Discipliner avec grâce et fermeté

Par Andrea Lucado

La merveilleuse approche éducative de mes parents.

Certaines personnes se disent sûrement que ma famille est « super sainte » du fait que mon père s’appelle Max Lucado, pasteur et auteur de livres chrétiens à succès. Les gens pensent peut-être même qu’en grandissant, notre famille se réunissait le soir pour écouter mon père répéter ses sermons et se levait à l’aube le lendemain pour lire la Bible avant de partir à l’école. Bien sûr, il y avait chez nous des moments de lecture de la Bible et mon père écrivait en effet des sermons, mais je ne pense pas que mon expérience de vie familiale diffère beaucoup de tous ceux qui ont grandi dans un foyer chrétien. Il y avait des moments de fous rires et d’amour partagé – et des moments de dispute et de rébellion. Être des Lucado ne nous a pas épargné toutes ces choses.

Mes deux sœurs et moi, nous avons fait subir à nos parents l’éventail classique de toutes les difficultés éducatives : les problèmes de comportement, les disputes, le manque de respect, puis plus tard l’alcool, les garçons et les sorties en douce. Mais ce n’était pas parce qu’ils étaient de mauvais parents, c’est parce que nous étions tous humains. Puisque je suis une pécheresse, élevée par des pécheurs, il était évident que j’allais pécher et faire des trucs idiots – surtout à l’adolescence.

Certains comportements adolescents sont inévitables et je ne pense pas que les parents puissent réellement les contrôler. Mais ce qu’ils peuvent contrôler, c’est leur manière d’y répondre. Mes parents ont toujours fait attention à leurs réactions envers nous. Le message que mes sœurs et moi recevions chaque fois, même inconsciemment, c’est : nos parents restent accessibles. Ils nous aiment et nous pardonnent, mais nous devons assumer les conséquences de nos erreurs.

Cette approche éducative a été merveilleusement illustrée pour moi quand j’avais seize ans. Pendant une saison dans ma vie au cours de laquelle j’avais des doutes sur ma foi et très envie d’être populaire, j’ai passé la nuit chez une amie et nous avons décidé que ce serait une bonne idée de sortir en douce, sans que ses parents ne le sachent. Nous voulions aller voir des garçons… qui fumaient de la marijuana.

Même si nous ne nous sommes pas fait prendre, le lendemain mon amie – dans un accès de désespoir ou de culpabilité – a avoué à sa mère ce que nous avions fait. Sa mère m’a appelée et m’a expliqué qu’elle devrait en parler à mes parents si je ne le faisais pas moi-même.

La plupart des ados auraient cherché à se dédouaner, à négocier ou bien ils auraient nié. Tout pour éviter une confession directe à leurs parents. J’ai envisagé toutes ces options et j’ai décidé que la confession était la meilleure des solutions. Je suis certaine que si j’ai pu le faire, c’est grâce à l’environnement dans lequel mes parents m’avaient élevée.

Être accessibles

Au départ, j’avais peur d’avouer ma rébellion à mes parents, mais seize années d’expérience m’avaient appris qu’ils savaient se montrer ouverts et abordables. Dès que je pénétrais dans le bureau de mon père, il levait les yeux de son travail et me consacrait toute son attention. Quand ma mère préparait le repas, je m’asseyais à la table de la cuisine pour lui déballer toute ma journée à l’école, et elle m’écoutait toujours. Quand j’avais besoin de l’attention de mes parents, ils étaient disponibles pour moi.

Sachant cela, je suis entrée dans la chambre de mes parents en me préparant à être honnête et à affronter les conséquences de cette honnêteté.

Faire preuve de grâce

J’ai d’abord parlé à ma mère. Elle était assise dans le fauteuil où elle s’installe habituellement pour prier. C’est là que je la trouvais toujours le matin et souvent à d’autres moments de la journée. Je me suis assise en face d’elle (dans le fauteuil de mon père) et avant d’avoir pu prononcer un mot je me suis mise à sangloter, de manière incontrôlable. J’avais honte et tellement peur de la décevoir. Finalement, entre deux sanglots, j’ai tout raconté à ma mère. Puis j’ai continué à parler. Je lui ai parlé des autres fois où j’étais sortie sans permission. Je lui ai parlé des fêtes auxquelles j’avais été en leur mentant sur ce que je faisais. Je lui ai dit que je buvais parfois et que je savais bien que c’était de la rébellion, mais que Dieu me paraissait si loin et que je ne savais pas comment faire autrement.

Alors que je déversais tout ça, ma mère s’est mise à pleurer avec moi. Ses yeux étaient remplis de douceur et même si je voyais bien qu’elle souffrait, elle a continué à m’écouter aussi longtemps que j’avais besoin de parler.

Face à la réaction bienveillante de ma mère, j’ai vu qu’elle comprenait. Je croyais qu’elle allait être horrifiée ou dévastée par mon comportement, mais ce n’était pas le cas. Elle aussi avait été une adolescente, confrontée à la tentation, et elle ne me considérait pas comme condamnée. Ses larmes étaient pour moi de la grâce à l’état pur.

Punir

Bien sûr, cette conversation avec ma mère n’était pas le fin mot de l’histoire. Je savais qu’il y aurait des conséquences parce que mes parents nous avaient toujours puni mes sœurs et moi quand nous dépassions les limites. Chez nous, les règles étaient les règles.

Quand mon père est rentré du travail ce soir-là et a entendu toute l’histoire, il m’a fait asseoir et m’a posé quelques questions : pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce que tu recherchais ? Est-ce que tu connaissais bien ces garçons ?

Il a écouté mes tentatives maladroites de réponses, puis il m’a expliqué que mon comportement avait non seulement été à l’encontre des règles, mais qu’il m’avait aussi mise en danger. Il m’a dit qu’en tant que jeune fille de seize ans, je n’avais pas pris en compte les risques de passer du temps avec des gens que je connaissais à peine et qui fumaient de l’herbe. Mon père voulait toujours que ses filles comprennent bien les raisons des limites qu’ils nous posaient avec ma mère.

Avec une voix calme, mais sévère, il a détaillé ma punition. J’étais privée de sortie pendant trois semaines, et j’avais interdiction de fréquenter certaines personnes de mauvaise influence pour un temps indéterminé. Il m’a assuré qu’il m’aimait, mais j’avais brisé leur confiance en moi et quand cela se produisait, il fallait passer par un temps de restauration.

Prendre le temps de restaurer

Parce que mes parents avaient établi chez nous une atmosphère de grâce et parce qu’ils étaient à l’écoute et lent à se mettre en colère (Jacques 1.19), mon cœur a été transformé. Plutôt que de devenir de plus en plus distante et en colère contre mes parents, j’ai fait ce que beaucoup de parents attendent de leurs enfants : j’ai réfléchi à ce que j’avais fait.

C’est là que j’ai réalisé que je n’aimais pas tellement jouer les mauvaises filles. Je n’étais pas très douée pour ça et je voulais retrouver la vraie moi. Je voulais aussi retrouver Jésus. Je voulais que ma foi redevienne solide comme avant.

Cela m’a pris du temps, mais j’étais en chemin vers la restauration de la confiance de mes parents et la restauration de ma relation avec Christ. Ce cheminement, bien qu’imparfait, a été rendu possible par des parents qui ont su rester accessibles, qui ont aussi su montrer une profonde grâce et une fermeté pleine d’amour.

Andréa Lucado est est la fille de Max Lucado et une auteure pigiste habitant à Nashville, Tennessee.

Cet article a été publié dans le numéro d’octobre-novembre 2015 du magazine Thriving Family sous le titre « Approachable Parenting ». Tous droits réservés © 2015 par Andrea Lucado. Utilisation autorisée.