Marquer une pause pour élever ses enfants

Écrit par Shannon Popkin

Elle sort de son bureau, portant une boîte remplie de photos encadrées et de tasses de café ainsi qu’une dernière paie et un bon d’achat pour articles de nouveau-nés coincés sous le bras. Une fois arrivée dans sa voiture, elle glisse la boîte sur la banquette arrière à côté du siège pour bébé flambant neuf…

Bien que cette scène soit de plus en plus fréquente en Amérique du Nord, tout le monde ne chante pas les louanges des femmes qui arrêtent de travailler pour élever leurs enfants. La philosophe et auteur Linda Hirshman a déclaré : « Les femmes qui quittent leur travail pour rester chez elles avec leurs enfants commettent une erreur… Entretenir sa maison et élever ses enfants ne sont pas des tâches dignes d’occuper à plein temps des êtres humains instruits et intelligents, ni de monopoliser leurs talents ! »

En général, les échelles de la réussite professionnelle n’ont pas de barreaux nommés « Marquez une pause. Devenez mère au foyer. » Passer ma matinée à caresser le dos de mon nouveau-né, à tirer sur un éléphant mauve à roulettes et à plier des jeans miniatures ne rentabilise guère les années et les frais consacrés à mon instruction et à ma formation. Mais Linda se trompe du tout au tout. Quelle occupation pourrait me combler davantage que celle de veiller sur mes enfants ?

Une progression opposée

Je me souviens du moment particulièrement gratifiant de ma carrière lorsque mon patron m’a déclaré : « Shannon, nos clients vous réclament davantage que n’importe quel membre de l’équipe ! » Bien que j’aie modestement gardé pour moi ce compliment, je dois avouer que je l’ai ressassé souvent. C’était si bon de me sentir remarquée et estimée pour mon bon travail !

Mais dix ans plus tard, même si je pouvais retrouver mon ancien patron, je suis certaine qu’il ne se souviendrait plus de ce commentaire élogieux. Et tous mes « clients » se rappelleraient plus probablement leur liste de Noël d’il y a dix ans que de mes services. Ce compliment n’est plus valable depuis longtemps, et tout le plaisir que j’en ai retiré n’est plus qu’un lointain souvenir.

Quand on est parent, c’est l’inverse qui se produit. Récemment, j’ai retrouvé une photo sur laquelle je tenais mon fils nouveau-né dans mes bras. Il dormait paisiblement, les bras serrés contre moi et la tête blottie dans mon cou. J’ai passé quelques minutes à détailler chaque trait de son visage et ses petits poings potelés. Le temps qui s’est écoulé depuis que cette photo a été prise souligne la tendre signification de ce moment.

Récompenses relationnelles

Suggérer que je gâche mon temps et mes talents en m’occupant de mes enfants n’est vrai que si j’ai pour objectif mon avancement personnel. Si je cherchais à être influente et reconnue, le monde des affaires serait mon lieu de prédilection, mais où mes efforts aboutiraient-ils ? À la fin de ma vie, est-ce que je m’apercevrais que mes années les plus productives se résument à une plaque gravée qui ternit dans un grenier ? Et si le fait de marquer une pause dans mon avancement personnel était plus important ?

Récemment, une amie a demandé à mon bambin de trois ans de lui faire un câlin. Il s’est blotti contre elle en souriant, puis, soudain, il a reculé en fronçant les sourcils.

Elle lui a demandé : « Que se passe-t-il, mon chéri ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »

Il a répondu d’un air renfrogné : « J’aime ma maman », comme pour dissiper toute question concernant sa loyauté. Je sais qu’on ne peut pas mesurer le bonheur, mais aucune satisfaction professionnelle ne pourra jamais égaler la joie que m’a procurée mon petit garçon aux cheveux bouclés.

Bien voir ce qu’est l’ambition

Je ne connais pas Linda Hirshman, mais je parie que si nous prenions un café ensemble, elle me conseillerait d’aspirer à la gloire d’une belle carrière. Si certaines femmes sont obligées de travailler pour pourvoir aux besoins de leur famille, les espérances de Linda en ce qui me concerne sont limitées à un titre derrière mon nom et à un compte en banque personnel bien garni en prime. Mais même si ces récompenses sont appréciables, elles ne peuvent pas se comparer avec le fou rire ravi de ma fille lorsqu’elle me fait une farce, ni avec l’expression concentrée de mon fils quand il murmure : « Maman, je veux te confier un secret. »

Et mon aspiration ne se borne pas à cette vie. Je veux influer sur l’au-delà. Jésus, qui évaluera un jour toute mon existence, a dit que pour être exceptionnels, nous devions devenir les serviteurs de tous. Je sais que les couches à l’odeur nauséabonde, les flaques de vomi et les mentons couverts de bave ne sont pas très engageants, mais Jésus a promis que si j’imite sa vie en lui consacrant la mienne, ma récompense ne se limitera pas à une fête de départ en retraite. S’il me dit : « C’est bien, bonne et fidèle servante », l’exaltation et la satisfaction absolue que j’éprouverai à ce moment-là feront paraître dérisoires tous les honneurs professionnels de ce monde.

Shannon Popkin a aimé les 10 dernières années « à la poursuite de plus » à la maison, à s’occuper de ses trois enfants.

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