Être bon ou être aimé
Écrit par Jeremy Favreau
J’ai souvent associé ma valeur personnelle et l’approbation de Dieu à ma performance en tant que chrétien. Parce que je voulais à tout prix que Dieu me voie d’un œil favorable, j’évaluais sans cesse la justesse théologique de mes croyances, le niveau de mon implication chrétienne, et la perfection de ma moralité personnelle. Mais, quel que soit le nombre de fois que je lisais la Bible, la quantité d’heures que je passais à servir, ou la pureté de ma vie, je restais toujours inquiet de ne pas en avoir fait assez.
La bonne nouvelle, c’est que Dieu se soucie bien moins de ces choses que nous. Non pas que la vérité, le service et la moralité ne sont pas des choses importantes à ces yeux, car elles le sont. Mais elles sont sans conséquence quant à l’amour qu’il a pour nous.
Au commencement, Dieu créa les êtres humains pour le connaître et pour refléter son image. Lorsque nous faisons les choses qui sont bonnes et qui lui plaisent, c’est dans le but d’accomplir cette raison d’être. Aussitôt que nous l’oublions, nous sommes à risque de nous éparpiller à jouer des jeux religieux où performer a plus d’importance que d’aimer.
Lorsque nous faisons les choses qui sont bonnes et qui plaisent à Dieu, c’est dans le but d’accomplir notre raison d’être : le connaître et refléter son image.
La bonne doctrine, les bonnes œuvres et la mise en pratique de la loi de Dieu sont des éléments incontournables d’une vie longue et heureuse, car Dieu les a conçus à ce but (Deutéronome 6.1-3). Toutefois, elles ne servent pas à acquérir la faveur de Dieu, mais à nous positionner de manière à recevoir pleinement la vie qu’il désire nous donner.
Confondre la fin et les moyens conduit à mal interpréter Dieu et ses intentions, et à lancer les humains sur une course qui les conduira assurément vers l’échec, la sécheresse de l’âme et le rejet de soi. Sans même parler du fait qu’ils seront enclins à rejeter Dieu, car ils le percevront comme un être suprême dur et impossible à satisfaire, alors qu’il n’est un père ni sévère ni indulgent, mais plutôt profondément investi.
Dieu n’est un père ni sévère ni indulgent, mais plutôt profondément investi.
Dieu aime chaque personne, car il est amour. Il a placé son image en chaque personne, quel que soit l’usage que cette personne fait de ce don incommensurable. Et aujourd’hui, il compte toujours se révéler à travers les êtres humains. Cette vérité est la fondation sur laquelle nous devons construire notre identité et fonder nos vies.
Jésus nous a montré comment être une personne pleinement vivante au sein d’une culture qui cherchait à se valoriser par les moyens politiques, culturels, économiques et religieux. Un contexte bien similaire à notre monde actuel. Lui n’a pas poursuivi ces moyens et a au contraire rappelé la valeur de la personne la plus basse, méprisée, rejetée et sans apparemment rien à apporter à la société. Les arnaqueurs, les mendiants et les lépreux reçurent le toucher de sa main – la confirmation de leur valeur intrinsèque aux yeux de Dieu précisément dans l’état où ils se trouvaient. Ce toucher les a guéris ; et pour certains, les a mis sur une voie totalement nouvelle.
Aujourd’hui, Dieu compte toujours se révéler à travers les êtres humains.
En accueillant « le plus petit de ceux-ci », Jésus a renversé les structures compétitives qui portent les gens à vouloir se prouver devant les hommes et le divin. Au lieu de cela, il nous accorde sa paix. Et cette paix intérieure libère du besoin de juger les autres. Elle nous permet d’honorer toute personne, quelles que soient ses croyances, ses pratiques et sa moralité, car cette personne a déjà de la valeur pour Dieu telle qu’elle est. Et nous, quel que soit notre niveau de sanctification et nos bonnes œuvres, sommes aimés exactement au même degré.
Ce message absolument révolutionnaire est au cœur de l’Évangile. Jésus a su voir chez les gens l’empreinte divine à travers toutes les couches de saleté, d’hypocrisie et d’abus, et il a honoré cette image partout où il se trouvait. Il appelle encore toute personne à venir à lui, à emprunter le chemin de la repentance et à devenir des personnes nouvelles. Mais il respectera toujours l’essence et la valeur de chaque personne, que cette personne choisisse de le suivre ou non. Nous sommes appelés à faire pareil.
Dieu respecte l’essence et la valeur de chaque personne, que cette personne choisisse de le suivre ou non. Nous sommes appelés à faire pareil.
Si notre spiritualité nous pousse à mettre des obstacles entre nous et ceux qui ne partagent pas nos valeurs, il est fort probable qu’elle est basée plus sur notre performance que sur l’amour, qui seul fut une motivation suffisamment importante pour que Dieu envoie son Fils vers nous (Jean 3.16-17). Fondons notre identité sur la vérité que nous sommes aimés. C’est seulement ainsi que nous pourrons adéquatement refléter le cœur de Dieu envers l’humanité.
Jeremy Favreau est auteur et leader créatif chez Pouvoir de Changer – Étudiants. Passionné des grandes questions, il est toujours prêt à dialoguer sur l’Évangile, la culture et leurs innombrables points de rencontre. Lui et son épouse Selene résident à Montréal et sont parents de trois garçons.
Cet article a été publié dans le numéro d’été 2016 du magazine Focus Famille. Tous droits réservés © 2016 par Jeremy Favreau. Utilisation autorisée.