« De toute nation, tribu et langue » : La magnifique épouse multiraciale de Jésus

Par Subby Szterszky

L’histoire de l’humanité commence dans un jardin avec un homme et une femme, créés à l’image de Dieu. Elle se termine dans une grande ville peuplée de leurs descendants, tout autant porteurs de l’image de Dieu : des hommes et des femmes de toute race, culture et langue, rassemblés à jamais avec Dieu et entre eux dans une parfaite union.

Ce serait plus qu’un euphémisme de dire que les choses ne se sont pas tout à fait déroulées comme prévu entre ces deux moments. En tant qu’êtres humains déchus, notre capacité à rejeter ou à attaquer ceux qui sont différents de nous n’est plus à démontrer. Nous sommes prompts à conquérir et à réduire en esclavage. Nous marginalisons, criminalisons et traitons les autres comme inférieurs. Nous sommes indifférents à leurs larmes, aux souffrances et aux injustices auxquelles ils font face.

Et soudainement, le sentiment de vengeance prend le dessus et se répand. Nous voyons se dérouler d’horribles actes de violence à connotation raciste filmés sur des téléphones portables et nous nous inquiétons de voir l’indignation légitime de beaucoup se transformer en chaos. En tant que disciples de Jésus, nous avons le cœur brisé par la souffrance et l’injustice et nous nous demandons de quelle manière y répondre. Comment pouvons-nous amener du changement dans notre culture, dans nos églises et en nous-mêmes ? Comme pour tout le reste, nous trouvons réponses et espérance en nous tournant vers Jésus et sa Parole.

Unité et diversité

Où que l’on regarde dans la création de Dieu, on peut voir combien notre créateur aime l’unité exprimée à travers la diversité. Dieu a créé des milliards d’oiseaux, de fleurs, d’étoiles ou de flocons de neige. Pour chaque catégorie, il n’y en a pas deux qui soient pareils, et pourtant chacun reste un oiseau, une fleur ou une étoile.

Dans la tradition artistique occidentale, Adam et Ève sont généralement représentés comme un couple d’européens blancs, ce qui, étant donné leurs origines au Proche-Orient, ne peut être que pure fantaisie. Évidemment, nous ne savons pas à quoi ils ressemblaient, ni la manière dont ils s’exprimaient. Cependant, ils portaient en eux le potentiel génétique de la race humaine entière dans toute sa variété. Comme une petite graine explosant en une fleur magnifique, leurs descendants ont rempli la terre de peuples de toutes couleurs et traditions, portant chacun en eux l’image de Dieu, ainsi que la valeur et la dignité qui l’accompagnent.

Un espoir pour tous les peuples

Dieu a lancé son plan pour racheter sa création déchue à travers un homme, Abraham, et sa famille. L’un des lointains descendants d’Abraham serait Dieu le Fils, le Messie prenant forme humaine en Jésus, pour venir sauver son peuple de leurs péchés.

Dès le départ, ce plan englobait des peuples de toute race et de toute ethnicité. Ainsi que Dieu l’a promis à Abraham : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta descendance » (Genèse 22.18). Si l’on en croit l’apôtre Paul, la descendance à laquelle il est fait référence est Jésus en qui « il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ. » (Galates 3.16, 28)

Les implications de cette vérité de l’amour de Dieu pour sa création humaine incroyablement diverse sont visibles tout au long de l’Ancien Testament. Les prophètes parlent du Messie à venir comme devant apporter lumière et espérance aux nations. Les Psaumes, ainsi que d’autres livres, décrivent la joie et l’épanouissement de tous les peuples à l’ombre de la bonté et de la justice de Dieu.

D’ailleurs, la justice et la cruauté envers les étrangers, les femmes et ceux du dehors font partie des péchés que Dieu condamne avec la plus grande véhémence. Parmi les ancêtres de Jésus, Dieu a placé trois femmes étrangères : Rahab, une prostituée cananéenne ; Ruth, une pauvre veuve moabite ; et Bath-Shéba, l’épouse d’un hittite, devenue la cible sexuelle du plus grand roi d’Israël.

La reine de Saba est venue rendre visite au roi Salomon afin de tester sa sagesse à travers des questions difficiles. En termes d’aujourd’hui, ils ont tous deux discuté de théologie, de nature, d’éthique et de philosophie. Cette reine était riche et puissante et visiblement d’une grande intelligence. C’était aussi une femme noire, régnant sur un royaume qui se situerait aujourd’hui entre le Yémen, l’Érythrée et l’Éthiopie.

Dans le Cantique des Cantiques, l’épouse se décrit elle-même en disant : « Je suis noire, mais je suis charmante » et elle appelle les jeunes filles de Jérusalem à ne pas la mépriser pour la couleur de sa peau (Cantique des Cantiques 1.5-6). Qu’on lise ce livre comme une métaphore de Jésus et son église ou comme une célébration des plaisirs sensuels entre deux jeunes mariés, il est difficile de passer à côté de l’image de diversité au sein du mariage et de l’église qui y est dépeinte.

La vie et les enseignements de Jésus

Jésus a posé les bases de ce que deviendrait son église : le mouvement le plus multiculturel, multiethnique et multiracial de toute l’histoire. L’accueil et le respect dont il a fait preuve envers tous, sans tenir compte de leur race, genre ou statut socio-économique, étaient plus que radicaux aux yeux des Juifs de l’époque, tout comme des païens.

Même si le monde gréco-romain était cosmopolite, il existait une claire hiérarchie entre les privilégiés et ceux qui leur étaient considérés comme inférieurs. Les Romains faisaient une différence entre les citoyens romains et les peuples conquis. Ces derniers avaient relativement peu de droits. Les Grecs quant à eux ont inventé le terme « barbare » pour désigner tous ceux qui n’étaient pas grecs. Le mot barbaroi se voulait une imitation des langues étrangères qui pour eux ressemblaient à « bar-bar-bar ».

De leur côté, les leaders juifs avaient déformé les textes de l’Ancien Testament, y ajoutant des règles et des traditions leur permettant de justifier leur intolérance envers les non-Juifs. Ils évitaient les territoires païens, n’entraient jamais dans la maison d’un étranger et n’auraient même pas mangé avec l’un d’entre eux. Ils avaient transformé la partie du temple où les non-Juifs pouvaient venir adorer en un marché.

Jésus a renversé absolument tous ces préjugés culturels : il a passé du temps en Samarie et dans d’autres territoires païens tels que Tyr et Sidon ou la Décapole ; il a interagi et mangé avec des personnes que les leaders juifs fuyaient comme la peste. En Samarie, il a engagé la conversation avec la femme près du puits et a fait d’elle la première évangéliste auprès des Samaritains. Dans la région de Tyr et de Sidon, il a guéri la fille d’une femme syro-phénicienne, louant sa foi profonde. Dans la Décapole, il a nourri des milliers d’hommes, ainsi que des femmes et des enfants, dont une grande majorité était certainement des païens.

Dans ses enseignements, Jésus s’est appuyé sur des personnages non-Juifs de l’Ancien Testament – Naaman le Syrien, la veuve de Sarepta, les habitants de Ninive du temps de Jonas ou la reine de Saba – pour les citer comme exemples de foi et ayant reçu la faveur divine. Il a raconté une parabole dont le héros sur le plan moral était un Samaritain – un groupe ethnoreligieux particulièrement méprisé par les Juifs.

Alors que le moment de sa mort approchait, Jésus a prédit qu’à travers son sacrifice, il allait attirer à lui tous les peuples (Jean 12.32). Après sa résurrection, il a demandé à ceux qui le suivaient de faire des disciples de toutes les nations, les appelant tous à la repentance pour le pardon des péchés en son nom et les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit (Matthieu 28.19 ; Luc 24.47).

La diversité de l’Église primitive

Les premiers disciples ont pris l’appel de Jésus à cœur. Le jour de la Pentecôte, Pierre s’est adressé à un groupe de milliers de Juifs hellénistes et de prosélytes non-Juifs qui étaient venus à Jérusalem de nombreux pays, incluant ce qui serait aujourd’hui l’Iran, l’Irak, la Turquie, l’Égypte, la Libye, la Grèce et l’Italie. Les hellénistes ont répandu l’Évangile jusqu’à la Samarie et au-delà, à ce qui est aujourd’hui le Liban, l’île de Chypre et la Syrie. À Antioche, sur la frontière turco-syrienne, de nombreux païens sont également venus à Jésus. Ce sont eux les premiers à avoir été appelés chrétiens.

L’évangéliste Philippe a un jour rencontré un haut fonctionnaire de la cour de Candace, reine d’Éthiopie. Il lui a expliqué que les paroles du prophète Esaïe qu’il lisait parlaient de Jésus. Cet homme est le premier converti africain rapporté par les Écritures.

En moins de deux siècles, le christianisme s’est solidement installé en Égypte et en Éthiopie. La ville égyptienne d’Alexandrie était considérée comme l’un des plus grands centres culturel et religieux au monde. L’Afrique du Nord a également produit l’un des plus grands esprits de l’histoire de l’église en la personne de Saint Augustin d’Hippone. Berbère romanisé venant de l’Algérie actuelle, Augustin est considéré comme la figure la plus influente dans le développement de la théologie et de la pensée occidentale qui ait existé entre l’apôtre Paul et la réforme protestante.

Préoccupations actuelles

Les Écritures sont sans équivoque. Dieu a créé les êtres humains à son image avec une diversité extraordinaire. Chacun d’entre eux possède la même valeur et dignité et est aimé de son Créateur. Dieu ayant tant aimé sa création, il a envoyé son Fils afin de sauver son peuple de ses péchés : hommes et femmes de toute race, culture et langue qui le glorifieront et vivront en sa présence pour l’éternité.

Cependant, tout comme les leaders juifs à l’époque de Jésus, des individus se déclarant chrétiens, ont réussi, hier comme aujourd’hui, à déformer les Écritures pour justifier leur intolérance, se manifestant sous diverses formes : racisme, misogynie, colonialisme, esclavage, ségrégation, etc.

Cela n’a rien de surprenant. En tant qu’êtres humains déchus, nous avons un penchant pour la haine, la marginalisation et l’exploitation de nos semblables, surtout quand ils ont l’air différents. C’est la raison pour laquelle Dieu aborde si souvent ce péché dans sa Parole. L’intolérance peut se manifester de manière subtile. Peut-être n’opprimons-nous pas activement d’autres personnes, mais nous restons indifférents à leurs souffrances. Nous les gardons à bonne distance, les percevant comme des stéréotypes impersonnels plutôt que comme des individus.

L’injustice raciale, tout comme les autres formes de préjugés, peut être personnelle, mais également systémique. Les lois et les structures sociales sont mises en place de telle façon à ce qu’elles désavantagent largement certains groupes marginalisés au niveau, entre autres, du système judiciaire, de l’emploi, du logement, de la santé, du pouvoir politique et de l’éducation.

C’est la raison pour laquelle de nombreux parents africains-américains se voient obligés de parler avec leurs enfants de la manière dont ils doivent réagir et ce qu’ils doivent dire quand ils sont interpellés par la police sans raison, afin d’éviter de se faire arrêter ou de se faire tirer dessus.

En tant que disciples de Jésus, comment sommes-nous censés réagir face à ces preuves indéniables de terribles injustices raciales s’affichant sur nos écrans ? Tout d’abord, nous n’avons pas à prendre une position défensive ou méprisante. Nous ne pouvons pas plaider l’ignorance ou clamer que ce n’est pas notre faute, et donc pas notre problème.

Lorsque nous sommes confrontés à une souffrance ou à une injustice d’une telle ampleur, la dernière chose que nous voulons est de nous cacher derrière des débats concernant la théorie critique de la race, les privilèges des blancs ou les avantages et inconvénients du mouvement Black Lives Matter. Bien sûr, ces sujets méritent d’être abordés, mais il faut le faire avec grâce, équilibre et nuance et non pas par des publications rageuses sur les réseaux sociaux. Mettre ces questions au premier plan revient à « faire le pharisien », ignorant les problèmes bien plus importants que sont la justice et la miséricorde.

Notre premier devoir en tant que chrétiens est d’ouvrir notre cœur, de pleurer avec ceux qui pleurent, d’écouter leur histoire et de les croire. Comme notre Seigneur, nous devons être attristés par la souffrance de notre prochain et en colère face à l’injustice. Nous devrions tous nous examiner nous-mêmes, chercher à mieux connaitre ces sujets, nous repentir quand cela est nécessaire, même quand c’est simplement pour notre indifférence.

Par la grâce du Saint-Esprit, nous devons apprendre à grandir en compassion pour ceux qui ne font pas partie de notre tribu. Nous devons apprendre à ne pas seulement les tolérer, mais à les aimer et à les célébrer.

Dieu bâtit son royaume et prépare une magnifique épouse multiraciale pour son Fils. Il rachète aussi sa création, prodiguant ses soins et sa bonté à tous les porteurs de son image dans leurs différentes couleurs et cultures.

Jésus nous a enseigné à demander dans nos prières que le royaume de Dieu vienne et que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Les questions sociales auxquelles nous faisons face aujourd’hui sont une occasion parfaite de prendre cette prière à cœur et de la mettre en pratique.

 

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