Les arts et médias chrétiens
Écrit par Subby Szterszky
Lorsque j’étais dans la jeune vingtaine, sur le point de devenir chrétien, je me suis retrouvé devant un dilemme. J’avais toujours apprécié les arts et les médias (que j’apprécie encore aujourd’hui) et j’étais un consommateur avide de musique, de films, de télévision et de livres. À la suite de mon premier contact avec la culture et les idées chrétiennes, j’en suis rapidement venu à penser qu’une grande partie de l’art chrétien contemporain était très peu inspiré si on le comparait avec ce que le monde autour produisait.
D’instinct, je compris que cela ne devrait pas être le cas et je fis part de mon incompréhension à un ami qui poursuivait lui-même une quête spirituelle. Il souligna qu’au cœur du grand art se trouve le conflit : un problème à résoudre, un obstacle à surmonter, une quête à satisfaire. Quand les gens deviennent chrétiens, a-t-il suggéré, tout cela s’évapore. Ils trouvent des réponses à leurs questions, leur recherche aboutit — fin de l’histoire.
Même à cette époque, bien que je ne fusse pas encore chrétien, je trouvai son explication très peu satisfaisante, et je soupçonnai qu’il en était de même pour lui. Je crois qu’il s’agissait plutôt d’une observation stoïquement résignée que d’une réponse réconfortante. Celle-ci trahissait un manque de vision quant à la beauté et à la gloire de Dieu, quant à la riche diversité des bonnes choses que Dieu nous a offertes et quant aux merveilles et à l’aventure de la vie avec le Christ, dans tous ses hauts et ses bas.
Au cours des années qui suivirent, pourtant, je fus hanté par cette question de qualité, ou de manque de qualité, dans l’art chrétien. Après m’être converti à la foi chrétienne, je tombai sur les écrits de Francis Schaeffer et d’autres auteurs qui présentaient des perspectives plus complètes et plus utiles que ce que mon jeune ami avait à m’offrir. À ce moment, je pris conscience de l’ampleur de ce que l’on appelle les « batailles culturelles » et de leur kaléidoscope d’opinions. Il me semblait qu’il existait autant d’opinions sur ce qui était ou n’était pas mauvais dans l’art chrétien qu’il y avait de chrétiens.
Récemment, je suis tombé sur un blogue qui m’a fait penser que ce que mon ami affirmait plusieurs années auparavant n’était pas complètement faux. Le titre du blogue était quelque peu provocateur, donc je ne le répéterai pas, mais pour les curieux qui désirent en savoir plus, visitez le blogue et voyez par vous-mêmes. En résumé, le blogueur présente un plaidoyer bref et convaincant stipulant que l’essence de l’art est l’histoire et que l’essence de l’histoire est le mal.
Pourtant, il argumente que cet élément de base est précisément ce « que des millions de chrétiens veulent éviter dans les films, la télévision, les livres et les autres médias… Les histoires marquantes ne sont pas sans danger — pas même les meilleures histoires pour enfants. Elles sont remplies de conflits, d’épreuves et voire d’horreurs. Elles n’échappent pas à la vraie vie (et curieusement, il s’agit d’un point en commun qu’ont ces histoires avec une grande partie de l’Ancien Testament). »
Bien entendu, il faut être prudent. Il n’est que trop facile d’adhérer complètement à ces pensées et d’embrasser sans critiquer tout et n’importe quoi de ce que la culture qui nous entoure a à offrir. Après tout, les Saintes Écritures nous enseignent qu’il faut être intelligent et qu’il faut avoir du discernement. Elles nous instruisent à nourrir notre esprit et notre imagination de choses belles et biens que Dieu respecte.
En même temps, est-il possible qu’en cherchant à nous isoler dans un art qui présente une perception de la vie aseptisée et sans obstacle, nous désobéissions en fait aux injonctions des Saintes Écritures ? Se pourrait-il qu’en réalité nous déshonorions Dieu en refusant de pratiquer un discernement mature et en nous abstenant de nous engager pleinement dans son monde réel ? Engourdissons-nous notre témoignage en étant culturellement hors de propos ? Est-ce que nous sapons le sens esthétique que Dieu nous a donné en insistant sur la barbe à papa alors qu’il offre un riche festin aux saveurs variées — amères, sûres et sucrées ?
La Bible elle-même, particulièrement l’Ancien Testament, est remplie d’histoires de conflits et d’épreuves, comme le mentionne le blogueur. De plus, le simple argument qui veut que ce soit différent parce qu’il s’agit de la Bible n’est pas cohérent. En fait, Dieu a révélé son plan de salut comme étant un grand récit (de la création, de la chute, de la [très coûteuse] rédemption et de la consommation). Le mal ultime est suivi du triomphe ultime : la plus grande des histoires jamais racontées.
Les débats concernant les arts et les médias chrétiens ou autres vont forcément se poursuivre jusqu’au retour du Seigneur. Même cette perspective qui veut que le mal soit intrinsèque à l’histoire qui elle, est intrinsèque à l’art, mérite d’être entendue lorsque nous, chrétiens, réfléchissons sur le sujet de l’esthétique. Au moins, cela nous pousse à nous écarter des réponses simples et à développer, par la grâce de Dieu, notre appréciation de la culture, la nôtre et celle qui nous entoure ainsi que notre implication dans celle-ci.
Subby Szterszky est l’éditeur en chef de Focus Insights.
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