Comment s’y prendre avec ses beaux-parents ?

Par Gary Chapman

Quelques conseils pour établir des limites saines tout en faisant preuve de respect.

  • « La mère de mon mari veut me dire comment faire la cuisine. J’ai préparé mes repas toute seule pendant cinq ans avant de me marier. Je n’ai pas besoin de son aide. »
  • « Les parents de ma femme lui donnent de l’argent pour qu’elle s’achète des choses qui sont bien au-dessus de nos moyens. Je trouve cela insultant. J’aimerais bien qu’ils nous laissent gérer notre propre vie. »
  • « Les parents de mon mari nous rendent souvent visite à l’improviste. Parfois, je suis au milieu d’un projet que je dois finir. J’aimerais bien qu’ils respectent nos emplois du temps. »  

Au cours de ces trente dernières années, de nombreuses personnes sont venues me voir dans mon cabinet pour me confier ce genre de choses. Avoir des difficultés avec ses beaux-parents est chose courante et cela comprend souvent des problèmes de contrôle, d’intrusion, de dérangement, ou encore des différences de valeurs et de traditions.

Se séparer de ses parents

La Bible nous donne deux directives quant à notre relation avec nos parents une fois que nous sommes mariés. Tout d’abord, nous devons nous séparer de nos parents. « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2.24). Selon Dieu, le mariage sous-entend que l’on « quitte » ses parents et que l’on « s’attache » à son mari ou à sa femme. Par conséquent, le mariage apporte un changement d’allégeance. Avant de se marier, l’allégeance d’une personne est envers ses parents ; après le mariage, cette allégeance se tourne vers son conjoint ou sa conjointe.

Par exemple, s’il y a un conflit d’intérêts entre l’épouse d’un homme et sa mère, le mari se doit de soutenir son épouse. Cela ne signifie aucunement que la mère doit être traitée d’une façon rude, mais plutôt qu’elle n’est plus la première femme dans la vie du fils. Un couple n’atteindra pas le plein potentiel de son mariage sans cette rupture psychologique avec ses parents.

Le principe de la séparation devient crucial en particulier dans les prises de décisions. Vos parents et beaux-parents pourraient avoir des suggestions au sujet de nombreux aspects de votre vie de couple. Ces suggestions devraient être prises en considération. Cependant, vous devez prendre vos propres décisions en tant que couple. Il est important de ne pas permettre aux parents de vous manipuler à prendre une décision avec laquelle vous n’êtes pas tous les deux d’accord.

Honorer ses parents

Le deuxième principe fondamental du mariage est celui d’honorer nos parents (Exode 20.12). Ce commandement reste en vigueur après le mariage.

Le verbe honorer signifie démontrer du respect, ce qui suppose de traiter les gens avec gentillesse et dignité. Une épouse m’a dit : « Mes parents ne vivent pas des vies respectables. Comment puis-je les respecter alors que je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils font ? » Tous les parents ne vivent pas des vies honorables. Leurs actions ne sont peut-être pas dignes de respect, mais puisque Dieu leur a donné un rôle spécial dans nos vies, il est toujours juste d’honorer nos parents et nos beaux-parents.

Comment pouvons-nous faire preuve d’honneur envers nos parents dans la vie quotidienne ? En gardant les lignes de communication ouvertes — en leur rendant visite, en leur téléphonant et en leur envoyant des messages électroniques. Ce genre de communication transmet le message suivant : « Je vous aime encore et je veux que vous fassiez partie de ma vie. » Un manque de communication leur dit : « Je ne me soucie plus de vous. »

Établir un respect mutuel

En nous séparant d’eux et en les honorant, nous posons une fondation pour une relation de respect mutuel avec nos parents et nos beaux-parents. Malgré cela, il reste que ces relations ne sont pas toujours faciles. Laissez-moi vous suggérer quatre domaines où il vous faut redoubler de vigilance pour établir le respect mutuel :

Les traditions des fêtes. Noël est pour beaucoup la plus importante des fêtes. Vos parents et ceux de votre tendre moitié veulent tous vous voir le jour de Noël. À moins que vous ne viviez côte à côte, c’est probablement impossible. Il vous faut donc négocier une entente qui est juste et qui démontre du respect envers tous. Il s’agit peut-être de passer Noël chez vos parents et l’Action de grâce chez vos beaux-parents, en sous-entendant que l’ordre sera inversé l’année qui suit. Ou encore, peut-être voulez-vous établir vos propres traditions de Noël et ne rendre visite à personne. Cependant, ce deuxième choix sera probablement vu comme un signe de manque de respect, du moins jusqu’à ce que vous ayez des enfants.

Les différences religieuses. Il est rare que deux individus qui se marient aient le même arrière-plan spirituel. Il se peut qu’ils soient tous deux chrétiens, mais ils sont souvent issus de traditions doctrinales distinctes. Il se peut donc que les parents aient des croyances fortes qui diffèrent des vôtres ou de celles de votre époux/se. Il se peut que certaines de leurs croyances religieuses ne soient pas vraies selon vous — certaines peuvent même contredire les vôtres. Mais nous devons faire preuve de respect et offrir à chacun la même liberté que Dieu nous accorde. Lorsque les différences religieuses sont respectées, il règne une atmosphère positive dans laquelle il est possible de discuter ouvertement de questions religieuses. Vous pourriez alors même apprendre quelque chose l’un de l’autre.

La vie privée. Un jeune marié m’a dit : « Nous avons vraiment besoin d’aide avec ma mère et mon père. Nous ne voulons pas les blesser, mais il faut faire quelque chose. Nous ne savons jamais à quel moment ils viendront nous rendre visite, et parfois, c’est à un moment vraiment inopportun. »

« La semaine dernière, ma femme et moi étions d’accord pour coucher les enfants tôt afin d’avoir plus de temps pour faire l’amour. Les enfants se sont endormis vers 20 h, quand soudain, la sonnette a résonné et, à ma grande surprise, mes parents étaient là ! Comme vous pouvez l’imaginer, cette interruption a détruit notre rêve d’avoir une belle soirée romantique. »

J’ai dit à ce jeune marié que ses parents ne respectaient pas sa vie privée.

Il m’a répondu : « Je sais… mais nous ne savons pas quoi faire à ce sujet. »

Je lui ai alors dit : « Je vous suggère de parler à votre père en privé et de lui raconter ce qui est arrivé la semaine dernière. Si vous lui dites ce qui est arrivé, il y a de grandes chances pour qu’il l’explique à votre mère et qu’ils se mettent à vous appeler avant de venir vous rendre visite. »

J’ai revu ce couple quelques mois plus tard et la femme m’a dit ceci : « M. Chapman, merci beaucoup ! La mère de mon mari était d’abord contrariée et a complètement cessé de nous rendre visite pendant trois semaines. Puis nous avons rassuré ses parents en leur disant qu’ils étaient toujours les bienvenus, mais en leur expliquant qu’il serait préférable d’appeler au préalable pour nous demander si une visite nous convenait. Depuis ce jour, nous n’avons eu aucun problème. »

De nombreux couples laissent leur frustration envers leurs beaux-parents atteindre un tel niveau qu’ils s’en prennent à eux avec des paroles sévères et accusatrices et endommagent leur relation. Mais c’est en nous exprimant avec respect que nous sommes alors plus susceptibles d’en recevoir en retour.

Les différences d’opinion et d’idées. Les Saintes Écritures nous indiquent que nous devrions chercher le conseil des autres pour prendre de sages décisions (Proverbes 11.14 ; 19.20). Vos beaux-parents ont peut-être plus d’expérience et de sagesse que vous — du moins dans certains domaines de la vie. Alors, demandez-leur conseil. Ensuite, vous et votre époux/se pouvez prendre la décision que vous croyez être sage.

Nos idées politiques, religieuses et philosophiques diffèrent souvent de celles de nos beaux-parents, alors ne pensez pas devoir toujours être en accord avec leurs idées. Toutefois, la vie de chacun peut être enrichie quand nous partageons nos idées et réfléchissons à ce que les autres nous partagent. Il est aussi possible de respecter les idées des autres même lorsque nous ne sommes pas tout à fait d’accord avec eux : « Je comprends ce que vous dites, et d’un certain point de vue, cela fait sens. Puis-je vous dire mon point de vue à ce sujet ? » Puisque vous avez tout d’abord écouté, la personne sera plus susceptible de vous écouter à son tour. Ensuite, chacun de vous pourra évaluer ce qui a été dit. Parfois, une perspective différente peut nous aider à affiner nos propres idées et nous permettre d’avoir une approche de la vie qui a plus de sens. Le respect mutuel est donc à la base d’une relation saine avec vos beaux-parents.

 

RÉSOUDRE UN CONFLIT AVEC SES BEAUX-PARENTS

  • Demandez les choses au lieu de les exiger : « Vous serait-il possible de… » Plutôt que, « Si vous ne faites pas…, alors nous… »
  • Ne parlez que pour vous-même : « Je ressens… quand je vous entends dire ceci :… » Plutôt que : « Vous êtes injuste envers nous. »
  • Cherchez la négociation. Commencez par une proposition : « Est-ce que cela vous conviendrait ? » Si cela ne convient pas, ajoutez : « Avez-vous des suggestions ? » Soyez prêts à trouver un terrain d’entente.
  • Exprimez votre reconnaissance pour leurs idées : « J’apprécie vraiment le fait que vous partagiez vos idées avec moi. Je pense que je vous comprends mieux à présent, et ce que vous dites est très sensé. Laissez-moi vous dire mon point de vue à ce sujet. » Puisque vous les avez tout d’abord écoutés et que vous avez validé leurs idées, ils seront plus susceptibles de vous écouter.
  • Posez des questions pour préciser le sens des propos : « Est-ce bien ce que vous êtes en train de me dire ? »
  • Soyez ouverts aux changements : « Nous préférons ceci, mais si cela vous tient tellement à cœur, nous sommes prêts à changer puisque nous vous aimons. »

 

Gary Chapman est l’auteur du livre à succès Les langages de l’amour.

Cet article a été publié dans le numéro de juin-juillet 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « The Laws of In-Laws ». Tous droits réservés © 2015 par Gary D. Chapman. Utilisation autorisée.