Quand il (ou elle) vous révèle son passé sexuel
Par Jessica Swanda
Le péché sexuel est rampant de nos jours et ceux qui entrent dans le mariage en étant vierges se font plus rares. Voici une liste de cinq aprioris auxquels nous pouvons être confrontés lorsque celui ou celle que nous aimons nous révèle de son passé sexuel.
Nous étions assises dans ma chambre universitaire quand mon amie me fit part de ses luttes intérieures au sujet de son petit ami chrétien. « Il a déjà couché avec quelqu’un, m’a-t-elle expliqué. Il n’a plus ce style de vie, mais je ne sais pas trop quoi en penser. Et j’ai peur que mes parents le rejettent s’ils viennent à le découvrir. »
De plus en plus de jeunes adultes chrétiens se retrouvent face à de telles situations. Le péché sexuel affecte un nombre croissant de personnes.
En tant que chrétiens, la plupart d’entre nous avons appris très tôt que le sexe avant le mariage est un péché, au point même de se placer dans le « top cinq des choses à ne surtout pas faire ». Cependant, le message qui consiste à souligner l’importance de réserver le sexe au cadre du mariage, bien qu’entièrement biblique, ne s’attaque qu’à une partie du puzzle. Le discours chrétien actuel sur la pureté n’apporte pas de réponses à la myriade de luttes variées auxquelles nous sommes confrontés sur le plan sexuel, ni à tous ceux qui sont brisés par le péché sexuel. Il ne nous indique pas non plus comment ouvrir le dialogue sur notre histoire sexuelle avec un conjoint potentiel ou comment réagir à ce type de révélation.
Le manque d’outils est peut-être la raison pour laquelle Stephanie Wilson, une présentatrice radio chrétienne, a vécu une rupture si difficile avec son petit ami il y a des années de cela, quand elle lui a révélé son passé sexuel. La première réaction de celui-ci avait été d’éclater en sanglots devant elle. Elle venait de détruire ses rêves de perfection. Il était blessé et n’a pas su comment réagir avec grâce. Cette réaction a laissé des traces profondes chez Stephanie. Elle était particulièrement angoissée à l’idée de devoir s’ouvrir à ce sujet avec le petit ami suivant.
Nous savons tous que le sexe avant le mariage est monnaie courante de nos jours. Bien qu’il soit crucial de l’appeler par son nom, c’est-à-dire un péché, et d’aider les jeunes adultes célibataires à lutter contre cette tentation, il ne faut pas oublier de mentionner que vivre la grâce et la guérison dans ses relations futures est possible. Voici une liste de cinq aprioris qui ressurgissent souvent quand une personne apprend que son futur conjoint a un passé sexuel :
1. « C’est mesquin et égoïste de se sentir blessé à ce sujet. »
Contrairement à cette affirmation, ce n’est pas mal en soi, ou anormal de vous sentir déçu, triste ou blessé en découvrant que votre partenaire a donné sa virginité à quelqu’un d’autre. Il est même important de se laisser le temps de vivre cette tristesse ou tout autre sentiment difficile que vous pourriez ressentir (Ecclésiaste 3.4 ; 2 Corinthiens 7.10). Ces blessures ou ces déceptions deviendront une plaie pour votre mariage plus tard si vous n’y faites pas face maintenant.
Par contre, montrez-vous mesuré dans vos réactions face à l’autre. Il/elle se sent probablement déjà coupable et regrette de vous décevoir. En évitant de réagir avec colère, d’humilier ou de manipuler l’autre, vous montrerez du respect pour son courage et son honnêteté. Essayez d’aborder la nouvelle avec une oreille attentive et un esprit humble.
Vos ressentis sont dignes d’être entendus et il est à espérer que votre bien-aimé(e) saura reconnaitre qu’il/elle vous a blessé et vous demandera sincèrement pardon. Par contre, ce n’est pas à l’autre de gérer vos sentiments pour vous, ni de pardonner avec sincérité. Il n’y a que vous qui puissiez le faire, avec l’aide du Saint-Esprit et de conseillers pastoraux dignes de confiance.
2. « Je ne sais pas comment passer à autre chose. »
Au bout du compte, c’est à vous de décider si le passé sexuel de votre partenaire est un problème insurmontable pour vous ou pas. Examinez son style de vie et ses comportements aujourd’hui : y a-t-il de réels signes de changement et de repentance ? À combien de temps remonte le problème et a-t-il/elle eu le temps de se repentir, de guérir et de changer ?
Si vous remarquez que dans certains domaines de sa vie, la repentance n’est pas réelle ou que son comportement n’a pas changé en profondeur, il serait alors plus sage de mettre un terme à la relation.
Mais si tout ce que vous savez de cette personne, dont son comportement avec vous, indique qu’elle a réellement changé, c’est à vous de choisir. Cela dépend de vos préférences personnelles et de ce que vous pensez. En prenant votre décision, recherchez la sagesse de Dieu et des autres.
Si vous décidez que c’est surmontable, il faut que vous avanciez délibérément dans ce sens. Après avoir pris le temps de faire le tri dans vos propres émotions et dans vos peurs, il est important de partager vos sentiments, vos inquiétudes et vos questionnements avec votre partenaire et d’écouter attentivement ses réponses.
Une fois que vous avez eu ces discussions, ne remettez pas constamment le sujet sur la table. Faites le choix de croire les réponses de votre partenaire et d’avancer (Proverbes 17.9). Si les changements de comportement sont clairs, alors vous pouvez (et devez) répondre par la confiance. Si vous ne pensez pas que l’autre a réellement changé, ou que vous n’arrivez plus à lui faire confiance entièrement, il faut que vous réévaluiez votre engagement dans cette relation. Pour bien fonctionner, toute relation doit être construite sur la confiance.
Si vous choisissez de continuer dans cette relation, il va falloir que vous fassiez preuve de pardon à un moment donné. Pour pouvoir avancer, quel que soit votre niveau de déception, il vous faudra faire le choix de croire en l’autre de tout votre cœur et d’abandonner vos doléances envers lui (Colossiens 3.13 ; 1 Corinthiens 13.7).
Plutôt que d’utiliser votre énergie à douter et à vous torturer l’esprit, utilisez-la à construire confiance et espoir. Dans ce processus, vous ferez l’expérience d’une joie et d’une liberté sans précédent, qui naissent quand on arrête de compter les points et qu’on se donne la permission d’aimer inconditionnellement.
3. « Je pourrais épouser quelqu’un de mieux. »
Peu importe qui vous affirme que vous pouvez faire mieux, cette idée est égoïste et trompeuse. Nous ne « méritons » pas quelqu’un qui soit sexuellement pur, même si de notre côté, nous avons attendu le mariage. Être vierge ne nous donne pas plus le droit au bonheur et à l’amour qu’aux autres.
Le don de la pureté ne devrait pas être vu comme une récompense ou un prix qui peut se gagner. Cela va à l’encontre de la définition même d’un don. Tout comme Dieu donne son pardon gratuitement aux êtres humains qui ne le méritent pas, vous devriez aussi pouvoir faire gratuitement le don de votre virginité à votre conjoint, même si celui-ci ne peut pas vous en donner autant.
J’ai parfois entendu dire que celui ou celle qui se réserve pour le mariage possède « un coffre aux trésors rempli de joyaux à offrir », qu’il est « une personne complète et sans tâche qui se donne à l’autre entièrement ». Si on suit cette analogie, cela voudrait dire que, quand une personne vierge épouse quelqu’un qui a un passé sexuel, elle échange ses innombrables trésors et son cœur entier et sans fêlure pour un trésor pillé et un cœur blessé auquel il manque des morceaux.
Oui, ceux qui se donnent sexuellement avant le mariage abandonnent inconsidérément un don précieux. Mais le problème que me pose la comparaison ci-dessus est le suivant : Jésus a procédé à cet échange pour nous. Il a échangé sa justice absolue contre notre péché radical sur la croix (2 Corinthiens 5.21). Il nous donne un cœur pur, rempli d’amour et de pardon alors que tout ce que nous lui donnons en échange est un cœur prompt à s’égarer.
Je ne dis pas que vous devriez continuer cette relation sous prétexte que Jésus, lui, ne vous a pas laissé tomber. Comme je l’ai noté plus haut, vous devriez songer à rompre si vous ne pensez pas que l’autre se soit réellement repenti ou qu’il ait changé et guéri. Toutefois, vous ne devriez pas tourner le dos à la relation sur le compte de cette fausse croyance selon laquelle vous méritez mieux. Jésus n’a pas attendu que nous méritions sa venue et son salut.
4. « Je dois maintenant être à la hauteur de ses expériences passées. »
L’une des réactions les plus communes lorsque votre partenaire vous fait part d’expériences sexuelles passées est la peur d’être comparé à son (ou ses) partenaire(s) précédent(s), de ne pas être à la hauteur ou de se sentir « inférieur » à cause de notre manque d’expérience.
Cependant, comme le dit Paul Maxwell : « Conditionner notre valeur en fonction du fait d’être le meilleur en tout dans la vie de notre futur conjoint est absurde. Si vous fréquentez cette personne dans le but de l’épouser et que vous apprenez qu’elle a une histoire sexuelle, rappelez-vous que vous n’avez pas commencé à la courtiser dans le but d’être le meilleur au lit pour elle – ou le meilleur dans quoi que ce soit d’autre d’ailleurs. »
Le mariage consiste à donner, aimer et servir, non pas à recevoir, prouver et gagner.
Maxwell ajoute : « Si votre partenaire vous affirme qu’il ne pense pas à son ex, c’est possible que ce soit la vérité. Ce serait une violence terrible que de donner au péché passé de quelqu’un un pouvoir qu’il n’avait pas auparavant. » Quand vous faites une fixation sur le passé de votre partenaire, vous étendez le pouvoir de son ancien péché à vous également, à votre vie amoureuse, votre joie et votre satisfaction.
Tout se résume à ce que vous choisissez de croire. Vous êtes la seule personne à pouvoir vous libérer de la jalousie et de la peur. Si vous ne faites pas ce choix-là, au bout du compte, c’est vous qui allez détériorer la relation, pas votre partenaire. Ne vous mettez pas en position de concurrence avec qui que ce soit. Si cette personne vous épouse, ce sera parce qu’elle vous aime, non pas pour vos performances au lit.
De plus, le sexe dans le cadre du mariage dépasse de loin la simple expérience physique. Il s’agit de se rapprocher l’un de l’autre émotionnellement et spirituellement, de sceller et solidifier votre mariage.
5. « Notre mariage et notre vie sexuelle vont en souffrir »
Nous entendons souvent les chrétiens expliquer combien il est gratifiant pour un couple d’avoir tous les deux attendu le mariage pour avoir des relations sexuelles. Et c’est certainement vrai ; un mariage entre deux personnes vierges a des avantages particuliers. Petit à petit cependant, ce point de vue a commencé à être interprété d’une manière dangereuse. Comme l’explique la psychologue Juli Slattery, le « message de la pureté » qui se répand aujourd’hui contient la « quasi promesse que, si vous dites non au sexe aujourd’hui, un jour, Dieu vous donnera un conjoint merveilleux avec qui vous aurez une vie sexuelle extraordinaire, complètement libre de toute culpabilité ».
Le problème est que ça ne fonctionne pas comme ça. On ne vous remet pas une relation conjugale et une vie sexuelle parfaites le jour de votre mariage. Ces choses-là sont délibérément conçues pour se construire jour après jour, sur le fondement de la confiance, du pardon et d’un amour semblables à celui du Christ. Comme l’a écrit Wunms, un auteur chrétien : « Se marier et vivre heureux pour le restant de ses jours n’est pas la récompense de ceux qui attendent. » Un avenir heureux et satisfaisant est quelque chose que vous devez construire ensemble.
Votre partenaire a-t-il gagné votre confiance par ses comportements actuels ? Votre relation est-elle centrée sur Dieu? Que souhaitez-vous choisir : vous accrocher à votre déception et à votre souffrance ou les déposer à la croix ? Une vie de couple heureuse et réussie dépend bien plus des choix que vous faites en tant que couple aujourd’hui que des choix que l’un ou l’autre a pu faire par le passé.
Nous pouvons être réconfortés de savoir que notre Père céleste est proche de ceux qui ont le cœur brisé (Psaume 34.19), qu’il fait concourir toutes choses à notre bien (Romains 8.28) et qu’il peut racheter les pires de nos échecs (Ésaïe 43.18-19). Nous savons aussi que Dieu peut construire et protéger notre mariage.
Nous ne pouvons pas terminer cette conversation sans examiner le standard absolu : Dieu lui-même. Comment a-t-il réagi face aux péchés sexuels de son peuple ?
Il a inclus Rahab, une prostituée notoire, dans la lignée de Jésus (Matthieu 1.5). Il n’a pas abandonné David lorsque celui-ci a commis un adultère, mais il a choisi de continuer à l’utiliser pour sa gloire (2 Samuel 11.1-4). Jésus n’a pas cherché à éviter la femme samaritaine qui vivait en concubinage ; au contraire, il lui a offert une chance de croire en lui et de conduire d’autres personnes à lui (Jean 4.7-30, 39-42). Enfin, les paroles de Jésus à la femme prise en flagrant délit d’adultère prouvent qu’il croyait aux deuxièmes chances et en la capacité de cette femme à changer : « Va, et ne pèche plus » (Jean 8.3-11).
Aux yeux de Dieu, une personne a tout autant de valeur après avoir commis un péché sexuel qu’avant. Il nous estime encore capables de changer.
Il n’y a que vous qui puissiez décider si votre partenaire a suffisamment laissé son passé derrière lui pour que vous puissiez aujourd’hui avoir une relation saine et centrée sur Jésus. Vous êtes également le seul à savoir si vous vous sentez capable de ne plus penser à ses péchés passés.
Si vous évaluez votre relation à la lumière des vérités que nous venons de discuter et que vous arrivez à la conclusion que la relation n’est bonne ni pour l’un ni pour l’autre, alors partez.
Mais ne partez pas en vous basant sur des aprioris, des peurs intérieures ou des pressions extérieures plus ou moins imaginées. Ce ne sont pas de bonnes raisons de mettre un terme à une relation qui vient peut-être de Dieu lui-même. Rappelez-vous qu’il peut rendre toutes choses belles en son temps, y compris un passé imparfait qui affecte votre avenir.
Jessica Swanda est une auteure indépendante qui aime parcourir les États-Unis avec son mari, lire un bon livre, jouer à des jeux de société et échanger autour d’un café.
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