Ces mensonges qui nourrissent l’angoisse et la dépression chez les ados
Par Catherine Wilson
Aidez votre ado en combattant ces quatre mensonges.
Seriez-vous surpris d’apprendre par hasard que votre ado, normalement digne de confiance, ment de façon éhontée ? Eh bien, préparez-vous à ce qui suit : si votre adolescent est de nature anxieuse ou déprimée, il est quasi certain qu’il ment tous les jours. Vous ne prendrez cependant jamais votre ado « en flagrant délit », car c’est en secret qu’il dit des mensonges : des mensonges que beaucoup d’enfants découragés se disent, à eux-mêmes.
Ces mensonges commencent à un jeune âge chez la plupart des personnes. Nous sommes nombreux à être en proie à des pensées négatives, qui déferlent dans notre esprit de manière quasi continuelle, tel un commentateur méprisant qui ridiculise nos actions, mais aussi nos pensées. Les psychologues Archibald Hart et Catherine Hart Weber suggèrent que « Jusqu’à 77 % du monologue intérieur quotidien d’un individu moyen est de nature négative et dénigrante ». Si rien n’est fait pour mettre un terme à ce monologue intérieur négatif, les enfants (ceux qui sont anxieux en particulier) risquent d’en tirer des conclusions sur eux-mêmes et sur les autres qui sont irrationnelles et dommageables. Petit à petit, leur estime personnelle est endommagée par de fausses suppositions qu’ils ne formuleront peut-être jamais à haute voix. Prenez par exemple la pensée suivante : Je lève toujours la main en premier en classe, mais l’enseignante ne me choisit jamais. Elle ne m’aime pas.
Savoir maîtriser ses pensées intérieures devient particulièrement important à l’aube de l’adolescence – début d’une phase intense de préoccupation concernant soi-même et son image, accompagnée de sautes d’humeur parfois violentes. Un ado ne sachant pas comment repousser ces mensonges accusateurs peut voir ses pensées le précipiter dans une spirale négative. « Alyssa n’est pas venue s’asseoir avec moi à midi. J’étais toute seule à la cafétéria et tout le monde me dévisageait. Je n’ai aucune vraie amie. » « Tout le monde pense que je suis un perdant. Je ne réussirai jamais ce cours. Comment suis-je censé choisir une carrière alors que je ne suis bon à rien ? »
Pour conserver une image saine d’eux-mêmes, les enfants doivent apprendre à répondre à leurs pensées négatives par un monologue intérieur fondé sur la vérité. Ils doivent apprendre comment confronter les mensonges irrationnels et discerner la vérité dans toute situation, à leur propre sujet et au sujet des autres. Une ado qui a un monologue intérieur sain, fondé sur la vérité, approcherait peut-être la première situation de la façon suivante : Alyssa n’est pas venue me voir à midi. Être assise toute seule était tellement embarrassant, mais au moins je n’étais pas la seule dans ce cas. À partir de maintenant, je donnerai rendez-vous à Alyssa devant son casier. Penser en se focalisant sur la vérité (comme dans le dernier exemple) permet d’éviter la chute vers un état de découragement ou il n’y a pas d’espoir, en canalisant l’énergie émotionnelle dans une direction positive. Comme l’expliquent les docteurs Hart et Hart Weber : « Penser de manière saine peut vous mener directement à la résolution du problème. En revanche, les pensées irrationnelles et fausses ne peuvent pas le faire, parce que le véritable problème n’a toujours pas été identifié. »
Quatre mensonges à surveiller et à combattre
Les « pensées irrationnelles et fausses », telles que décrites par les docteurs Hart et Hart Weber, sont bien plus répandues qu’on ne le pense – même chez les adultes matures. En 1980, le psychiatre David D. Burns a publié une liste de dix manières de penser pessimistes1 qui sont très répandues. La « liste des distorsions cognitives » de Burns pourrait aussi être appelée la « liste des suppositions sans fondement ». Voici quatre de ces « distorsions cognitives » qui peuvent particulièrement affecter votre adolescent :
- Les pensées « tout ou rien » :Voir les choses en noir ou blanc. Si votre performance n’atteint pas la perfection, vous vous considérez comme un échec total. Un signe révélateur d’une attitude « tout ou rien » est la présence de mots tels que « toujours », « jamais » ou « tout ». Exemples de ce genre de pensée : Je gâche toujours tout. Je n’y arriverai jamais. Tout le monde me déteste.
- La généralisation excessive :Vous voyez un incident négatif isolé comme un modèle inévitable d’échecs à répétition. Ou vous tirez une conclusion générale à partir d’un détail. Exemple de ce genre de pensée : Amy ne veut pas venir à ma fête, je parie que personne ne viendra.
- Conclusions hâtives :Vous interprétez une situation de façon négative même si aucun fait précis ne soutient cette conclusion de façon convaincante. Exemple de ce genre de pensée : J’ai entendu dire que mes amies sont allées au centre commercial sans moi samedi dernier. Cela prouve qu’elles ne m’aiment plus.
- Raisonnement émotionnel :Vous supposez que vos émotions négatives reflètent forcément la réalité des choses. Exemple de ce genre de pensée : Je me sens stupide et indigne d’être aimé, donc je le suis vraiment.
Conseils aux parents
« Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur, s’écrie le psalmiste. Fais-moi connaître la sagesse dans le secret de mon être ! » (Psaume 51.8) À travers ce verset, et bien d’autres encore, Dieu nous incite à protéger nos pensées. Cependant, il n’est pas facile de mettre fin à un mode de pensée de façon négative et erronée. Voici quelques façons d’aider vos enfants à « faire prisonnière toute pensée pour l’amener à obéir au Christ ».
Aidez votre ado à comprendre que les pensées négatives ne sont pas inoffensives.
Les pensées négatives se transforment en sentiments, et ces sentiments dictent souvent les actions, et les conséquences de ces actions. Quoique les pensées négatives ne soient pas toujours fondées sur la réalité, elles mènent toutefois à des actions réelles. Étudiez ensemble la liste des distorsions cognitives de Burns et soyez honnête avec votre ado au sujet de celles avec lesquelles vous luttez vous-même. Faites attention de ne pas sous-entendre que votre enfant est « trop négatif »… La liste de Burns l’aidera à réaliser que beaucoup de gens ont de la difficulté à penser de façon optimiste.
Remettez en question les déclarations négatives qui se glissent dans vos conversations de tous les jours et ramenez votre enfant vers la vérité.
Prenez l’habitude de poser la question : Est-ce bien vrai ? Regardons les faits. Ou alors, reformulez les déclarations négatives de vos enfants en déclarations fondées sur la vérité : Tu n’oublies pas toujours tes devoirs. Tu ne les as oubliés qu’une fois cette semaine, c’est tout. (Assurez-vous cependant de ne pas reprendre votre enfant s’il est aux prises avec des émotions fortes, comme la tristesse ou la colère. Lors d’humeurs intenses, l’écoute empathique est ce qui l’aidera le plus.)
Utilisez Philippiens 4.8 pour éprouver l’honnêteté et la logique des monologues intérieurs.
Encouragez votre enfant à vérifier si ses idées noires passent ce test : Si j’examine ce que je suis en train de me dire ?
Est-ce vrai ? Quels sont les faits réels ?
Est-ce honorable ? Est-ce que ces pensées honorent les autres ? (Colossiens 3.13-14) Est-ce qu’elles honorent qui je suis en tant que disciple de Jésus ?
Est-ce juste ? Même si mes pensées sont en effet basées sur des faits réels, est-ce une bonne idée de continuer de concentrer mes pensées dessus ?
Quelle serait une façon pure et impartiale de considérer cette situation ? Comment la Parole de Dieu s’applique-t-elle à cette situation ?
Quel serait un excellent plan, un plan louable pour faire face à ce problème ? Quelle est une des issues positives possibles à cette situation ? (Concentrez intentionnellement vos pensées et vos prières sur ce résultat.)
Aidez votre enfant à développer son propre « code d’éthique » pour protéger ses pensées.
En voici un exemple :
Je m’engage à être optimiste :
À croire le meilleur pour mon futur
à croire au meilleur chez les autres
à ne m’inquiéter que des choses que je sais, pour sûr, être véridiques.
Et quand de véritables difficultés surviennent,
Je m’en remets à Dieu, mon Père Céleste,
je choisis de croire qu’il réserve de bonnes choses pour mon avenir
et qu’à travers cette épreuve, il aidera à faire grandir ce qu’il y a de bon en moi.
Identifiez les pensées négatives avec précision.
Encouragez votre enfant à prendre en note ses pensées négatives répétitives. Comparez-les à la liste de distorsions cognitives de Burns, ou faites-leur passer le test de Philippiens 4.8. Ensuite, inscrivez à côté de chaque pensée négative la réalité correspondante. Encouragez votre enfant à dresser une liste de mesures concrètes à prendre pour résoudre le problème et choisissez-en quelques-unes à mettre en pratique.
Imaginer un conseiller.
Les enfants souffrant d’angoisse ont habituellement un monologue intérieur très sévère à leur propre égard. Voici une bonne habitude à leur transmettre : imaginez que vous partagez vos pensées avec quelqu’un qui vous aime sans réserve. Réfléchissez à ce que cette personne dirait. Quelles pensées considérerait-elle comme valides ? Quelles pensées remettrait-elle en question comme étant inutiles ou fausses ? (Jésus lui-même serait le conseiller idéal à imaginer à leurs côtés, ou peut-être un grand-parent.)
Priez pour votre enfant et encouragez-le à lire sa Bible.
Un enfant a une estime de lui-même saine et durable quand il croit profondément (quel que soit ce qu’il ressent au moment présent) qu’il est une création unique de Dieu, que sa valeur se trouve dans le sacrifice de Jésus, et qu’il est aimé intensément par son Père éternel. Rappelez à votre enfant que l’Esprit de Dieu le connaît intimement, et l’aidera à devenir tout ce qu’il est censé être. Les jugements aléatoires de ses amis ou de ses pairs – et même sa propre autoévaluation – ne comptent pas.
Offrez à votre enfant les promesses de l’amour sans faille de Dieu.
Confectionnez-lui un beau journal, envoyez-lui ces promesses par message, ou encore créez des petites cartes à verset. Encouragez-le à mémoriser ses versets préférés.
1 Burns, David D : Feeling Good: The New Mood Therapy. (New York : William Morrow & Company, 1980)
Catherine Wilson est éditrice associée pour Focus on the Family Canada.
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