Comment développer un état d’esprit résilient

Écrit par Timothy Sanford

Nous pouvons apprendre dans l’adversité lorsque nous acceptons de sortir de notre zone de confort

L’auteur Josh Squires nous raconte une randonnée de plusieurs jours particulièrement difficile, effectuée par les soldats au cours de leur entraînement à la Army Mountain Warfare School. Il leur faut se hisser jusqu’au sommet d’une haute montagne à travers des bancs de neige de plus de trois mètres de profondeur :

« Le matin de la fameuse marche, un sergent instructeur explique aux soldats : “Si vous avez envie d’abandonner, levez les yeux vers le sommet de la montagne, mais si vous avez l’impression que vous n’arriverez pas au bout, regardez devant vous et trouvez l’arbre le plus proche. Dites-vous : ‘Je vais avancer jusqu’au prochain arbre et je réévaluerai la situation.’ Lorsque vous a­tteignez cet arbre, refaites la même chose avec l’arbre suivant. Si vous continuez comme cela, vous vous rendrez bientôt compte que vous êtes arrivé au sommet1 ”. »

Il y a une différence entre survivre et faire preuve de résilience. La vie n’est pas une balade sympathique le long d’une petite colline au cours de laquelle vous pourriez vous faire quelques ampoules. C’est véritablement une marche pénible dans un environnement froid et peu oxygéné où nous traversons des épreuves, des moments d’incertitudes et des pertes. Nous perdons notre travail, notre maison, nos êtres chers. Nous perdons confiance et il nous arrive même de perdre la foi.

C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de réelle résilience. Peut-être, survivons-nous physiquement aux premières heures qui suivent une perte terrible, mais l’attitude qui consiste à serrer les dents et continuer à avancer avec le sourire ne nous permettra pas de réellement progresser lorsque ces heures se transforment en jours, en mois… en une vie entière de marche forcée le long des pentes escarpées et menaçantes de cette montagne.

Qu’est-ce la résilience ?

La résilience ne se résume pas à la survie. Il ne s’agit pas non plus de nier la profondeur de la douleur et de son impact à long terme sur nous. Il s’agit plutôt d’apprendre et de grandir à travers nos périodes d’adversité ainsi que d’accepter de sortir de notre zone de confort.

La résilience, c’est la capacité de se confronter à des difficultés tout en gardant son équilibre. Et si/lorsque vous perdez votre équilibre, cela vous donne la capacité de rebondir et de continuer à avancer. La résilience c’est faire preuve de force physique, émotionnelle, mentale et spirituelle tout en gardant la souplesse qui permet de s’adapter aux changements et aux écueils.

Cela étant dit, il ne s’agit pas d’une capacité intuitive, on peut apprendre la résilience. C’est une capacité qui s’acquiert plutôt par l’entraînement. C’est quelque chose qui s’apprend par l’expérience et non en écoutant quelqu’un en parler.

Apprenez à connaî­tre votre partie « inférieure » du cerveau

Dr Daniel J. Siegel et Dr Tina Payne Bryson décrivent notre cerveau comme possédant deux parties : la partie « supérieure » du cerveau et la partie « inférieure » du cerveau2 .

  • La partie « supérieure » du cerveau réfléchit, raisonne et évalue. On enseigne à la partie « supérieure » du cerveau. (Et une fois qu’on lui a enseigné quelque chose, comme lire ou faire du vélo, cela ne requiert pas plus d’entretien.)
  • La partie « inférieure » du cerveau réagit et répond. C’est la partie « lutter ou fuir » du cerveau et l’endroit où est entreposée notre mémoire des habitudes (aussi connu sous le nom de mémoire procédurale. Elle s’applique aux choses que nous faisons sans y penser, mais qui s’effacent avec le temps si elles ne sont pas utilisées, comme de jouer d’un instrument. Il faut continuer à pratiquer et à s’entraîner.)

Notre capacité à être résilient se situe dans notre partie « inférieure » du cerveau. Il s’agit d’entraîner cette partie de votre cerveau pour que lorsqu’une crise survient qui va stresser votre partie « supérieure » du cerveau, votre partie « inférieure » du cerveau puisse automatiquement produire les comportements et les attitudes adaptés.

Quelle est l’importance d’un tel entraînement ? Ré­fléchissez à cette citation que les Navy SEAL américains ont empruntée à un poète de l’antiquité grecque : « Nous ne nous élevons pas à la hauteur de nos attentes, nous nous abaissons à hauteur de notre entraînement. »

Entraînez votre cerveau à devenir résilient

Croyez-le ou non, entraîner votre cerveau à devenir plus résilient n’est pas difficile. D’ailleurs, il y a de fortes chances pour que ce soit quelque chose que vous fassiez déjà dans certains domaines de votre vie.

Avez-vous déjà participé à un camp sportif ou êtes-vous allé dans une salle de sport ? Oui, il existe des règles que l’on vous enseigne sur la manière de devenir un meilleur athlète, mais la plupart du temps, vous vous entraînez. Vous faites les gestes encore et encore. Si vous êtes musicien, vous jouez le même morceau sans arrêt jusqu’à ce que vous puissiez l’entendre et le jouer dans votre sommeil.

Les entraînements militaires de style « boot camp » en sont un autre exemple (particulièrement draconien). Les nouvelles recrues commencent par l’entraînement de base. Ils répètent les mêmes exercices encore et encore jusqu’à ce que les réponses de combat souhaitées soient parfaitement intégrées dans leur partie « inférieure » du cerveau. Bien que cela puisse paraitre extrême, les instructeurs savent que lorsqu’on se retrouve en situation de combat, on n’a pas le temps de réfléchir. Il faut pouvoir s’appuyer sur des réactions ré­flexes ancrées profondément pour se sauver soi-même ainsi que ses camarades. Soyons clairs, vous n’avez pas à devenir un sergent instructeur interne pour développer votre résilience. En revanche, il vous faut aller hors de votre partie « supérieure » du cerveau pour accéder à votre partie « inférieure » du cerveau. Comment ? Étape par étape, un « arbre » après l’autre, jusqu’à ce que vous atteigniez le sommet de la montagne.

Première étape : Choisir de faire quelque chose de difficile. Engagez-vous délibérément dans une situation porteuse de stress pour vous, comme une compétition sportive, un récital de musique ou un discours public. Placez-vous intentionnellement face à la possibilité d’une issue négative ou déplaisante. Par ailleurs, il faut que cette situation stressante comporte un élément de prédictibilité. En d’autres termes, il faut que les risques soient contrôlés, que vous sachiez que vous pouvez réussir, même si cela ne sera pas facile.

Deuxième étape : Savoir comment vous voulez réagir. Décidez à l’avance la manière exacte dont vous voulez réagir en cas de « crise », sachant que cela ne sera pas forcément votre réaction naturelle. Si vous commettez une erreur durant un concert ? Vous continuerez à jouer et saluerez fièrement le public à la fin. Si vous perdez la balle lors d’un match ? Vous garderez la tête haute et accepterez les encouragements du reste de l’équipe. Si vous bégayez et devenez tout rouge lors de votre discours ? Vous vérifierez vos notes et continuerez, avant d’accepter modestement les applaudissements du public.

Troisième étape : S’entraîner, s’entraîner, s’entraîner, et prendre quelques pauses. Lorsque vous faites face à une situation stressante, réitérez votre réaction souhaitée jusqu’à ce qu’elle devienne automatique. Cependant, n’oubliez pas de programmer aussi des temps de pauses. Les temps de récupération sont importants pour devenir plus fort sur le plan physique et mental.

L’une des raisons importantes pour lesquelles de telles pauses sont essentielles, c’est que nous devons laisser à notre partie « inférieure » du cerveau le temps de se reposer et de normaliser ce qu’il a intégré après l’entraînement. Nous vivons notre vie « normale » dans la partie « supérieure » de notre cerveau, mais notre partie « inférieure » du cerveau nous sert de réserve pour les moments où nous avons réellement besoin de réagir face au danger ou à une situation particulière. En d’autres termes, notre partie « inférieure » du cerveau n’est pas censée être active en permanence.

Une part importante de l’entraînement de notre cerveau à la résilience consiste à consolider les chemins qui passent de notre partie « supérieure » du cerveau à notre partie « inférieure » du cerveau, ce qui signifie également apprendre à « réengager » notre partie « inférieure » du cerveau lorsque la menace a disparu. Ainsi, lorsque la prochaine session d’entraînement (crise) se présente, notre partie « inférieure » du cerveau et suffisamment reposée et prête à passer à l’action.

Appliquez ces compétences à de nouvelles sources de stress

Soyons réalistes : la plupart des défis auxquels nous faisons face dans la vie vont bien au-delà du fait de prononcer un discours en public. Toutefois, ce sont les outils qui vous ont aidé à développer votre résilience dans le domaine di­fficile que vous avez choisi qui vont aussi vous aider à devenir résilient dans des situations de stress que vous n’aurez pas choisies.

Par exemple, dans un contexte économique incertain, soyez de ceux qui se connaissent bien. Apprenez à connaître vos limites et vos forces et soyez prêts à garder la tête haute et à accepter l’aide des autres si vous perdez votre travail. Apprenez comment vous voudrez réagir : avec confiance, sachant que Dieu a un plan pour votre vie, et en ayant la certitude qu’il va pourvoir à vos besoins.

Et si vous devez faire face à la maladie dans votre vie ou à la mort d’un proche ? Vous vous rappellerez que Dieu n’ignore jamais vos peines (Psaume 56.9). En même temps, il vous appelle à porter le deuil avec espérance (1 Thessaloniciens 4.13). Apprenez comment vous voudrez réagir : avec honnêteté, mais aussi avec une confiance dans l’amour de Dieu qui surpasse le reste.

  • Immobilisez-vous physiquement pendant un moment et ralentissez votre respiration en inspirant et en soufflant lentement plusieurs fois. Cela permet à l’oxygène de bien circuler jusqu’à votre cerveau pour vous aider à penser plus clairement.
  • Détendez les muscles qui sont tendus. Cela vous aide à rester souple.
  • Trouvez un slogan qui pourra vous aider à traverser les moments di­fficiles. En voici quelques-uns pour vous aider à démarrer :
    • La difficulté est une bonne chose !
    • « Dieu est mon Sauveur. Je serai plein de confiance et je n’aurai plus peur » (Ésaïe 12.2).
    • Je ne m’arrête pas quand je me sens las, je m’arrête quand j’ai terminé.
    • Je me confierai en l’Éternel de tout mon cœur (voir Proverbes 3.5)
  • Acceptez les limites de ce que vous pouvez contrôler. Reconnaissez ce que vous ne pouvez pas contrôler et concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler. Gérez tout du mieux que vous le pouvez.
  • Adoptez une vision à long terme. Le changement est inévitable. Non, on ne peut pas se préparer à toutes les éventualités, mais rappelez-vous la manière dont Dieu a pourvu à vos besoins par le passé pour apaiser vos craintes concernant l’avenir. Lorsque nous crions à Dieu du milieu de la tempête, il répond, même lorsque nous ne savons pas comment (Psaume 86.7).

Rappelez-vous que la résilience mène à la paix et à l’espérance

La résilience est une habitude, une compétence et un état d’esprit qui vous aide à gérer les situations et à conserver votre équilibre dans les moments di­fficiles. Cela ne signifie pas que vos circonstances vont changer, cela signifie que votre cœur et votre esprit auront changé. Alors, aspirez à vivre chaque journée de manière à rediriger vos inquiétudes vers Dieu et à renouveler votre adoration envers lui. « Ne craignez pas les lendemains, petits enfants du grand Roi, confiez-les à Jésus et faites le pas suivant. »

 

1 Josh Squires, Lord, Help Me Endure One More Day, 2019.

2 Christina Chismar MSW, LCSW, The Upstairs Brain and the Downstairs Brain, © 2019, Focus on The Family.

 

Tim Sanford est un conseiller professionnel agréé et le directeur de clinique pour les services de counseling du département de counseling de Focus on the Family. Il est également pasteur, conférencier et auteur de plusieurs livres. Tim et sa femme, Becky, ont deux fi lles adultes et vivent au Colorado.

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