Reconnaître les dommages causés par les relations toxiques

Jésus nous donne l’exemple quand s’investir dans les relations et quand s’éloigner

Écrit par Amy Van Veen

Lorsque Jane a rencontré Emma, elle pensait vraiment avoir rencontré une âme sœur. Elles aimaient les mêmes livres, les mêmes films, les mêmes séries. Elles s’amusaient bien ensemble, riaient beaucoup et appréciaient simplement la compagnie l’une de l’autre. Cependant, au bout d’un petit moment, Emma a commencé à exiger que Jane lui consacre de plus en plus de son temps. Jane se sentait coupable de passer du temps avec ses autres amis, alors elle restait de plus en plus avec Emma. Elle avait entendu des histoires d’horreur sur la façon dont Emma avait été traitée dans le passé par des amis, des colocataires ou des petits amis. La pauvre Emma ne pouvait faire confiance à personne, sauf à Jane. C’était un véritable privilège pour Jane. Elle avait toujours eu à cœur d’aider les autres, mais sans qu’elle ne s’en rende compte, rapidement, tout son temps, son énergie et son amour n’étaient plus dirigés que vers une seule personne.

Pourtant, après des années à investir sans compter dans la vie d’Emma, Jane a commencé à remettre en question son amitié :

Pourquoi était-elle toujours aussi épuisée ? Où étaient passés ses autres amis ? Pourquoi leurs conversations tournaient-elles systématiquement autour des problèmes d’Emma ?

Afin de pouvoir prendre du recul, Jane a alors décidé de demander un peu de temps et d’espace à Emma. Elle était sûre que son amie comprendrait. Après tout, si Emma avait dit à Jane qu’elle avait besoin d’espace pour prendre soin d’elle-même, Jane aurait proposé de prier pour elle et faisant preuve de compassion, elle lui aurait laissé l’espace dont elle avait besoin.

Mais Jane a été choquée par la réponse d’Emma.

Celle-ci l’a accusée d’être égoïste, cruelle et lui a lancé toute une litanie d’autres paroles blessantes et acerbes.

La vérité sortait enfin au grand jour.

Et la vérité a poussé Jane à dire : « Cela suffit. »

Avez-vous déjà vécu ce genre d’expérience ? Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une relation – avec un ami, un époux(se), un membre de la famille ou un collègue – où chaque interaction vous laisse épuisé ? Vous rejouez des conversations avec eux dans votre tête en vous demandant comment vous auriez pu mieux vous exprimer. Vous vous retrouvez isolé dans une relation dévorante. Une relation où vous dites toujours oui et donnez sans jamais rien recevoir en retour. Et puis un jour – pour votre propre santé mentale, spirituelle, émotionnelle et physique – vous dites « non » et la personne se retourne contre vous.

C’est ce que l’auteur et pasteur Gary Thomas décrit comme une relation avec une « personne toxique ».

Ce qui est compliqué avec les personnes toxiques, c’est qu’il n’existe pas une définition unique, et ces personnes présentent souvent des caractéristiques assez subtiles qui peuvent être difficiles à identifier. Dans son livre Relations toxiques : savoir s’éloigner, Thomas donne de nombreux exemples de ce à quoi peut ressembler une personne toxique. Elles sont souvent égoïstes et malveillants. Elles ont tendance à vous épuiser plutôt qu’à vous encourager. Elles jugent les autres et justifient toutes leurs propres décisions. La jalousie ressort souvent dans leur manière de décrire les autres, ce qui les conduit à faire preuve d’intimidation et à « casser » les autres.

Thomas propose également une description plus simple: « Elles veulent simplement que vous cessiez d’être vous-même. »

Jane a lentement commencé à voir ces caractéristiques chez Emma, mais elle ne voulait pas mettre  fin à leur amitié. Après tout, les chrétiens ne sont-ils pas censés persévérer malgré les difficultés, surtout lorsqu’il s’agit de tendre la main à une personne qui souffre ?

Mal comprendre le sens de la persévérance

Il nous est dit de courir avec persévérance la course tracée pour nous dans Hébreux 12.1. Jacques commence sa lettre en nous enjoignant de considérer cela comme une source de joie lorsque nous sommes confrontés à des épreuves. Dans Galates 6, Paul nous dit de ne pas nous lasser de faire le bien – surtout pour ceux qui partagent notre foi – car nous récolterons de bonnes choses si nous ne baissons pas les bras.

Peut-être que le verset le plus connu et le plus clair sur la persévérance est Romains 5.3-4 :

« Bien plus, nous sommes fiers même de nos détresses, sachant que la détresse produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et la victoire dans l’épreuve l’espérance. »

Endurance, persévérance, résilience – ce sont tous des traits de caractère merveilleux que Dieu désire voir en nous, mais nous devons bien choisir comment et quand persévérer. Dieu ne veut pas que nous persévérions aveuglément dans n’importe quelle situation.

Si je suis pris dans un cycle de péchés, de repentance silencieuse, puis que je retombe dans le péché, je dois arrêter d’essayer de persévérer par moi-même et demander de l’aide à ceux qui m’entourent. Je dois demander à Dieu de mettre mes péchés en lumière afin que je puisse changer de direction et trouver un nouveau chemin vers la guérison. Si je suis pris dans un mariage violent, je ne suis pas censé baisser la tête et souffrir en silence. Dieu mon Père veut que je cherche refuge.

On peut nous demander de traverser des moments difficiles de notre vie, mais il est important de le faire dans la prière, entouré d’une communauté de croyants qui peuvent nous soutenir et nous encourager.

Ce n’est pas dans les relations toxiques que votre persévérance peut produire de la victoire et cette victoire de l’espérance. Au contraire, les relations toxiques dans lesquelles on s’enfonce sont l’endroit où l’espoir s’éteint et où vous risquez de devenir une pâle image de ce que Dieu veut que vous soyez.

Suivre l’exemple de Jésus

Et si au lieu de laisser Emma la transformer en souffre-douleur, Jane invitait Dieu dans son processus de discernement ? Et si elle s’ouvrait aux paroles douces de sa mère et fixait des limites saines dans sa relation pour pouvoir dire non, rester disponible pour d’autres amitiés, sa famille, ses proches et les membres de la communauté qui pourraient tous bénéficier de son amour et de sa compassion ?

Et si elle s’autorisait à dire non ?

Et si elle avait la permission de s’éloigner d’une amitié toxique ?

Quand vous pensez à l’exemple de Jésus en matière de relations, vous pensez probablement à des occasions où il a sacrifié son propre confort pour attirer les gens à lui. Après tout, il n’était pas obligé de braver la chaleur du milieu de journée pour aller à la rencontre de la femme samaritaine rejetée près du puits, mais il l’a fait. Il n’avait pas besoin de s’inviter dans la maison d’un collecteur d’impôts, s’exposant aux critiques des personnes qui l’entouraient, mais il l’a fait. Il n’était pas forcé de permettre à la femme de mauvaise vie d’oindre ses pieds d’huile, mais il l’a fait. Il ne lui était pas demandé d’aller à la piscine de Béthesda pour passer du temps parmi les malades, mais il l’a fait.

Les situations sociales que nous trouvons inconfortables, voire dangereuses, sont celles que notre Sauveur a recherchées afin de ramener les personnes à lui.

Mais saviez-vous qu’il y avait des gens qu’il n’a pas réussi à attirer à lui ? Saviez-vous qu’il y a eu des moments  où  Jésus  a  fait le  choix de  s’éloigner ?

Interpellé par un ami à lui, Gary Thomas a relu attentivement les quatre évangiles et a trouvé « plus d’une vingtaine d’occasions où Jésus a fait le choix de s’éloigner ou de laisser quelqu’un d’autre s’éloigner ».

Dans Matthieu 8, nous lisons que Jésus a sauvé deux hommes possédés par des démons en envoyant ces derniers dans un troupeau de porcs. Il a sauvé la vie de deux hommes, accomplissant le travail auquel son Père l’avait appelé, et les habitants de la ville sont sortis pour lui demander de partir. Il n’est pas resté et n’a pas essayé de les convaincre de quoi que ce soit ; il savait qu’il avait encore du travail à faire et qu’il pouvait faire ce travail auprès de personnes qui étaient prêtes à le recevoir.

Dans Marc 5, nous le voyons se rendre chez Jaïrus, un chef de synagogue qui vient de perdre sa fille. Quand il dit à la foule qu’elle n’est pas morte, mais seulement endormie, les gens se moquent de lui. Que fait-il ? « Il les fit tous sortir » (Marc 5.40) afin de pouvoir faire son travail de résurrection et de vie.

Dans ses derniers jours sur terre, Jésus nous montre l’exemple en fixant une limite dans la relation lorsqu’il n’est pas physiquement possible de s’éloigner. Dans Matthieu 27.13-14, nous lisons : « Alors Pilate lui dit : “N’entends-tu pas tous ces témoignages qu’ils portent contre toi ?” Mais Jésus ne répondit sur aucun point, ce qui étonna beaucoup le gouverneur. » Comme l’explique Thomas, « quand une personne toxique vous attaque, vous n’êtes pas obligé de participer. »

Nous devrions suivre l’exemple de Jésus dans tout ce qu’il a fait. Il nous montre comment réagir dans des relations, aussi bien saines que toxiques, et parfois cela signifie fixer des limites pour se protéger et prendre soin de soi.

Pourquoi prendre soin de soi n’est pas égoïste

Peut-être avez-vous essayé de vous protéger de relations difficiles. Peut-être avez-vous fixé des limites et, comme Jane, vous êtes-vous retrouvé attaqué, critiqué et métaphoriquement traîné dans la boue ? Vous avez tendance à vous sentir immédiatement égoïste. Vous avez l’impression de faire passer votre bien-être avant les autres alors que Dieu semble nous appeler à faire l’inverse.

Mais Dieu ne nous demande pas de nous vider de tout ce qu’il nous a donné pour une autre personne. Dieu nous demande de le mettre en premier, non pas un ami, un époux(se), un membre de la famille ou un voisin. Il nous demande de le mettre en premier et de chercher ses instructions tandis que nous travaillons de notre mieux à l’avancée de son royaume. Nous ne pouvons pas étendre son royaume quand nous laissons quelqu’un de notre entourage exiger toute notre attention. Nous ne pouvons pas partager l’évangile quand nous nous épuisons à essayer de réparer quelqu’un qui ne veut pas être réparé. Nous ne pouvons pas faire partie de la grande communauté des croyants, travaillant ensemble à nous encourager, nous bénir et nous soutenir les uns les autres alors que nous ne faisons qu’encourager, bénir et soutenir une personne qui ne nous rend jamais la pareille.

Comme l’explique Thomas, la mission à laquelle Dieu vous a appelé est trop importante pour que vous vous laissiez distraire par des personnes toxiques.

Si vous craignez d’être dans une relation toxique – avec un ami, un collègue, un membre de la famille ou même un époux(se) – tournez-vous vers des personnes de votre entourage que vous savez fiables. Entourez-vous d’une grande nuée de témoins et cherchez refuge auprès d’un Dieu qui veut du bien à ses enfants.

 

Amy Van Veen est éditrice en chef pour Focus on the Family Canada.

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