L’été de mes 7 ans
La découverte d’un amour pour les arts
Écrit par Jeremy Favreau
J’adore la lecture. Depuis près de trente ans, je lis un peu de tout, à chacun de mes moments libres, et ce, à mesure de plusieurs livres à la fois. Je ne peux pas me vanter d’être le lecteur le plus rapide ni celui qui lit le plus de livres en une année (surtout depuis que j’ai des enfants !), mais je mérite néanmoins le titre de lecteur vorace. Toutefois, il n’en a pas toujours été ainsi.
Je n’oublierai jamais l’été de mes 7 ans. Je vivais avec mes parents dans un bungalow aux abords d’une petite ville bien ordinaire. Étant le cadet de mes frères et sœurs d’une bonne quinzaine d’années, je n’ai que de très rares souvenirs de leur présence à la maison quand j’étais petit. Mais cet été-là, ma sœur missionnaire, celle qui me faisait rêver d’aventures avec ses histoires de périples outre-mer, allait passer plus d’un mois dans la chambre juste à côté de la mienne ! Ma joie était à son comble.
Je ne me souviens plus trop si j’avais prévu des activités pour sa visite ou non, mais elle, de son côté, avait un plan en tête : elle ne repartirait pas de la maison sans m’avoir passionnément partagé son amour pour les arts. Nous avons passé des journées entières à écouter les derniers albums de musique chrétienne de 1985, à faire de la danse interprétative (eh oui…), et surtout, à lire l’un des livres les plus extraordinaires jamais écrits : Les chroniques de Narnia. J’ai lu la série tant de fois depuis que je ne sais plus lequel des sept tomes nous avons lu cet été-là, mais une chose est sure : je ne suis plus la même personne depuis ce jour. La découverte de cet univers plus que réel où les enfants sont des héros et où les créatures les plus extraordinaires font partie intégrante de la société m’a tout simplement emballé. J’avais trouvé dans la lecture un moyen d’explorer ma créativité, d’exprimer mes émotions enfouies et aussi la permission de rêver sans gêne ni besoin de m’expliquer. J’avais découvert une passion à vie.
Cet épisode de ma vie témoigne de la meilleure technique d’évangélisation qui soit : le partage d’une passion.
Cette évangélisation a lieu partout : qu’il s’agisse de l’enseignement envoutant d’un professeur à l’université, du sermon d’un prédicateur enflammé ou du faux-semblant d’une annonce publicitaire télévisée. Nous sommes constamment témoins de gens qui croient en la valeur de quelque chose et qui nous communiquent cette « bonne nouvelle » avec zèle et conviction. Par notre exubérance tout autant que par notre silence, nous influençons chaque jour nos enfants, amis et collègues à valoriser ou à mépriser telle ou telle chose. Nos interactions quotidiennes ne sont jamais sans effet. Puisque nous parlons ici des arts, quel message propageons-nous à leur égard, que ce soit fait de manière intentionnelle ou non ?
Il existe une erreur fondamentale qui explique pourquoi certaines personnes ne se découvrent jamais de passion à développer et à partager. Cette erreur, c’est de croire que seulement certaines personnes sont créatives.
Il existe une différence majeure entre être un artiste professionnel et une personne créative. La créativité fait partie de chaque individu (bien que mieux cachée chez certains), puisque nous sommes tout un chacun créé à l’image du Créateur. Nous possédons donc tous une capacité créative.
Une autre erreur qui pousse les gens à nier leur côté créatif, c’est une vision trop resserrée de ce en quoi consiste l’art. L’art ne se résume pas à la musique, à la peinture et à la composition de romans. Tout ce que vous entreprenez avec sensibilité et conviction est une preuve de la nature créative en vous. La différence se situe dans la manière dont vous faites ce que vous faites, et non dans la nature de ce que vous faites.
Ne vous bornez pas à jouer d’un instrument parce que vous croyez que c’est la seule façon d’adorer Dieu. Qu’est-ce qui vous passionne et vous donne le sentiment d’être pleinement vivant ? En quoi ressentez-vous la joie de Dieu quand vous vous y appliquez ? Faites-le de tout cœur avec le souci de glorifier Dieu, et il le recevra comme « un parfum de bonne odeur », pour employer une expression poétique de l’Ancien Testament. Une expression qui exprime bien comment l’art se reconnait aussi par l’odorat, que vous soyez parfumeur ou (ce qui est bien plus important, selon moi) fin cuisinier !
Et finalement, ne croyez pas que votre passion artistique ne s’exprime que dans le faire. Votre amour pour les arts a aussi un effet remarquable par le simple fait de ce que vous le partagez. Quelques semaines en compagnie de ma sœur ont suffi pour me transmettre un amour infatigable pour la lecture. À moi qui, avant ce jour, avais un trouble d’apprentissage en lecture et n’y voyais aucun intérêt ! Ma sœur n’est ni musicienne ni écrivaine, mais la musique et l’écriture sont néanmoins devenues deux des parties importantes de ma vie. Je ne crois pas que ce serait le cas sans son influence.
Soyez créatifs sans retenue et exprimez haut et fort votre amour pour l’art, en particulier celui qui reflète l’espérance face aux reliefs souvent noirs de notre monde souffrant. Vous ne savez pas quelle flamme votre passion peut allumer dans le cœur de quelqu’un qui vous observe.
Jeremy Favreau vit à Montréal avec son épouse Selene et leurs trois garçons. Formé en lettres et en théologie, il a travaillé dans le milieu des OBNL chrétiens pendant plusieurs années. Aujourd’hui, Jeremy se concentre sur les questions d’équité, de diversité et d’inclusion, et sur comment Dieu transforme intégralement les individus et les systèmes.
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