Idées créatives pour faire rimer enfants et tâches ménagères

Par Heather Trent Beers

C’est extraordinaire la capacité qu’ont deux bacs de poubelles vides laissés devant la maison de me transformer de mère de l’année à furie enragée et ce, en moins de deux secondes.

Ce matin-là, je suis entrée dans la chambre de mon fils de quinze ans. « Jacob », ai-je dit, attendant qu’il me regarde.

« Oui maman ? » Ses yeux oscillaient entre l’écran et moi.

« Je sors faire une course. Peux-tu s’il te plaît rentrer les poubelles avant que je revienne dans une heure ? »

« Uh-huh. »

Je sais deux choses concernant mes enfants. Premièrement, il est important que je prononce leur prénom et que j’établisse un contact visuel. Deuxièmement, il faut que je leur fasse répéter ce que je viens de dire. Ces deux éléments sont essentiels pour lutter contre les « Mais j’avais pas entendu ! »

« Qu’est-ce que je t’ai demandé de faire ? »

« Rentrer les poubelles. »

« Quand ? »

« Avant que tu rentres. »

« Et je rentre quand ? »

« Dans une heure. »

« Parfait ! À dans une heure. »

Je suis partie le cœur léger. « Il est vraiment en train de devenir un jeune homme responsable ! », me suis-je dit. Pourtant, une heure plus tard, quand je suis rentrée à la maison, les poubelles trônaient encore au milieu de l’allée. Adieu la mère modèle et bonjour l’ouragan destructeur.

Pourquoi se donner tant de mal ?

Je fulminais tout en garant la voiture.  Je ne sais même pas pourquoi je me donne tant de mal.  Furieuse, j’ai empoigné les poubelles et les ai remises à leur place dans le garage. Ma tension était à son maximum et j’avais le cœur qui battait à toute vitesse.

Je savais qu’il fallait imposer à Jacob des conséquences pour son inaction, mais la seule chose à laquelle je pouvais penser était toutes les tâches ménagères qui m’attendaient et le fait que je me retrouvais à faire la sienne, pourtant si simple, en plus des miennes.

Soudain, je me suis mise à sourire. Si je fais ses tâches, alors il peut faire les miennes. Le plan qui se dessinait devant moi était si simple et ingénieux que l’espoir commençait à renaitre. J’ai murmuré avec ferveur : « Seigneur, je t’en prie, fais que ça fonctionne ! »

Arrivée à l’étage je me suis arrêtée devant la chambre de mon fils. « Salut Jacob ! » J’étais satisfaite de mon ton amical.

« Salut maman ! » Il m’a accordé un sourire rapide avant de retourner à son jeu.

« Tu as laissé les poubelles sur le trottoir, alors je les ai rentrées. »

« Oh… Je suis désolé », a-t-il dit en grimaçant. Il a levé les yeux vers moi, mais ses doigts continuaient à tapoter sur l’écran.

Être équitable

Par le passé, j’aurais répondu par une remarque cinglante du genre : « Être désolé ne change rien aux faits. » Cette fois-ci, j’ai dit calmement : « Ce n’est pas grave. Tu peux faire une de mes corvées à la place. Il faut plier le linge. » Il a posé son téléphone, le regard fixé sur moi. Il savait qu’il venait de se faire avoir et qu’il ne pouvait pas crier à l’injustice.

Pendant qu’il s’occupait de plier les pantalons et les chaussettes, j’en ai profité pour lire quelques pages d’un roman. J’ai réfléchi à ce qui venait de se passer. Rentrer les poubelles : une minute. Plier le linge : six minutes. Ça fait cinq minutes de libres pour bouquiner tranquille. Je pourrais y prendre goût. J’ai murmuré une petite prière de remerciement.

Garder le cap

Deux jours plus tard, j’ai demandé à Rebecca, ma fille de neuf ans, de ranger ses chaussures avant le déjeuner. J’ai bien respecté toute la procédure : dire son nom, la regarder dans les yeux et lui faire répéter les instructions. Elle avait bien tout compris. Après le déjeuner, les chaussures étaient toujours là. J’ai donc pris le temps de les ranger, sans dire un mot ou pousser le moindre soupir de martyre. Je réfléchissais à ma prochaine pause de cinq minutes.

J’ai lancé à Rebecca : « Tu n’as pas rangé tes chaussures avant le déjeuner, alors je m’en suis occupée. »

Comme à son habitude elle s’est exclamée : « Oh, pardon maman. »

« Ce n’est pas un souci ma chérie. Je devais passer l’aspirateur dans le salon, alors tu peux le faire à ma place. » Rebecca m’a regardée comme si je venais de la gifler. « C’est pas juste ! » a-t-elle pleurniché, le regard désespéré.

« Ce qui n’est pas juste, c’est que ce soit moi qui fasse tes corvées en plus des miennes. Puisque j’ai fait la tienne, tu peux faire l’une des miennes. »

Elle a capitulé. Elle déteste passer l’aspirateur, alors elle a accompli sa tâche en boudant. Cela dit, l’aspirateur a été passé et moi, j’ai eu mes cinq minutes de lecture.

Au cours des jours qui ont suivi, j’ai compilé avec joie ma liste de choses à faire, calculant le nombre de chapitres que je pourrais terminer si tout se passait bien. J’ai demandé aux enfants de participer plus et ils l’ont fait avec une certaine bonne volonté. J’ai commencé à me sentir un peu moins shérif chez moi et un peu plus maman.

Même mes prières se sont transformées, passant de « Seigneur, à l’aide ! » à « Seigneur, permets qu’ils oublient quelques-unes de leurs corvées car je viens juste de commencer un nouveau livre ! »

 

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