Pourquoi blessons-nous ceux qu’on aime ?
Sommes-nous condamnés à agir comme des imbéciles relationnels à la maison ?
Écrit par Glenn T. Stanton
C’est un dimanche après-midi radieux, exceptionnellement chaud, et nous essayons tous d’imposer notre programme pour la journée. Ma femme, Jackie, aimerait faire quelques petites courses, et les enfants voudraient profiter du beau temps pour jouer dans le parc. Mais moi, papa obnubilé par les tâches à faire, je réalise une chose essentielle : il n’y a plus rien à manger dans la maison. Je déclare donc de manière autoritaire que nous ne ferons rien du tout jusqu’à ce que nous ayons fait l’épicerie. Boom. Décision prise.
Certes, il n’y avait rien de mal à vouloir s’occuper d’une tâche essentielle. Mais le problème, dans ce cas-ci, n’était pas tant ce que j’avais dit, que la manière dont je l’avais dit. Tout dans le ton de ma voix et dans mon langage corporel criait que toutes les idées, mise à part la mienne, étaient stupides. Je pouvais clairement voir ce que ma famille pensait : pourquoi Papa a-t-il besoin d’agir comme un abruti ?
Plus tard, je me suis posé la même question qu’eux. C’était l’un de ces moments trop fréquents de la vie de famille que j’aurais souhaité pouvoir rembobiner et recommencer.
Blesser ceux que nous aimons
Je n’ai jamais crié après un collègue ou insulté un voisin. Je n’ai jamais fait pleurer un enfant au terrain de jeux. Cependant, j’ai fait chacune de ces choses, et de pires encore, aux gens que j’aime le plus.
Évidemment, je ne suis pas le seul. Comme dans la plupart des familles, les Stanton ont tous des moments où ils traitent les membres de leur famille avec moins de grâce et de bonté qu’ils le devraient. Des moments où la frustration et l’impatience prennent le dessus, des moments que nous souhaiterions tous pouvoir recommencer.
Pourquoi réservons-nous ce comportement pour ceux que nous aimons le plus ? Pourquoi nos enfants peuvent-ils être des petits saints en public, et agir comme les pires des pécheurs à la maison ? Comment pouvons-nous tous traiter de parfaits étrangers avec plus de grâce et de bonté que ceux qui sont notre propre chair ? Existe-t-il un quelconque remède ?
Une lente transformation
Le célèbre prédicateur Charles Spurgeon a écrit ceci : « Ce que nous sommes à la maison, nous le sommes vraiment. » C’est vrai. Et ce que nous sommes tous, entre autres choses, c’est des pécheurs. Aucune famille dans l’histoire n’a jamais été exempte de la corruption du péché. Nous sommes tous infectés par la même pensée : « tout tourne autour de moi ». La maison, c’est le lieu où vivent ceux qui font partie de notre « clan », ceux avec qui nous sommes le plus à l’aise. Et c’est la raison pour laquelle, quand nous sommes avec eux, nous révélons qui nous sommes vraiment — le nous authentique. Et c’est sans compter le fait que nous subissons au quotidien la pression du travail, de l’école ou simplement celle de vivre sous le même toit !
Mais nous pouvons aider nos enfants à comprendre que, derrière les bosses et les bleus causés par la vie de famille, il y a un lent et beau processus qui s’opère. L’un des buts de la vie chrétienne, c’est de revêtir de plus en plus le caractère de Christ. Et étant donné que Dieu utilise les autres pour participer à notre transformation, il va certainement utiliser ceux qui voient constamment où, pourquoi et comment nous avons besoin de cette rédemption. Il va utiliser les gens en face de qui nous sommes les plus authentiques. Les membres d’une famille sont l’un des outils les plus puissants que Dieu utilise pour nous transformer.
C’est un peu comme si nous étions des roches dans un culbuteur, se cognant les unes contre les autres, polissant ainsi nos angles les plus pointus. Aidez vos enfants à reconnaître ce processus continu de transformation. Aidez-les à voir que les moments de frustration et d’impatience, les moments où l’on manque de respect et les représailles sont autant d’occasions de s’améliorer. Pour cela, deux ingrédients sont essentiels : une maison remplie d’un esprit de grâce et de pardon, et des cœurs désireux de grandir et s’améliorer. Vous pourriez dire à vos enfants, « Dans cette situation, nous n’avons pas agi comme nous aurions dû, mais nous ferons mieux la prochaine fois. »
Pensez à l’histoire du fils prodigue qu’a raconté Jésus-Christ. L’esprit de votre maison reflète-t-il plutôt le cœur plein de grâce du père ou le cœur endurci et condamnateur du frère aîné ?
Tenir la grâce pour acquis
À huit ans, notre fille aînée Lizzy, avait déjà tout d’une adolescente. Son attitude souvent autoritaire et égocentrique nous déconcertait. Comment une petite fille si précieuse pouvait-elle faire preuve d’un comportement si odieux ? Mais ce qui nous intriguait le plus, c’était le contraste entre son comportement à la maison et ses interactions avec ses enseignants et les parents d’autres enfants. Ces adultes nous complimentaient souvent sur le comportement parfaitement poli de Lizzy. Cela nous a rappelé une autre raison pour laquelle nous sommes souvent désagréables à la maison : nous ne savons pas apprécier les trésors qu’abritent nos familles.
Nos familles sont… familières, et nous avons tendance à accorder moins de valeur à ce qui nous est familier. Nous présumons que les membres de nos familles nous aimeront et nous pardonneront toujours — et nous abusons souvent de cette vérité.
Aidez vos enfants à reconnaître jour après jour que chaque membre de la famille est un trésor, un cadeau précieux de Dieu. Combien vos vies seraient différentes sans le cadeau que représente chaque membre de la famille ! Célébrez la force, le soutien et le sentiment d’appartenance que votre famille pourvoit, alors que vous cheminez ensemble au sein de cette société complexe.
Dieu nous a appelés à nous apprécier et nous encourager les uns les autres. Nous sommes également appelés à aimer nos voisins ; n’oublions donc pas que nos plus proches voisins sont les membres de notre famille ! Nous partageons quelque chose de bien plus intime que la même rue ou communauté. Nous partageons la même chair, le même nom, les mêmes toilettes.
Questions familiales
La famille est réellement importante pour Dieu, et personne ne le sait mieux que Satan, l’ennemi jaloux de Dieu, qui cherche désespérément à saboter son dessein. Il essaiera toujours de détruire ce que Dieu aime.
Enseigner l’importance du dessein de Dieu pour la famille ne transformera probablement pas le comportement de vos enfants du jour au lendemain, mais je crois que, pour s’aimer les uns les autres et aimer Christ dans nos familles, il est primordial que nous ayons une compréhension biblique des questions familiales. Alors que vous étudiez les Écritures ensemble, portez votre attention sur l’importance que Dieu donne à la famille humaine, que ce soit à travers son dessin lors de la Création, à travers la famille à l’origine de la nation d’Israël, ou à travers le contexte au sein duquel Jésus est né. Considérez un moment cette vérité incroyable : la scène que Dieu a choisie pour présenter Son unique Fils à toutes les générations du monde, c’est une famille ordinaire faisant des choses ordinaires. Qu’est-ce que ce fait dit à propos du regard que Dieu porte sur la vie de famille, et comment cela affecte-t-il votre implication dans les relations familiales ?
Tout au long des Écritures, nous apprenons à voir et comprendre notre Père plein d’amour et de grâce, et son royaume, à travers le concept de la famille. L’intérêt que Dieu porte aux interactions quotidiennes de la famille communique quelque chose de profond et de vrai sur son amour pour l’humanité. Cela nous donne un modèle à viser alors que nous guidons nos propres familles.
Y a-t-il un remède ?
Sommes-nous donc condamnés à être des imbéciles relationnels à la maison, d’insensibles maladroits qui maltraitent ceux qui les entourent ? Malheureusement, ce comportement fera toujours partie de la vie de ce côté-ci de l’éternité. Comme disait l’apôtre Paul, nous avons la volonté de faire le bien, mais nous ne parvenons pas à l’accomplir (Romains 7.18). Mais le texte ne s’arrête pas là ! Paul célébrait également la grâce et l’espoir que nous avons : « Il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont en Christ Jésus » (Romains 8.1).
Nos familles ne sont pas parfaites. Mais petit à petit, nous grandissons et nous sommes transformés, gardant les yeux fixés sur l’auteur de notre foi. Dieu dans la plénitude de son être — Père, Fils et Saint-Esprit — est la source de l’amour et de la vie dans nos familles ; il nous aide à refléter cet amour, nous donnant une vie nouvelle caractérisée par la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi (Galates 5.22-23).
Quelle famille ne serait pas plus agréable si ces merveilleux traits de caractère grandissaient chaque jour ? Apprendre à aimer ne se fait pas en un jour, c’est un lent processus croissant.
Ce n’est pas un chemin facile, mais c’est un chemin de vérité. Et nos familles jouent un rôle clé dans ce voyage sacré.
Cet article a été publié dans le numéro de mars-avril 2014 du magazine Thriving Family. Il a été adapté du livre My Crazy Imperfect Christian Family : Living Out Your Faith with Those Who Know Your Best. Tous droits réservés © 2004 par Glenn Stanton. Utilisé autorisée.

