Des habitudes simples pour aider votre enfant à vous aimer et à vous écouter

Comment des moments quotidiens de la vie passés avec votre enfant peuvent-ils devenir des occasions de renforcer vos liens

Écrit par Catherine Wilson

La plupart du temps, en tant que parents, nous vivons notre routine quotidienne avec nos enfants sans réellement réfléchir à la puissance de nos actes lorsque nous interagissons avec eux.

Pourtant, chaque fois que nous faisons preuve d’amour et d’affection envers notre enfant, qu’il s’agisse d’un bonjour ! chaleureux, d’un gros câlin ou d’une conversation au moment de le mettre au lit, nous accomplissons quelque chose d’extraordinaire, même si nous n’en sommes pas toujours conscients.

Ces gestes d’amour de notre part font littéralement naître des instincts subconscients chez nos enfants qui renforcent leur sentiment d’être connectés avec nous. Les experts du développement de l’enfant appellent cela les instincts d’attachement.

Lorsque le sentiment d’attachement de nos enfants envers nous est fort, ils se sentent aimés, valorisés et en sécurité. Il s’avère que c’est un excellent socle pour bâtir l’estime de soi d’un enfant, mais aussi pour ses capacités d’apprentissage. Et il y a d’autres bénéfices importants qui ressortent de cet attachement. Lorsqu’un enfant éprouve un fort attachement envers un parent, cela le prépare instinctivement à lui faire confiance et à s’appuyer sur lui.

À travers ce sentiment de confiance et de dépendance, notre enfant nous permet de remplir un autre de ses besoins inconscients : il accepte que nous soyons son guide dans la vie.

Comme l’explique le psychologue Gordon Neufeld et le médecin Gabor Maté dans leur livre : « Retrouver son rôle de parent » (Hold on to Your Kids), le fait de construire un lien d’affection et de confiance profond avec notre enfant le pousse plus ou moins consciemment à suivre ce qu’on dit, à assimiler notre façon de faire, à obéir à nos instructions et à internaliser nos valeurs.

De manière très concrète et réelle (même si cela se produit dans le subconscient de l’enfant) nous ne réussissons pas vraiment à obtenir la coopération de notre enfant avant de lui avoir montré explicitement combien nous l’aimons et la valeur qu’il a à nos yeux. Lorsque notre enfant ressent notre amour, cela l’aide à nous écouter.

Voici comment en parlent Neufeld et Maté :

«  Les enfants ne nous accordent pas automatiquement l’autorité de les élever simplement parce que nous sommes des adultes, ou parce que nous les aimons ou que nous pensons savoir ce qui est bon pour eux et que nous voulons ce qu’il y a de mieux pour eux… Pour qu’un enfant soit prêt à se laisser guider par un adulte, il doit s’attacher activement à cet adulte, rechercher le contact et la proximité avec lui… les enfants qui n’ont pas ce genre de lien avec ceux qui sont responsables d’eux sont très difficiles à élever et souvent il est aussi difficile de leur apprendre quoi que ce soit. »

Qu’il s’agisse de partir à l’heure le matin ou de s’installer pour faire les devoirs après l’école, il est bien plus simple de faire les choses lorsque notre enfant désire coopérer avec nous.

Cela dit, il existe des raisons bien plus importantes pour lesquelles il est essentiel que notre enfant se tourne vers nous pour les guider dans la vie. La confiance qu’il a en nous aide l’enfant à se tourner vers son Père Céleste, explique Wendy Kittlitz, vice-présidente du département des conseillers de Focus on the Family Canada. « S’il a fait l’expérience de notre amour et qu’il a profondément confiance en nous, alors son cœur sera ouvert lorsque nous lui enseignerons que Dieu l’aime et désire une relation avec lui. »

Des habitudes qui renforcent notre lien avec nos enfants

Bien que toutes vos manières d’aimer vos enfants aident à renforcer leur attachement envers vous, Neufeld et Maté suggèrent d’adopter également ces pratiques particulièrement efficaces :

Des invitations surprises à passer du temps ensemble. On peut passer toutes nos journées avec un enfant sans pour autant lui transmettre le message que nous apprécions sa compagnie. C’est la raison pour laquelle une invitation surprise à passer un temps exceptionnel juste vous et lui peut être incroyablement puissante. Ces moments de partage inattendus montrent à votre enfant que vous avez envie d’être avec lui.

Quelle que soit l’activité que vous proposez à votre enfant, assurez-vous qu’il sait que c’est quelque chose qui vous enthousiasme, soit en exprimant à quel point vous avez hâte, ou en y faisant régulièrement référence par la suite. Choisissez quelque chose que votre fille ou votre fils aime réellement ; il ne faudrait pas que votre enfant ait l’impression de simplement être invité à participer à vos activités ou sorties. Vous pouvez par exemple :

  • Organiser un goûter de poupée ou prendre le temps de construire un château fort en couverture.
  • Venir à l’école à midi pour partager le repas avec votre enfant.
  • Emmener votre enfant manger une crème glacée alors qu’il est en pyjama et s’attendait à aller se coucher.
  • Invitez votre ado à faire un tour au centre commercial pour acheter un vêtement, un livre ou autre chose qui lui fera plaisir.

Se retrouver après une séparation. Lorsque vous avez été séparé de votre enfant, y compris après avoir dormi, prenez toujours le temps de vous réunir de manière chaleureuse à lui et de rétablir la relation avant de commencer à le précipiter dans votre routine parentale quotidienne. Mettez en place des rituels au cours de la journée qui vous aident à vous réunir tous les deux au niveau du cœur, c’est ce que Neufeld et Maté appellent des rituels réunificateurs.

Le matin, vous pouvez par exemple prendre une dizaine de minutes pour faire un câlin à votre enfant qui est encore au lit ou simplement vous asseoir dans les marches avec lui et discuter en tirant profit de ce moment. Faites tout votre possible pour faire sourire votre enfant et n’hésitez pas à le regarder dans les yeux. « Les matinées se passeraient très différemment dans de nombreuses familles si les parents ne cherchaient pas à éduquer leurs enfants avant que ceux-ci aient pu se réveiller sereinement », expliquent Neufeld et Maté.

En discutant avec lui, vous pouvez renforcer l’instinct de votre enfant à se tourner vers vous pour le guider en anticipant les activités à venir. Vous pouvez simplement dire quelque chose comme :

  • Qu’as-tu hâte de faire aujourd’hui ?
  • J’ai hâte de faire __________.
  • Et demain après l’école, on va aller _______. On va bien s’amuser, n’est-ce pas ?

Avec les enfants plus âgés, il faut aussi que ce soit une priorité de renouer votre lien avec eux de manière amusante et détendue après l’école, quand ils rentrent de chez leurs amis ou autre.

Si votre enfant va à la crèche ou à la maternelle, il est particulièrement important de prendre le temps de renouer le contact avec lui lorsque vous êtes réunis, parce que la séparation physique est un facteur de stress concernant le lien d’attachement d’un jeune enfant, plus qu’avec un enfant plus âgé. Toute activité qui vous permet de rire ensemble de bon cœur est particulièrement efficace pour façonner le lien. Pensez donc à des jeux de chatouille, jouer à la lutte ou danser sur de la musique très énergique. Pensez aussi à prendre un temps de calme après ces moments partagés. Vous remarquerez que les moments d’activité amusante et intense procurent des expériences et des émotions intenses, et votre enfant ressentira le besoin de vous en parler. C’est un signe évident que votre temps de renouement fonctionne bien.

Il est aussi important de renouer avec votre enfant après une séparation émotionnelle, quelle qu’en soit la nature. Il peut s’agir d’une dispute, d’un malentendu ou d’une punition. Il est toujours de la responsabilité du parent de rétablir la relation, soulignent Neufeld et Maté. « Nous ne pouvons pas attendre de l’enfant qu’il le fasse, il n’a pas la maturité pour comprendre que cela est nécessaire. »

Prenez des habitudes accueillantes et encourageantes. Vos petits gestes sont importants pour montrer à votre enfant combien il est important à vos yeux. Voici quelques habitudes que vous pouvez mettre en place :

  • Accueillez votre enfant le matin (ou après sa sieste) avec un sourire et montrez-lui que vous êtes réellement heureux de le voir, sans tenir compte de ce qu’il s’est passé avant qu’il aille se coucher.
  • Soyez prêts à vous laisser interrompre. Mettez un point d’honneur à poser votre téléphone, à fermer votre ordinateur ou éteindre la télé lorsque votre enfant cherche à communiquer avec vous. Montrez par votre expression que vous l’écoutez réellement.

Mettez en place une routine qui rapproche. Faites ce qui est nécessaire pour mettre de côté le temps dont votre enfant et vous avez besoin pour créer des liens. Par exemple :

  • Prévoyez chaque jour quinze minutes de « temps exceptionnel ensemble » pour jouer en tête-à-tête avec votre enfant d’âge préscolaire au scolaire. (Vous verrez leur niveau de bien-être et le fait de se conformer s’améliorer.)
  • Asseyez-vous avec votre enfant lorsqu’il prend son goûter en rentrant à l’école.
  • Résistez à l’envie de cesser la routine du coucher parce que votre enfant est devenu « trop grand ». Priez pour votre ado au moment du coucher.
  • Prévoyez des rendez-vous hebdomadaires avec votre préado ou votre ado pour faire quelque chose d’exceptionnel ensemble que vous appréciez tous les deux, comme faire un tour à vélo, effectuer un entretien sur la voiture ou préparer un repas ensemble.

Tenez compte des questions d’attachement avant de punir. Étant donné le besoin instinctif de votre enfant de se sentir près de vous, il faut se montrer prudent avec les questions de discipline. Les enfants peuvent interpréter une punition comme du rejet et ce sentiment a tendance à alimenter l’insécurité et l’agitation chez un enfant. Cela mène généralement à une augmentation des mauvais comportements et non l’inverse.

Assurez-vous de :

  • Réussir à reconnaître lorsque les comportements agaçants de votre enfant sont en réalité suscités par un besoin d’être davantage en contact avec vous et nécessitent donc des gestes de tendresse plutôt qu’une punition. Par exemple, un jeune enfant va souvent se mettre à solliciter ses parents dès que ceux-ci ne lui paraissent pas disponibles ; lorsqu’ils sont au téléphone, dressent la liste des courses ou s’occupent d’un nouveau bébé. Ce sont les insécurités d’attachement de l’enfant qui se réveillent. Il a généralement besoin d’un câlin et d’être rassuré sur le fait que papa ou maman sera bientôt à nouveau disponible pour lui.
  • Apprendre des stratégies pour discipliner votre enfant qui préservent son sentiment d’être désiré et respecté, et qui vous aideront à enseigner à votre enfant ce qu’est un comportement plus approprié.

Nous avons de la concurrence, mais il est important de ne pas la laisser gagner

Ces instincts d’attachement qui nous aident à capter le cœur de nos enfants peuvent aussi jouer contre nous. Comme le disent Neufeld et Maté, les parents doivent être conscients que le besoin instinctif et inconscient de l’enfant d’avoir un guide est très fort. « Les enfants ne peuvent pas supporter l’absence d’une telle figure dans leur vie ; ils deviennent désorientés. »

Cela ne veut pas dire que notre enfant va automatiquement nous considérer comme son guide, parce que nous sommes ses parents. Lorsqu’un enfant a l’impression que ses parents ne s’intéressent pas à lui, il peut de manière inconsciente transférer son lien d’attachement de ses parents vers ses pairs.

Une bonne partie du livre écrit par Neufeld et Maté est consacrée à explorer les résultats d’un attachement de l’enfant aux pairs et ceux-ci sont plutôt alarmants. Les parents peuvent finir par perdre toute influence sur un enfant qui se montre de plus en plus rebelle. Et pour l’enfant, ces instincts mal dirigés peuvent être désastreux. Les conséquences pour les enfants qui rejettent la directive réfléchie et sacrificielle de leurs parents et s’appuient plutôt sur des pairs intrinsèquement instables pour rechercher l’approbation et une direction pour leur vie incluent :

  • L’anxiété
  • Une faible estime de soi
  • Un caractère impulsif et moins de contrôle de soi
  • Une immaturité émotionnelle qui mène à des choix immatures
  • Une attitude de défi et de rébellion
  • Une tolérance envers les agressions et le harcèlement, qu’ils soient dirigés envers eux ou les autres
  • Le risque de devenir eux-mêmes intimidateurs, une forte agressivité
  • Une limitation interne de ses propres performances scolaires, de ses ambitions et de son potentiel.

Les germes de l’attachement aux pairs peuvent prendre racine dès l’école primaire, expliquent Neufeld et Maté, mais les signes ne se manifestent pas de manière évidente tout de suite. Ce n’est qu’au secondaire que certains parents commencent à remarquer que leur enfant les ignore de plus en plus et que leurs amis semblent exercer une influence inhabituellement forte et inquiétante sur lui.

Au moment où nos enfants passent le cap de l’adolescence, ils peuvent donner l’impression qu’ils ne veulent plus autant de notre attention et de notre affection, mais nous ne devons pas nous laisser décourager par cela. Ils ont toujours besoin de nous. Ils peuvent grandir et doivent gagner en maturité et en indépendance sans pour autant perdre le sentiment que nous les aimons et sans abandonner leur attachement à notre égard. Nous ne devons jamais arrêter de complimenter nos enfants.

 

Catherine Wilson est la rédactrice en chef de la rubrique Éduquer ses Enfants chez Focus on the Family Canada.

© 2024 Focus on the Family (Canada) Association. Tous droits réservés. Utilisation autorisée.