Un nouveau regard sur le Carême

Comment Pauline a retrouvé la joie de préparer l’arrivée de Pâques, malgré un passé de condamnation

Par Pauline Doerksen

Nous sommes en pleine saison du Carême. Quand je repense à mon enfance, je me souviens que le Carême représentait pour moi un temps sombre et pesant, un temps où il me semblait entendre sans cesse : Tu ne seras jamais assez bien, tu n’es pas une bonne petite fille, personne n’est dupe !

Une histoire personnelle compliquée avec le Carême

J’ai passé mon enfance dans des établissements catholiques, de la maternelle à la moitié de l’école secondaire. Nos professeurs nous avaient bien enseigné que Jésus était le Fils de Dieu, qu’il était mort sur la croix et qu’il était ressuscité. Ils nous avaient expliqué que nous étions tous des pécheurs et que nous avions besoin de pardon. C’était d’ailleurs pour cette raison que nous devions assister à la messe du Mercredi des Cendres, qui marquait l’entrée dans le Carême. Nous devions tous passer à la confession et ensuite, nous nous avancions pour recevoir le signe de croix en cendre sur le front.

Je rentrais toujours dans le confessionnal avec la peur au ventre. Je connaissais les bêtises que j’avais faites et je me demandais toujours si cela allait m’attirer des ennuis de les prononcer à voix haute. J’avais honte de les avouer à quelqu’un. Cependant, je ressentais un vrai soulagement quand je sortais de la petite cabine. Un soulagement mêlé du vague espoir que cette fois-ci, j’arriverais à faire mieux. Je m’efforcerais d’être plus gentille avec les gens autour de moi, de leur parler mieux. Je ferais des efforts pour ne plus rater la messe et pour devenir une meilleure personne en général. J’aimerais pouvoir vous dire que mes efforts ont eu l’effet espéré. Mais la réalité, c’est qu’avant même que les cendres se soient effacées de mon front, soulagement et espoir m’avaient déjà abandonnée. Un gros mot m’échappait, une dispute commençait et je me résignais à me dire que c’était juste ma nature, que je n’étais pas quelqu’un de bien et que Dieu devait être bien déçu par moi. La vie reprenait son cours normal jusqu’au prochain Carême et l’histoire se répétait inlassablement alors que j’essayais de m’accrocher un peu plus longtemps au soulagement et à l’espoir qui suivaient ma confession. Je me disais toujours : Je sais que je n’y arriverai pas mais peut-être que cette fois-ci, je tiendrai plus longtemps.

Comprendre réellement qui est Jésus

Ce n’est que des années plus tard que j’ai découvert que Jésus était mort pour que je puisse avoir une relation avec lui. Je lui ai alors donné mon cœur et cela a marqué le début d’un cheminement pour comprendre qui est véritablement Jésus et ce qu’il attend de moi. J’aimerais tellement pouvoir vous dire que mes luttes pour être une bonne personne ont disparu ou que je vis depuis en parfaite harmonie spirituelle avec le Seigneur. Mais ce n’est pas le cas et je suis à peu près certaine que personne d’autre ne pourrait affirmer de telles choses.

Une part importante de cette relation avec Jésus a consisté à découvrir la profondeur de sa grâce et de sa miséricorde envers moi. Je me rappelle encore de ce jour où nous chantions cet hymne Amazing Grace (« Grâce étonnante »). J’avais soudain été frappée par le fait que ce n’était pas un chant à propos d’une sainte nommée Grâce ! Cela vous parait surement évident et plutôt drôle, mais ayant grandi dans un environnement ou le prénom Grâce était très courant et où les saints sont tenus en haute estime, j’avais innocemment conclu qu’Amazing Grace parlait d’une femme merveilleuse qui aidait les perdus. Quand j’ai réalisé que ce chant fait référence à Dieu et au salut qu’il m’a accordé alors que je ne le méritais pas, je me suis mise à pleurer de reconnaissance.

Grâce étonnante, au son si doux, qui sauva le misérable que j’étais ;

J’étais perdu, mais je suis retrouvé, j’étais aveugle, maintenant je vois.

C’est la grâce qui m’a enseigné la crainte, et la grâce a soulagé mes craintes.

Combien précieuse cette grâce m’est apparue à l’heure où pour la première fois j’ai cru.

Le vrai Carême

Pendant des années, j’ai entièrement évité tout ce qui concernait le Carême. Je continuais à l’associer avec un sentiment d’échec et de condamnation. Je voulais me libérer complètement de cette pensée que je ne serais jamais assez bien pour Dieu. Je savais que la sanctification était un processus continu. Je croyais dans la Parole de Dieu qui dit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5.17) et « celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme » (Philippiens 2.6). En parallèle, je comprenais aussi de manière très personnelle les luttes dont parle l’apôtre Paul en Romains 7, sur le fait de faire ce que je ne veux pas et de ne pas faire ce que je veux. Ma lutte contre le péché était bien réelle. Il m’arrivait souvent d’avoir le sentiment de faire un pas en avant et deux pas en arrière. Et ça m’arrive encore.

Il y a quelques années pourtant, je me suis surprise à sentir monter en moi le désir de préparer spirituellement et plus en profondeur l’arrivée de Pâques. Je voulais passer plus de temps à méditer le coût de mon salut pour Jésus. Vous l’aurez deviné, cela m’a conduite à réévaluer ma vision du Carême. Je n’avais jamais complètement compris ma résistance au Carême jusqu’à ce que lise une phrase d’Ann Voskamp qui a complètement fait du sens pour moi : « Le but du Carême n’est pas de nous rendre acceptables aux yeux du Sauveur, mais de faire prendre conscience à chacun la raison pour laquelle nous avons besoin d’un Sauveur. »

Par le passé, j’avais eu l’impression que pendant le Carême, je devais travailler dur à me rendre meilleure. Maintenant, je comprends que le Carême me montre simplement que je ne suis pas meilleure, mais que Jésus lui, l’est ! Quel poids en moins sur mes épaules ! J’ai enfin compris ! Alors, en préparant mon cœur à fêter Pâques, j’accepte de recevoir le don de quelque chose que je ne pourrai pas accomplir moi-même.

Pauline Doerksen et son mari, Sam, sont les directeurs du programme Kerith Retreats, un centre de retraite de Focus on the Family au Manitoba, Canada.

© 2019 Focus on the Family (Canada) Association. Tous droits réservés. Utilisation autorisée.