Partager votre histoire à vos enfants

Écrit par Daniel Huerta

Notre passé nous suit où que nous allions. Et parfois, les douleurs qui s’y rattachent aussi. Le souvenir de nos mauvais choix et leurs conséquences est parfois encore sensible des dizaines d’années après l’incident. Il n’est donc pas surprenant que nous essayions d’ensevelir ces souvenirs au plus profond de nous-mêmes.

Pourtant, avez-vous songé au fait que vos enfants pourraient bénéficier de votre histoire ? Ou qu’ils pourraient apprendre des erreurs de votre passé ?

Mais est-il vraiment sage de leur faire part de ces secrets ? Et si oui, que devriez-vous leur révéler ?

Il est important de considérer l’âge et le niveau de maturité de vos enfants, ainsi que leur vécu et leur avis sur le sujet que vous prévoyez d’aborder avec eux. Après réflexion, vous réaliserez peut-être qu’il ne serait pas profitable de partager votre secret avec vos enfants. En revanche, si vous pensez que le moment et le contexte actuels sont propices au partage de votre passé, voici quelques principes à considérer avant de vous lancer :

Appliquez les leçons que vous avez apprises à la situation de votre enfant. Par exemple, si votre enfant fait face à la honte et à l’échec, c’est peut-être le bon moment de lui partager comment vous avez appris à réagir face à la honte après vos propres échecs.

Nos cœurs cherchent avant tout la satisfaction de leurs désirs égoïstes, mais Dieu veut que nous trouvions la liberté. Il est important pour nos enfants de réaliser que l’échec peut soit nous porter à la croissance personnelle, soit nous rendre prisonniers de la honte ou de l’égoïsme.

Partagez votre histoire dans le but d’offrir de la sagesse. Assurez-vous de ne pas partager votre histoire dans le but de faire peur à vos enfants afin qu’ils agissent bien. Montrez-leur plutôt comment vous avez acquis de la sagesse à travers votre expérience. Le plus important, c’est la façon que vous avez découvert que vous aviez un manque émotionnel, spirituel ou physique – un manque qui vous a poussé au départ à prendre une mauvaise décision. Centrez la conversation sur le cœur du problème : l’insécurité que vous ressentiez à l’époque, la pression ou les émotions qui vous ont malmené, et montrez-leur comment vous avez appris à contrôler leur influence sur votre vie.

Divulguez-leur seulement ce qui est nécessaire. La plupart des ados et préados interrogent leurs parents sur des sujets sensibles de leur passé. Ces questions peuvent être révélatrices des décisions difficiles auxquelles votre enfant fait face en ce moment. Cependant, répondre en détail à toutes ses questions peut dépasser le niveau d’information dont il a besoin. Votre réponse doit simplement être honnête, courte et droit au but.

Envisagez la possibilité que cela se retourne contre vous. Plusieurs adolescents que j’ai accompagnés utilisaient les expériences passées de leurs parents pour justifier leurs propres actions. Puisque leurs parents s’en étaient plutôt bien sortis, ils estimaient que ces comportements étaient sans danger. Selon leur perspective limitée, ils ne percevaient pas les autres facteurs qui avaient fait de leurs parents ce qu’ils étaient. Les ados n’ont pas l’expérience de vie nécessaire pour comprendre la douleur émotionnelle généralement associée aux blessures et aux erreurs du passé. Leurs yeux sont souvent rivés sur ce qui semble le plus divertissant dans l’immédiat. Et un mauvais comportement peut souvent sembler très divertissant.

Il faut aussi réfléchir au fait que les histoires partagées ne resteront pas nécessairement en confidence. Une circonstance pourrait advenir où votre enfant divulguera votre histoire à d’autres dans un moment de colère ou d’impulsivité. Ne divulguez donc pas des choses intimes à votre enfant s’il ne s’est pas montré digne de vos confidences.

Votre histoire et vos expériences peuvent s’avérer très utiles à votre enfant, si vous les lui partagez avec discernement. Par contre, si vous révélez trop de détails à un moment inopportun, elles peuvent devenir pour eux un prétexte, ou leur sembler être seulement une histoire honteuse sans objet rédempteur.

Prenez les précautions nécessaires avant de révéler les détails de votre passé à votre enfant. Si vous êtes incertain, parlez-en à une amie de confiance ou bien à un conseiller. Chaque situation est unique, mais quelqu’un qui connait bien votre famille pourra peut-être vous offrir la lucidité dont vous avez besoin.

 

Daniel Huerta est le vice-président du département Jeunesse et Éducation de Focus on the Family.

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