Paix sur la terre – Où et quand ?

Écrit par Subby Szterszky

Paix sur la terre. Voilà l’un des souhaits les plus populaires en cette saison de Noël. On le voit fleurir sur les cartes de vœux, le papier-cadeau et même dans les slogans publicitaires de saison. Cela n’a rien de répréhensible en soi, évidemment. Après tout, qui ne veut pas de paix dans le monde ? Comme toutes les meilleures traditions de Noël, celle-ci aussi est inspirée par les Écritures. Elle est tirée du récit de la naissance de Jésus que nous rapporte l’Évangile de Luc :

« Il y avait dans la même région des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour y garder leur troupeau. Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur. Mais l’ange leur dit : N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur. Voici à quel signe vous le reconnaîtrez : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. Et tout à coup une foule d’anges de l’armée céleste se joignit à l’ange. Ils adressaient des louanges à Dieu et disaient : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes! » » (Luc 2.8-14, caractères gras rajoutés).

Bien que ce passage soit souvent cité, la déclaration de paix proclamée sur la terre par les anges est bien souvent mal comprise, même parmi les croyants.

Dans l’imaginaire populaire, l’idée de paix sur terre au moment de Noël n’est que l’expression d’un désir plus général de paix mondiale. Les traditions et l’imagerie du temps de fêtes se prêtent bien à cette conclusion : de bons moments partagés en famille, des actes de générosité, un enfant né dans le calme de l’hiver. Tout cela se mélange pour créer l’espoir que l’humanité pourrait un jour vivre en harmonie tout au long de l’année.

C’est une vision attrayante, aussi bien pour les croyants que pour les non-croyants. Cependant, cela repose sur un certain nombre d’idées fausses concernant l’étendue et la nature de la paix telle qu’elle est définie dans la Parole.

 

Un problème vertical

Dans l’esprit de beaucoup, l’absence de paix est un problème horizontal : c’est le résultat de la mésentente entre les gens, que ce soit au niveau individuel ou sociétal. Faites tomber les murs de l’égoïsme et de la discorde parmi les êtres humains et vous obtiendrez la paix.

Mais si on se réfère à la Bible, la question de la paix est bien plus profonde, puisqu’il s’agit d’abord d’un problème vertical : celui de la paix entre Dieu et l’humanité. Par naissance et par choix, nous sommes tous des pécheurs, coupés les uns des autres et séparés de Dieu. Notre relation avec Dieu est la première qui a désespérément besoin d’être restaurée, et seul Dieu peut la rétablir.  Seul Dieu peut faire la paix avec nous.

Et c’est exactement ce qu’Il a fait quand Il a envoyé son Fils Jésus dans le monde pour nous sauver du péché. D’ailleurs, Il avait annoncé sa stratégie pour la paix sept siècles plus tôt, à travers le prophète Esaïe :

« En effet, un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et la souveraineté reposera sur son épaule ; on l’appellera merveilleux conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix… Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes : la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. » (Esaïe 9.5 ; 53.5)

À la naissance de Jésus, l’armée des anges ne s’est pas contentée de chanter de vagues platitudes aux bergers. Elle annonçait un événement historique unique : Dieu venait d’entrer dans le monde sous la forme d’un être humain, afin de réconcilier le monde avec Lui.

« Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes ! » (Luc 2.14)

Des dizaines d’années plus tard, après avoir rencontré le Christ ressuscité sur le chemin de Damas, l’apôtre Paul a voué sa vie entière à prêcher ce même message de réconciliation avec Dieu :

« Ainsi donc, déclarés justes sur la base de la foi, nous avons la paix avec Dieu par l’intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ. » (Romains 5.1)

 

La paix à tout prix ?

En tant que Prince de Paix, Jésus avait beaucoup de choses à dire sur le sujet. Pourtant, nous ne mettrions pas volontiers certaines de Ses paroles sur nos jolies cartes de Noël:

« Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ! Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée, car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère, et l’on aura pour ennemis les membres de sa famille. » (Matthieu 10.34-36)

La plupart d’entre nous avons un besoin de plaire aux autres plus ou moins prononcé. Nous préférons ne pas faire de vagues pour préserver une bonne entente. Nous tentons régulièrement de maintenir la paix en gardant le silence, surtout avec nos amis ou notre famille. Nos cultures sont de celles qui valorisent la paix à tout prix, y compris aux dépens de la vérité.

Mais ce n’est pas le choix de Jésus. Il prévient ses disciples que l’évangile est un message qui divise. Ce n’est qu’avec l’aide du Saint-Esprit qu’un cœur peut être ouvert pour recevoir et accepter la Vérité. Autrement, peu importe la gentillesse ou la douceur du messager, la réaction ne pourra être que froideur, indifférence, voire hostilité. Même dans notre Amérique du Nord tolérante et plurielle, de nombreux croyants peuvent témoigner avoir perdu des amis ou avoir été rejetés par leur famille pour être devenus chrétiens.

C’est une mise en garde qui donne à réfléchir, et pourtant, ce n’est pas tout ce que Jésus a à dire sur la paix. Il rassure régulièrement ceux qui le suivent par ces mots : « que la paix soit avec vous ». Une fois de plus, il ne s’agit pas ici d’une simple formule de politesse vide de sens, mais bien d’une déclaration de faveur divine de la part du Seigneur Tout-Puissant. Elle est toujours liée, plus ou moins explicitement, à la foi en Jésus :

« Mais Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Pars dans la paix ! »… Ma fille, ta foi t’a sauvée. Pars dans la paix ! » (Luc 7.50 ; 8.48)

Après la Cène et avant d’être trahi, Jésus a résumé la nature et l’étendue de la vraie paix dans ce monde :

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne se laisse pas effrayer… Je vous ai dit cela afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez à souffrir dans le monde, mais prenez courage : moi, j’ai vaincu le monde. » (Jean 14.27 ; 16.33)

La paix qu’offre Jésus est radicalement différente de celle du monde parce qu’elle ne dépend pas des circonstances ou des relations humaines. Elle ne dépend que de la relation avec Lui, qu’il nous assure à travers son sacrifice. De plus, loin de nous promettre un monde en paix, Jésus parle de troubles et d’agitation. Pourtant, même tout cela perd son importance quand on le compare à la paix que trouvent les croyants en Lui.

 

Toute l’étendue de la paix-shalom

Demandez à un échantillon de personnes choisis au hasard leur définition de la paix, et la réponse que vous obtiendrez la plupart du temps ressemblera à « l’opposé de la guerre », « la fin des hostilités » ou quelque chose du genre.

Mais le concept biblique de paix est beaucoup plus profond que cela. Le shalom hébreu (et son équivalent grec eirene) n’indique pas seulement un état de paix, mais aussi d’harmonie, de complétude, de prospérité, de bien-être et de calme. Il contient la notion d’épanouissement, de succès et de vie réussie. Il y a aussi une dimension téléologique à ce terme : la paix comme accomplissement d’un but ou d’un objectif ultime.

En bref, cette paix inclut toute la création, réconciliée avec Dieu à travers Jésus, recréée et renouvelée exactement comme Dieu l’a voulu au départ :

« Le Fils est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. En effet, c’est en lui que tout a été créé dans le ciel et sur la terre, le visible et l’invisible, trônes, souverainetés, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il existe avant toutes choses et tout subsiste en lui. Il est la tête du corps qu’est l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. En effet, Dieu a voulu que toute sa plénitude habite en lui. Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix. » (Colossiens 1.15-20)

« Paix sur la terre ». Elle ne viendra pas au travers d’actions politiques ou économiques. Elle ne naitra pas de l’éducation, de la technologie ou du contact avec des civilisations extraterrestres.

En réalité, elle est déjà venue, entrant dans ce monde entourée d’une fanfare angélique, lors de la naissance de Jésus. Et elle finira de porter tout son fruit avec son retour, sous son règne parfait, entre nouvelle terre et nouveaux cieux.

Voilà la vraie espérance de Noël, une espérance qui mérite d’être célébrée tout au long de l’année, chaque année.

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