La méditation: apprendre à ralentir et écouter

Ecrit par Dominique Ourlin

Cet article est le premier article d’une série du même auteur. À chaque numéro du magazine, l’auteur proposera une autre approche de « méditation personnelle » ou « lecture biblique » pour aider les lecteurs à rencontrer Dieu par sa Parole.

« Ne pas avoir le temps de méditer, c’est n’avoir pas le temps de regarder son chemin, tout occupé à sa marche », disait un certain Antonin Sertillanges. La plupart d’entre nous sont très occupés. La méditation, au sens biblique, est une pratique à la portée de tous pour nous apprendre à ralentir, respirer, écouter et mieux vivre au rythme de Dieu. Un rythme certainement meilleur (et plus humain !) que le nôtre.

Méditer, c’est quoi, au juste ?

« Heureux l’homme qui… trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et qui la médite jour et nuit !
Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau,
qui donne son fruit en sa saison,
et dont le feuillage ne se flétrit point :
Tout ce qu’il fait lui réussit. »
Psaume 1.1-3

Méditer, c’est recentrer notre attention sur l’essentiel — Dieu lui-même, sa personne, son caractère, son œuvre, sa volonté, ses commandements, son Fils. Nous confondons souvent l’écoute d’un message biblique, ou la lecture d’un bon livre, d’un recueil de méditations quotidiennes ou même de la Bible, avec la méditation proprement dite. En fait, nous recevons souvent ces lectures comme des repas micro-ondes. Disons que c’est mieux que rien, mais rien ne vaut un bon plat cuisiné.

La méditation, au sens chrétien du terme, est à des années-lumière de la méditation transcendantale que prône le Nouvel Âge. La méditation biblique ne nous invite pas à faire le vide, mais le plein, en recentrant nos pensées sur la personne de Dieu, sa Parole révélée, l’œuvre, la personne et l’enseignement de son Fils Jésus-Christ. Elle nous centre sur Dieu et non sur nous-mêmes ; sur le Créateur et non sur la créature. Elle ne nous amène pas à puiser au fond de nous-mêmes les ressources qui nous font défaut, mais plutôt en Christ et en sa Parole, seule source de certitudes.

Méditer, très littéralement, signifie en hébreu murmurer ou marmonner. Répéter des choses que l’on veut mémoriser et emmagasiner. C’est aussi communier avec, converser intimement, réfléchir, contempler, se nourrir d’une parole ou d’une vérité. On pourrait dire aussi ruminer, pour prendre l’image peu élégante, mais très évocatrice, de la vache qui régurgite sa nourriture pour mieux la mastiquer et en retirer le maximum de profit. « Mâcher ou ruminer la parole. » Tourner et retourner quelque chose dans son esprit. Nous n’avons pas besoin d’apprendre à méditer (ruminer) sur les événements négatifs de nos vies ou le mal qu’on nous a fait. Nous le faisons déjà trop bien ! Mais apprendre à méditer pour se nourrir des promesses de Dieu, de son caractère et de sa volonté pour notre vie requiert une discipline quotidienne.

Méditer, c’est se plonger dans le texte biblique en l’écoutant, en y étant présent, en y répondant ensuite.

« L’esprit est comme l’estomac.
L’important n’est pas tant la quantité d’aliments qu’il absorbe, mais celle qu’il digère. »
Albert Jay Nock

La méditation chrétienne n’est pas un « truc », une technique ou une méthode quelconque. Elle est surtout une attitude, une écoute, une approche, une « mise en disponibilité ». Elle ne consiste pas à s’attendre à de nouvelles révélations, comme si celles que Dieu nous a accordées en Jésus-Christ ne nous suffisaient pas. Elle ouvre plutôt la voie à la découverte des vérités déjà révélées, mais si souvent négligées, voire ignorées, dans l’Écriture. Méditer, c’est prendre la route panoramique plutôt que l’autoroute. C’est ne rien vouloir manquer du paysage.

Méditer… Par où commencer ?

• Prendre quelques minutes pour se re-poser, se re-positionner, faire non pas le vide, mais le calme ; ralentir notre manège mental ; se mettre en mode « écoute » plutôt que « parole ». Accueillir la présence de Dieu qui est déjà là. « Il est bon d’attendre en silence (en repos) le secours de l’Éternel » (Lamentations 3.26).

• Choisir un texte à méditer — ni trop long ni trop obscur. Ce texte peut être choisi en fonction du besoin du moment, mais il peut être aussi glané au fil de ma lecture suivie de la Bible.

• Lire tranquillement le texte en ne s’attardant pas sur les détails, mais juste pour se familiariser avec son contenu. Le relire plusieurs fois lentement en s’attardant là où le texte le demande : tel mot, telle phrase, telle image.

• Ne pas se décourager si mes pensées vagabondent bien loin du moment présent. Les ramener calmement au Seigneur, peut-être même en « convertissant » ces pensées en sujets de prière !

• Lire pour comprendre — mais aussi pour entendre — en considérant le texte à la lumière de son contexte et de celui plus large de l’ensemble des Écritures.

• Noter un mot, une phrase ou un verset qui résume l’essentiel du texte médité. Certains utilisent des notes style Post-it qu’ils placent à des endroits pratiques (bureau, agenda, frigo, auto…) comme « pense-bête » afin de revenir plusieurs fois dans la journée au texte médité.

« Si la lecture de la Parole nous laisse froids,
c’est souvent parce que nous n’avons pas su nous réchauffer au feu de la méditation. »

Thomas Watson

Oser la méditation en famille ?

Pas facile… mais pourquoi pas essayer ? Voici en tout cas une idée d’exercice :
1. Choisissez un texte accessible pour tous (par exemple Jean 13.1-7 ; 14.1-4 ou 15.1-5)
2. Lisez le texte choisi lentement ensemble, en posant la question à tous avant de le lire : « Dans ce texte, qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’est-ce qui nous concerne le plus personnellement, ou en famille ? »
3. Prenez le risque d’attendre quelques instants pour laisser à chacun le temps et l’occasion de penser au texte et de répondre à la question.
4. Demandez ensuite à l’un ou l’autre de prier en rapport avec ce qui a été souligné, mais sans mettre de pression. (Attention : Ne faites pas ça quand tout le monde est en train d’avaler son déjeuner et en retard pour prendre son bus !)

À la naissance de Jésus, il nous est dit : « Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur [y repensait souvent, les méditait, y réfléchissait profondément] » (Luc 2.19)

« Tout comme on n’analyse pas les paroles de quelqu’un que l’on aime, mais on les accepte telles qu’elles nous sont dites, acceptons la Parole de l’Écriture et méditons-la dans notre cœur comme le fit Marie. C’est tout. C’est cela, la méditation. »
Dietrich Bonhoeffer
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 Dominique Ourlin est pasteur au Québec depuis plus de 15 ans, avec son épouse Candy. Il est aussi auteur de deux livres, disponibles sur painsurleseaux.com

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