Enfant prodigue : est-ce de ma faute ?
Écrit par Gary Thomas
Est-il possible d’être de suffisamment bons parents pour avoir la garantie que nos enfants ne s’éloigneront jamais de Dieu ?
Arianna avait le cœur brisé par les choix immoraux que son fils faisait en tant que jeune adulte. Elle lui a demandé où se situait Jésus dans tout cela.
« C’est quelque chose que j’ai besoin de reconsidérer. Ça fait longtemps que je me questionne au sujet de Jésus », lui a répondu son fils. Voilà les paroles les plus douloureuses qu’Arianna ait entendues. Un mauvais comportement est une chose, mais perdre la foi en Jésus est beaucoup plus grave.
Lors de notre discussion, Arianna se demandait ce qu’elle avait mal fait en tant que mère. Aurait-elle dû lui faire l’école à la maison ? L’avait-elle laissé consacrer trop de temps aux activités sportives ? Lui avait-elle parlé trop peu de la foi ?
« Est-ce de ma faute ? Suis-je un mauvais parent ? », s’interrogeait-elle.
Il n’y a aucune garantie
En tant que pasteur, il est toujours difficile d’expliquer aux parents que le fait d’aimer Jésus, d’élever ses enfants dans une bonne église et de prendre du temps à la maison pour leur enseigner les bases de la foi ne leur garantit pas de systématiquement obtenir les résultats escomptés. Combien je voudrais pouvoir leur promettre que nos efforts continus amèneront infailliblement nos enfants à aimer et à suivre Dieu ! Le fait est que nous ne sommes pas en train de programmer des ordinateurs. Nous élevons des jeunes adultes créés à l’image de Dieu, image qui repose sur la capacité des êtres humains à faire des choix.
J’ai lu avec Arianna le passage de Marc 13.12-13 où Jésus, s’adressant à des croyants, explique : « Les enfants se soulèveront contre leurs parents et les feront mourir. Vous serez détestés de tous à cause de mon nom. » Dans ces promesses, que personne ne désire vraiment s’approprier, Jésus avait prédit que certains croyants verraient leurs enfants se rebeller, non seulement contre eux, mais aussi contre lui. Avoir part aux souffrances de Christ peut inclure vivre la douleur de voir ceux que l’on aime rejeter la vérité.
L’une de ces promesses semble s’appliquer en particulier aux enfants : « S’il y a cinq personnes dans une famille, elles seront divisées, trois contre deux et deux contre trois, le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. » (Luc 12.52-53)
La réaction d’Arianna à ces promesses fut la réponse classique : « Je préfère de loin le verset qui dit que, si on élève un enfant dans les voies de Dieu, il ne s’en éloignera pas. »
N’est-ce pas notre cas à tous ?
Une ligne de division
Bien que ce ne soit pas une réalité sur laquelle beaucoup de parents veuillent s’arrêter, être disciple de Jésus ne nous garantit pas que nos enfants le suivront également. D’ailleurs, Jésus a affirmé qu’il pouvait devenir une « épée » de division, créant une séparation entre parents et enfants, entre fidèles et infidèles (Matthieu 10.34-36). Ce n’est donc pas un signe d’échec pour un parent chrétien. La raison pour laquelle Jésus dit cela, et peut-être l’une des raisons pour lesquelles Dieu l’a inclus dans la Bible, c’est pour que les parents sachent que la rébellion d’un enfant ne signifie pas qu’ils ont échoué en tant que parents. En d’autres termes, Jésus ne dit pas cela pour nous condamner, mais pour nous préparer.
Le Dr Steve Wilke explique aux parents attristés : « Bien que Dieu ait créé un monde parfait pour Adam et Ève, cela ne les a pas empêchés de pécher. Pensez-vous que la Trinité s’est alors demandé : ‘Où s’est-on trompé ?’ »
Pensez au roi David, que Dieu a promu de berger à roi d’Israël, lui donnant une grande influence. David a réagi en commettant un meurtre et un adultère. Pensez-vous que Dieu se soit demandé : « Qu’aurais-je pu faire différemment ? Ah, si seulement j’avais été un meilleur Père ! »
Lorsque Jésus a vécu en tant que Messie parfait, offrant à Judas de merveilleux enseignements, des conseils parfaits et le meilleur exemple qui ait jamais existé, mais que cela n’a pas suffi, Jésus s’est-il interrogé : « Qu’ai-je mal fait en tant que rabbin ? »
Chacun fait ses propres choix. Penser que nous pouvons être des parents suffisamment bons pour que nos enfants ne s’éloignent jamais de Dieu revient à penser que nous pouvons faire mieux que la Trinité. En tant que parents, vous ne pouvez pas créer un jardin d’Eden parfait pour vos enfants. Et même si vous le pouviez, cela ne les empêcherait pas de pécher.
Le syndrome de Samuel
Samuel est une figure fondatrice de l’histoire d’Israël. Selon ce qu’on sait de lui, il fut un fidèle serviteur de Dieu (1 Samuel 2.35 ; 12.1-5). Cependant, ses deux enfants se sont rebellés contre Dieu : « Lorsque Samuel devint vieux, il établit ses fils juges sur Israël. […] Les fils de Samuel ne marchèrent point sur ses traces ; ils se livraient à la cupidité, recevaient des présents, et violaient la justice. » (1 Samuel 8.1, 3)
Certains auteurs chrétiens ont estimé que c’était la faute de Samuel, suggérant qu’il aurait échoué en tant que père, ajoutant qu’un travail dans le ministère peut parfois venir entraver le rôle de parent. Mais cela n’apparaît pas dans la Bible. Il est seulement dit que les fils de Samuel se sont révélés être de mauvaises personnes. Eli, à qui Samuel a succédé, est pour sa part accusé de ne pas avoir réprimandé ses fils (1 Samuel 3.13). Le fait que la Bible ne dise rien de tel concernant Samuel signifie donc probablement que Dieu ne le tient pas pour coupable des choix de ses enfants.
En tant que parents, nous avons tendance à vivre les échecs de nos enfants comme si c’étaient les nôtres. Je ne dis pas que cela soit une bonne chose, mais c’est généralement le cas. Nous avons tendance à trop vite nous attribuer leurs réussites et à nous tenir pour responsables de leurs échecs et rébellions. Il est difficile d’accepter le fait qu’aucun d’entre nous ne peut être un parent tellement bon que Dieu se retrouve à devoir sauver l’âme de nos enfants, comme par obligation envers nous. D’un autre côté, il peut être rassurant de savoir qu’aucun d’entre nous ne peut se tromper à tel point que notre enfant devienne irrécupérable pour Dieu.
Prenez le roi Asa par exemple, qui craignait Dieu au début de son règne, mais qui finit par s’en détourner pour s’appuyer sur des puissances étrangères afin de vaincre ses ennemis. Asa mit en prison le prophète qui lui annonçait la vérité. Pourtant, en dépit de sa rébellion, son fils Josaphat a été fidèle à Dieu (2 Chroniques 17.3). Dans ce cas, le mauvais exemple d’Asa n’a pas détourné son fils de Dieu.
La leçon à tirer est donc celle-ci : la Bible recueille les histoires de fidèles serviteurs de Dieu, tels que Samuel, dont les enfants sont devenus rebelles. On y voit aussi le parcours de ceux qui ont abandonné Dieu, comme Asa, et dont les enfants sont pourtant restés fidèles à Dieu. On y trouve même un roi particulièrement méchant (Achaz), père d’un fils héroïque, excellent disciple de Dieu (Ézéchias).
Je ne dis pas que nos erreurs en tant que parents n’ont aucun effet sur le bien-être de nos enfants, ni que par nos lacunes, ils ne peuvent pas s’éloigner de Dieu. Je dis que les échecs des enfants ne reflètent pas nécessairement l’échec des parents, même si c’est souvent l’impression que nous en avons, en tant que parents. La culpabilité fera toujours partie de nos vies de parents imparfaits, appelés à élever des enfants pécheurs. Nous ne serons jamais des parents parfaits.
Une lueur d’espoir
Si, comme Arianna, vous vous demandez si vous êtes responsable des choix de votre enfant, vous pouvez vous confier dans la promesse suivante : Dieu se préoccupe encore plus que vous du bien-être spirituel de votre enfant. Il n’est ni silencieux, ni limité dans sa puissance. Cette vérité constitue un grand encouragement pour moi personnellement. Si Dieu a pu me garder, moi, près de lui, existe-t-il quelqu’un qui soit trop perdu pour lui ?
Vous ne savez peut-être pas où votre fils en est avec Dieu, mais vous savez où Dieu en est avec votre fils. Dieu, notre Sauveur, aime votre enfant et désire le sauver. Il veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Timothée 2.4).
Si nous nous focalisons sur nos enfants et sur leurs choix, nous risquons de nous renfermer dans la peur et le désespoir, alors que si nous redirigeons nos pensées vers Dieu, son caractère et sa puissance, nous serons portés par l’espérance.
Un leader chrétien rempli de sagesse, dont le cœur était brisé par la rébellion d’un de ses enfants, m’a un jour confié qu’il lui avait fallu une année entière pour réussir à faire en sorte que sa joie ne soit plus liée aux choix de ses enfants. « J’ai enfin décidé que les choix moraux de mes enfants ne devaient plus m’empêcher de marcher dans la joie de Christ. »
La joie n’efface toutefois pas une tristesse très réelle. De la même manière que nous n’attendons pas de quelqu’un qui vit un deuil de simplement « aller mieux », nous ne devrions pas exiger un rétablissement rapide d’un parent attristé par la rébellion d’un enfant. Chacun traverse le deuil à son rythme ; un des parents peut s’en remettre rapidement, tandis que l’autre pourrait se sentir paralysé par la peur et le désespoir pendant longtemps. Si votre conjoint et vous avez des réactions différentes face à la rébellion de vos enfants, ne laissez pas ce fait creuser un fossé entre vous. Il s’agit au contraire d’une occasion de faire preuve d’encore plus de miséricorde et d’écoute l’un envers l’autre.
Alors, quand vous priez pour votre enfant, fixez votre regard sur Jésus plus que sur les péchés de votre fils ou de votre fille. Si votre enfant a des problèmes de dépendance, des ennuis avec la justice ou s’il fait des mauvais choix relationnels, il est facile de se focaliser sur la situation qui vous trouble, laissant la peur des conséquences potentielles de leur comportement devenir le moteur de vos prières. Cela revient à s’attaquer aux symptômes plutôt qu’à la maladie, qui est la séparation d’avec Jésus. Dieu peut très bien se servir d’une dépendance, d’un séjour en prison ou d’un cœur brisé pour ramener un enfant prodigue près de lui. Un pécheur n’est pas condamné par son comportement, il est condamné quand il ne recherche pas le pardon et le salut de son Sauveur. Demandez à Dieu que votre enfant soit submergé par la beauté et la gloire de Christ.
Le salut de nos enfants n’a jamais dépendu de nous. La bonne nouvelle, qui est source d’espérance pour nous, c’est que le retour à Dieu de notre enfant prodigue ne dépend pas de nous non plus. Dieu peut utiliser de nombreux chemins et de nombreuses personnes pour ramener ses enfants à lui. C’est notre droit et notre privilège de prier avec espérance, tout en permettant à Dieu de choisir sa méthode pour appeler nos enfants à lui.
Vous ne serez jamais seul dans ce combat. Vous êtes des partenaires du Dieu de l’univers, qui est plus que capable de combler nos lacunes et de reconstruire ce qui a été détruit.
Gary Thomas est un orateur international et auteur de plusieurs livres, dont Vous avez dit oui à quoi ? et Votre mari a besoin de vous.
© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Gary Thomas. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.
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