n’est pas une préoccupation importante. Certains d’entre eux estiment que ce n’est pas une question prioritaire face à toutes les autres difficultés qui parsèment la vie de leurs ados aujourd’hui. Pourtant, plutôt que de partir du principe que le vapotage est sans risque, il serait bon de rechercher des sources d’information fiables sur le sujet. Quand et pourquoi est-ce devenu si populaire ? Comment le vapotage affecte-t-il la santé de ceux qui le pratiquent ? Comment les parents peuvent-ils discuter de ce sujet avec leurs enfants ?
D’où vient le vapotage ?
Il s’agit d’une pratique relativement récente dans notre culture. La première cigarette électronique à connaître un succès commercial a été produite en Chine en 2003 et introduite en Amérique du Nord en 2006. L’e-cigarette s’est rapidement popularisée grâce à des stratégies marketing visant les adolescents. Il s’agit de petits objets faciles à dissimuler et qui proposent un large choix de saveurs. Cela ne peut qu’attirer l’attention des adolescents qui sont souvent avides de nouvelles expériences et aiment suivre les tendances. Fin 2018, on estimait à 3,6 millions le nombre de jeunes collégiens et lycéens qui vapotent aux États-Unis.
La vérité concernant le vapotage
De nombreux parents et adolescents ignorent que dans la plupart des cas, l’e-liquide qui est inhalé contient de la nicotine, une substance dont on sait qu’elle perturbe le développement du cerveau et des poumons chez les jeunes. Une seule recharge d’e-liquide peut contenir l’équivalent en nicotine d’un paquet entier de cigarettes. De plus, la nicotine est fortement addictive, ce qui pousse souvent les jeunes à passer de la cigarette électronique à la cigarette classique.
Les vapeurs produites contiennent des métaux lourds tels que du plomb et de minuscules particules qui peuvent venir se loger dans les poumons. Des études ont aussi pu détecter une série de produits chimiques toxiques qui peuvent jouer un rôle dans le déclenchement de maladies respiratoires et de cancers. Par ailleurs, les cigarettes électroniques peuvent être utilisées pour inhaler du cannabis ou d’autres substances dangereuses.
De plus en plus de gouvernements se penchent sur le problème du vapotage, en particulier chez les jeunes, d’autant plus que de graves problèmes de santé liés à cette pratique ont commencé à émerger récemment. Il suffit de taper « vapotage » ou « cigarette électronique » sur un moteur de recherche pour trouver de nombreux articles avertissant des dangers de cette pratique longtemps considérée comme inoffensive.
Les signes à surveiller
Certains parents se rappellent peut-être avoir fumé quelques cigarettes en cachette quand ils étaient au lycée mais les restes de cendre ou l’odeur infecte qui imprégnait invariablement les vêtements et les cheveux rendaient la discrétion impossible.
Le vapotage n’est pas aussi facile à détecter. Il ne produit pas de fumée mais de la vapeur. L’odeur agréable qui en émane, quand elle n’est pas inodore, se dissipe très rapidement et peut facilement être confondue avec l’odeur d’un bonbon ou d’un désodorisant. De plus, une cigarette électronique peut prendre la forme d’une cigarette normale, d’un stylo ou d’autres objets communs. Les produits de la marque Juul ressemblent par exemple à des clés USB.
Si vous pensez que votre adolescent vapote, il existe des signes subtils que vous pouvez repérer. Vapoter a tendance à assécher la bouche. Vous pourriez donc remarquer que votre ado boit plus que d’habitude, saigne parfois du nez, se racle fréquemment la gorge et tousse. Examinez de près les objets inconnus que vous trouvez chez vous. Les cigarettes électroniques, même si elles ressemblent à autre chose, ont un trou à chaque extrémité.
Comment réagir face au vapotage
Le meilleur moment pour parler à vos enfants du vapotage, c’est avant qu’ils y soient confrontés. Vous pouvez vous préparer à en discuter avec eux en faisant quelques recherches sur internet concernant les effets du vapotage. Prenez également le temps de rechercher les différentes formes de cigarette électronique qui existent, ainsi que les publicités visant spécifiquement les adolescents. Renseignez-vous sur les lois qui existent ou qui sont en discussion au niveau du gouvernement. Être bien informé vous équipera à mieux échanger sur ce sujet.
Expliquez à votre adolescent que vous voudriez parler avec lui du vapotage. Commencez par lui demander ce qu’il en sait et ce qu’il en pense. Écoutez avec calme et essayez de ne pas l’interrompre. Ensuite, vous pouvez lui répondre en vous servant des informations que vous avez récoltées sur les dangers du vapotage.
Quand vous apprenez ce qu’il sait sur le vapotage
Si vous découvrez que votre ado vapote, ou s’il vous le confesse lui-même, évitez de réagir trop fortement ou par des paroles dures. Posez-lui plutôt des questions pour essayer de comprendre pourquoi et comment il a commencé à vapoter. Montrez-lui que vous voulez chercher à connaître son point de vue.
Il est évident que chaque ado est unique. Ceux qui commencent à vapoter ont chacun leurs raisons. Nombre d’entre eux cherchent d’abord à s’intégrer auprès de leurs amis qui vapotent. Une ado a expliqué que pour elle, vapoter revenait à porter un tee-shirt sur lequel est inscrit : « Hé, je fais partie de la bande ! »
Si cela semble être le cas de votre ado, rassurez-le sur le fait qu’il est tout à fait normal de vouloir se sentir accepté par son cercle d’ami. Vous pouvez ensuite raconter les moyens plus ou moins intelligents par lesquels vous avez vous-même cherché à vous faire accepter quand vous étiez plus jeune. Demandez-lui ce qu’il en pense et quelles sont les manières positives dont il peut se sentir appartenir à un groupe.
Il est temps de passer à l’action
Aidez votre ado à comprendre que les comportements irresponsables ont des conséquences sur des aspects pratiques de sa vie comme par exemple son accès aux clés de la voiture, à l’argent de poche ou aux jeux vidéo. Vous pouvez ainsi l’informer que le fait de vapoter le privera d’utiliser la voiture pendant deux semaines. Si votre ado arrête le vapotage, il pourra conduire à nouveau au bout des deux semaines. Vous n’avez pas besoin de réagir avec colère. Rester calme est souvent plus efficace. Par contre, il faut faire ce que vous avez dit et ne pas céder.
Quoi qu’il arrive
Quel que soit leur âge, rappelez-vous que Dieu ne quitte jamais vos enfants du regard. Ils ne sont jamais hors de sa portée. En prenant le temps de prier pour eux, de leur parler de ce qui vous tient à cœur et de leur exprimer votre amour inconditionnel envers eux, vous ferez ce qu’un parent peut faire de mieux.
Quelques conseils de la part de Joannie DeBrito, directrice du département jeunesse et éducation chez Focus on the Family USA.
Vous ne pouvez pas contrôler tous les aspects de la vie de votre ado. Il est donc important de laisser le laisser prendre des décisions par lui-même. Certains de ses choix pourront aboutir à des erreurs ou des échecs qui vont perturber sa vie pendant un moment. En faisant naturellement face aux conséquences de ses mauvais choix, il en tirera des leçons. Cependant, il y a des limites à la liberté que l’on peut laisser à un adolescent. Il est bon qu’un parent puisse faire la différence entre un comportement aux conséquences douloureuses à court terme et un comportement qui peut causer de réels dangers pour la santé, avec des dégâts qui peuvent se révéler irréversibles.
Bien que le vapotage ait d’abord été présenté comme une alternative inoffensive et amusante à la cigarette, les risques pour la santé sont de plus en plus connus et les avertissements par les agences de santé officielles se multiplient.
Les risques à long terme du vapotage sont peu connus mais bien réels. Vapoter pourrait causer des dommages irréversibles aussi bien au niveau des poumons que du cerveau, en particulier chez les adolescents. Alors, soyez tout aussi ferme en ce qui concerne l’e-cigarette que vous le seriez pour n’importe quelle autre drogue. N’hésitez pas à poser des conséquences si votre adolescent enfreint cette règle.
Les conséquences en question devront être raisonnables et en lien avec l’ampleur du problème. Vous pouvez par exemple expliquer à votre ado que vous le privez de voiture parce que le vapotage au volant est particulièrement dangereux. Ou vous pouvez lui dire que le fait d’enfreindre cette règle familiale a brisé la confiance qui existait entre vous et que cette confiance doit être regagnée. Il se peut donc que certaines futures décisions qui demandent aux parents de faire confiance à leur adolescent soient gérées plus strictement pendant un certain temps.
Il est important de faire passer ce message avec amour et dans la paix, en insistant sur le fait que votre motivation est la santé de votre enfant, pas le désir de le contrôler. Commencez par faire preuve d’empathie ; posez ensuite clairement la règle et les conséquences que cela entrainera si elle est brisée. Le cas échéant, appliquez ces conséquences fermement et avec calme.
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