Ce que nos cœurs désirent
Que signifie vraiment cette promesse de Dieu ?
Par Subby Szterszky
Il y a des années de cela, quand je suis devenu chrétien, un jeune couple de mon église m’a pris sous son aile. J’étais reconnaissant pour leur amitié, leurs encouragements et les réponses qu’ils apportaient à mes innombrables questions.
Un jour, nous parlions de nos rêves et espoirs déçus, ce à quoi la femme a répondu en citant le Psaume 37.4 : « [L’Éternel] te donnera ce que ton cœur désire. » Le sous-entendu était qu’en tant que chrétien, je pouvais m’attendre à ce que Dieu me donne tout ce que je voulais, pour peu que je le lui demande.
À l’époque, la Bible était encore terra incognita pour moi. Je me souviens cependant avoir pensé au verset 14 de 1 Jean 5, où l’auteur insiste sur la nécessité de demander selon la volonté de Dieu. À ma grande surprise, mon amie essuya cette notion du revers de la main en répondant que la plupart du temps, il nous était impossible de connaitre la volonté de Dieu.
Nous aurions tous les deux pu être grandement éclairés si nous avions connu la règle principale en matière de lecture de la Bible (ou de n’importe quel autre texte) : le contexte avant tout.
La promesse de Dieu dans son contexte
Parfois, c’est aussi simple que de lire la phrase en entier, plutôt que d’en extraire une partie pour créer une expression théologique toute faite. Le verset 4 du Psaume 37 dans son intégralité dit : « Fais de l’Éternel tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire. »
Quand on lit toute la phrase, ce verset devient bien plus précis. Il ne s’agit pas d’une carte blanche selon laquelle Dieu s’engage à nous fournir tout ce qui pourrait nous passer par la tête : des richesses, un meilleur travail, une belle maison, des vacances extraordinaires. On n’est pas dans l’évangile selon Janis Joplin qui chantait en 1970 : « Oh Seigneur, achète-moi une Mercedes Benz. Tous mes amis roulent en Porsche, il faut que je me rattrape. »
On n’y trouve pas non plus la philosophie des films Disney selon laquelle, si nous suivons notre cœur, il nous guidera toujours sur le bon chemin. En réalité, Jérémie 17.9 nous dépeint un tableau bien différent: « Le cœur est tortueux plus que tout, et il est incurable. Qui peut le connaître ? »
Fais de l’Éternel tes délices
La clé pour comprendre le Psaume 37.4 se trouve dans cette première partie : « Fais de l’Éternel tes délices». Ce que Dieu promet à ceux qui font de lui l’objet de leurs désirs, c’est de combler ce désir.
Il ne s’agit pas d’une tautologie ou d’un truisme vide de sens, mais de l’une des vérités les plus fondamentales de la Bible, qu’on retrouve tout au long du livre des Psaumes, et bien au-delà.
Le Psaume 16 en particulier aborde ce sujet plus en profondeur. Tout comme le Psaume 37, il contient un verset qui est souvent enlevé de son contexte et isolé : « Un héritage délicieux m’est attribué, une belle possession m’est accordée. » On se sert souvent de ce passage pour exprimer notre gratitude face aux bénédictions matérielles temporaires que nous recevons. Bien que cela n’ait rien de condamnable, ce n’est pas le sujet premier de ce verset.
Dans ce cas-là, et pour ne pas ignorer la structure parallèle typique à la poésie hébraïque, il nous faut lire les versets 5 et 6 du Psaume 16 ensemble : « Éternel, c’est toi qui es ma part et la coupe où je bois, c’est toi qui m’assures mon lot. Un héritage délicieux m’est attribué, une belle possession m’est accordée. »
Là encore, le sens de ce passage devient plus clair quand il est lu dans un contexte plus large. Le roi David considère son lot comme étant délicieux et beau, non pas grâce aux bénédictions matérielles dont il jouit (même si elles sont considérables), mais parce que Dieu lui-même est le lot de sa vie.
David va encore plus loin : « Je dis à l’Éternel : tu es mon Seigneur, mon bien, il n’y a rien au-dessus de toi ! […] Tu me feras connaître le sentier de la vie ; il y a d’abondantes joies dans ta présence, un bonheur éternel à ta droite. » (Psaume 16.2,11)
La joie que David ressent en Dieu est complète. Elle surpasse tous ses autres désirs et s’étend au-delà des limites de cette vie, jusque dans l’éternité.
Ce thème du désir tourné vers Dieu résonne au-delà du livre des Psaumes, jusque dans les pages du Nouveau Testament. Jésus décrit le royaume des cieux comme un trésor pour lequel quelqu’un donnerait tout ce qu’il possède (Matthieu 13.44-46). Paul rapporte sa propre expérience, considérant tout ce qu’il possède comme ne valant rien comparé à la valeur suprême de connaitre Jésus (Philippiens 3.7-11). En effet, l’apôtre Paul presse les croyants de se réjouir en Dieu en tout temps, car cela est la volonté de Dieu pour nous en Christ (Philippiens 4.4 ; cf. 1 Thessaloniciens 5.16-18).
Alors, même si parfois nous ne connaissons pas la volonté de Dieu par rapport à une situation spécifique, nous pouvons être certains d’une chose : si nous demandons à Dieu de faire grandir notre affection pour lui et de nous donner un cœur qui se réjouit en lui, notre demande va dans le sens de sa volonté et il y répondra. Si nous faisons de lui le désir le plus profond de notre cœur, il comblera sans faute ce désir.
Le vrai bonheur ne se trouve qu’en Dieu
Il existe un danger réel et très actuel dans nos cultures aisées : celui de faire des idoles des cadeaux que Dieu nous offre et d’adorer la création plutôt que le Créateur. Nos prédécesseurs l’avaient fait avec des images d’hommes, d’animaux ou de créatures célestes. À notre époque, le risque est plutôt de mettre sur un piédestal la richesse, l’ambition, le confort ou les loisirs. Nous finissons ainsi par voir Dieu comme un moyen vers leur obtention plutôt que comme une fin en soi. Nous voulons ce que Dieu a à nous offrir plutôt que Dieu lui-même.
C’est pourtant peine perdue. Comme l’a observé C.S. Lewis : « Dieu ne peut pas nous donner la paix et le bonheur en dehors de lui, parce que ces choses sont en lui. Ce n’est tout simplement pas possible. »
Dieu a créé les êtres humains pour qu’ils trouvent leur joie et leur épanouissement en lui. Tout autre plaisir ne trouve sa juste place qu’englobé dans cette joie première en Dieu. Comme l’écrit Paul : « Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1 Corinthiens 10.31)
Bien que ce plan ait été corrompu par la chute de l’homme, il a été restauré par la Croix de Jésus-Christ. Plus que le simple pardon des péchés et la délivrance de l’enfer, la Croix nous assure la vie éternelle, ce que Jésus définit comme le fait de connaitre le seul vrai Dieu et son Fils qu’il a envoyé (Jean 17.3).
Ou, pour reprendre les mots du psalmiste : « Qui d’autre ai-je au ciel ? Et sur la terre je ne prends plaisir qu’en toi. Mon corps et mon cœur peuvent s’épuiser, Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et ma bonne part. » (Psaume 73.25-26)
Subby Szterszky est le rédacteur de la rubrique Foi et Culture chez Focus on the Family Canada.
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