Des projets de calme
Par Jeremy Favreau
Dépendre de Dieu dans le chaos du quotidien.
Ce matin, j’ai quitté la maison avec les cris de mon fils de 10 mois qui résonnaient dans mes oreilles. En fait, je les entends encore. Lévi a du caractère et il ne s’empêche guère d’exprimer ses émotions. Lorsqu’il est heureux, son sourire illumine tout son visage. Lorsqu’il ne l’est pas, il veut le faire savoir — et y réussit très bien.
La plupart des jours, je ne vois dans ces petits événements rien de plus que la vie normale pour une famille comme la mienne. Deux parents qui ne savent pas trop ce qu’ils font, essayant tant bien que mal d’élever deux jeunes enfants avec sagesse et amour. Et deux enfants qui essayent tant bien que mal de grandir à l’intérieur du contexte que nous pouvons leur fournir.
Mais aujourd’hui, j’éprouve la paix d’une manière peu ordinaire. C’est peut-être parce que j’ai pu m’enfuir du chaos de la maison pour prendre refuge dans le semi-calme du bureau, ou c’est peut-être parce que j’ai pu m’accrocher à quelques paroles des Écritures qui m’ont interpellé avec force. En effet, les paroles du Psaume 131 n’ont cessé de jouer en boucle dans mes pensées alors que vaquais à mes tâches matinales :
Éternel, je n’ai pas un cœur orgueilleux ni des regards hautains, et je ne m’engage pas dans des projets trop grands et trop élevés pour moi.
Au contraire, je suis calme et tranquille comme un enfant sevré qui se trouve avec sa mère, je suis comme un enfant sevré.
Israël, mets ton espoir en l’Éternel dès maintenant et pour toujours !
Dernièrement, je trouve cela très difficile de savoir où donner de la tête. Tant de beaux et de bons projets n’attendent qu’une chose : que quelqu’un les prenne en main et les mène à terme. Et la personne parfaite pour le faire ? Moi bien sûr ! Qu’il s’agisse de planifier les meilleures vacances pour la famille, prendre en charge la direction d’une nouvelle initiative au travail ou coordonner un ministère à l’église, il y a toujours plus à faire. Et tout semble être indispensable !
C’est alors que je lis ce psaume et que je réalise que le stress, bien qu’il soit parfois inévitable, ne doit pas être ce qui caractérise ma vie. Si le roi David, l’auteur de ce psaume, a su trouver le calme pour son âme en dépit de ses responsabilités de dirigeant et de père de famille, cela doit aussi être possible pour moi.
Malgré un départ très humble dans la vie, David a, à un certain moment, commencé à se croire capable d’entreprendre ses propres projets sans l’aide et la direction de Dieu. Dans 2 Samuel 24, nous lisons que David a recensé le peuple d’Israël afin de savoir combien d’hommes prêts au combat étaient à sa disponibilité. Nous ne savons pas ce qui motivait David (à part l’orgueil), mais s’il mesurait la force de son armée, il est probable qu’il développait des plans de guerre. Dieu ne lui avait-il pas maintes fois permis de vaincre ses ennemis ? Oui. Mais ces victoires étaient le résultat de son obéissance à Dieu, et non le fruit de sa propre ambition.
Lorsqu’il rencontra Goliath, plusieurs années plus tôt, David s’écria : « Tu marches contre moi avec l’épée, la lance et le javelot ; moi, je marche contre toi au nom de l’Éternel… ». À ce moment, David avait l’assurance que Dieu était avec lui, puisque c’était Son combat. Il dit ensuite : « … toute cette assemblée saura que ce n’est ni par l’épée ni par la lance que l’Éternel sauve… ». Lorsqu’il oublia cela, et se mit à croire que tout dépendait de lui, sa vie prit un détour pour le pire. Heureusement, il revint à l’humble dépendance à Dieu après avoir subi les conséquences de ses mauvais choix.
Voici trois pratiques tirées du psaume 131 qui nous aideront à maintenir une saine dépendance envers Dieu et des cœurs en paix :
Avoir une juste estimation de soi
Il faut nous rappeler que la source de notre valeur nous provient de Dieu. Nous n’avons pas besoin de faire plus, ou prouver quoi que ce soit pour être accepté et aimé. Nos capacités nous ont été données par Dieu et notre valeur provient de ce que nous sommes voulus et aimés par lui. Dieu sait comment il nous a fait et il sait pourvoir la force nécessaire à tout projet qu’il désire pour nous. Notre part consiste à le chercher et à obéir ses directives.
Bien se nourrir
Un bébé sevré est un bébé qui a appris à manger de la nourriture solide, et ne dépend plus du lait maternel pour sa nutrition. Toutefois, un bébé récemment sevré n’est pas indépendant ! Il dépend encore de ces parents pour ce dont il a besoin, mais il apprend petit à petit à se nourrir lui-même et à tirer sa nutrition d’une multitude de sources.
Le chrétien sevré est celui qui a non seulement appris comment trouver sa nourriture spirituelle dans la Bible, l’enseignement chrétien et la communion fraternelle, mais qui a aussi développé les disciplines pour le faire régulièrement et suffisamment pour satisfaire son besoin. Un bébé, quand bien même sevré, va crier s’il a faim ! De la même manière, nous ne serons pas en paix si nous négligeons de nous nourrir spirituellement.
Maintenir une foi active
La foi en Dieu est quelque chose d’extrêmement fragile. Si nous agissons indépendamment de Dieu et ignorons les disciplines spirituelles, nous en sentirons très vite les effets. Si nous négligeons de nous tourner vers Dieu pour notre secours et notre soutien, nous aurons de moins en moins tendance à le faire. C’est pourquoi le psalmiste exhorte tout le peuple à maintenir une foi active, et ce, tous les jours. Il a fait l’expérience de vivre par ses propres forces et il en a subi les conséquences. Il sait maintenant que la foi simple de son enfance passée à garder les troupeaux est ce qui a permis à Dieu de faire de grandes choses à travers lui. De la même manière qu’il exhorte le peuple d’Israël à placer sa confiance en Dieu, nous devons inciter les membres de nos familles à faire de même à travers nos paroles et nos actions.
Dans quelques heures, je vais réintégrer l’espace parfois chaotique qu’est la demeure de la famille Favreau. Je souhaiterais enseigner à Lévi les bienfaits d’être un bébé calme et tranquille dans les bras de sa mère, pour ainsi éviter de vivre un autre matin comme aujourd’hui. Je vais essayer. Mais s’il apprend aussi vite que son père, je risque encore d’entendre ses pleurs une fois ou deux.
Jeremy Favreau est mari, papa et québécois à plein temps. Il était le directeur éditorial de Focus Famille au moment de la première publication de cet article.
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