Pourquoi lire des romans ?

Ecrit par Andrew Hess

La semaine dernière, j’ai partagé sur un site internet chrétien une liste de romans à lire. Ce fut intéressant de lire les commentaires et de constater l’étendue de nos goûts en matière de lecture. Cela m’a même permis de rajouter plusieurs titres à ma liste. Une personne a dit en commentaire qu’elle doutait que les gens lisent encore des romans, ce qui a provoqué de nombreuses réactions de tous ceux qui aiment s’adonner à ce loisir. La réponse que j’ai préférée est celle d’une lectrice qui a admis en rigolant que oui, elle « massacrait ses neurones en lisant des romans. »

Bien sûr, elle plaisantait, mais je pense que beaucoup d’entre nous, en tant que chrétiens, placent les livres de fiction dans la catégorie des « plaisirs coupables ». Nous pensons que puisque cela ne nous apprend rien, les romans ne peuvent pas être plus qu’une agréable perte de temps. Selon moi, cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité. Et je crois que lire des romans, c’est bon pour vous et pour vos neurones.

L’une des choses les plus intéressantes que nous puissions faire en tant que chrétiens, c’est de cultiver notre imagination. Trop souvent, nous plaçons notre imagination sur le même plan que le talent artistique ou sportif : certains en ont et d’autres pas. Pourtant, je suis persuadé que l’imagination peut et doit être cultivée. L’une des capacités les plus étonnantes de notre esprit est de pouvoir nous emmener dans les lieux que nous n’avons jamais visités, et nous faire rencontrer des gens que nous n’avons jamais vus. L’imagination a le pouvoir de transformer un samedi pluvieux en une merveilleuse journée d’aventure, ce qui est souvent le cas pour moi.

Je crois vraiment que l’une des plus belles caractéristiques de l’être humain, c’est la capacité que Dieu lui a donnée de créer. Dieu est notre Créateur et il nous a transmis cette aptitude à créer. Tous les peuples et toutes les cultures célèbrent leurs grands créateurs, qu’ils soient musiciens, peintres ou écrivains. Nous admirons les Michel-Ange, les Beethoven et les Tolkien de l’histoire parce qu’ils ont créé des œuvres magnifiques. Ils se sont saisis de la capacité que Dieu leur a donnée de créer et ont conçu quelque chose de plus beau que tout ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Dans le même registre, Jonathan Edwards écrivait :

« Puisque Dieu est l’Être le plus parfait, il a le droit d’être également le plus infiniment beau et excellent : et toute la beauté qui parsème la création n’est rien d’autre que le reflet de la lumière diffuse de cet Être d’une infinie plénitude de gloire et de clarté : Dieu […] est le fondement et la source de tout être et de toute beauté. »

L’une des raisons pour lesquelles nous pouvons apprécier un bon roman, c’est pour pouvoir admirer la beauté créative de son auteur, qui reflète celle de Dieu. Il faut cependant admettre que certains utilisent cette capacité à créer pour composer des œuvres qui dénaturent la gloire de Dieu. Même dans le domaine de la fiction, nous devons faire preuve de discernement. Nous devons chercher à lire des œuvres qui reflètent la gloire de Dieu, pas celles qui la déforment (comme le fait la pornographie par exemple).

Une autre bonne raison d’aimer les romans, c’est le lien étroit qui existe entre notre foi et notre imagination. Nous associons généralement l’imagination à des choses qui n’existent pas et la foi à des choses qui existent. Mais l’imagination peut nous aider à croire plus solidement encore à des réalités que nous ne pouvons pas encore voir, toucher ou vivre. Comme l’explique Hébreux 11.1 : « La foi, c’est la ferme assurance des choses qu’on espère, la démonstration de celles qu’on ne voit pas. »

La plupart d’entre nous ne saurons pas réellement ce qui nous attend au ciel avant de nous y rendre après notre mort. Mais Jésus a parlé du paradis comme d’une réalité que nous devons reconnaître par la foi dès maintenant. Jésus a recommandé à ses disciples de vivre comme si le paradis existait, parce qu’il existe. Pour nous, cela demande une bonne dose de foi. Francis Schaeffer a un jour dit que : « L’imagination du chrétien devrait être de celles qui dépassent même les étoiles. » Jésus (et Schaeffer) savait qu’il était impossible de vivre une vie chrétienne sans une croyance ferme dans les choses invisibles.

Si le paradis et l’enfer restent des concepts philosophiques dans nos esprits que nous ne saisissons pas vraiment, nous allons avoir du mal à vivre nos vies à la lumière de tout ce qui nous attend de l’autre côté. C’est pour cela que Jésus a demandé à ses disciples de chercher d’abord le royaume des cieux et la récompense éternelle qui les y attend (Matthieu 6.19-21 ; 33). Jésus voulait que ses disciples vivent comme si leurs actes résonnaient dans l’éternité, parce que c’est le cas.

Et je crois que c’est quelque chose que la fiction peut nous aider à faire. En cultivant notre imagination, nous développons la capacité de notre esprit à se représenter des images de l’éternité que nous ne pouvons pas encore percevoir. L’un des grands dangers d’une société qui bascule du plaisir de lire vers l’unique plaisir de regarder la télé et des films, c’est la perte tragique que cela provoque en termes de développement de l’imagination. Les images nous fournissent d’emblée tous les détails alors que la lecture laisse notre imagination illustrer l’histoire.

Alors pour la rentrée, choisissez un roman de qualité sans vous sentir coupable et cultivez votre capacité à peindre dans votre esprit des images du monde invisible et éternel.

Andrew Hess est éditeur et donne des cours de théologie. Quand il ne travaille pas, Andrew aime explorer les paysages du Colorado, enseigner à l’école du dimanche et acheter des antiquités hors de prix dans des ventes de garage.

Extrait du blog de Boundless, Boundless.org/Blog. © 2012 Focus on the Family. Utilisation autorisée.