Conflit mère-ados: mots de tendresse

Écrit par Dr Kelly Dean Schwartz

D’entrée de jeu, reconnaissons qu’il existe un territoire où il est dangereux de naviguer pour tout homme. Dans le domaine des études sur la famille, il se trouve une catégorie de personnes qui ne cesse de décontenancer même les personnes les plus chevronnées dans les relations humaines : il s’agit des mères et de leurs enfants adolescents.

Tout comme lors d’une éclipse solaire, personne ne peut rester à regarder fixement ce phénomène à moins de vouloir s’abîmer sérieusement les tibias ou les tympans. Je dis ceci avec tout l’amour et le respect que je dois à ma propre femme et à sa complice du sexe féminin venant tout juste de fêter ses 13 ans. Il s’agit de ce duo relationnel digne de tant d’honneur, mais également coupable de tant de malentendus. Et, quand cette relation mère-fille est lourde de conflits, les enjeux concernant l’unité familiale sont plus forts.

Lorsque j’observe avec un certain effarement — et à bonne distance — la façon dont un conflit mère-enfant émerge et se résout dans notre famille, d’autres essaient de déterminer les facteurs critiques qui contribuent à leur apparition et à leur dénouement. La chercheuse canadienne Joan Grusec et ses collègues de l’Université de Toronto ont récemment étudié les motifs de conflits entre plus de 40 mères et leurs adolescents. Ils ont en particulier entrepris des recherches sur la manière dont les buts des adolescents (par exemple vouloir faire les choses à leur façon, le besoin d’autonomie) interagissent avec les perspectives prises en compte par leurs mères (par exemple, dans quelle mesure la mère tient compte du point de vue de son adolescent) afin de prédire l’intensité du conflit.

Ainsi, pour ce qui touche les conflits mère-adolescent, il n’est pas surprenant que le problème soit dans les deux sens. Les enfants les plus jeunes signalent davantage de conflits au sujet de leur simple désir d’agir à leur propre guise (par exemple « Je veux simplement aller au concert ! »), alors que ceux proches de l’adolescence laissent apparaître des conflits venant davantage de leur volonté à changer les pensées ou les actions de leurs mères (par exemple « Je voulais qu’elle sache que je ne voulais jamais entendre cela à nouveau »).

Mais voici où cela devient intéressant : les conflits concernant ces buts, et d’autres que peuvent avoir les adolescents, ne s’intensifient que si les mères ne font aucun effort pour comprendre l’opinion de leurs adolescents. Les chercheurs ont suggéré ceci : si la mère écoute vraiment, d’une part, l’adolescent se sent davantage en confiance de voir qu’une décision puisse être prise, sans négativité ou colère de la part de sa mère, d’autre part, la mère est alors en mesure de mieux expliquer sa position à l’enfant. Le fait de rester calme pour la mère a donc pour résultat un comportement plus confiant chez l’adolescent et une meilleure communication de la part de la mère.

Comme d’habitude donc, la perspective importe grandement. À nos chères mères, essayez de vous souvenir comment vous viviez cette relation lorsque vous étiez adolescente. Et à nos chers pères, souvenez-vous que vous ne saurez jamais ce que cela signifie : être une mère. Tout le monde est-il d’accord sur ce point ?

Le Dr Kelly Dean Schwartz est un psychologue du développement à l’University of Calgary. Mari et père de trois enfants, il est le fondateur de FamilyWise Canada, une éducation et une directive de recherche centrées sur le développement positif de la famille.

© 2009 Focus on the Family. Tous droits réservés. Avec autorisation.