Devenir papa, tout un défi !

Écrit par Dominique Ourlin

J’en rêvais souvent et depuis longtemps. Voilà que le grand jour est arrivé : je suis papa ! Que d’émotions ! Et ça m’est arrivé deux fois ! Que de papillons — et de nœuds — dans l’estomac ! Une nouvelle aventure commence, chaque fois aussi excitante que terrifiante, aussi palpitante qu’inquiétante ! « Moi ? Papa ? J’ai à peine appris à être fils ! » Je n’ai jamais su ce que signifiait vivre et grandir avec mon père, éloigné que j’étais par le divorce, malgré tout l’amour qu’il a pu vouloir me prodiguer. « Manque de pères, manque de repères », a dit quelqu’un.

Devenir papa, c’est un peu comme devenir pilote de F1, parachutiste ou aiguilleur du ciel… sans aucune formation ni préparation préalable. Pas de manuel ni de cours 101 — juste les mille et un conseils souvent confus et contradictoires recueillis dans la famille, sur le web ou au fil des pages du dernier bouquin à la mode !

Dieu merci, notre Père céleste sera toujours là pour nous aider dans cette mission (presque) impossible — sans doute la plus grande et la plus belle qui soit.

Permettez-moi de partager avec vous quelques réflexions glanées en 35 ans d’apprentissage. Vous me direz ce que vous en pensez — quand vos enfants auront 35 et 31 ans comme les miens. En attendant, bon courage — Dieu est avec vous !

1. Pas besoin d’être Superpapa pour être un papa super, ou en tout cas pour aider nos enfants à grandir. Ils ont besoin de parents normaux et non d’extraterrestres. Nous voir vivre en mode apprentissage et dans l’humilité leur permettra d’apprendre à être eux aussi plus humains, ce qui est plutôt rare dans notre monde.

2Le temps passé à les tenir, les cajoler, les embrasser, rire, jouer et pleurer avec eux sera certainement le meilleur investissement dans la banque de leur âme. Aucun d’entre nous n’est assez important pour ne pas leur consacrer le temps qui leur est dû. À chacun d’être créatif pour « faire du temps » avec ses enfants, ensemble et individuellement.

3. Pas besoin de tout savoir à l’avance pour les aider à atteindre leur potentiel. Il me suffit de les accompagner, de grandir avec eux, de cheminer dans leur apprentissage de la vie, de savoir leur dire « Je ne sais pas », « N’aie pas peur », « Je t’aime », « Oui » aussi souvent que possible et « Non » aussi souvent que nécessaire avec amour et fermeté.

4. Ne pas oublier que je ne connais pas l’adulte que deviendra mon enfant. Dieu seul connaît ses dons, ses talents, son appel, ses faiblesses. Je veux donc me garder de tenter d’en faire mon clone ou un clown qui me singe. Je suis là pour l’aider à devenir lui-même par la grâce de Dieu et non à se conformer à mes codes, mes convictions, mes attentes, mon mode de vie (avec certaines limites, bien sûr, tout au moins le temps où nous vivons sous le même toit !).

« Et vous, pères, n’allez pas irriter vos enfants par votre attitude. Mais élevez-les en leur donnant une éducation et une discipline inspirées par le Seigneur. » (Éphésiens 6.4)

5. Être attentif à ce que mon enfant vit à l’école, quel que soit son âge. « Comment était ta journée ? » (après tout, j’aime que ma femme s’intéresse à la mienne…), « Qu’as-tu appris de beau (ou de moins beau) aujourd’hui ? », « Qu’as-tu trouvé intéressant ? Ennuyeux ? Difficile ? » Établir et garder le contact avec ses enseignants. Beaucoup de parents se plaignent de voir l’école refléter la mentalité de la société, mais « mieux vaut allumer une chandelle que maudire les ténèbres ». En étant le plus constructif et respectueux possible dans le suivi de leur éducation, nous sommes déjà et encore en train d’enseigner nos enfants par notre exemple.

6. Me souvenir que mes enfants oublieront probablement tous mes beaux discours et mes sermons, mais qu’ils seront peu à peu façonnés par mon exemple, mon comportement, mon attitude, et ce pour le meilleur et pour le pire (et, espérons-le, souvent pour le rire).

7. Surtout, ne pas oublier de les préparer au mariage dès leur plus jeune âge… en traitant leur mère avec respect, sollicitude (bien sûr, chérie, j’ai le temps de faire la vaisselle et de sortir les poubelles), écoute, amour. Quoi de plus rassurant et formateur pour des enfants (et des ados) que de voir leurs parents s’embrasser tendrement ?

« Un père n’est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile ; un père, c’est celui qui donne l’amour. » Denis Lord

8. Leur apprendre à prier en le faisant nous-mêmes naturellement, spontanément, souvent et humblement — à table, au départ pour l’école, face à une mauvaise nouvelle, à un bobo mineur ou à un souci majeur ; en pratiquant et en cultivant la reconnaissance. « Ce que l’enfant dit, il l’avait entendu, chez lui » dit un proverbe africain.

9. Et quand ils quittent le nid, se souvenir qu’il faut les laisser voler de leurs propres ailes. Garder la porte ouverte, mais aussi un peu de distance. Et n’oublions pas que « les conseils amusent beaucoup ceux qui les donnent et n’engagent en rien ceux qui les reçoivent ». Alors, autant les donner avec parcimonie.

10. J’oubliais presque ! Toi qui es papa, arrête de te culpabiliser et de te comparer. C’est fatigant à la fin. Tu es le seul papa qu’auront tes enfants, et si tu as pris le temps de lire cet article, c’est que tu n’es sans doute « pas si pire ». La progression est plus importante que la perfection. Ne laisse jamais tes imperfections devenir un prétexte pour excuser la médiocrité. Avec l’aide de Dieu, tu peux faire bien mieux que ça.

Si c’était à refaire, j’essaierais de mieux faire, mais je refuse de vivre dans les regrets et les remords perpétuels. Le passé est dépassé et le présent est un présent. C’est aujourd’hui le temps d’aimer, d’écouter, d’être présent, patient et attentionné envers nos enfants pendant qu’il en est temps et quel que soit leur âge. Nous leur lèguerons ainsi le meilleur des héritages !

Dominique Ourlin est pasteur au Québec depuis plus de 15 ans, avec son épouse Candy. Il est auteur de deux livres disponibles sur painsurleseaux.com.

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