Pardonner, oui mais comment ?

Comprendre ce que le pardon n’est pas afin de pouvoir pardonner et être libéré de l’amertume

Par Laura Petherbridge

Angela savait qu’elle devait pardonner à Leslie, mais elle ne savait pas comment. Après tout, Leslie avait trahi leur amitié en faisant part à d’autres personnes de conversations qui auraient dû rester entre elles. Cependant, elle savait que si elle ne se débarrassait pas de sa colère et n’accordait pas son pardon à Leslie, l’amertume menaçait de la ronger.

Cela fait vingt ans que j’enseigne dans des conférences où j’ai rencontré de nombreuses personnes qui ont du mal à pardonner. Elles comprennent l’importance du pardon, mais peu d’entre elles ont appris comment pardonner. Le cycle de l’amertume et de la vengeance se perpétue, souvent à cause d’une vision inexacte du pardon. Il existe de nombreuses ressources pour expliquer ce qu’est le pardon, mais bien peu pour nous montrer ce qu’il n’est pas. C’est pourtant souvent la clé.

  1. Le pardon n’est pas un sentiment

Si vous attendez d’être rempli d’un sentiment de pardon, il y a peu de chances que cela arrive. Le pardon est un acte d’obéissance à Dieu, qui provient de notre gratitude envers sa grâce. Dieu sait que la vengeance, la colère et la rage peuvent nous détruire spirituellement, émotionnellement et physiquement. Jésus a payé un trop grand prix pour que ses bien-aimés soient esclaves, en particulier de la haine. Il veut que ses enfants soient libres. On ne peut pourtant pas être libre lorsqu’on vit sous le poids de l’amertume. Lorsque les chaînes de la vengeance enserrent nos poignets, il est impossible de lever les mains pour louer Dieu.

  1. Pardonner ne signifie pas faire semblant de ne pas avoir été blessé

Se promener en affichant un faux sourire alors que l’on bouillonne à l’intérieur, ce n’est pas pardonner. Dans la Bible, nous ne voyons jamais Jésus faire semblant. Lorsqu’il était triste, il pleurait (Jean 11.35). Lorsqu’il était en colère, il renversait les tables dans le temple (Jean 2.15-16). Dans votre cas, quelqu’un a trahi votre confiance, a abîmé votre âme ou vous a pris quelque chose de précieux. Il est normal de reconnaître et de ressentir la souffrance infligée par le comportement d’une autre personne.

  1. Pardonner ne veut pas dire fermer les yeux sur le mal que l’on vous a fait

De nombreuses personnes hésitent à pardonner car elles ont l’impression que cela revient à approuver les choix de leur offenseur ou bien qu’ainsi, il va s’en sortir. Ce n’est pas le cas. Le pardon vous décharge plutôt vous de l’amertume et libère l’offenseur de sa dette envers vous.

  1. Pardonner ne signifie pas faire confiance à son offenseur

Après une trahison, l’offenseur n’a pas un droit automatique à votre confiance. Pardonner ne signifie pas laisser immédiatement la personne reprendre sa place dans votre vie ou dans votre coeur. Si celle-ci se repent et désire travailler à restaurer la relation, vous serez peut-être à même de lui faire confiance à nouveau après un certain temps. Cependant, il arrive parfois qu’on ne puisse plus à nouveau faire confiance à ceux qui nous ont blessés.

Bien qu’accorder le pardon ne doive pas dépendre de la repentance du responsable, une personne qui se repent réellement n’exige pas le pardon, ou ne se sert pas de versets bibliques pour essayer de vous culpabiliser. Il accepte humblement les conséquences de ses actions, ainsi que toute responsabilité pour les fautes commises (Psaume 51). Une des conséquences peut être le besoin de vous laisser du temps, pour voir si vous pouvez à nouveau lui faire confiance.

Il y a des gens dans mon entourage auxquels j’ai pardonné mais à qui je ne fais plus confiance car ils ont choisi de rester dans les mêmes schémas négatifs qui ont été une source de souffrance pour moi.

  1. Le pardon ne décharge pas l’offenseur de ses responsabilités

Une personne ne devrait pas être « tirée d’affaire » et libre de toute responsabilité simplement parce que vous avez choisi de lui pardonner. Par exemple, une épouse peut être pardonnée pour avoir mené sa famille à la ruine financière, mais elle devrait tout de même rester responsable de rembourser les dettes accumulées. Un ex-mari peut être pardonné pour avoir détruit son mariage par un adultère, mais il doit quand même payer une pension alimentaire à son ex-femme.

Le pardon n’efface pas la responsabilité. Mettre quelqu’un face à ses responsabilités n’est pas un manque d’amour. C’est souvent, au contraire, la meilleure chose que l’on puisse faire, car cela pourrait mener à la repentance.

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Pardonner, c’est-à-dire renoncer au ressentiment et effacer la dette de la personne qui vous a offensé ou blessé, est rarement un événement ponctuel. La douleur ne disparaît pas nécessairement une fois que vous avez pardonné. Il arrive également que ceux qui nous sont les plus proches nous blessent de manière répétée, ce qui nous oblige à pardonner de manière répétée.

Le meilleur moyen de faire un pas en avant vers le pardon est de reconnaître que vous avez besoin de pardonner. Soyez honnête avec Dieu et demandez-lui de vous révéler toutes les pensées biaisées que vous pourriez avoir concernant le pardon. Cela commence souvent par découvrir la différence entre ce qu’est le pardon, et ce qu’il n’est pas.

Laura Petherbridge est formatrice pour le programme DivorceCare, un programme de rétablissement suite à un divorce, utilisé dans plus de 12 000 églises au monde. Elle est également auteure de plusieurs livres.

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Écrit par Laura Petherbridge en anglais.