Le Dieu de la neige et des aurores boréales
Écrit par Subby Szterszky
Beaucoup d’entre nous entretiennent une relation d’amour/haine avec l’hiver, surtout ici au Canada. Cette saison évoque en nous des images de froid glacial, de paysages mornes recouverts de neige, de jours fuyants et de longues nuits sombres. Cela crée en nous un profond désir de voir renaitre le printemps et l’éclatante vitalité de l’été. Pour certains, cette saison est synonyme de baisse de moral, voire même de dépression.
Pourtant, il est difficile de nier la beauté brute et terrible de l’hiver : inhospitalière certes, voire même dangereuse, mais aussi majestueuse. En tant que croyants, comment pouvons-nous passer outre cette apparente dichotomie ? L’hiver n’est-il qu’un indésirable produit dérivé de notre monde déchu, ou pourrait-il être un cadeau de notre Père des lumières ?
L’hiver dans les Écritures
Cela vous surprendra peut-être de constater combien de fois la Bible mentionne l’hiver et la neige. Après tout, la plupart des livres de la Bible ont été écrits dans la région du Proche Orient, qui est rarement associée aux grands froids. Et pourtant, une recherche sur la Bible en ligne, dans la version Segond 21, montre que le mot « hiver » est cité à 15 reprises, celui de « neige » revient 24 fois et l’on trouve aussi les termes de « glace », « givre » ou « grêle ».
La toute première de ces références se trouve juste après le déluge à l’époque de Noé, lorsque Dieu promet de ne plus jamais détruire le monde par les eaux :
« Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme, car l’orientation du cœur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse, et je ne frapperai plus tous les êtres vivants comme je l’ai fait. Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront pas. » (Genèse 8.21-22)
Dieu est donc bien l’auteur de toutes les saisons, agréables ou non, et Il est celui qui les perpétue. Le psalmiste Asaph s’en fait l’écho lorsqu’il écrit :
« A toi appartient le jour, à toi appartient la nuit ; tu as établi la lune et le soleil. Tu as fixé toutes les limites de la terre, tu as formé l’été et l’hiver. » (Psaume 74.16-17)
Lorsqu’il s’agit de répertorier l’imagerie hivernale dans les Écritures, le livre de Job tient une place de choix :
« Dieu tonne avec sa voix d’une manière merveilleuse. Il fait de grandes choses que nous sommes incapables de connaître. Il dit à la neige : “Tombe sur la terre !” Il le dit aussi à la pluie, même aux plus fortes pluies. » (Job 37.5-6)
« Par son souffle Dieu produit la glace et la surface de l’eau se fige. Il charge les nuages d’humidité, puis il les disperse, traversés d’éclairs ; leurs évolutions varient suivant ses directives pour l’exécution de tous ses ordres à la surface de la terre habitée. C’est comme un instrument de discipline pour la terre ou comme une marque de bonté qu’il les fait apparaître. » (Job 37.10-13)
« Es-tu parvenu jusqu’aux réserves de neige ? As-tu vu les dépôts de grêle que je tiens en réserve pour les moments de détresse, pour les jours de guerre et de bataille ? » (Job 38.22-23)
« De quel ventre est sortie la glace et qui a donné naissance au givre, pour que l’eau se déguise en pierre et que la surface du gouffre reste figée ? » (Job 38.29-30)
Et encore une fois, le psalmiste résume bien le contrôle que Dieu exerce sur les conditions climatiques les plus rudes :
« Il fait tomber la neige pareille à de la laine, il répand la gelée blanche comme de la cendre. Il lance sa glace sous forme de grêlons : qui peut résister devant ce froid qu’il provoque ? » (Psaume 147.16-17)
L’hiver évoque la beauté et la puissance de Dieu
Ces passages, bien qu’écrits il y a des milliers d’années, offrent une description poétique, mais aussi parfaitement juste de l’enchainement des saisons, du cycle de l’eau et de leur impact sur la terre.
Mais ils font encore bien plus que cela. La principale raison d’être de ces passages est, comme tout le reste de la création, de représenter différentes facettes de la gloire de Dieu. Ces images hivernales évoquent un sentiment de gratitude face à la providence parfaitement réglée de notre Créateur, tout comme une crainte pleinement méritée de sa puissance majestueuse. Pour citer les paroles de l’apôtre Paul, elles révèlent quelque chose de « la bonté et la sévérité de Dieu » (Romains 11.22).
Ces images démontrent aussi que la beauté n’est pas toujours douce et confortable. Elle peut se révéler dure et rugueuse, voire même mortelle si on ne l’approche pas avec sagesse et respect.
À la poursuite des aurores boréales
Cette beauté terrible a néanmoins poussé de nombreuses personnes à travers l’histoire à partir à sa recherche, jusque dans les régions du monde les plus inhospitalières. Un documentaire diffusé il y a quelques années sur Discovery Channel rapporte l’une de ces quêtes. On y suit l’actrice anglaise Johanna Lumley à l’extrémité nord de la Norvège, pour réaliser l’un de ses plus grands rêves : assister à une aurore boréale.
En chemin, elle discute avec des habitants qui lui expliquent que ses chances d’y arriver sont très minces, car pour qu’une aurore boréale se produise, les conditions doivent être parfaites. Elle interroge un scientifique qui lui apprend qu’il s’agit d’un flot de particules solaires – les fameux vents solaires – qui heurte le champ magnétique de la terre, créant ce phénomène atmosphérique.
Loin d’être découragée par cette description quelque peu terre à terre, Lumley se trouve de plus en plus émue par la majesté silencieuse des paysages glacés qui l’environnent, et qui par nature sont pourtant hostiles. Elle remarque combien la lumière arctique rend ces scènes claires et nettes, et en fait ressortir les couleurs de manière éclatante.
Au final, et contre toute attente, sous le sombre ciel d’une nuit d’hiver, elle voit enfin le voile scintillant d’une aurore boréale teinter l’étendue noire. Elle tombe à genou dans la neige, en pleurs, le visage tourné vers le ciel et murmurant sans pouvoir s’arrêter : « Merci ! »
C’est un moment plein d’authenticité qui n’a pas été écrit à l’avance, mais qui reste pourtant doux-amer. La gratitude de cette jeune femme n’est dirigée vers personne en particulier. Elle ne sait apparemment pas que c’est Dieu qui a créé ce magnifique tableau irisé et qui a mis en place les circonstances pour qu’elle puisse le voir et le vivre.
Les cieux racontent la gloire de Dieu
C’est le roi David qui a dit que : « Le ciel raconte la gloire de Dieu et l’étendue révèle l’œuvre de ses mains. Le jour en instruit un autre jour, la nuit en donne connaissance à une autre nuit. » (Psaume 19.2-3)
Quand nous lisons ces mots, nous pensons naturellement aux astres lointains : le soleil, la lune, les étoiles et les galaxies. Mais ils nous parlent tout autant des cieux plus proches de nous que représentent les nuages, la neige et les aurores boréales.
Quelque part, l’hiver évoque la mort, la chute, et la malédiction qui s’en est suivie : celle d’un monde qui n’était plus parfaitement adapté à la vie. Mais l’hiver est aussi l’annonce du printemps, dont la venue est aussi sûre que le soleil fait fondre la neige, que la lumière vient triompher des ténèbres, et que la vie remporte la victoire finale sur la mort.
En attendant, il y a cette beauté froide indéniable, qui reflète à sa manière la puissance et la providence de notre Dieu. C’est une beauté qui rappelle, parfois de manière perçante, que Dieu contrôle toutes choses, qu’elles soient plaisantes ou non, pour le bien de sa création et la gloire de son nom.
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