Taper sur votre ex

Écrit par Julie Ferwada

« Les enfants, la fête est finie, votre mère vient d’arriver pour vous chercher ! » Ce sarcasme, que j’entendis depuis l’autre côté de la porte, abîmait à nouveau ma relation de plus en plus fragile avec mes enfants.

Dès l’instant où mon mari et moi nous sommes séparés, mes filles, âgées de trois et de six ans, ont entendu des paroles très dures à mon sujet. Bien qu’à certains moments sa colère face à mes choix ait été justifiée, ses réactions ont largement dépassé les bornes. Ses sarcasmes ont souvent été entremêlés d’autres façons de me mettre à l’écart, surtout lors de ses six mois de garde annuelle. Il semblait n’y avoir aucune limite aux stratagèmes qu’il mettait en place pour saboter le développement du lien naturel entre mes filles et moi. Elles ont fini par devenir tellement froides avec moi qu’elles semblaient me traiter plus comme un membre de la famille éloigné que comme leur mère.

Le prix du divorce

Les experts estiment que 90 % des enfants de parents divorcés font l’expérience d’être montés contre l’un de leurs parents, sous une forme ou une autre. Cela va d’attaques légères (mise en doute du caractère ou des intentions de l’autre parent de manière subtile), à modérées (dénigrement de l’autre parent dans des moments de colère), jusqu’à de sévères attaques (diffamation grave et systématique de l’autre).

Il y a bien sûr des moments où un parent se doit de protéger ses enfants de l’autre parent (en cas d’abus mental ou physique), mais les situations que je mentionne ici sont celles où deux parents compétents se font la guerre. Les attaques peuvent être inconscientes ou délibérées. Quoi qu’il en soit, les effets psychologiques sur les enfants sont souvent dévastateurs. En fait, à moins que cela ne soit repéré et traité au plus tôt, les formes extrêmes de dénigrement de l’autre parent sont considérées comme étant du lavage de cerveau, et les effets sont difficiles à inverser.

Regardez-vous vous-même

La plupart des parents divorcés s’engagent plus ou moins dans ce genre de guerre, même sans le vouloir. Mais qu’est-ce qui est en jeu ? Dans 1 Rois 3.16-28, deux femmes, deux mères, se présentent devant le roi Salomon, pour se disputer la maternité d’un enfant. Salomon règle ce conflit en proposant de couper l’enfant en deux avec une épée et de leur en donner une moitié chacune. Lorsque nous nous battons pour obtenir les faveurs de nos enfants au point de les monter contre l’autre parent, c’est comme si nous coupions, au sens figuré, leur petit cœur en deux. Même si l’attitude de mon ex-mari tombe dans la catégorie des attaques graves, j’ai moi aussi été coupable de formes plus légères de dénigrement, ce que je regrette aujourd’hui.

Alors, quel parent vous et moi allons-nous être ? Le parent poussé par la revendication exclusive de ses droits, qui trouve juste de couper en deux l’innocente victime ? Ou le parent qui, motivé seulement par l’amour, offre de renoncer à ce qui lui revient pour que l’enfant ne souffre pas ? En d’autres mots, il faut que nous cessions de couper nos enfants en deux par notre amertume, et que nous commencions à faire de notre mieux pour les aider à devenir des personnes unifiées.

Limiter les dégâts

Le psychologue Douglas Darnall explique que la prévention, plutôt que la réparation après coup, est essentielle, parce que réduire les effets de ces comportements sur les enfants ou même sur les adultes ayant vécu de telles situations dans leur enfance est très difficile. Il faut que nous fassions tout ce qui est possible pour protéger nos enfants de ce type d’agissements, même si cela veut dire les protéger de nous-mêmes.

Pour aider mes enfants à sortir de cette guerre mentale et émotionnelle, j’ai choisi ce que je pensais être le mieux pour elles – j’ai choisi de ne rien dire. Puis j’ai terriblement souffert de les regarder s’éloigner de moi peu à peu. Mais ces dernières années, j’ai appris que même si riposter n’est jamais le bon choix, le silence n’est pas non plus idéal.

Le psychologue Richard Warshak explique que lorsque vous êtes la cible de critiques injustifiées et malveillantes, il est bon de se montrer critique de l’autre parent de manière très prudente. Il écrit dans son livre Divorce Poison : « Je ne vous encourage pas du tout à vous défouler sur votre ex. Avant de critiquer, il faut que vous soyez sûr que vous le faites d’abord pour le bien-être de vos enfants et pas pour votre propre satisfaction. Assurez-vous que ce que vous direz aidera votre enfant plutôt que de lui faire du mal. »

Qu’en est-il des enfants plus âgés, qui ont déjà été exposés à ces comportements, que ce soit de manière modérée ou intense ? L’attitude colérique ou parfois très détachée de ces enfants est appelée syndrome d’aliénation parentale (SAP). Selon Darnall, il faut se montrer proactif avec les enfants souffrants de SAP, et réaliser qu’ils sont en fait victimes d’abus émotionnel. Il suggère par exemple de rester très impliqué dans la vie de votre enfant, même s’il semble vous rejeter ; de garder la maîtrise de vous-même pour ne pas alimenter le discours du parent aliénant ; de chercher à garder une relation positive ; et d’essayer de faire comprendre au tribunal ce qu’il se passe. Si vous avez le soutien de la cour, cela peut augmenter vos temps de visite ou mener à une thérapie familiale obligatoire.

Prier pour la guérison

Il ne faut jamais sous-estimer la puissance d’une prière continue pour la guérison des cœurs de nos enfants, même quand les professionnels nous peignent un tableau plutôt sombre. Rappelez-vous que les deux femmes sont allées voir le roi en attente d’une réponse favorable, et l’une d’elles n’a pas été déçue. Ce roi terrestre a redonné l’enfant à la mère qui aimait sans rien attendre en retour. En tant que parents qui prient pour nos enfants et qui les remettent dans les mains du grand Roi d’éternité, nous pouvons demander la même chose.

Les enfants sont en danger d’aliénation si l’un des parents :

  1. Exprime ouvertement de la colère envers l’autre parent
  2. Leur donne trop de détails concernant le divorce ou accuse l’autre parent
  3. Ne permets pas aux enfants d’amener ses affaires d’une maison à l’autre
  4. Refuse de se montrer souple ou juste dans le partage du temps avec l’autre parent
  5. Utilise les enfants pour espionner l’autre ou pour garder leur secret
  6. Organise des « activités funs » dans le but d’éloigner l’enfant de l’autre parent
  7. Réagit mal quand l’enfant parle positivement de l’autre parent
  8. Cherche à saper l’autorité de l’autre parent
  9. Contacte souvent les enfants lorsqu’ils sont en visite chez l’autre parent
  10. Compare les enfants aux traits de caractère négatifs de l’autre parent

Votre enfant peut être atteint d’un syndrome d’aliénation parentale s’il :

  1. Verbalise des plaintes absurdes ou infondées contre le parent (cible)
  2. Croit que le parent aliénant n’a jamais tort
  3. Parle d’événements qui se sont passés alors qu’il était trop jeune pour s’en souvenir, ou qui n’ont jamais eu lieu
  4. Évite le parent cible ou se montre effrayé (ou haineux) sans raison
  5. Pense que le parent cible n’est pas apte à prendre soin de lui ou à prendre des décisions pour lui
  6. Appelle souvent le parent aliénant en cachette lorsqu’il est avec le parent cible
  7. Essaye de récupérer des informations personnelles ou financières sur le parent cible
  8. Devient violent ou agressif envers le parent cible
  9. Forme des alliances avec le parent aliénant contre le parent cible
  10. Ne montre aucun remords pour ses mauvais comportements envers le parent cible

Julie Ferwada est une auteure et une oratrice vivant dans le Wyoming. Elle continue à prier pour la restauration de sa relation avec ses filles devenues adolescentes.

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