Scolarité : Explorer les différentes options
Par Emily Wierenga
L’enseignement à la maison ou l’enseignement public, lequel choisir ?
Je ne remarquai pas la pluie, ni la manière dont leurs bottes s’enfonçaient dans les flaques, trempant leurs chaussettes. Tout ce que je voyais, c’étaient leurs sacs à dos. Ils étaient rouges, roses et vert fluo, comme des bonbons, trônant sur le dos des enfants qui passaient devant chez moi.
Maman a fait sonner la cloche, c’était l’heure d’aller en cours. Je me suis détournée de la fenêtre et me suis jointe à mes frères et sœurs dans la salle à manger, me résignant à passer une nouvelle journée à apprendre sans sac à dos.
Cela m’a pris des années avant de pouvoir objectivement peser le pour et le contre concernant l’école à la maison. En attendant, la seule chose qui m’obsédait était ces beaux sacs à dos. J’aurais tellement voulu en avoir un aussi.
Choisir l’enseignement public
Dee Dee Risher, auteure, éditrice et mère de deux enfants, estime que l’école à la maison peut être une très bonne chose. Ses enfants vont à l’école du quartier, dans une grande ville.
« Deux de mes sœurs ont éduqué leurs enfants à la maison. Pour l’une d’entre elles, c’est parce qu’elle voulait leur faire suivre un programme qu’elle aimait beaucoup, mais qui n’était enseigné nulle part. Elle est très douée pour enseigner et a fini par ouvrir une école basée sur les principes auxquels elle croyait. »
Malgré tout, Dee Dee ne se sent pas à l’aise à l’idée de retirer ses enfants du système public. Ce qu’elle souhaite plutôt, c’est de travailler conjointement avec la communauté afin de garantir une éducation saine pour tous les enfants. Elle et son mari, qui travaille auprès des personnes sans-abri, espèrent en effet mettre en place ce sentiment de communauté, en incluant intentionnellement les personnes marginalisées autour d’eux. En se faisant l’exemple d’un tel amour dans une société si dure, Risher pense que les parents peuvent encourager leurs enfants à agir de même et donc à accepter ceux qui sont si souvent considérés comme des « parias ».
De plus, elle estime que lorsque des parents motivés et impliqués s’investissent pour aider à l’école, les communautés et les écoles publiques en ressortent enrichies.
Un autre exemple est celui de Hanna Kahtava : à 25 ans, elle va faire partie du conseil scolaire du district de Toronto à l’automne. Malgré le fait qu’elle ait reçu une éducation à la maison, Hanna prévoit d’envoyer ses propres enfants à l’école publique.
« Je pense qu’il y a des choses importantes qui ne peuvent pas être enseignées à la maison », explique-t-elle. « Les interactions sociales sont une des clés de la vie. Si on ne les apprend pas très jeune, il est possible qu’on n’arrive pas à les apprendre du tout. Avoir des camarades de classe peut favoriser des situations et de potentielles leçons qui ne sont pas possibles à la maison. »
Malgré tout, l’implication des parents dans le processus éducatif des enfants reste essentielle. Il n’est jamais simple pour un enfant de s’y retrouver dans un environnement qui ne porte pas les mêmes valeurs qu’à la maison et parfois même s’y oppose. Dans le système public, les enfants peuvent apprendre à coexister respectueusement et à interagir avec des personnes qui ont d’autres valeurs ou croyances, mais il faut que leurs parents les aident pour cela.
Choisir l’enseignement à la maison
Ann Voskamp, qui vit à Kitchener, en Ontario, est mère de six enfants entre 3 et 13 ans, qu’elle éduque à la maison. C’est lors de son cursus universitaire en éducation qu’elle a commencé à remettre en question la structure de l’école publique. Elle a alors commencé à activement rechercher des moyens efficaces d’accompagner les jeunes pleins de ressources, de créativité et qui ont également à cœur de s’investir pour le royaume de Dieu.
« Ce que j’aime le plus dans l’école à la maison, c’est que nous sommes tous ensemble, au milieu de notre glorieux désordre, jour après jour », explique-t-elle.
Ann et son mari enseignent à leurs enfants un programme qui comporte au moins deux heures de lecture par jour, des ateliers cuisine, de jardinage, de bricolage. Ce programme inclut également des cours plus classiques de grammaire, de maths, de musique, de latin, d’art, de poésie, d’histoire, de géographie et de science. Leur maison est remplie de livres – ils en empruntent près de cent à la fois à la bibliothèque – et leurs deux ainés interagissent quotidiennement en ligne avec des professeurs et d’autres élèves de leur âge.
Malgré la joie qui règne dans son foyer, Ann encourage ses trois plus jeunes enfants à participer régulièrement aux activités que propose l’église en semaine, tandis que les plus grands font partie de clubs de sport et autres activités. « Pour nous, il s’agit d’une priorité afin que nos enfants puissent interagir avec des personnes en dehors de notre communauté et de notre foi », explique-t-elle.
Mavis Dey, une autre mère de six enfants, qui a aussi choisi de les éduquer à la maison, reconnaît le besoin de socialisation. Elle estime que l’école à la maison renforce le plus précieux des liens : celui de la famille.
« De nombreuses études d’importance ont mis en lumière l’idée reçue selon laquelle les enfants ont besoin d’aller à l’école afin d’être correctement socialisés », explique-t-elle.
La fille ainée de Dey, Annie Skelton, est elle-même jeune maman et possède un diplôme de premier cycle en anglais et un doctorat en médecine vétérinaire. Elle a passé ses années de primaire à la maison. Avec son mari, ils réfléchissent à faire de même pour leurs enfants. Ils ont tous deux pu observer ce qu’ils considèrent comme de graves problèmes moraux, scolaires et sociaux dans le système public.
Tout en reconnaissant qu’il y a des exceptions à toutes les règles, et que l’école à la maison n’est qu’une des nombreuses alternatives positives qui existent, Annie estime que l’éducation doit rester la responsabilité de la famille.
« Notre point de vue est renforcé par les recherches et les études qui montrent que les enfants qui sont éduqués à la maison deviennent des adultes particulièrement équilibrés et compatissants, dotés de traits de caractère positifs et de convictions solides. Ce sont des personnes qui de toute évidence peuvent s’intégrer dans le monde, y apporter de réelles contributions et faire preuve de leadership. »
Sacs à dos et autres gaffes
Ils étaient peut-être très colorés, mais les sacs à dos que j’avais tant convoités ont bien perdu de leur lustre quand je suis entrée à l’école publique, en 5e année du primaire.
J’ai pourtant obtenu mon diplôme avec mention d’honneurs, aussi bien au secondaire qu’à l’université, et j’ai pu ainsi reconnaître la valeur de l’éducation publique, tout comme de l’école à la maison.
Tout en continuant à peser le pour et le contre de chaque approche, je me rends compte que les leçons apprises à la maison, comme à l’école, m’ont préparées pour le reste de ma vie et j’en suis particulièrement reconnaissante.
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