À la rencontre de Jean-Paul Beran

Écrit par Amy Van Veen et Todd Foley

Le président de Focus on the Family Canada nous raconte comment son passé difficile lui a donné l’envie d’aider les familles à trouver l’espoir en Jésus-Christ

Chez Focus on the Family Canada, nous avons à cœur d’aider les familles à s’épanouir, car nous savons bien que beaucoup de personnes portent des fardeaux depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Notre famille d’origine impacte énormément la façon dont nous construisons des relations avec les autres, participons à la société et comprenons qui est Dieu. Cependant, lorsque notre famille d’origine n’était pas un milieu sécurisant, il nous manque la base d’une fondation solide, et cela devient un combat pour interrompre les schémas dysfonctionnels dans notre propre famille.

Jean-Paul Beran, le président de Focus on the Family Canada, connaît bien cette difficulté.

« C’est parce que j’ai grandi dans une famille brisée que la famille est si importante pour moi et que j’ai tant à cœur mon engagement à Focus on the Family Canada », explique-t-il. « C’est la raison pour laquelle je suis honoré de travailler ici à Focus – afin d’aider les personnes qui éprouvent des difficultés dans leur mariage et leurs relations familiales. »

En tant qu’enfants, on ne se demande pas si notre famille est stable ou instable, un milieu sécurisant ou peu sécuritaire. Nous supposons que la famille dans laquelle nous grandissons est normale. C’est seulement à l’âge adulte que beaucoup d’entre nous font le tri dans les schémas appris durant l’enfance. Pour Jean-Paul, ce n’est qu’à la naissance de sa première fille qu’il a réalisé combien son passé non résolu déterminait la personne qu’il était en train de devenir.

Grandir dans une famille brisée

« Mon père était un homme d’affaires prospère », se souvient Jean-Paul, « mais il nous a fait subir beaucoup d’abus, physiques et émotionnels ; à moi en particulier, et aussi à ma mère. »

En plus des abus, l’alcoolisme et l’infidélité continue de son père ont entraîné la séparation de ses parents. Sa mère a attendu le retour de son mari pendant cinq années, mais sans qu’il n’y ait aucun changement dans son comportement. Après avoir rencontré un homme merveilleux, elle a divorcé et s’est remariée – un mariage qui dure depuis plus de 30 ans. Comme le divorce était très mal vu à l’école pour laquelle elle travaillait à l’époque, elle a été licenciée et privée de sa pension.

« À partir de ce moment-là, elle a tourné le dos au Seigneur », explique Jean-Paul. À l’époque, ce dernier a lui aussi suivi son exemple. Heureusement, une fois jeune adulte, Dieu a ouvert ses yeux à la vérité, à la grâce et à la beauté d’une relation personnelle et intime avec Jésus.

Se sachant désormais sauvé par le sang de Jésus, c’est un nouveau chapitre de sa vie qui a alors débuté pour lui. Et même si faire le tri dans les blessures de son passé ne s’est pas fait du jour au lendemain, Jean-Paul était désormais en chemin pour découvrir qui Dieu l’avait destiné à être.

Faire le tri dans son passé

« Mon père était un homme alcoolique et violent. En plus de ses problèmes de dépendance, il n’était pas capable de rester avec une seule femme », explique Jean-Paul. « En grandissant, ma relation avec lui était comme celle de n’importe quel enfant : je pensais que mon père était le meilleur. Je pensais que c’était normal. Papa a des copines, papa boit, papa te frappe, papa te crie dessus. C’était normal parce que je ne connaissais rien d’autre. »

En conséquence, la première année de son mariage avec sa femme, Susan, a été très difficile. Ils étaient tous les deux chrétiens, mais avaient commencé leur mariage avec deux visions radicalement différentes du mariage et de la famille. « On se disputait tous les jours, on se criait dessus… C’était vraiment horrible », explique-t-il. « Mais encore une fois, étant donné mon passé, je continuais de me dire que c’était normal. »

Puisqu’ils étaient tous les deux engagés envers le Seigneur, ils savaient qu’ils avaient besoin d’aide et ils ont trouvé un conseiller chrétien pour les aider à surmonter leurs difficultés. Par la grâce de Dieu, ils se réjouissent de célébrer cette année leurs 25 ans de mariage.

Alors qu’il était jeune chrétien et faisait encore le tri dans ce qu’il pensait être normal ou ce qui ne l’est pas, la carrière de Jean-Paul ressemblait à celle de son père : elle consistait à passer du temps avec ses clients et à boire beaucoup. Ce n’est que lorsque sa femme lui a annoncé qu’elle était enceinte de leur premier enfant qu’il a été obligé de se demander quel exemple il suivait et pourquoi.

« Quand ma femme m’a appris qu’elle était enceinte, j’ai eu un tête-à-tête avec Jésus », se souvient-il. « J’ai eu peur et j’ai pensé : maintenant que je vais devenir papa, est-ce que je veux être comme mon père ? Ou est-ce que je veux être un père comme mon Père céleste ? Quel modèle vais-je choisir ? C’était un choix difficile. Cependant, j’ai choisi de ressembler davantage à mon Père céleste pour le bien de ma famille, plutôt que de suivre le modèle de mon père terrestre. J’ai complètement arrêté de boire il y a plus de 15 ans lorsque ma fille est née, et j’ai recentré ma carrière en arrêtant de proposer de l’alcool à mes clients. Et pour être honnête, au début j’avais peur que ma carrière tourne mal. »

En fait, c’est tout le contraire qui s’est produit.

Lorsqu’il a fait le choix intentionnel de suivre les traces de son Père céleste, sa carrière a décollé, sa relation avec sa femme s’est renforcée, ses amitiés se sont approfondies et il a pu être le père dont ses­ filles avaient besoin.

« Au cours de ce processus », se souvient-il, « j’ai réalisé que le modèle de père que j’avais, et que je pensais être normal, était en fait dysfonctionnel. J’avais besoin de comprendre que mon modèle était le Père céleste tel que la Bible le décrit. C’est à lui que je devais chercher à ressembler. C’était la seule manière de construire dans ma propre vie de famille une fondation solide centrée sur le Christ. »

Être le père que Dieu l’a appelé à être

Enfant, la carrière de son père passait avant sa relation avec Jean-Paul. Quand ses filles étaient petites, Jean-Paul a senti que Dieu lui proposait un chemin différent – une opportunité de briser ce cycle destructeur qui se répète si facilement dans les familles. Il a donc vendu ses parts dans son entreprise et il est devenu père au foyer.

« Mes enfants ont pu me voir comme le père qui fait la cuisine, le ménage et les conduit à leurs rendez-vous. Le père vers qui elles peuvent venir quand elles ont des problèmes et l’épaule sur laquelle elles peuvent pleurer », se souvient-il. « Avoir pu construire cette fondation avec elles alors qu’elles étaient encore petites, c’est inestimable. »

Maintenant que ses filles sont adolescentes, leur relation est différente de celle au moment où elles étaient enfants, mais les éléments les plus importants sont là : la confiance, le lien et la sécurité. Ses filles grandissent dans l’environnement familial dont Jean-Paul avait besoin lorsqu’il était enfant – un environnement où la famille est la priorité, où elles savent qu’elles sont aimées et où elles peuvent partager honnêtement ce qu’elles ont sur le cœur, sans crainte de jugement ou de condamnation.

« Le travail que fait Focus pour venir en aide aux couples et aux familles en difficulté est crucial pour moi », explique-t-il. « Chacun peut trouver ici des ressources, quelle que soit sa situation. C’est tellement précieux pour ces personnes de pouvoir dire : « J’ai besoin d’aide » et que nous puissions leur répondre : « Nous sommes là pour vous ». Étant passé par là, je sais combien il est important pour ces personnes d’avoir le courage de demander de l’aide, et pour nous d’être capables de les aider – non seulement à travers la prière, mais aussi à travers des conseils pratiques. »

Vivre une vie centrée sur le Christ

Au moment de cet entretien, le père de Jean-Paul était en soins de fin de vie. Depuis le début de cette année, Jean-Paul avait aménagé son emploi du temps a­ n de pouvoir passer du temps auprès de lui dans l’établissement de santé où il se trouvait, ce qui a également permis à sa belle-mère de faire une pause bien méritée. « J’ai passé plus de temps avec lui au cours de cette dernière année que durant toute ma vie d’adulte », explique-t-il. « Cela m’a permis de guérir, et de dire à mon père que je l’aime. »

Quand sa belle-mère lui a demandé pourquoi il a fait cela, il lui a répondu : « Pourquoi ne le ferais-je pas ? Grâce au modèle que m’offre mon Père céleste, je peux désormais être le ­fils de mon père terrestre, sans colère ni ressentiment. » Suivant cet exemple de grâce, d’amour et de pardon de Jésus, les enfants de Jean-Paul ont eu eux aussi un lien solide avec leur grand-père paternel et leur belle-grand-mère qu’ils appellent Babi (« grand-mère » en tchèque).

Alors qu’il a entamé ce nouveau chapitre avec Focus on the Family Canada, Jean-Paul sent que Jésus lui apprend à être humble, à être à l’écoute et à être un leader au service des autres. Il est continuellement encouragé par les paroles du Psaume 72.23-24 : « Pourtant je suis toujours avec toi. Tu m’as saisi la main droite, tu me conduis selon ton plan et tu me recevras avec les honneurs. »

 

Qu’est-ce qu’on fait chez les Beran pour s’amuser ?

Nous vivons à Vancouver, en Colombie-Britannique, donc en hiver, nous essayons de pro­fiter des pentes de ski locales, de jouer dans la neige et de boire du chocolat chaud aussi souvent que possible. On est une famille sportive et j’entraîne l’équipe de soccer de mes filles. En été, nous faisons des sorties sur l’eau, nous allons en randonnées ou en camping. Nous avons un chien qui s’appelle Luna, alors nous faisons aussi beaucoup de promenades en forêt, à la plage et dans notre quartier.

Pourquoi les dîners en famille sont-ils si importants pour vous ?

Dès le début de notre mariage, ma femme Susan et moi avons décidé de dîner tous les soirs en famille parce que nous savons combien ce temps ensemble est important. Certains soirs, la table est remplie de rires, d’histoires et d’excellentes conversations. Et puis d’autres jours, nous sommes fatigués et c’est tranquille à la table – mais s’asseoir en silence, c’est bien aussi, peu à peu la conversation s’installe.

Qu’est-ce que les gens seraient surpris d’apprendre à votre sujet ?

Mes deux parents ont immigré au Canada – mon père vient de République tchèque et ma mère est une Vénézuélienne autochtone. Même si j’ai l’air caucasien, avec des yeux bleus et des cheveux roux, je suis très fier de mes racines latines. Je parle aussi couramment l’anglais, le français et un peu l’espagnol.

Un mot d’encouragement pour nos lecteurs ?

Ne perdez pas espoir, ne renoncez pas à faire confiance au Seigneur. Jésus vous aime pour qui vous êtes, quelles que soient vos faiblesses et vos blessures, quelle que soit la honte que vous pourriez ressentir. Dieu vous aime, point. Cela vient directement de mon cœur. Nous avons tous en nous quelque chose de brisé, mais Dieu est avec nous à tout moment, autant lors des périodes les plus sombres et les plus difficiles que durant les meilleurs moments.

 

Besoin d’aide ? Du lundi au vendredi, notre équipe se rassemble pour prier pour les besoins des familles un peu partout dans le pays. Vous pouvez envoyer un courriel avec vos requêtes de prière à [email protected]. Nous serons heureux de prier pour vous. Nous vous offrons également du soutien à travers notre site internet, FocusFamille.ca. Vous y trouverez des articles sur le thème du mariage, de la parentalité, de la foi et de la culture, ainsi que sur les défis et les difficultés auxquels la vie nous confronte parfois.

 

 

Amy Van Veen est éditrice en chef et Todd Foley est rédacteur indépendant pour Focus on the Family Canada.

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