Saisir le véritable contexte de la Nativité

Écrit par Subby Szterszky

Pour la plupart d’entre nous, particulièrement si nous n’avons jamais vécu sur une ferme, le mot « crèche » revêt une connotation qui renvoie principalement à Noël. On imagine une petite boîte en bois, rudimentaire mais douillette, ressemblant à tout sauf à un berceau, revêtue de paille fraîche et de couvertures de bébé. À l’intérieur se trouve bébé Jésus pelotonné, baigné d’une lueur dorée et partageant un sourire énigmatique à la Mona Lisa avec sa mère et son père adoptif. L’humeur joyeuse contagionne tout l’entourage – même les animaux de ferme mugissants sourient.

Pourtant, une crèche n’est tout simplement qu’une mangeoire. Sur une ferme moderne, il ne s’agirait pas du choix idéal pour un lit de nouveau-né, pas plus que ce l’aurait été en Palestine romaine, il y a 2000 ans. Les Écritures ne sont pas très explicites, mais la crèche suggère une étable, possiblement associée à l’auberge qui refusa d’accueillir Joseph et Marie. Selon les anciennes traditions, le site de la naissance de Jésus pourrait également avoir été une caverne ou une grotte située près du village de Bethléem.

Peu importe notre perception de la scène, nous l’imaginons telle que nous la voyons souvent : une crèche dans un flou artistique relié à Noël. Nous nous représentons quelque chose de rustique, mais de confortable et de presqu’invitant. Cette image dépeint notre vision globale de la Nativité. Nous reconnaissons, sans aucun doute,  que Joseph et Marie vivaient dans des conditions pauvres et modestes. Il s’agit toutefois d’une pauvreté romancée, simple et plus ou moins sans souffrance.

La réalité aurait été brutalement différente. Les auberges, même selon les normes de l’époque, n’étaient pas nécessairement des endroits agréables et confortables – ou sécuritaires. Elles n’étaient pas des versions du premier siècle de nos gîtes touristiques champêtres et pittoresques modernes. Elles s’apparentaient aux refuges urbains et aux asiles de nuit de l’époque. Les gens y restaient soit parce qu’ils n’avaient pas les moyens de s’offrir autre chose ou parce qu’ils n’avaient pas d’autre endroit où aller. L’auberge était un dernier recours et le fait de ne pas y trouver de chambre signifiait que l’on était doublement désespéré, particulièrement pour un jeune couple sur le point d’avoir un enfant.

Bien entendu, ce lugubre scénario ne représente aucunement les images agréables rattachées à Noël. Il nous permet toutefois de comprendre d’une façon plus réaliste à quel point notre Sauveur s’est rabaissé pour nous et ce qu’Il était prêt à endurer à notre égard.

Dans son commentaire de l’Évangile selon Luc, Kent Hughes dépeint une image frappante :

Si nous imaginons que Jésus est né dans une étable de foire fraîchement balayée, nous manquons l’essentiel. La situation était misérable et scandaleuse ! Marie était en sueur, elle criait et priait le ciel car elle saignait et elle souffrait. La terre était froide et dure. L’odeur de naissance mélangée avec la puanteur du fumier et de la paille âcre composaient un bouquet vil. Les mains tremblantes et maladroites du charpentier apeuré s’emparèrent du Fils de Dieu ensanglanté et glissant. Les membres de Jésus s’agitèrent en vain dans l’espace, son visage grimaça comme s’il avait le souffle coupé par le froid et ses pleurs percèrent la nuit.

La populaire chanson de Noël « L’enfant de la promesse » suggère que « De l’Amour infini, la Parole est silence, dans les bras de Marie ». Dans son ensemble, la chanson saisit le moment merveilleux de la Nativité, mais ne saisit aucunement l’authenticité et l’humanité de Jésus.

Kent Hugues, une fois de plus, nous offre un portrait beaucoup plus réaliste :

Tel un vrai bébé dans son berceau, il observait ses tout petits poings se serrer avec fascination, sans vraiment comprendre, comme tout autre bébé. Il n’a pas feint sa petite enfance. Il ne s’est pas dit : « Vous pensez tous que je suis un bébé articulé qui découvre qu’il a une main. En fait, je suis Dieu admirant ma superbe invention. Je suis votre Créateur et je comprends tout ce que vous dites ». Pas du tout. Il ne prétendait rien. Il ne s’agissait pas d’un canular postnatal, il s’agissait d’un bébé !

Il est difficile pour nous de comprendre que Jésus peut être Dieu et humain à la fois, donc nous avons tendance à nous concentrer sur un aspect au dépend de l’autre. Le fait de penser que le nourrisson Jésus n’était rien d’autre qu’un bébé signifie renier sa divinité et le fait de penser qu’il était, dans un corps de bébé n’ayant jamais prononcé un mot, complètement conscient de Sa divinité signifie renier sa véritable humanité.

Dans la Nativité, l’infini Créateur s’est abaissé à sa création finie et est devenu un être humain à part entière, avec ses limitations, ses douleurs et ses inconvénients. Si j’étais devenu une amibe, cela aurait été un pas beaucoup plus petit que celui pris par le Fils de Dieu en devenant humain, puisqu’à la base de tout, l’amibe et moi sommes des créatures finies. L’omniscient, tout-puissant et omniprésent souverain Seigneur de l’univers devint donc un bébé qui pleura et couina, qui eut besoin d’être nourri et changé, qui eut à apprendre à parler, à marcher, à penser, à lire, à écrire et à travailler le bois. Il fit tout cela sans ne jamais pécher, tout en demeurant Dieu.

Le mystère de l’Incarnation est réellement insondable. Le prêcheur du dix-neuvième siècle, Charles Spurgeon, tenta d’exprimer ce mystère avec ces mots sublimes :

Infini, et un nourrisson,

Éternel, et pourtant né d’une femme,

Tout-puissant, et pourtant accroché au sein d’une femme,

Soutenant l’univers, et pourtant ayant besoin d’être porté dans les bras de sa mère,

Roi des anges, et pourtant fils prétendu de Joseph,

Héritier de toutes choses, et pourtant fils méprisé d’un charpentier.

Le théologien J.I. Packer résume l’importance de la Nativité dans l’histoire de l’Évangile tout entier :

L’importance cruciale du berceau de Bethléem repose à sa place dans la descente qui a mené le Fils de Dieu à la croix du Calvaire et nous ne pouvons pas comprendre tant que nous ne le voyons pas dans ce contexte.

Ce Noël, comme nous célébrerons la naissance de Jésus à travers l’art et la chanson, considérons à quel point Dieu fût prêt à se sacrifier dans le but de sauver Ses disciples de leurs péchés, en devenant un bébé né dans une crèche – pour nous.


 

R. Kent Hughes, Luke: That You May Know the Truth, vol. 1, (Wheaton, IL: Crossway Books, 1998), p. 83.

Hughes, Luke, p. 85.

Charles H. Spurgeon, “His Name – Wonderful!” de Spurgeon’s Sermons, http://www.spurgeon.org/sermons/0214.htm (évalué le 12 décembre 2011).

J.I. Packer, Knowing God, (Downers Grove, IL: InterVarsity Press, 1975), p. 51.

 

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