Quand votre couple est spirituellement dépareillé

Par Lee Strobel

Voici quelques principes pour vous aider à rester proche de votre conjoint(e) malgré vos différences spirituelles

Ma femme Leslie et moi avions une vie parfaite. Une maison dans un quartier chic et animé, deux magnifiques enfants, l’exaltation et le sens du défi que procurent des carrières en progrès constant. Bien sûr, nous avions parfois des désaccords mais notre relation restait solide et sûre. L’amour profond que nous avions l’un pour l’autre nous aidait à arrondir les angles.

Puis un jour, sans prévenir, quelqu’un est venu se mettre entre nous. Il ne s’agissait pas d’une aventure. Ce n’était pas non plus une ancienne flamme refaisant surface. Ce quelqu’un n’était autre que Dieu lui-même.

Leslie m’a annoncé un jour qu’après une longue période de réflexion, elle avait décidé de suivre Jésus. Pour moi, c’était une bien mauvaise nouvelle ! « Écoute, si tu as besoin de ce genre de béquille, si tu ne peux pas vivre sans croire à un dieu imaginaire, alors vas-y, lui ai-je lancé avec mépris. Mais je t’interdis de donner de notre argent à l’église et ce n’est pas la peine d’essayer de m’y trainer le dimanche matin. »

Plutôt chic de ma part, n’est-ce pas ?

Ce fut la première turbulence dans ce qui allait se révéler être une phase particulièrement houleuse dans notre mariage. Nos valeurs se sont retrouvées en contradiction, nos attitudes ne se rejoignaient plus. Nos priorités et nos désirs étaient soudain opposés. Plus d’une fois, j’ai laissé ma frustration face à la relation de Leslie avec Jésus se transformer en une série de cris exaspérés et de portes claquées.

Il va sans dire que je n’ai pas facilité la croissance spirituelle de ma femme, alors une toute jeune croyante. Pour Leslie, la foi n’était pas une béquille mais une source de sagesse, de réconfort et de joie telle qu’elle n’en avait jamais vécu avant. Cependant, elle ne pouvait pas la partager avec l’homme qu’elle aimait. Chaque fois qu’elle essayait de m’en parler, je préférais la ridiculiser ou ignorer ses tentatives. Elle a plus tard expliqué qu’elle se sentait comme si elle visitait une ville magnifique, se délectant de ce qu’elle y découvrait, mais sachant que je ne voulais pas l’y accompagner ou en entendre parler. C’était la première fois depuis qu’on s’était rencontrés à l’adolescence que nous ne pouvions pas vivre ensemble une expérience importante.

De mon côté, je n’étais pas sûr de vouloir continuer à vivre quoi que ce soit avec ma femme. Je me sentais comme la victime d’une arnaque. J’avais épousé une Leslie drôle, audacieuse et aventureuse qui était en train de se changer en une autre personne. Je voulais que ma femme redevienne comme avant !

Le summum de la crise est arrivé un jour d’été chaud et humide, alors que je tondais la pelouse après une énième dispute avec elle. Je me suis dit : « Ça suffit ! Ce n’est pas ce pour quoi j’ai signé. Il est peut-être temps de mettre fin à ce mariage. »

Mais avant qu’il ne soit trop tard, Leslie a appris à vivre sa foi d’une manière qui a commencé à m’attirer plutôt qu’à me faire fuir. Elle a appris à grandir et à s’épanouir dans sa relation avec Jésus malgré mes nombreuses tentatives pour l’en décourager. Bien que Leslie avoue elle-même avoir commis des erreurs, c’est elle qui a rétabli l’équilibre dans notre relation.

Il n’existe pas de formule parfaite qui révolutionnera instantanément un mariage où l’un croit et l’autre non, mais les quelques principes suivants nous ont aidés, Leslie et moi, à maintenir une relation saine. Si vous êtes marié à un(e) non-croyant(e), ce qui suit peut vous aider à avancer malgré le décalage spirituel.

Détournez votre attention de vos difficultés pour regarder vers Jésus

Lorsque vous êtes tiraillé entre deux directions différentes – vers Dieu par le Saint-Esprit et loin de Dieu par votre conjoint – il est important de se rappeler quelles sont vos priorités. Rester rivé sur la situation désespérée que vous vivez ne fera qu’alourdir votre quotidien. Au lieu de cela, levez les yeux vers celui qui mérite votre allégeance première, celui qui peut combler tous les besoins que votre conjoint ne peut pas combler. Dieu réharmonise notre vie et nous donne les moyens d’aimer notre conjoint, même quand celui-ci ne s’en montre pas particulièrement digne. Il aime notre partenaire encore plus que nous puissions l’aimer ! Alors recherchez la joie de Dieu, vous appuyant sur lui plutôt que de chercher votre bonheur dans un changement de circonstances extérieures.

Il est vrai que les activités qui permettent de cultiver une relation d’intimité avec Dieu sont généralement celles qu’un conjoint non croyant aura tendance à décourager : la prière, l’étude de la Parole, aller à l’église et partager des moments de communion avec d’autres croyants. « J’ai appris que si je voulais pratiquer différentes disciplines spirituelles pour rester proche de Dieu, il fallait que je le fasse à l’insu de Lee », explique Leslie.

Leslie n’a jamais essayé de me cacher son amour pour Jésus et son désir de cultiver une relation avec lui. J’étais tout à fait conscient de sa dévotion à Christ et du fait qu’elle priait et étudiait sa Bible. Cependant, elle avait la sagesse de le faire en dehors de ma présence. Cette concession sur le plan pratique lui a permis de s’affermir pour pouvoir garder le cap sur ses priorités relationnelles.

Faites de votre conjoint l’être humain le plus important dans votre vie

L’une des choses qui me mettaient en colère pendant cette période de notre vie était que j’avais le sentiment de perdre la femme que j’aimais. Pour être honnête, j’étais jaloux de Jésus ! Pour la première fois depuis que nous étions mariés, les besoins émotionnels de Leslie étaient comblés par quelqu’un d’autre que moi. J’avais l’impression que Leslie, en cherchant du réconfort et des encouragements auprès de quelqu’un d’autre, avait rompu l’engagement pris lors de notre mariage.

Au fil du temps, j’ai constaté que le dévouement de Leslie envers Christ renforçait plutôt son amour pour moi et l’encourageait à vouloir approfondir notre relation. Au lieu de m’ignorer au profit de Jésus, de l’église et de ses amis chrétiens, elle redoublait d’efforts pour être une épouse attentive et présente. J’ai pu me rendre compte que je restais la personne la plus importante dans sa vie, tout comme elle l’était pour moi.

Ce n’était pas parce que nous n’avions pas les mêmes croyances que nous devions arrêter de partager des choses ensemble dans d’autres domaines. Nous nous étions mariés parce que nous aimions passer de temps ensemble et avions beaucoup d’intérêts communs. Leslie s’est assurée que nous puissions continuer à vivre ces moments en couple. Même si elle avait désespérément envie de me voir reconnaitre mon besoin de Christ, elle a continué à m’aimer en tant que partenaire de vie, pas en tant que « projet ».

Ne vous focalisez pas sur l’absence de foi de votre conjoint

Dans un mariage où la foi n’est pas partagée, la tendance du conjoint croyant est de se concentrer sur le gros défaut de l’autre de ne pas être croyant. Pendant un moment, je n’arrivais pas à me défaire de l’impression que, d’une certaine manière, je décevais Leslie, que je n’étais pas à la hauteur de ses attentes en tant que mari.

Fort heureusement, Leslie a vite compris que lorsqu’elle essayait de me « réparer » en soulignant mes défauts, elle ne faisait en réalité que renforcer mon sentiment d’amertume. Elle a su voir qu’il était beaucoup plus sain pour notre mariage qu’elle se concentre sur ce qu’elle aimait chez moi. Plus elle soulignait mes qualités, plus j’étais motivé à faire des efforts pour lui plaire.

Je me considérais comme athée mais Leslie refusait de laisser ce mot me définir. Elle essayait plutôt de me voir comme Dieu me voyait, c’est-à-dire comme faisant partie intégrale de sa création, comme un être humain précieux dans l’âme duquel l’image de Dieu était gravée, un fils prodigue avec lequel il désirait tant renouer.

Cherchez à vivre un mariage « chrétien » en intégrant des principes bibliques dans votre vie

À un certain moment, Leslie en a vraiment eu assez. Je m’étais encore moqué de sa foi et c’était la goutte d’eau de trop. Tout en elle voulait répondre au sarcasme par le sarcasme, me rendre la monnaie de ma pièce et en tirer une satisfaction immédiate.

Mais avec l’aide de Dieu, elle a résisté à cette tentation, sachant que cela ne ferait qu’empirer une relation déjà en danger. Elle a lutté contre l’envie de s’abaisser à mon niveau et de me lancer les piques que pourtant je méritais.

Les principes chrétiens que vous appliquez dans votre mariage vont changer la teinte de votre relation de couple. Soyez un porteur de vérité, un serviteur, quelqu’un qui pardonne, une personne remplie d’intégrité, d’humilité et de bonté. Le niveau de « chrétienté » de votre relation est directement lié à votre niveau d’engagement à suivre Jésus et à laisser son influence imprégner votre vie.

Enseignez à vos enfants des valeurs chrétiennes sans pour autant les détourner de votre conjoint

Lorsque Leslie a voulu emmener nos enfants Alison et Kyle à l’école du dimanche, elle m’a présenté l’idée d’une manière qui séduirait un sceptique comme moi, soulignant le fait que ce serait une occasion pour nos enfants de développer des valeurs morales solides, chose qui faisait également partie de mes souhaits pour eux.

En tant que croyant, vous avez le privilège et la responsabilité d’enseigner à vos enfants combien il est merveilleux de connaitre Jésus. Cependant, si papa ou maman ne va pas à l’église ou ne développe pas de relation avec Dieu, vos enfants vont se questionner sur ce parent. Leslie faisait attention à ne jamais saper mon autorité ou me manquer de respect. Elle ne voulait pas que les enfants pensent qu’elle me regardait de haut parce que je ne suivais pas Jésus.

« Quand Alison m’a demandé pourquoi papa ne venait pas à l’église, je lui ai répondu que c’était parce qu’il avait une opinion différente concernant Dieu. Je lui ai expliqué que chacun devait en arriver à sa propre conclusion et que cela ne m’empêchait pas de continuer à l’aimer et à le respecter, raconte Leslie. Ma fille était trop jeune à l’époque pour poser d’autres questions plus sophistiquées, mais il semblait important pour elle que je continue à affirmer mon amour pour elle ainsi que pour son père. »

Lorsque Leslie et les enfants partaient pour l’église, elle ne sous-entendait jamais que je faisais un mauvais choix en restant à la maison. Elle m’embrassait avec enthousiasme et lançait aux enfants : « Dites au revoir à papa ! On le retrouve tout à l’heure. »

Dans un mariage où l’un est croyant et l’autre non, tous les regards sont braqués sur le chrétien. Votre comportement sera la preuve la plus claire que suivre Jésus est le meilleur choix de vie possible.

Soyez réaliste dans vos attentes

À l’époque où j’étais athée, Leslie s’imaginait comment je serais si je partageais sa foi. Elle se disait que cela ferait de moi le mari parfait qui change les couches des enfants, fait la vaisselle et la couvre d’attentions romantiques. Mes sautes d’humeur disparaitraient. Je deviendrais d’une patience et d’une sagesse sans pareil.

Je suis devenu chrétien et… disons que je n’ai jamais réussi à devenir ce mari imaginaire. Dieu a travaillé mon caractère, il a transformé mes valeurs, mes priorités et ma vision du monde au fil des années, mais je suis toujours moi !

Elle explique aujourd’hui : « Je voudrais conseiller à tous ceux qui sont dans cette situation de rester réalistes par rapport à leur conjoint. Toutes les petites habitudes exaspérantes qu’il ou elle a ne sont pas directement liées au fait de ne pas être chrétien. Si vous vous imaginez que votre conjoint deviendra parfait en se convertissant, vous risquez d’être déçu(e). De plus, si vous mettez tous ses défauts sur le compte de son manque de foi, vous lui donnez une excuse pour ne pas continuer à évoluer en tant que parent et qu’époux. »

Une question essentielle à se poser

Dès que je prends possession de mon nouveau calendrier au début de chaque année, je cherche le premier jour de chaque mois. J’y inscris cette question à laquelle je tiens à réfléchir au moins une fois par mois : « Aimerais-je être marié avec moi ? » C’est une démarche que j’ai commencée en 1995, lorsque j’ai lu cette question provocatrice dans un livre de Les et Leslie Parrot.

Cette question est particulièrement efficace car elle est enracinée dans la manière dont Jésus nous a enseigné à nous comporter : « Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux. » (Matthieu 7.12)

Aimeriez-vous être en couple avec vous ? Que cette question vous serve de grille d’évaluation pour savoir comment réagir dans la dynamique souvent difficile que peut créer une relation avec un conjoint non-croyant. Posez-vous cette question souvent et confrontez-vous de manière très honnête à ce qu’elle implique, au point que ce concept modifie petit à petit votre attitude, vos décisions et vos réactions. C’est une démarche qui vous aidera à vous positionner au mieux dans un mariage spirituellement déséquilibré.

Lee Strobel est auteur et ancien journaliste d’investigation. Il a écrit entre autres le livre Jésus : l’enquête, relatant l’histoire de son enquête et de sa conversion. Son livre a été adapté en un film du même nom.

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