Quand le prince charmant n’est pas parfait
Par Sabrina Beasley McDonald
Revoir ses attentes pour faire de la place à la grâce dans le couple
Cela faisait trois ans que j’étais veuve lorsque j’ai épousé Robbie. J’étais enchantée d’avoir enfin un compagnon aimant et un papa pour mes deux enfants, encore tout jeunes. J’étais persuadée que Robbie allait combler tous les besoins de nos vies, en amour comme dans l’éducation des enfants.
Il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte que j’avais épousé un être humain et non un prince charmant. Il ne pouvait évidemment pas se montrer à la hauteur de mes attentes démesurées, ni moi à la hauteur des siennes.
Ma première surprise fut de constater que mon fils Ben, d’à peine cinq ans, a d’emblée rejeté Robbie comme nouveau papa. Je ne savais pas qu’un garçon aussi jeune pouvait déjà avoir des aspirations de mâle dominant. Pourtant, c’était là, sous mes yeux : jalousie, orgueil et entêtement de la part de mon fils, tout comme de mon mari. La première année a été une véritable guerre de territoire, que ce soit pour mon attention, la télécommande, le diner… pour absolument tout.
Je ne savais pas quoi faire. Je voulais tellement une famille qui s’aime et où on est heureux de passer du temps ensemble. Avais-je commis une erreur ? Aurais-je dû attendre plus longtemps pour me remarier ? Mon fils était-il le seul responsable des difficultés ou mon mari avait-il sa part ?
Je me rendais malade à essayer de trouver des solutions. Ma nouvelle vie n’était pas parfaite mais je voulais qu’elle le soit. À genoux, j’ai supplié Dieu : « Seigneur, je ne sais pas quoi prier. Je ne sais pas comment changer Ben ou Robbie ou comment réparer leur relation. »
J’ai alors senti la douce voix du Saint-Esprit murmurer dans mon coeur : « Tu n’as pas à changer qui que ce soit. C’est mon travail. Ton travail à toi est de faire preuve de grâce envers eux et de t’attendre à moi. »
La grâce, voilà quelque chose que je désire recevoir moi-même. Je sais que je vais faire des erreurs. J’ai besoin de la patience des autres, de pouvoir recommencer à zéro, d’être pardonnée. Mais la grâce était bien loin de moi quand mon fils pleurait de rage ou que Robbie perdait son calme. Ce que je voulais dans ces moments-là était d’avoir le contrôle.
Il semblerait pourtant qu’avoir le contrôle ne soit pas inclus dans le kit « famille recomposée ». La seule solution (si je ne voulais pas devenir folle) était de lâcher prise et de faire confiance à Dieu. C’est ainsi que, lors des conflits qui ont inévitablement suivi, j’ai appris à prendre une grande inspiration, à me redire intérieurement que personne n’est parfait, puis à faire face à la situation.
Par définition, les êtres humains pèchent. Il me fallait l’accepter et laisser de la place aux erreurs. Ce nouvel état d’esprit basé sur la grâce a aussi aidé mes enfants. Un jour, Ben était fâché contre son père, à raison.
« Ben, tu as raison, Papa a eu tort, il a fait une erreur. Mais lorsque tu te mets en colère et que tu réagis mal, n’aimerais-tu pas qu’on te pardonne ? »
« Si », a-t-il répondu.
« Alors penses-tu que tu peux pardonner à papa ? »
« Je suppose que oui », a-t-il dit avec une pointe d’humilité.
Une autre fois, Ben trouvait que Robbie se montrait trop sévère envers lui. Je lui ai alors expliqué : « Papa n’est pas ton ennemi. S’il te punit parfois, c’est pour t’aider à grandir et à devenir un homme de caractère. » Le lendemain, Ben était à nouveau joyeux. Bien plus, il semblait s’être rapproché de son père.
Cela fait maintenant six ans que nous sommes une famille. Bien que nous ayons rencontré d’autres difficultés liées à notre situation, j’ai du mal à croire combien la relation entre Ben et Robbie a changé. L’autre jour, j’ai versé des larmes de joie lorsqu’au moment de mettre Ben au lit, il m’a confié :
« Maman, quand je serai grand, je veux être comme papa. »
© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Sabrina Beasley McDonald. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.