Le problème avec les bons gars

J’ai de la chance : j’ai longtemps réussi à avoir le contrôle sur ma fausse gentillesse. Jusqu’à ce qu’elle ne blesse mortellement mon mariage qui durait depuis 16 ans.

Écrit par Paul Coughlin

Pendant la plus grande partie de ma vie d’adulte, je n’ai cessé de sourire faussement. J’étais dangereusement passif, et ce, pour les mêmes raisons qui pousse un calmar à faire jaillir de l’encre : je voulais me cacher ; à la maison où c’était difficile de diriger, au travail où c’était difficile d’exceller et à l’église où j’avais peur d’être authentique.

C’est triste mais je rencontre ce genre de fausse gentillesse à l’église plus qu’en tout autre endroit.

« Comment allez-vous ? », je demande à un autre homme, dont le visage est rougi par le stress.

« Super ! », me répond-il avec un sourire simulé. « Que Dieu te bénisse ! ». Pour de tels gars, c’est une expression codée pour dire « Laisse-moi treanquille».

Je me souviens de cette époque où j’avais l’impression qu’il valait mieux ne pas être vrai et où je fuyais toute cette communion qui donne la vie. Et combien cela faisait souffrir ma famille. Je m’assurais que ma vie reste petite, ordinaire, ennuyante.

J’appelle cet état débilitant « le Syndrome des Bons Gars Chrétiens ». C’est une maladie émotionnelle et spirituelle qui dépouille les maris de la puissance et de la passion nécessaires pour diriger, faire des sacrifices et pourvoir aux besoins de leurs familles. Ces hommes sont sous l’emprise de deux forces paralysantes que je connais bien : la passivité et une compréhension incomplète de Jésus.

Le piège de la passivité

En règle générale, un mari dont la passivité sape le mariage est un enfant qui a souffert d’abandon, de négligence, d’abus ou de surprotection. Lorsque j’avais dix ans, ma mère me disait souvent, « Tu es tellement méchant que des inconnus vont venir t’enlever d’ici une minute ! »

Maman, qui était très douée pour noyer les autres dans ses émotions, m’attendait chaque jour après l’école. Lorsque je m’approchais d’elle, je ne parvenais pas à déceler dans son regard impassible si elle allait m’embrasser ou me frapper. Chaque jour, je rentrais ainsi à la maison la gorge sèche et le cœur battant.

J’ai alors appris à cacher mes sentiments derrière un sourire trompeur, évitant l’attention et me confrontant rarement aux autres. J’avais déjà un doctorat en passivité avant même d’avoir quitté l’école primaire. Et ma nature timide était renforcée par ce que j’apprenais à l’église.

Une mauvaise compréhension de jésus

Le problème des bons gars chrétiens comporte également un aspect spirituel qui découle d’une mauvaise compréhension. Ces hommes ont une image incomplète de Dieu. Ils sont encouragés à se montrer bons face à une faute, ce qui les rend émotionnellement malhonnêtes.

Lorsque nous nous posons la question bien connue, « Que ferait Jésus à ma place ? », pourquoi nous attendons-nous à une réponse modérée ? Nous parlons beaucoup de la façon dont Jésus chassa les vendeurs du temple (avec un fouet !) comme si c’était le seul exemple de son côté rude. Pourtant, d’autres exemples le montrent se tournant vers ses disciples, exaspéré et leur demandant, « Pourquoi avez-vous si peur ? » et « Êtes-vous donc sans intelligence ? » (Marc 4.40 ; 7.18, Le Message, une paraphrase). Il traite certaines personnes ainsi que des groupes entiers de « sépulcres blanchis », « aveugles insensés », « hypocrites » et « races de vipères » (Matthieu 23.13-36).

Les bons gars chrétiens sont encouragés à étudier les « gentils » passages des Écritures, mais à éviter les passages plus durs qui exigent un plus grand discernement, et donc une confrontation. Le meilleur conseil vient de Jésus lui-même, lorsqu’il dit, « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes » (Matthieu 10.16). Vous avez sûrement déjà entendu de nombreux messages sur la façon d’être innocent comme une colombe, mais vous n’avez peut-être jamais entendu de message sur la façon d’être prudent comme un serpent.

Pourquoi cette nécessité d’endurcir les hommes chrétiens est-elle si importante pour le mariage ? Parce qu’une intimité ne se forge pas toujours avec de la douceur et de la légèreté ; un engagement émotionnel nécessite du courage. Et l’intimité nécessite souplesse et force.

Des mariages malsains

En apportant au sein de mon mariage ma passivité issue des craintes de mon enfance, combinée à une fausse image de Jésus, tensions et ressentiments mijotaient en profondeur.

Ainsi, comme j’avais peur d’être direct au sujet de mes désirs sexuels, je prenais une voie détournée. Je croyais agir en douceur. Certains soir, je me mettais à masser le dos de ma femme, pour conclure un pacte officieux : je te montre de l’affection, tu m’offriras donc un peu d’intimité un peu plus tard ce soir. Mais lorsqu’elle ne le faisait pas, j’étais contrarié : elle n’avait pas été jusqu’au bout de notre accord. Un accord dont elle n’avait pas connaissance. Oh, folie de la passivité !

Je craignais les conflits avec la plupart des personnes : je disais à ma mère ce qu’elle voulait entendre, puis disais ensuite quelque chose de différent à ma femme. Un tel scénario peut convenir dans une comédie, mais il n’a rien d’amusant dans la vie réelle. Il y a un mot pour décrire ce comportement : mensonge.

Le programme de correction

Surmonter le problème des bons gars chrétiens prend un certain temps. Voici comment bien commencer :

  • Se soumettre à Dieu.
    Un soir que je me trouvais seul dans une froide chambre d’hôtel à Philadelphie pour un voyage d’affaires, j’admis humblement devant Dieu que ma vie était en train de s’effondrer. Avant cela, j’avais pour habitude de craindre l’humilité parce que je pensais qu’elle était synonyme de honte. Mais l’humilité m’ouvrit les yeux à la vérité, ce qui n’est jamais dégradant. Bizarrement, je sentis une plus grande puissance et une capacité à aimer véritablement.
  • Arrêter de porter un faux témoignage contre vous-même.
    Avant, je me croyais inutile. Non pas à cause de mes péchés, mais parce que j’étais déficient. Mais je compris ensuite comment Dieu me voyait : comme sa merveilleuse création (Psaume 139.14), pour qui il a de magnifiques projets.
  • Surmonter le facteur de la peur.
    Les peurs sont souvent des mensonges déguisés, qui cherchent à tromper aussi ardemment qu’un détective cherche des indices. Certains hommes peuvent avoir besoin d’une aide professionnelle. La Bible nous implore d’ailleursde chercher des conseils sages (Proverbes 2.2 ; 15.22).
  • Trouver le véritable Jésus.
    J’ai écrit dans un journal les actions et les affirmations les plus dures et fermes de Jésus. On en trouve davantage dans Marc que dans les autres Évangiles. Si vous faites cette démarche, vous découvrirez que Jésus est bien trop saint pour n’être que gentil.
  • S’affirmer.
    Dans le programme télé populaire American Idol, il y a un jury composé de trois membres. Chacun d’eux représente un type de personnalité : la passive Paula Abdul est gracieuse, mais pas toujours honnête. L’agressif Simon Cowell est honnête, mais rarement gracieux. L’authentique Randy Jackson est souvent honnête et gracieux. Soyez comme Randy.

Ces premières étapes conduisent à faire preuve d’une confiance et d’une honnêteté plus grandes. Une fois que les bons gars chrétiens les ont atteint, ils ne veulent plus jamais revenir à leur ancienne manière d’être destructrice. Et leurs familles reconnaissantes le souhaitent encore moins.


Paul Coughlin est l’auteur de No More Christian Nice Guy. Il réside en Oregon avec son épouse.

 

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