Les quatre étapes de la vie des parents

Écrit par Bob Hostetler

Cela me fit un choc. En racontant une histoire à mon ami Jon, je mentionnai le fait que j’étais entré dans la chambre de mon fils pour le réveiller. Jon m’interrompit.

« Quel âge a Aaron ? »

Nous le savions fort bien tous les deux, mais je le lui précisai : « Seize ans.

– Pourquoi continues-tu à aller le réveiller le matin ? »

Je n’avais pas de réponse. Je me sentais comme un homme chauve à qui on demande pourquoi il garde un peigne dans sa poche. En élevant nos deux adolescents, ma femme et moi avions conservé une habitude qui avait un sens lorsqu’ils étaient plus jeunes, mais qui était loin d’être appropriée à leur âge.

C’est alors que ma femme Robin et moi avons décidé d’être plus attentifs aux diverses phases de notre mission de parents et à reconnaître les domaines dans lesquels nous étions en retard dans l’éducation de notre fille Aubrey et de notre fils Aaron. Ainsi, non seulement nous avons fait preuve de bon sens, mais nous les avons préparés (et nous nous sommes préparés nous-mêmes) à leur prochaine indépendance.

Première étape : le chef

Au cours des premières années de la vie d’un enfant, ses parents font tout pour lui. Ils jouent un peu le rôle d’un dictateur bienveillant. Ils disent à l’enfant qui il doit écouter, ce qu’il doit manger, quand il est l’heure d’aller au lit, comment agir, etc.

À ce stade, la tâche d’un parent aimant consiste à encourager son enfant à passer de la discipline à l’autodiscipline. Selon la paraphrase The Message, « refuser de corriger, c’est refuser d’aimer ; aimez vos enfants en les disciplinant » (Proverbes 13.24, traduction libre).

Au cours des premières années de nos enfants, nous employions sans arrêt les phrases suivantes : « Oui, parce que… » ou « Non, parce que… » Non seulement nous dictions leurs actes à nos enfants, mais nous prenions aussi la peine d’expliquer les raisons pour lesquelles certaines choses étaient autorisées ou interdites.

Deuxième étape : le pédagogue

Lorsque nos enfants étaient encore petits, ma femme se mit à leur apprendre systématiquement à se débrouiller. Par exemple, elle leur montra comment choisir et préparer leurs vêtements du lendemain et comment cuisiner. Il s’agissait d’abord de céréales et de jus de fruit, puis de menus plus compliqués.

Au bout d’un certain temps, j’ai suivi son exemple. J’ai profité des vacances d’été d’Aubrey et d’Aaron pour leur inculquer la notion de travail et de salaire en leur confiant des petites tâches dans la maison et le jardin. Il ne s’agissait pas seulement de les instruire, mais de leur apprendre à devenir autonomes en leur confiant de nouvelles responsabilités à chaque fois.

Nous avons souvent essayé d’orienter les choix de nos enfants au lieu de les leur imposer. Nous avons fréquemment employé la formule : « Préfères-tu faire ceci… ou cela ? » Évidemment, nous ne les avons jamais poussés à faire quoi que ce soit de mal ou d’insensé. Cette formule était uniquement destinée à prendre des décisions. Par exemple, nous demandions : « Tu veux partir à l’église maintenant pour avoir le temps de bavarder avec tes amies ou tu préfères y aller un peu plus tard et arriver juste au début de ta classe ? »

Troisième étape : le conseiller

Si vous n’en avez pas encore fait l’expérience, cela viendra bientôt : tous les parents réalisent un jour qu’ils n’ont plus une influence prédominante dans la vie de leur enfant.

À ce stade, la tâche d’un parent aimant consiste à encourager un enfant à acquérir son indépendance. C’est pendant cette période (qui correspond généralement à l’adolescence) que l’enfant peut raisonnablement comprendre ce qui est bon, juste et bienséant.

Trop d’entre nous continuent à élever leurs adolescents comme ils le faisaient quand ils étaient tout petits ou à l’école primaire. Lorsqu’ils commencent à ruer dans les brancards comme un cheval qui a envie de galoper, nous tirons sur les rênes comme s’ils n’avaient pas le droit de chercher à être indépendants, alors que c’est la raison d’être des années de l’adolescence. En réalité, nous devrions encourager ce désir d’indépendance et les orienter dans la bonne direction.

Au cours de ces années, la phrase clé est : « C’est à toi de prendre ta décision. »

Quand nos enfants venaient solliciter une permission, nous leur demandions souvent quelle décision ils prendraient si nous leur laissions le choix. Nous les incitions à assumer leurs responsabilités, et c’est ce qu’ils faisaient.

Nous leur suggérions quelques idées et nous les prévenions des conséquences négatives de leurs mauvais choix éventuels, mais nous tentions de leur laisser le dernier mot dans toute la mesure du possible.

Évidemment, nous courions le risque qu’ils se trompent, et cela arrivait parfois. Mais peu à peu, ils sont parvenus à trouver les meilleures solutions.

Quatrième étape : le consultant

Aucun mot ne pourrait décrire les émotions qu’éprouvent des parents qui rentrent chez eux après avoir laissé leur enfant s’installer dans sa chambre d’étudiant. C’est effrayant dans bien des domaines, mais cela l’est moins si ses parents ont su franchir avec succès les trois premières étapes.

À ce moment-là, la mission de parents n’est pas finie. Il ne s’agit plus dorénavant de se mêler de tout, mais juste d’être disponible quand il faut. À l’instar de Salomon, qui a écrit : « Mon fils, sois sage, et réjouis mon cœur » (Proverbes 27.11, S21), les parents doivent garder espoir, prier et attendre.

Chaque stade est éprouvant, mais cette dernière étape est la plus difficile, parce qu’elle nécessite que nous restions en retrait. Pendant près de vingt ans, les parents ont été les chefs, les pédagogues et les conseillers de leurs enfants, mais essayer de continuer à assumer ces rôles provoquera une résistance et peut-être même du ressentiment.

Comme nous l’avons fait au cours des autres phases, nous avons trouvé une formule qui nous a aidés à bien nous comporter à l’égard de nos enfants : « Dis-moi si je peux t’aider. » Cela nous a permis de montrer que nous étions disponibles tout en respectant leur indépendance.

Vous vous rendrez vite compte que ces étapes de l’éducation des enfants ne sont nullement d’une précision scientifique. Chaque stade recouvre l’autre, et le suivant commence longtemps avant que le précédent soit totalement terminé. De plus, chaque enfant exige une manière différente de passer d’un stade à un autre.

Toutefois, dans l’ensemble, nous avons constaté qu’il suffisait d’un peu d’attention envers nos étapes actuelles (et futures) pour avoir un juste point de vue sur notre tâche de parents.

Bob Hostetler vit à Hamilton, dans l’Ohio. Il a écrit 20 livres.

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