Choisir entre son mariage et son égo

Ecrit par Clem Boyd

Comment surmonter mon égoïsme et découvrir un amour plus profond dans mon couple 

Il était tard ce dimanche soir. Julia s’était glissée dans des vêtements confortables. Je pouvais entendre le bruit de l’eau qui coule et sentir l’odeur de savon. Je savais ce qu’elle s’apprêtait à faire et je ne l’en aimais que plus : elle allait nettoyer la cuisine.

Cela fait généralement partie des tâches qui me reviennent dans la maison. Après une fin de semaine pleine d’activités intenses, j’aurais très bien compris que Julia se cale dans le canapé pour se reposer. Au lieu de cela, elle a choisi de se retrousser les manches et de nettoyer la pièce la plus sale de la maison, pour le bien de toute la famille.

Les actes de sacrifice comme celui-ci, posés tout au long de la vie de couple, rendent notre amour plus riche et plus profond. Nous le savons bien, alors qu’est-ce qui nous empêche de le faire ? Notre égo.

Notre égo en demande toujours plus : qu’en est-il de mes besoins ? Mes souffrances ? Mon temps libre ? L’amour sacrificiel au contraire nous pousse à donner à notre conjoint au-delà de ce qui est confortable ou raisonnable pour nous. À donner même quand cela nous coûte en émotion, en temps, ou quand cela heurte notre orgueil.

Si nous prions pour devenir moins égoïstes, Dieu va agir. Mais le don de soi régulier au sein du mariage nous oblige à répondre à des questions difficiles :

Comment puis-je aimer l’autre et donner de moi quand je ne me sens pas aimé ?

Pour les jeunes mariés, il n’est pas difficile de donner. Mais après quelques mois, il faut que notre motivation soit renouvelée pour pouvoir maintenir notre don de soi envers notre conjoint malgré ce que cela nous coûte. Une telle attitude ne peut prendre sa source qu’en Jésus.

À travers Christ, nous avons la garantie de l’amour éternel de Dieu. Se rappeler que l’amour de Dieu pour nous lui a coûté jusqu’à son Fils devrait nous aider à donner de nous-mêmes. Il s’agit de redonner dans notre couple ce que nous recevons dans notre relation avec Dieu.

Pourquoi faire des efforts quand mon conjoint se comporte comme un(e) abruti(e) ?

Quelle meilleure occasion de le faire ? Jésus n’a pas attendu que nous devenions plus gentils et attentionnés avant de mourir pour nous. Il l’a fait alors que nous étions égoïstes et insensibles. Si nous mettons en œuvre un tel amour dans de petits actes de générosité, notre mariage en sortira plus fort.

L’une des manières dont Julia applique très bien cette vérité à notre relation, c’est quand elle m’écoute patiemment alors que je parle comme un abruti. Récemment, je me suis montré assez négatif au sujet d’un ministère auprès des jeunes dans lequel nous sommes engagés. C’était dur pour elle de m’écouter remettre en question notre travail avec eux, me plaindre du poids de ce ministère et considérer que c’était plus « son truc » que le mien.

Mais Julia n’a pas réagi avec colère. Elle m’a écouté, a exprimé ses propres sentiments et elle a prié en silence. Elle m’a répondu avec douceur, des paroles qui ont apaisé ma mauvaise humeur, me permettant de réfléchir au vrai problème. (Bien que j’aime beaucoup travailler avec les enfants, cela m’épuise.)

Quelle est la différence entre mettre son égo de côté et laisser passivement son conjoint obtenir ce qu’il veut ?

Mon amie Martha Manikas-Foster le formule ainsi : « Le don de soi nous coûte quelque chose qui nous est cher, alors qu’éviter un conflit protège quelque chose qui nous est cher. Quand mon mari David a accepté de travailler sur nos conflits, sortant de sa tendance naturelle à l’évitement, j’y ai clairement vu un don de lui-même. »

Souvent, je trouve des moyens de faire plaisir à Julia, mais si cela implique de parler d’un problème et de subir l’intense discussion qui en résultera peut-être, je prends la tangente. Alors que la chose à faire par amour serait de prier concernant le sujet en question, d’en parler, et d’arrêter de faire semblant qu’il n’existe pas.

Comment puis-je aimer mon conjoint encore un peu plus quand j’ai déjà l’impression de tant donner ?

Vous vous sentez peut-être débordé par le travail, les enfants et l’église. Comment pouvez-vous faire encore quelque chose de plus pour votre conjoint ?

Quand je me sens vidé, je le dépose à Dieu ; c’est ainsi que ma faiblesse devient un canal pour la force de Dieu. Par exemple si je suis épuisé et que Julia me demande de lui masser le dos, je prie Dieu : donne-moi l’énergie de le faire.

Il arrive aussi que nous voulions être ceux qui donnent sans reconnaître nos propres besoins. Parfois, la meilleure chose à faire est de reconnaître que nous nous sentons dépassés et d’exprimer nos limites à l’autre.

Une transformation du cœur

Le don de soi n’est pas une stratégie conjugale, c’est une transformation du cœur en Jésus. « Jésus est la définition même du don de soi, de l’incarnation jusqu’au Calvaire. Alors c’est en nous identifiant à lui que nous pouvons y arriver, affirme David, le mari de Martha. Il s’agit de chérir votre conjoint à tel point que votre but est réellement le meilleur pour lui ou elle. »

 

Extrait du site web Focus on the Family focusonthefamily.com. © 2006 Clem Boyd.  Tous droits réservés. Utilisation autorisée.