Chasser les bulles de pensées négatives
Écrit par Danny Huerta
Montrer à nos enfants comment bien gérer leurs pensées lorsque les émotions et le stress prennent le dessus
Nous avons tous vu les dessins animés et les BD dans lesquels les pensées des personnages sont révélées à l’intérieur d’une bulle en forme de nuage. Imaginer nos propres pensées sous la forme de « bulle de pensée » peut être une très bonne manière d’examiner ce qui se passe dans notre esprit à tout moment et cela peut nous redonner du pouvoir sur nos pensées négatives.
Comme beaucoup de personnes, mes pensées peuvent se remplir d’éléments négatifs, en particulier lorsque je me sens inquiet ou anxieux. Le coronavirus par exemple a fait surgir de nouvelles sources d’angoisse et d’inquiétude qu’aucun d’entre nous ne s’attendait à vivre lorsque celui-ci est apparu.
Comment pouvons-nous apprendre à gérer nos bulles de pensée et empêcher les idées négatives à constamment nous venir à l’esprit ? Nos bulles de pensée peuvent se révéler contagieuses. Nos perspectives négatives en tant que parents peuvent conduire nos enfants a également avoir des pensées négatives. Parlons des sources de nos bulles de pensée et de la manière dont nous pouvons nous débarrasser de celles qui sont négatives.
Les bulles de pensée négatives
Saviez-vous que les scientifiques ont réussi à déterminer qu’en moyenne, une personne à 50 000 pensées par jour ? Nous passons notre temps à penser à différentes choses et à interpréter ce qui nous entoure d’une manière qui nous est propre. Nos pensées peuvent être influencées par nos gènes, notre genre, nos expériences de vie, nos sens, nos croyances et nos relations. Nous pouvons aussi être influencés par nos types de personnalité complexes. Ces différences de personnalité créent notre propre filtre unique à partir duquel nous réfléchissons à ce que nous vivons, aux situations et aux relations.
L’une des raisons pour lesquelles nos bulles de pensée peuvent se remplir de messages négatifs vient du fait que notre cerveau n’est pas doué pour faire des prédictions. Au lieu de concevoir des projections correctes concernant l’avenir, qui pourraient inclure des résultats positifs, nous avons tendance à ne projeter que nos inquiétudes lorsque nous pensons au futur. Nos interrogations sur le mode « et si… » et nos inquiétudes sur ce qui pourrait se passer ne font qu’alimenter notre anxiété. Les émotions, en particulier, peuvent avoir un impact terrible sur la forme que prennent nos bulles de pensée.
Les bulles de pensée en tant que parents
L’un de nos objectifs en tant que parents devrait être de bien gérer nos propres schémas de pensées afin de pouvoir servir d’exemple dans ce domaine à nos enfants. Le cerveau de nos enfants est encore plus vulnérable aux pensées négatives influencées par les émotions que le nôtre, alors nous devons fournir un effort conscient pour faire éclater nos propres bulles de pensée négatives.
En devenant parents, vous allez certainement être bombardés de toutes sortes de pensées qui deviendront une part intégrante de votre vie. Nous sommes naturellement enclins à l’anxiété lorsque nous faisons face à des expériences inconnues, au stress, à des échecs et à des comparaisons. Puisque ces bulles de pensée vous sont propres, consacrez du temps à essayer de les connaître pour savoir comment les gérer. Plus vous arrivez à canaliser vos pensées négatives, mieux vous pourrez enseigner à vos enfants à faire de même.
Romains 12.2 nous dit : « Ne vous conformez pas au monde actuel, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence afin de discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » Le fait de faire preuve d’intentionnalité dans la gestion des innombrables bulles de pensée qui émergent chaque jour dans notre tête nous aidera à nous concentrer sur celles qui sont positives et à ouvrir nos cœurs pour nous permettre de voir la volonté de Dieu pour nos vies.
Nos pensées peuvent nous tromper
Les chercheurs ont identifié plusieurs manières dont notre esprit peut être trompé. Lorsque les émotions interviennent ou que nous traversons une période de stress, d’insécurité ou de peur, nos pensées peuvent nous amener à croire que certaines choses sont vraies alors qu’elles ne le sont pas. Voici quelques exemples de la manière dont nos pensées peuvent nous tromper :
Amplifier ou minimiser
Nous pouvons facilement nous convaincre que le pire va se produire. D’un autre côté, certains types de personnalités peuvent avoir tendance à ignorer des informations importantes – dont certains signaux d’alerte – qui devraient déclencher des actions correctives. Au lieu de projeter vos inquiétudes et vos doutes sur l’avenir, ramenez vos bulles de pensée vers le présent. Cherchez à former des perspectives justes plutôt que de les éviter.
Ignorer le positif
Parfois, nos filtres intérieurs empêchent les éléments positifs de se manifester. Par exemple, si quelqu’un vous complimente en affirmant que vous êtes une excellente mère, vous répondrez peut-être : « C’est gentil, mais vous ne me voyez pas au quotidien. Mes enfants ne sont pas toujours aussi sages. » Ne repoussez pas une parole positive, acceptez-la ! Il y aura toujours des gens pour vous critiquer et des moments négatifs, alors assurez-vous de retenir ce qui est positif lorsque cela se présente.
Ramener à soi
Il est facile de partir du principe que lorsque quelque chose se produit, c’est à cause de nous. Lorsque les amis de mon fils ou de ma fille ne répondent pas à leurs messages ou à leurs appels, leur premier ré exe est souvent de penser que cela vient d’eux. Leurs bulles de pensée peuvent rapidement se remplir de questions décourageantes, comme : « Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? » ou « Pourquoi n’a-t-il pas envie de passer du temps avec moi ? »
C’est un réflexe naturel pour notre cerveau de personnaliser les situations, alors nous devons nous entraîner à penser à d’autres possibilités. Par exemple : « Mes amis doivent être occupés aujourd’hui. Peut-être qu’il passe du temps en famille. » Réfléchissez à ce qu’il pourrait se passer dans la vie de l’autre personne plutôt que de tout ramener à vous-même.
Tirer des conclusions prématurées
Nous avons tendance à tirer des conclusions hâtives et à réagir en nous basant sur très peu d’informations. Prenez le temps de suffisamment ralentir le rythme de vos pensées pour obtenir les informations dont vous avez réellement besoin afin de comprendre la situation. Par exemple, lorsque vos enfants se disputent et que cela requiert votre intervention, prenez d’abord le temps de gérer votre propre stress et vos émotions afin de pouvoir les écouter réellement et les aider à trier leurs propres bulles de pensée.
La surgénéralisation
Nous avons tendance à généraliser certains échecs et certains succès au reste de notre vie. Par exemple, ce que nous entendons parfois aux actualités peut nous laisser penser que les adolescents sont tous irresponsables, dépendants aux écrans, impulsifs et paresseux. En réalité, il y a des adolescents qui traversent des difficultés et d’autres qui s’épanouissent. Il vaut mieux considérer la vie comme une série d’expériences spécifiques et uniques. Ce n’est pas parce que vos enfants se comportent mal un jour que votre famille est complètement hors de contrôle ou dysfonctionnelle. Cela signifie simplement qu’aujourd’hui n’était pas la meilleure des journées, mais chaque matin est une occasion de recommencer sur de nouvelles bases.
La pensée « tout ou rien »
Nous avons parfois tendance à considérer les choses en noir ou blanc : réussite ou échec, bon ou mauvais, sans mettre de nuances de gris entre ces extrêmes. Par exemple, votre famille réussit peut-être à avoir un peu moins de disputes, mais puisqu’il y a encore des disputes, cela peut être vécu comme un échec total plutôt que comme un pas vers une gestion saine des conflits au sein du foyer.
Lire dans les pensées
Il nous arrive de penser que nous savons ce que pensent les autres. Par exemple : « Mon enfant hurle, il doit donc penser que je suis un mauvais parent. » En réalité, nous ne savons pas ce que pensent les autres, à moins qu’ils ne le partagent. Quel genre de bulle de pensée vous vient automatiquement à l’esprit au sujet des autres ? Si vos bulles de pensée sont généralement positives, alors vous avez plus de chance de partir du principe que les pensées des autres envers vous sont également positives. Servez-vous de vos pensées pour relever les aspects positifs chez les autres plutôt que les critiquer.
Les attentes irréalistes
Le terme « devrait » tend à former des attentes irréalistes dans notre esprit. Par exemple, des affirmations telles que : « Mes enfants devraient faire leur lit tous les jours » ou « Mes enfants devraient faire leurs corvées sans qu’on le leur demande » sont une porte ouverte à la déception lorsqu’elles ne se réalisent pas. Essayez d’employer plutôt des mots tels que « pourrait ». Vos enfants pourraient faire toutes ces choses, mais il se peut qu’ils ne les fassent pas. Cela vous aidera à avoir des réactions plus positives qui les aideront à continuer à progresser. Vos enfants réagiront mieux à des « pourrait » qu’à des « devrait ».
La pensée émotionnelle
Lorsque les émotions s’en mêlent, nos bulles de pensée peuvent partir dans tous les sens. Essayez d’appuyer sur le bouton pause et de relever le type de pensée que créent vos émotions. Ajoutez une dose de réalité pour aider à calmer les pensées qui sont issues de vos émotions.
Les émotions ne sont que des signaux de votre esprit concernant des éléments qui ont déjà été interprétés. Elles suivent généralement les pensées qui les ont déclenchées. Lorsque vous pensez au fait que quelqu’un que vous aimez pourrait tomber malade et mourir, il est normal que vous vous sentiez anxieux en réaction. Concentrez vos pensées sur ce qui se trouve devant vous.
Une très bonne manière de focaliser vos pensées sur le présent et de vous servir de la technique appelée 3 x 5 + 1. Si votre esprit et vos émotions se mettent à tourner à toute vitesse, suivez ces étapes pour vous ramener dans la réalité présente :
- Regardez autour de vous et nommez cinq couleurs que vous voyez.
- Écoutez ce qui vous entoure et nommez cinq sons dans votre environnement.
- Nommez cinq éléments que vous pouvez ressentir physiquement, comme le col de votre chemise contre votre cou ou le vent qui souffle sur votre peau.
Une fois que vous avez passé en revue ces trois catégories et listé cinq éléments pour chacune d’entre’elles, posez-vous cette dernière question : « Sur quoi ai-je besoin de concentrer mes pensées maintenant ? »
Cette technique qui consiste à observer ce qui vous entoure est une très bonne manière de ramener votre esprit à l’instant présent. C’est aussi quelque chose que vous pouvez enseigner à vos enfants lorsqu’ils commencent à se sentir stressés ou anxieux. En aidant vos enfants à gérer leur bulle de pensée, vous les aiderez aussi à gérer leurs émotions.
La tendance à catégoriser
Nous avons tendance à catégoriser les choses en fonction de nos émotions et de nos expériences très limitées. Par exemple, j’ai entendu des parents affirmer qu’ils étaient de mauvais parents. Lorsque je leur demande sur quoi ils s’appuient pour arriver à une telle conclusion, la plupart du temps, cela vient du fait qu’ils se comparent d’une manière irréaliste à d’autres parents, sans connaître les imperfections et les défis que ceux-ci peuvent rencontrer.
Déchiffrer nos propres pensées négatives
Il est maintenant temps de nous concentrer sur nos propres bulles de pensée. Prenez le temps de les examiner comme si elles apparaissaient littéralement au-dessus de votre tête au moment où vous les formulez. Lesquelles de ces bulles de pensée prennent le plus de place ? Vous pouvez écrire dans un journal les thèmes récurrents de vos pensées. Notez la manière dont vos émotions influencent vos bulles de pensée. Remettez en question certaines de vos pensées en vous demandant : « Y a-t-il une autre manière de voir cette situation ? »
Lorsque vous relisez votre journal, qu’est-ce qui attire votre attention ? Y a-t-il un type particulier de pensée ou un thème qui revient régulièrement ? Rappelez-vous, il est important de repérer la source de vos bulles de pensée. Soyez conscient que la peur a tendance à absorber toute notre attention. Elle nous conduit à prendre des positions défensives pour éviter la souffrance, l’échec ou d’autres choses que nous ne pouvons pas contrôler. Votre travail est de rediriger ses pensées vers des choses que vous pouvez contrôler.
Comment gérer vos bulles de pensée
Voici quelques astuces pratiques pour commencer à gérer vos bulles de pensée et à écarter celles qui sont négatives. Ce ne sont que quelques idées ; vous pouvez vous montrer créatif et en trouver d’autres. Quelles sont les autres manières de chasser vos bulles de pensée négatives que vous pourrez découvrir ?
Prenez du temps à part
Je recommande aux parents de préparer une feuille de papier avec cinq cases à cocher pour des temps à part dans la journée. À côté, vous pouvez noter une liste de choses à faire pendant ces moments où vous choisissez de vous retirer quelques instants. C’est une très bonne manière de montrer à vos enfants comment gérer leur propre bulle de pensée. Ceux-ci peuvent aussi avoir leur propre feuille à cocher et un menu de choses à faire pour les aider à chasser leurs bulles de pensée négatives.
Riez régulièrement
Rire aide à faire baisser l’anxiété. Il y a une foule de vidéos, de dessins animés et d’histoires drôles autour de nous auxquels nous pouvons accéder. Parfois, mes enfants et moi faisons une séance de thérapie de chatouille pour déloger une bulle de pensée négative.
Allez marcher ou faire de l’exercice
Les recherches soutiennent que le fait de faire du sport, d’aller marcher et de faire des pauses aide à préserver notre santé mentale. Promenez-vous dans votre quartier en famille, partez en randonnée ou pratiquez une activité sportive ensemble. Jouer à une partie de basket-ball ou de football dans le jardin est une excellente manière de passer du temps ensemble tout en faisant de l’exercice.
Concentrez-vous sur le présent
Gardez vos pensées focalisées sur le présent plutôt que sur le passé ou sur un avenir angoissant. Cela est particulièrement utile lorsque vous essayez d’écouter vos enfants et de créer un lien avec eux. D’ailleurs, l’art d’écouter demande que vos bulles de pensée soient remplies de quiétude, de soins et d’attention envers ce qui dit l’autre personne aussi bien verbalement qu’à travers son langage corporel.
Prenez quelqu’un dans vos bras
Le fait de prendre quelqu’un dans ses bras ou d’être pris dans les bras peut aider à faire basculer nos bulles de pensée. Ma fille est venue me voir l’autre jour, alors que nous travaillions tous depuis la maison, et m’a simplement serré dans ses bras. J’ai immédiatement senti le cours de mes pensées changer.
Souriez
Un sourire peut aider à faire éclater une bulle de pensée négative. J’aime beaucoup lorsque le personnage principal, dans le film Elfe, explique : « Sourire, c’est ce que je préfère ». Cette affirmation en elle-même me donne envie de sourire. Rire et sourire peuvent être contagieux et contribuer à chasser les bulles de pensée négatives.
Écoutez de la musique
La musique peut agir de manière puissante pour changer le cours de nos pensées. Une musique positive crée des bulles de pensée positive alors qu’une musique négative crée des bulles de pensée négatives. Ma fille aime beaucoup chanter. Elle a commencé à apprendre le ukulélé pour chanter, et c’est une très bonne manière pour elle de gérer ses bulles de pensée.
Quelques éléments pour finir
En tant que parents, gérer nos bulles de pensée et chasser les pensées négatives est important à mettre en place. Le fait de rester conscients de nos pensées et de les garder dans la bonne direction nous aidera à servir d’exemple à nos enfants pour gérer leurs propres bulles de pensée négative.
Paul nous instruit dans Philippiens 4.8 : « Enfin, frères et sœurs, portez vos pensées sur tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est digne d’être aimé, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est synonyme de qualité morale et ce qui est digne de louange. »
Faites preuve d’intentionnalité pour créer une culture de la gestion des bulles de pensée dans votre foyer.
Danny Huerta est le vice-président de la rubrique Éducation et Adolescence chez Focus on the Family. Il est également éducateur social et conseiller psychologue, accompagnant parents et enfants sur des sujets tels que la dépression, l’anxiété, une bonne communication, le discernement des médias et une sexualité saine.
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