Pourquoi n’y a-t-il pas de mariage au ciel ?

Écrit par Subby Szterszky

« Jésus leur répondit : les enfants de ce siècle prennent des femmes et des maris ; mais ceux qui seront trouvés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts ne prendront ni femmes ni maris. Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection. » (Luc 20.34-36)

De tous les passages des Écritures sur le mariage, ce passage est probablement celui qui risque le moins d’être cité dans un programme de mariage, et cela n’est pas étonnant. Après tout, quel jeune couple qui s’engage dans la relation la plus importante de leur vie veut s’entendre dire qu’elle ne durera pas dans l’éternité ?

En fait, ce passage est même considéré par de nombreux croyants qui prennent les Écritures au sérieux comme faisant partie de ces paroles plus « délicates » que Jésus a prononcées. Le mariage, n’est-il pas l’institution la plus considérable que Dieu ait créée pour l’humanité ? Le lien entre mari et femme n’est-il pas censé être la relation la plus intime et la plus précieuse de cette vie ? Comment le paradis peut-il être le paradis sans le mariage ?

Les êtres humains ont été créés pour une relation intime et ce, principalement avec Dieu

À l’instar de tout, la réponse est fondée sur la personne et le caractère de Dieu. Avant même la création, Dieu a toujours existé dans une relation parfaite et aimante entre les trois personnes de la Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il n’a pas créé l’univers parce qu’il se sentait seul ou qu’il avait besoin de quelque chose à faire. Il l’a créé pour démontrer l’effusion de sa bonté et de sa générosité.

Par conséquent, les êtres humains, en tant que porteurs de son image, sont conçus pour être en relation, pour aimer et être aimés – en un mot, pour l’appartenance. L’expression la profonde de cette nature relationnelle que Dieu a donnée à l’humanité se trouve dans l’institution du mariage.

L’universalité du mariage a été validée par toutes les cultures à travers l’histoire. Bien sûr, comme nous vivons dans un monde déchu, il y a toujours eu des aberrations du dessein parfait de Dieu, y compris à notre époque. Néanmoins, la majorité des sociétés ont reconnu la valeur centrale du mariage entre un homme et une femme pour la vie.

Cela se reflète de manière considérable dans les domaines des arts et du divertissement. Combien d’histoires et de chansons, de poèmes et de pièces de théâtre, de romans et de films ont été écrits ayant l’amour comme thème principal ? Il existe une vieille blague sur Shakespeare, qui dit que ses tragédies se terminent toutes par la mort de ses personnages, tandis que ses comédies se terminent par leur mariage.

L’amour et la mort sont au cœur de nos histoires parce qu’ils sont au centre de notre réalité. Que ce soit délibérément ou pas, tous ces récits reflètent quelque chose de l’ensemble de l’histoire de Dieu, du récit de la création et de la chute, à sa rédemption et sa restauration.

Ainsi, la capacité humaine à aimer ne peut être considérée comme une simple relation horizontale, mais plutôt comme ayant l’objectif principal d’être une relation verticale entre chaque individu et Dieu. Au plus profond de nous, nous avons été créés pour avoir une relation remplie d’amour avec notre Créateur.

Le mariage est une image de l’union entre Christ et son peuple

À cette fin, la plus intime des relations entre humains a été conçue par Dieu comme étant une image du lien entre Christ et son Église. Indépendamment du fait que les participants le reconnaissent ou non comme tel, cela est vrai pour tout mariage, qu’il soit Chrétien ou autre. Institué par Dieu à la création, le mariage illustre une image omniprésente, mais temporaire, de la relation ultime et éternelle entre Dieu et son peuple racheté, qui aura lieu dans le nouveau ciel et la nouvelle terre.

Ainsi, il existe effectivement un mariage au ciel, qui représente l’ultime consommation d’une union fabuleuse entre l’Agneau et son Épouse, décrite en détail dans le livre de l’Apocalypse :

« Et j’entendis comme une voix d’une foule nombreuse, comme un bruit de grosses eaux, et comme un bruit de forts tonnerres, disant : Alléluia ! Car le Seigneur notre Dieu tout puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse, et donnons-lui gloire ; car les noces de l’agneau sont venues, et son épouse s’est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur. Car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. Et l’ange me dit : Écris : Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’agneau ! Et il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu. » (Apocalypse 19.6-9)

 « Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s’est parée pour son époux. Et j’entendis du trône une forte voix qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes ! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » (Apocalypse 21.1-4)

Au ciel, la réalité remplacera l’image

Selon la vision que l’apôtre Jean a eue de la ville éternelle, il n’y aura pas de temple au ciel, car Dieu et Christ l’Agneau sont le temple. Ils sont intimement présents avec leur peuple. De même, il n’y a nul besoin de soleil, de lune ou de lampes puisque le Père et le Fils seront la source de lumière pour la ville. Tout comme une lampe est inutile dans la lumière du jour, le soleil sera inutile dans la lumière de Dieu.

Il en sera de même pour les mariages de ce monde, si éphémères et inévitablement rompus aussitôt que la mort nous sépare. Notre union parfaite et éternelle avec Dieu notre Père et notre Seigneur Jésus-Christ, bien plus intime et belle, substituera les mariages de ce monde.

Alors pourquoi avons-nous parfois du mal à accepter cette vérité ? Pourquoi craignons-nous de ressentir une perte émotionnelle et d’intimité physique ? Parce que nous n’avons qu’une expérience directe des choses que Dieu nous a données dans cette vie. Nous anticipons par la foi ce qu’il a promis pour l’avenir, mais nous arrivons à peine à en imaginer la réalité.

Dans son livre Miracles, C.S. Lewis aborde cette complexité avec une de ses métaphores typiquement pertinentes : « Les récits et l’esprit de l’Écriture et de tout le Christianisme nous interdisent de supposer que la vie dans la Nouvelle Création sera une vie sexuée. Cela réduit notre imagination aux alternatives plutôt fades d’un corps à peine reconnaissable comme un corps humain, ou d’un jeûne perpétuel. En ce qui concerne le jeûne, je pense que notre perspective actuelle pourrait s’apparenter à celle d’un petit garçon à qui on dirait que l’acte sexuel est le plus grand plaisir corporel et qui demanderait s’il était possible de manger des chocolats en même temps. S’il se faisait dire « non », il pourrait considérer l’absence de chocolats comme la principale caractéristique de la sexualité. Vous pourriez lui expliquer en vain que si les amoureux dans leur extase ne se soucient pas du chocolat, c’est parce qu’ils ont quelque chose de bien meilleur. Le garçon connait le chocolat, et ignore quelque chose d’encore plus positif. Nous nous trouvons dans la même situation. Nous savons ce qu’est la sexualité, mais nous ne savons pas, sauf en en ayant eu un aperçu, l’autre aspect qui, au Ciel, ne laissera plus aucune place au sexe. »

De ce côté-ci du ciel, nous ne pouvons en effet qu’entrevoir ce que Dieu a préparé pour nous. Nous ne pouvons pas comprendre à quoi cela ressemblerait de ne plus être mariés ou être donnés en mariage. Nous ne pouvons même pas concevoir comment cela pourrait être meilleur comparativement aux relations dont nous jouissons maintenant.

Néanmoins, nous avons l’assurance de notre Seigneur quant à son union éternelle et intime avec nous, et qu’elle sera de loin supérieure à notre état actuel, tout comme la lumière du soleil l’est par rapport à une ampoule.

Nous devons donc lui faire confiance et attendre.

Subby Szterszky est le rédacteur en chef de la rubrique Foi et Culture chez Focus on the Family Canada.

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