Élever un enfant qui donne avec joie
Écrit par Cathy Wilson
Comment enseigner la compassion et la générosité à vos enfants
À Chilliwack, en Colombie-Britannique, le petit Joshua réfléchit à l’une des plus grandes décisions qu’il aura à prendre cette année : qui pourrait-il bien bénir avec l’argent qu’il recevra pour sa fête de huit ans ?
Joshua poursuit une tradition d’anniversaire qu’il a commencée il y a trois ans : chaque année, il reçoit de l’argent pour sa fête et il utilise cet argent pour s’acheter un jouet de construction LEGO® qu’il veut depuis longtemps. Mais avec l’argent qui lui reste, Joshua soutient un organisme de bienfaisance local.
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Comme parents, entendre des histoires au sujet d’enfants comme celle de Joshua peut à la fois nous inspirer et nous déranger. Nous admirons une telle générosité. Mais en même temps, il se peut aussi que nous nous demandions : pourquoi mes enfants n’agissent-ils pas ainsi ?
La question nous pique inconfortablement puisque la générosité est censée caractériser notre foi. Si nos enfants comprennent vraiment la nature généreuse de Dieu (Matthieu 8.11, Jacques 1.17), le don exceptionnel de leur salut, et le fait que Dieu s’attend à leur générosité comme preuve de leur amour pour lui (1 Jean 3.17, 1 Timothée 6.17-19), alors que leur faut-il de plus ? Comment pouvons-nous les libérer de leurs propres intérêts égoïstes afin qu’ils puissent véritablement se soucier des autres tout au long de leurs vies ?
Des chercheurs ont essayé de comprendre les origines de la compassion et de la générosité en étudiant un groupe de héros grandement célébrés : les résistants qui ont tout risqué pour sauver des Juifs des horreurs de l’holocauste. Les réponses tirées de la vie de ces héros sont instructives.
L’auteur Doug Huneke s’est entretenu avec 300 résistants qui sont venus en aide aux Juifs durant la guerre et a découvert dix traits que ces héros avaient en commun :
- Des obstacles surmontés dans leur jeunesse (le résistant allemand Gräbe, par exemple, s’est enseigné lui-même à parler sans bégayer quand il était petit)
- L’influence d’un parent ou d’un proche moralement fort
- Le fait d’avoir été marginalisé dans le passé ou considéré comme un « exclu » (en tant qu’immigrant par exemple)
- Un fort sentiment d’empathie : la capacité de se mettre dans la peau de l’autre
- Un grand pouvoir de persuasion (par exemple de solides aptitudes à s’exprimer en public)
- Une attitude de coopération et un sens de responsabilité envers les autres
- L’exposition à la souffrance très tôt dans leur vie
- La capacité d’évaluer leurs propres torts
- L’appartenance à une communauté accordant une grande valeur à la compassion
- Avoir grandi dans une famille caractérisée par son hospitalité
La liste de Huneke nous donne des pistes pour inspirer de la générosité chez nos enfants. En plus d’enseigner continuellement à nos enfants les grandes valeurs bibliques telles que « Nous aimons parce que Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4.19), nous pouvons aussi établir une fondation solide en étant nous-mêmes des exemples de compassion et de générosité, et en aidant nos enfants à apprendre à ressentir de l’empathie pour les autres.
Être un exemple de générosité
Si nous désirons que nos enfants marchent dans le « droit chemin », nous devons tout d’abord leur montrer ce chemin. Et pour être en mesure de bien les guider, nous devons parfois nous-mêmes nous arrêter et demander des directives. Il est bon d’examiner régulièrement le témoignage de notre vie en nous retrouvant seuls avec le Seigneur et en lui posant quelques questions difficiles : Qu’est-ce que mon exemple enseigne vraiment à mes enfants au sujet de la générosité ? ou Pourquoi ai-je de la difficulté à être généreux ? Est-ce la peur ? Est-ce vrai que je n’ai pas de temps à consacrer aux bonnes actions ? Attendez sa réponse. Elle sera sûrement révélatrice.
En ce qui concerne la dîme, nous avons tendance à vouloir garder nos offrandes secrètes. « Que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite » (Matthieu 6.1-4). Cela étant, nos enfants appartiennent à notre cercle intime en ce qui concerne nos investissements dans le royaume des cieux. Et ils ont beaucoup à apprendre à ce sujet.
Wendy Kittlitz, conseillère, donne cette recommandation aux parents : « Lorsque vous faites quelque chose pour le Seigneur, il est normal de dire à vos enfants pourquoi vous le faites. » Le but n’est pas de vous vanter de votre gentillesse, mais plutôt d’inviter vos enfants à suivre votre exemple.
Elle ajoute : « Récemment, je préparais un repas pour une famille dans le besoin. C’est une chose que j’adore faire, une façon d’offrir de l’hospitalité. J’ai ensuite emmené mes filles pour m’aider avec la livraison et j’ai utilisé ce moment pour leur montrer que nous pouvons faire des choses toutes simples pour servir les autres. »
Une autre façon de modeler la générosité est de leur expliquer simplement la manière dont vous gérez le budget familial, sans entrer dans les détails, afin de leur expliquer le pourquoi et le comment de la dîme. Pour cela, faites un gâteau qui représente votre dernière paye ou vos revenus de l’an dernier ; ensuite, coupez-en un morceau proportionnel au montant d’argent que vous avez redonné à Dieu ; puis, dites à vos enfants pourquoi vous avez choisi certains organismes de bienfaisance plutôt que d’autres et comment ils utilisent l’argent que vous leur avez donné.
Recherchez des façons amusantes d’impliquer vos enfants dans vos dons. Le pasteur Phil Wagler et sa femme impliquent leurs enfants en les laissant décider à quels organismes de bienfaisance donner une partie de la dîme.
Parfois, la meilleure façon d’être un exemple de générosité pour vos enfants est tout simplement de les laisser faire. Les élans de générosité de vos enfants ne semblent pas toujours très logiques, et il est parfois tentant de les dissuader avec des commentaires comme : C’est une bonne idée, mais je crois que grand-père aimerait mieux que tu gardes ton argent bien mérité. Mais avons-nous le droit de refuser à nos enfants l’opportunité d’apprendre que Dieu peut les utiliser pour bénir les autres ? Lorsque c’est possible, laissez vos enfants agir sur leurs élans de générosité, même si leurs idées peuvent sembler un peu chevaleresques. Vous aurez bien le temps de rediriger leur générosité dans des directions plus pragmatiques à mesure qu’ils vieilliront. Il est bien plus facile de rediriger un esprit généreux que de devoir le ressusciter.
Encourager l’empathie chez nos enfants
Nous essayons parfois de susciter de l’empathie chez nos enfants en disant des phrases comme : La moitié des enfants du monde sont très pauvres ! Mais l’ampleur des besoins que nous tentons d’exprimer à nos enfants leur échappe souvent. En général, les enfants de notre société n’ont pas la moindre idée de ce que signifie vraiment être « pauvre ».
Pour ressentir de l’empathie, il faut avoir la capacité d’imaginer ce qu’est la vie pour quelqu’un d’autre. Donc, une meilleure approche est de présenter à votre enfant des scénarios dans lesquels il peut facilement se reconnaître, et l’inviter à considérer comment cette personne pourrait se sentir. Par exemple, en posant des questions telles que :
Comment te sentirais-tu si tu devais te coucher affamé chaque soir ?
Comment te sentirais-tu si tu ne recevais rien pour Noël ?
Comment te sentirais-tu si tu avais si peu de possessions que tu pourrais toutes les mettre dans ton sac à dos ? Quel genre de choses pourrait te manquer ?
Comment te sentirais-tu si tu n’avais ni maman ni papa, et que tu devais vivre dans une grande maison où il y avait beaucoup d’autres enfants — une place appelée un orphelinat ?
Parfois, la manière dont nous donnons est trop vague pour susciter beaucoup d’empathie chez nos enfants. Nous écrivons un chèque qui disparaît dans une boîte de poste. Nous déposons quelques vêtements en bon état dans une boîte de dépôt. Du point de vue de nos enfants, ce n’est pas terriblement excitant. Ils n’ont aucune idée précise du destinataire du cadeau et ne comprennent pas vraiment la différence que ce cadeau peut faire.
Peu importe la ferveur avec laquelle nous présentons les besoins des sans-abri, des « orphelins du sida » ou des « familles d’immigrants », il est difficile pour des enfants (ainsi que pour la plupart des adultes) de ressentir de l’empathie envers des groupes de personnes sans noms et sans visages. Les psychologues ont reconnu depuis longtemps que nous répondons beaucoup plus généreusement à la situation difficile d’un individu clairement identifié.
Pour aider à l’épanouissement de la compassion et de la générosité de votre enfant, vous pouvez chercher des occasions d’amener vos enfants à rencontrer des individus dans le besoin « face à face ». Certains sites Web d’organismes caritatifs relatent les histoires d’enfants dans le besoin et aident ainsi à s’identifier avec les besoins de ces enfants et à comprendre comment nos dons peuvent les aider. Vision Mondiale, par exemple, le fait très bien. Un programme de parrainage d’enfant peut être un autre bon choix pour votre fils ou votre fille — surtout un programme qui offre une relation par correspondance avec l’enfant parrainé.
Vous pouvez également participer en tant que famille à un projet de mission par l’intermédiaire de votre église. Que ce soit en parrainant un hôpital en Afrique ou un orphelinat à Haïti, cette relation à long terme est très forte puisqu’elle développe chez votre enfant un sentiment d’attachement et de responsabilité envers les autres. Aussi, le fait d’être exposé de façon répétée à un même groupe de personnes met fin aux préjugés en aidant vos enfants à surmonter le sentiment d’« étrangeté » que leur inspire une autre culture. Lorsque nous accordons aux personnes que nous soutenons une place centrale dans nos vies, peut-être en priant pour elles chaque jour à l’heure des repas, nous montrons à nos enfants que la générosité est bien plus qu’un simple don en argent. Les enfants apprennent que nous ne nous contentons pas d’écrire un chèque pour ensuite tout oublier ; nous offrons une amitié durable, et nous respectons les cultures qui diffèrent de la nôtre.
Nous avons tous quelque chose à offrir
Nous pouvons éveiller nos enfants à de nouvelles dimensions de la générosité en les aidant simplement à réaliser combien de richesses ils ont à offrir. Même s’ils n’ont pas forcément beaucoup d’argent, ils sont « riches » de bien d’autres façons.
Nous donnons à nos enfants les moyens d’être généreux lorsque nous leur enseignons qu’ils peuvent l’être non seulement avec leurs possessions, mais aussi avec leur énergie (faire des corvées et des tâches pour les autres), leur temps (passer du temps auprès de ceux qui souffrent), ainsi que leurs passe-temps, leur créativité et leurs compétences (fabriquer des cadeaux à la main, offrir du tutorat aux autres, divertir les autres par la musique, le chant ou le théâtre, ou encore offrir leurs compétences en bricolage ou en entretien de voitures, etc.)
Ce qui est sans doute plus important encore, c’est le besoin de convaincre nos enfants de partager généreusement leur amitié. Qui n’a pas connu la douleur éprouvée en se sentant seul au milieu d’une foule ? Est-ce que vos enfants savent que lorsqu’ils sont inclusifs (lorsqu’ils incluent intentionnellement dans leur jeu un enfant exclu), Jésus le voit et dit que c’est tout comme s’ils avaient agi ainsi envers lui ? (Matthieu 25.31-46)
L’auteure Susie Larson a une astuce merveilleuse pour les parents : elle suggère de prier à voix haute pour vos enfants en les conduisant à l’école : de prier afin que Dieu leur ouvre leurs yeux aux besoins de ceux qui les entourent, et qu’il utilise leurs mains et leurs pieds à ses fins dans la classe et dans la cour d’école. Ensuite, faites un suivi en demandant à vos enfants de partager leurs histoires à l’heure du repas.
Il n’existe aucune « bonne » ou « mauvaise » façon d’aider nos enfants à répondre aux nombreux besoins présents dans notre monde. Ce qui compte, c’est de faire quelque chose pour leur montrer ce qu’est la générosité et pour développer des sentiments d’empathie dans leurs cœurs. Lorsque nous semons fidèlement des graines, le Seigneur utilise ces expériences comme fondation sur laquelle bâtir au fil des ans. Selon le calendrier de Dieu, nos efforts produiront une récolte que nous n’aurions jamais pu imaginer. Dieu est très généreux.
Catherine Wilson est rédactrice adjointe pour Focus on the Family Canada.
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