La sexualité et nos enfants : leur faire découvrir les merveilles du plan de Dieu
Écrit par Anne Worms
Beaucoup de parents ont du mal à aborder les sujets du corps et de la sexualité avec leurs enfants, et cela pour de nombreuses raisons.
Afin de guider les parents dans cette démarche délicate, je voulais vous présenter deux livres qui abordent le sujet de l’éducation sexuelle et affective en profondeur. Dans le premier livre, Amour et Sexualité, comment en parler aux enfants et aux adolescents ?1, l’auteure I. de Franclieu aborde l’importance d’une démarche d’éducation sexuelle consciente, puis explique les difficultés qui nous empêchent de le faire, avant de préciser les aspects pratiques d’une telle démarche (quel vocabulaire employer, à quel âge en parler, etc.). Dans le second livre, Dis, Maman, d’où viennent les bébés ?2, l’auteure I. Pelissié du Rausas détaille les implications psychologiques, relationnelles et sociales, avant de donner des conseils pratiques aux parents qui souhaitent commencer à en parler avec leurs enfants.
Pourquoi est-ce important de parler à nos enfants de leur corps, de l’amour et de la sexualité ?
- Parce que ce sont de bonnes choses. Le corps et la sexualité sont des merveilleux cadeaux de Dieu, ils nous permettent d’exprimer l’amour et ils sont des sources de vie. Ce sont donc des trésors à protéger et à partager. Comme le rapporte I. de Franclieu, il s’agit de raconter à l’enfant son histoire : « Oui, ton papa et moi (ta maman et moi), nous nous sommes aimés et notre amour t’a donné la vie… »
- Parce que l’enfant n’a pas la vision déformée que nous pouvons avoir. Il n’éprouve pas de honte liée à son corps, au contraire, puisque dans la petite enfance, l’affectivité, la relation, l’amour passent par le toucher. Comme l’explique I. Pelissié du Rausas : « C’est par la qualité de notre « toucher de tendresse », selon les mots de Jean Vanier, que nous donnons à l’enfant la certitude qu’il est aimé ; il a besoin de le sentir par son corps. Il peut être rassuré sur l’amour, et découvrir ainsi que le corps, son corps, est bon. » Le corps est un moyen de recevoir et de donner de l’amour, ce qui le rend précieux et beau, et c’est cela que nous voulons communiquer à l’enfant.
- Parce que tous les enfants se posent assez tôt des questions sur leurs origines et sur la différence des sexes. Cela est rassurant pour l’enfant si ses parents lui en parlent simplement. Obtenir des réponses adaptées et compréhensibles à ces questions lui montre que c’est un sujet dont il a le droit de parler et cela forge un lien de confiance avec ses parents qui répondent avec bienveillance. I. Pelissié du Rausas rappelle que : « Derrière les questions de l’enfant sur les bébés, il y a toujours cette question profonde, cruciale et lancinante : « Et moi, d’où je viens ? Est-ce que, moi, on m’a aimé ? »»
- Parce que chaque enfant est amené à devenir un adolescent et un adulte. Cette confiance et cette ouverture que l’on met en place avec notre enfant sont d’autant plus importantes qu’elles préparent la relation qui se mettra en place au moment délicat de l’adolescence. Si le dialogue et la confiance sont déjà établis, cela facilite les choses.
- Parce qu’aujourd’hui plus que jamais nous vivons dans un monde hyper sexualisé. Comme le rappelle I. de Franclieu : « Si les parents ne parlent pas, la société s’en chargera. » Nos enfants évoluent dans une société où le sexe et la sexualité sont omniprésents, mais généralement sous une forme réductrice et mensongère. Les parents craignent souvent de « voler » l’innocence de leurs enfants, mais ils ont une histoire tellement plus belle à leur raconter que ce que pourront leur apprendre internet, les copains ou même les publicités, et ce, malheureusement, de plus en plus tôt. « Il est urgent de lui parler de l’amour humain précisément pour prévenir le choc d’informations mal faites et venues d’ailleurs… En restant simple, à son niveau », précise I. Pélissié du Rausas.
- Pour la protection de l’enfant. Parce que lui apprendre la vérité est une manière de protéger l’enfant et de lui apprendre à se protéger lui-même de cette vision fausse et déformée de l’amour et de la sexualité. I. Pélissié du Rausas résume : « L’enfant qui a découvert la beauté de l’amour saura rejeter les contenus douteux : il en reconnaîtra le mensonge. » Elle ajoute : « Quelle joie pour lui de connaître la valeur de son corps et de son intimité, quelle fierté de partager avec ses parents le secret de l’amour. Cette fierté le conduira à veiller sur cette intimité comme un trésor. »
Pour notre propre bien et celui de nos enfants, il est temps de nous réapproprier ces vérités qui ont été piétinées et détournées de tant de manières.
Il devient essentiel de ne plus fuir devant ces questions et la responsabilité que nous avons d’enseigner les vérités de Dieu concernant le corps, l’amour et la sexualité, autant de choses qui méritent attention et respect.
Pourquoi est-ce souvent une démarche difficile pour les parents ?
- Parce que beaucoup d’entre nous trainent des blessures dans ce domaine. La soi-disant liberté amenée par la révolution sexuelle n’a pas vraiment eu les résultats promis : non seulement beaucoup de parents ne savent pas mieux comment en parler, mais ils sont même plus confus que jamais dans une société où toutes les frontières ont été brouillées.
I. de Franclieu précise que cela prend différentes formes : certains d’entre nous ont été élevés dans une famille trop « libérée », avec des parents manquant de pudeur, ce qui peut être vécu comme une agression par l’enfant et donner une image fausse de la sexualité. D’autres, au contraire, portent les tabous liés à une éducation où la sexualité était clairement un sujet honteux ou inexistant, ou alors présenté comme un passage obligé pour la procréation.
Et puis nous avons notre histoire personnelle, notre propre parcours affectif, amoureux et sexuel, qui peut faire émerger un malaise, de la honte ou de la culpabilité.
Cela veut simplement dire que nous avons nous aussi à avancer sur ce chemin vers la beauté et le sens profond que Dieu donne à l’amour et à la sexualité.
- Parce que nous avons parfois une image faussée de la sexualité. Ou plutôt des images faussées : celles que nous ont transmises l’église, nos parents, les médias, la société, et celles que nous nous sommes forgées aussi à travers nos propres expériences de vie.
À quoi pensez-vous lorsque je vous parle de pureté sexuelle ? À un pasteur qui vous promettait les flammes de l’enfer si vous alliez trop loin avec votre petit copain ? À une tentation terrible à laquelle il faut résister à tout prix ? À la culpabilité ressentie quand on lutte dans ce domaine ? À quelque chose qui ne vous concerne pas vraiment ?
Il y a deux idées fausses qui ressortent souvent concernant la pureté sexuelle :
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- Tout d’abord, la pureté sexuelle n’est pas l’absence de sexualité. Quand Dieu nous a créés, il nous a créés avec notre sexualité, et il a trouvé cela bon. Le sexe est une réalité belle et bonne.
- D’autre part, la pureté sexuelle n’est pas une contrainte ou une sorte d’instrument de torture inventé par Dieu pour nous tourmenter. C’est la confirmation que la sexualité est précieuse et revêt un sens bien plus vaste que ce à quoi le monde qui nous entoure cherche à la réduire. Dans la création de Dieu, nous avons hérité d’une sexualité particulière : une sexualité intrinsèquement liée à l’amour. L’amour qu’on se porte au sein du couple dans le cadre du mariage, mais aussi l’amour profond, passionné et exclusif, que Dieu a pour nous. Oui, la sexualité est bien une image, un écho de la relation d’amour entre Dieu et son peuple. C’est quelque chose de beau et de sacré, qui participe de l’image de Dieu en nous.
- Parce que nous avons peur. Nous avons peur d’aller trop loin, d’en dire trop ou pas assez ou de le dire mal. Mais comme l’explique I. de Franclieu : « Peu importe que l’enfant en sache beaucoup sur la façon dont on donne la vie, pourvu que cela lui soit expliqué par ses parents, avec des mots tendres et dans une atmosphère confiante… Quand on va un peu trop loin ou que l’enfant ne saisit pas tout, il décroche. Ce n’est pas grave, ce qu’on lui dit est vrai. On s’arrête là et on reprendra la conversation à un autre moment. »
I. Pélissié du Rausas exprime un peu la même idée quand elle dit : « Il vaut mieux parler 5 min trop tôt que 15 min trop tard ; et tard vaux mieux que jamais. Car rien n’est jamais perdu avec un enfant. » Nos peurs, encore une fois, viennent de notre vision d’adulte, comme si on risquait d’abimer l’innocence de nos enfants ou de les « sexualiser » trop tôt, mais les enfants n’ont pas d’aprioris ni de honte tant qu’on leur parle dans des termes adaptés à leur âge, et c’est pour cela qu’il peut être rassurant de s’appuyer sur des ouvrages ou des guides qui aident à trouver les paroles adaptées à chaque tranche d’âge.
Non seulement en faisant cet effort, on fait un merveilleux cadeau à nos enfants, mais en plus, à mesure que l’on avance, cela devient plus naturel.
Quand dois-je parler à mes enfants de ces sujets ?
On pense souvent que l’éducation sexuelle consiste en une grande discussion terriblement gênante avec notre préado pour lui expliquer « comment ça marche » pour la puberté, et autres réjouissances à venir. Mais comme le dit I. Pélissié du Rausas : « L’éducation affective et sexuelle n’est pas une information sur la « mécanique sexuelle », mais une éducation à l’amour, au don, à la relation. Elle n’est pas d’ordre technique, mais éthique. » Vu comme cela, même le petit enfant peut apprendre dans ces domaines.
Les deux auteures citées sont d’accord pour dire qu’un échange verbal peut commencer avec l’enfant dès 2 ou 3 ans concernant son corps, la différence des sexes et l’origine de la vie.
Pour I. de Franclieu, il est important d’être à l’écoute de l’enfant, quand il pose des questions, car s’il demande, c’est qu’il a besoin de réponse. Mais elle précise qu’il faut aussi être vigilant quand un enfant ne pose pas de questions, mais suggère son intérêt ou tend des perches à ses parents. Chaque occasion est bonne, surtout quand on sait que l’enfant n’enregistre qu’une partie de ce qui lui est dit. Il ne faut donc pas hésiter à redire les choses plusieurs fois de différentes manières.
I. Pélissié du Rausas explique pour sa part que c’est un processus : « On ne peut pas parler de la même façon à un enfant de 4 ans, ou de 7-8 ans, c’est l’évidence. On ne peut pas non plus plaquer sur des enfants des méthodes valables pour des adolescents. » Pour elle, cette démarche se doit d’être « à la fois précoce, prudente et progressive. Précoce, pour répondre aux premières questions, à l’âge des pourquoi, pour devancer les informations mal faites aussi. Mais prudente, et donc progressive, pour tenir compte de la maturité de l’enfant, de son expérience du corps et de son milieu de vie. » Le parent est là pour accompagner et protéger l’enfant au long de son parcours jusqu’à l’adolescence en s’adaptant au rythme de chaque enfant, qui peut varier, même au sein d’une fratrie.
Et maintenant…
En conclusion, nous avons en tant que parents une merveilleuse opportunité de remplir nos enfants de la sagesse de la Bible et d’un vrai sens de l’émerveillement face aux questions qu’ils se posent sur l’amour, la vie et la sexualité. C’est un beau chemin que nous pouvons aussi découvrir ou redécouvrir avec eux. Des ressources existent, comme les livres présentés dans cet article, pour vous aider à aborder ces sujets et voir la différence que cela peut faire dans la vie d’un enfant de grandir avec une vision saine, juste et vraie de son corps, de celui des autres et de la sexualité en général.
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La référence aux individus et aux ouvrages cités ne constitue pas une approbation générale par Focus Famille du travail externe de ces individus ou de leurs ouvrages respectifs.
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Inès de Franclieu, Amour et Sexualité, comment en parler aux enfants et aux adolescents ? aux Éditions Quasar
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Inès Pelissié du Rausas, Dis, Maman, d’où viennent les bébés ? aux Éditions Saint-Paul