La famille Bonhomme

Écrit par Focus Famille – Portraits de famille

Entrevue publiée initialement dans le numéro d’Automne 2015 de la revue Focus Famille.

David et Hélène Bonhomme et leurs garçons jumeaux de deux ans, Adelin et Roman, vivent à Strasbourg en France. Tous deux entreprenants et créatifs, ils sont également soucieux que leur foyer soit un endroit propice à la découverte et l’expression de leur foi en Jésus Christ. Dans une entrevue Skype en 2015, ils nous ont partagé leurs aspirations pour leur jeune famille et les décisions qu’ils ont pris pour atteindre ces objectifs.

Les aspirations familiales

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les deux ?

D. On s’est rencontré à l’église où on a servi pendant de nombreuses années ensemble, on était très investis. Entre nous, c’était une amitié forte qui s’est développée en amour au fil des années. Nous venons de fêter nos 5 ans de mariage !

Hélène, c’est qui David pour toi ?

H. David c’est mon fabuleux ! Il est entreprenant, visionnaire, il aime rêver grand. C’est quelqu’un avec qui on ne s’ennuie jamais et avec qui on rigole beaucoup. Il me fait aimer la vie.

David, c’est qui Hélène pour toi ?

D. Hélène, c’est celle qui apporte une stabilité dans ma vie. Avant, mon cerveau partait tout le temps dans tous les sens, ce qui créait de l’instabilité en moi. Avoir Hélène à mes côtés m’a apporté une paix qui permet à toutes les idées qui sont dans mon cerveau de voir le jour.

La famille, ça représente quoi pour vous ?

D. Je crois que c’est un endroit où Dieu nous utilise les uns les autres, pour nous aider à grandir dans la compréhension de notre identité. L’identité que Lui veut nous donner.

H. Je rajouterai l’expression qui dit « des racines et des ailes ». Je pense que c’est ça une famille : un endroit où on est hyper en sécurité, où l’on peut se former et prendre racine. Et puis un endroit qui nous donne des ailes au sens où, ce que l’on souhaite, c’est que nos enfants soient assez forts pour un jour s’en aller, faire leur vie et aller dans la paix que Dieu a pour eux.

Quel type de famille souhaitez-vous construire ?

D. Ce dont nous avons envie pour notre famille, c’est que ce soit un lieu où il y a une atmosphère de paix, où chacun est amené à s’épanouir. On voudrait aussi que ce climat soit ouvert à d’autres afin que ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une famille stable, puissent recevoir eux aussi ce cadeau. On aspire en fait à être « une famille d’accueil » au sens où des amis, des collègues, les copains des enfants, puissent venir et être inspirés par cette atmosphère.

Nouvelle réalité, nouvelles priorités

David, comment gères-tu ta vie entre ton rôle de chef d’entreprise et de papa ?

D. Je me suis toujours dit que je ne voulais pas que mon entreprise passe avant mes enfants. Le principe du travail, c’est d’avoir une vie! Je me suis donc imposé des limites car je sais qu’une fois que je suis absorbé par le boulot, j’ai du mal à m’arrêter.

Et puis quand on devient père, nos objectifs personnels changent énormément car l’entreprise, je la vois désormais plus comme un outil. J’aime beaucoup mon travail et je m’y épanouis, mais il est là pour pouvoir m’aider à vivre ce que j’ai envie de faire de mieux : offrir à mes enfants une vie de rêve et être proche d’eux.

Pourquoi avoir choisi de travailler dans les médias ?

D. J’ai toujours voulu transmettre ce que je reçois et ce que je vis. C’est pour ça que j’ai eu envie de comprendre les médias et de les maîtriser : pour pouvoir transmettre. C’est aussi la raison qui m’a poussé à lancer mon blog. Quand je découvre quelque chose qui me fait tellement de bien, j’ai envie que les autres le sachent.

Hélène, pourquoi as-tu fait le choix d’être maman au foyer ?

H. C’est une question difficile, car il y a un énorme fossé entre les belles choses que je m’étais imaginées et la réalité.
Mais à l’origine, j’ai fait ce choix parce que je pense qu’un enfant se construit face à la présence de ses parents, dans une certaine sécurité, et que la famille restera toujours un cocon. Et je le dis sans jugement pour les mamans qui travaillent, car j’ai réalisé que c’est plus compliqué que de simplement dire : « Il faut rester à la maison. »

Je crois aussi qu’être un parent au foyer, c’est un luxe pour le conjoint. Ça amène un équilibre énorme dans la famille, que ce soit le papa ou la maman : quand il y en a un qui est à la maison, l’autre peut aller tranquillement travailler, en sachant que s’il y a un rendez-vous chez le docteur à prendre, quelqu’un pourra le faire, et même de savoir tout simplement qu’il y aura le soir un repas sur la table.

En réalité c’est un peu plus compliqué, parce que quand David rentre, il y a rarement un repas chaud sur la table et la maison nickel ! Mais je crois tout de même que lorsqu’un conjoint reste à la maison, ça amène une stabilité. Car finalement, le foyer, on le fuit toute la journée et quand on revient, on essaye de le faire vivoter. Mais quand quelqu’un reste à la maison, on remet vraiment le foyer au centre, parce qu’on croit que c’est le lieu central.

D. Hélène m’a toujours dit : « David j’aimerais que ça te motive de rentrer à la maison. » Elle essaye au maximum de faire en sorte que j’ai du plaisir à rentrer, donc pour moi c’est vraiment fort.

Quels sont les défis, les difficultés d’être maman au foyer ?

H. Devenir maman de deux enfants en même temps, ça a été un choc énorme pour moi. Je l’ai vécu assez durement, car j’avais l’impression de ne plus avoir de vie d’un jour à l’autre. Je m’occupais de l’un puis de l’autre et après, j’avais trente minutes pour lancer une machine de linge ou, avec un peu de chance, manger un morceau ou prendre une douche. J’ai vraiment vécu une grande solitude et je me sentais coupable de ne pas vivre cette période à fond.

Souvent, on peut penser que nos enfants nous volent notre vie, parce qu’on n’a plus de temps du tout, mais en fait, au contraire, ils créent en nous des rêves pour aller plus loin. Et aujourd’hui j’ai vraiment l’impression d’être moi-même et je me dis que c’est grâce à mes enfants. Ce sont les défis intérieurs qui sont arrivés à travers eux dans ma vie qui font qu’aujourd’hui, j’aime ce que je fais et que j’ai osé accomplir un rêve que je n’aurais pas osé accomplir avant.

Est-ce que c’est dans cette période difficile que le projet de ton blog a germé dans ton esprit ?

H. Tout à fait ! J’ai toujours aimé écrire, choisir les bons mots. Du coup, quand je me suis retrouvée avec les enfants, je me suis dit pourquoi ne pas écrire ce que je suis en train de vivre ? J’avais besoin que ça sorte et l’écrire, c’est pour moi comme une catharsis.

Cultiver la foi en famille

Comment transmettez-vous votre foi à vos enfants ?

D. Ma foi a grandi grâce à mes parents qui nous ont beaucoup partagé la leur. Je les entendais demander de l’aide à Dieu dans les défis, et j’ai vu les résultats. On priait aussi ensemble. C’était évident que Dieu était présent.

Pour notre propre famille, je crois que c’est pareil : en vivant moi-même des pas de foi, mes enfants vont le voir et leur foi va grandir. Et nous souhaitons aussi leur montrer que Dieu est présent dans le quotidien, en leur disant par exemple : « Si Brian te fait peur à l’école, on va prier et faire confiance que Dieu va intervenir. »

H. Je crois, moi aussi, que les enfants regardent plus ce que l’on est, que ce que l’on dit. Et c’est là notre plus grand défi. Je ne pense même pas que nous devions consciemment essayer d’être des exemples mais plutôt de réellement vivre nous-mêmes notre vie dans la foi.

Mettez-vous en place des choses concrètes dans le quotidien pour cultiver la foi en famille ?

H. J’ai tendance à dire que dans une famille, il y a une part de rituel qui est assez importante, car les enfants sont sécurisés par ce qui se répète. Chez nous, le soir, on lit une histoire de la Bible et on prie.

Pour être honnête, ça ne ressemble à rien : Adelin et Roman courent dans tous les sens, ou au mieux, ils se contentent de regarder les images du livre pour les imiter. Mais au final, je me dis que ça a quand même de la valeur car étant donné que ça se répète, ça commence à faire partie de leur vie. Ça met la Parole de Dieu dans leur petit cœur et ça remplit leur mémoire de la vérité de Dieu.

Ce que j’essaye de faire aussi pour montrer que Dieu est concret dans toutes les situations, c’est que quand ça ne va plus, on demande de l’aide à Jésus ou au Saint-Esprit. Et je ne le fais d’ailleurs pas pour leur prouver quelque chose, mais parce que moi, je n’ai plus de solution. Ils arrivent à l’âge où ils font de grosses colères difficiles à gérer et je suis vite dépassée. Dans ces moments-là, on arrête tout, on ouvre la fenêtre, on respire et on prie. Ils sont encore petits et je n’ai pas encore forcément vu de fruits aujourd’hui, mais je me dis qu’ils voient qu’on peut appeler Jésus à tout moment.

Enfin, je pense aussi à ce proverbe qui dit qu’il faut un village pour éduquer un enfant et je crois que l’église a une énorme place là-dedans, car c’est une communauté et qu’il y a là une richesse. La famille de Dieu, c’est une famille ! Nous souhaitons que nos enfants aient des mentors dans l’église avec qui ils vont aussi pouvoir partager leurs défis, leurs secrets. Ça pour nous, c’est hyper important.

L’héritage familial

Quel message aimeriez-vous laisser derrière vous à la fin de votre vie ?

H. Il y a quelques temps, nous avons chacun eu une prise de conscience, basée sur le verset qui dit « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ». [Jean 8.32] Et je crois que c’est ce que nous voulons vivre : aller chercher des vérités dans la Bible, vivre cette liberté et donner aussi envie aux autres de la vivre. Et en premier à nos enfants.

En tant que parents, on peut amener avec nous des choses qu’on n’a pas réglé, avec lesquelles on a du mal. Je crois que les générations sont un peu comme une course de relais, où chaque génération passe le bâton à la suivante. Pour ma part, à la toute fin de ma vie, j’aimerais avoir amené la ligne de départ un peu plus loin pour la génération suivante. Faire les quelques mètres en plus que j’avais à faire en laissant Dieu me guérir et me changer, et en comprenant une liberté pour ma vie que je vais pouvoir transmettre. Ils pourront ainsi en chercher une nouvelle à laquelle moi je n’avais pas accès parce que je venais de plus loin derrière. Et je pense que c’est ce que mes parents ont fait avec nous, en disant : que notre plafond soit votre plancher !

David est le directeur de l’agence Progressif Media et Hélène est bloggeuse sur FabuleusesAuFoyer.com. Suivez-les sur leurs blogs respectifs : FabuleusesAuFoyer.com ; DavidBonhomme.com.

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