Mes voisins sont musulmans
Écrit par Monique Linourdi
Comment Dieu me libère de mes a priori et de mes appréhensions, pour aller à la rencontre de mon prochain
Mes voisins sont musulmans. Rien de surprenant en ce temps où de plus en plus de familles migrent en quête de jours meilleurs dans ce monde tourmenté qui est le nôtre. Leur arrivée peut aussi être liée à bien d’autres facteurs, comme celle de chacun d’entre nous…
Quelle ne fut pas ma surprise, l’autre jour, en sortant de l’ascenseur, d’être accueillie sur le palier par une petite table avec des biscuits et une tasse de thé. La voisine est alors sortie de chez elle pour me convier à me servir. « C’est pour le mariage de notre fils ! Servez-vous ! Cela nous fait plaisir ! Entrez ! » Bien sûr, je n’avais pas le temps, et je l’ai donc remerciée poliment en passant mon chemin.
Quelques moments plus tard, je me suis sentie très… bête. Honteuse. Embarrassée.
Moi qui suis chrétienne, qui me veux sociable et ouverte aux autres, prête à les accueillir avec leurs différences, j’ai raté une occasion si belle et facile d’établir le contact, de faire connaissance, d’être tout simplement une bonne voisine.
J’ai beau tourner cela dans tous les sens, je ne vois qu’une explication : la peur. La peur de l’autre. Surtout s’il est différent. Surtout si je ne le connais pas. Plus encore s’il ne parle pas comme moi, ne s’habille pas comme moi, ne pense pas comme moi, ne croit pas comme moi.
« Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Ainsi parle Jésus dans Jean 8.31-32.
J’ai toujours pensé que c’était une bonne nouvelle pour celui qui s’approche de Dieu pour la première fois. Certes, la vérité de l’évangile libère celui qui devient chrétien et disciple de Jésus. Mais de toute évidence, Jésus s’adresse d’abord ici à ses disciples. Ce sont eux qui ont besoin d’être libérés. En fait, c’est moi. Libérée de mes a priori. De mes préjugés. De mes appréhensions. De mes jugements. De mes peurs de l’autre.
On attribue à Albert Einstein ces propos : « Triste époque que celle où il est plus difficile de briser un préjugé qu’un atome. » Propos plus vrais que jamais, y compris dans ma propre vie.
Face à mes propres a priori et préjugés envers ceux d’une autre couleur de peau, culture ou religion, certaines paroles de la Bible me bousculent, m’encouragent, me poussent à apprendre à aller à la rencontre de mon prochain, quel que soit son arrière-plan, et ses opinions ou convictions :
« Il n’y a pas de peur dans l’amour ; au contraire, l’amour parfait chasse la peur. » (1 Jean 4.18)
Si ce verset souligne que je n’ai plus à craindre le jugement de Dieu, il s’applique certainement aussi à mes rapports avec les autres. L’amour de Christ triomphe de la peur du rejet ou du conflit. Je n’ai donc pas à avoir peur de mon prochain. L’amour est une arme puissante pour toucher les cœurs et me garder de toute agressivité ou dureté dans mon approche des autres, quels qu’ils soient.
« Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde. » (1 Jean 4.4)
Que Dieu me garde d’être provocatrice en attaquant quiconque à coups de versets bibliques. Ce n’était certainement pas l’approche de Jésus, et ne devrait en aucun cas être la mienne. L’apôtre Pierre, qui a pourtant souvent été impulsif avant que l’Esprit ne le transforme, va jusqu’à dire : « Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous [et non à vous défendre !], devant tous ceux qui vous en demandent raison, mais faites-le avec douceur et respect, en gardant une bonne conscience. » (1 Pierre 3.15-16)
Je pense à ce chrétien qui, désireux de partager la bonne nouvelle avec un collègue musulman, l’a invité durant des mois à prendre le café au moment de leur pause, juste pour lui demander de partager avec lui ses croyances afin de mieux le comprendre. Le jour est venu où les rôles ont été inversés. Le musulman demanda à son tour au chrétien de lui présenter sa foi. Au fil des rencontres, le Seigneur s’est révélé à lui jusqu’au jour où, des mois plus tard, il a accueilli Jésus-Christ comme son Sauveur et Seigneur personnel.
Chaque « prochain » que je croise dans la rue, dans mon immeuble, dans quelque lieu public ou au hasard du chemin est avant tout une créature de Dieu. Une œuvre d’art du Créateur. Un être fait pour adorer. Pour être aimé. Pour aimer en retour. Et si cet amour devait passer par moi ?
« Soyez donc prudents comme les serpents et purs comme les colombes. » (Matthieu 10.16)
Il ne s’agit pas de dire oui et amen à tout, de faire semblant d’être d’accord sur tout, de compromettre mes convictions. Non, toutes les religions ne sont pas les mêmes. Non, nous ne prions pas forcément tous le même Dieu. Non, il ne suffit pas de scander « Aimez-vous les uns les autres ». L’évangile est certes un message de tolérance, mais aussi de cohérence. Je ne peux renier la foi qui m’est chère, mais je refuse de la présenter avec un sentiment quelconque de supériorité. Nous sommes tous des créatures à l’image de Dieu appelées à devenir des enfants chéris de Dieu en plaçant notre confiance en Jésus.
« Conduisez-vous avec sagesse envers les gens de l’extérieur et rachetez le temps. Que votre parole soit toujours pleine de grâce et assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun. » (Colossiens 4.5-6)
Pas trop de poivre. Plutôt du sel. Affirmer ma foi, certes. L’imposer, jamais. Seul le Saint-Esprit convainc. Personne ne parle mieux de Dieu que Dieu lui-même. Je ne suis qu’un témoin de la grâce de Dieu, et c’est déjà un immense honneur et un privilège.
Dans le fond, je peux faire une multitude de petits pas vers ceux que je ne connais pas, ne comprends pas forcément, et dont j’ignore tout ou presque de leur culture et de leurs croyances.
Et si mon voisin se crispe ou prend quelque distance le jour où j’ose enfin parler ouvertement de Jésus, de sa grâce, de son amour, de son salut ? Je veux continuer à l’aimer, le bénir, le saluer, lui rendre service quand et comme je le peux. À quoi bon prétendre que l’amour de Dieu est « inconditionnel » si le mien est conditionnel au fait que mon interlocuteur accueille mon message et soit d’accord avec moi ?
« Votre lumière doit briller devant tous les hommes, pour qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils en attribuent la gloire à votre Père céleste. » (Matthieu 5.16)
Dans tous les cas, je veux garder ma porte ouverte au contact, à l’échange, à la poursuite du dialogue, en veillant à le parsemer d’actes de bonté, de modestes services rendus ici et là, sans rien attendre en retour, si ce n’est le privilège d’arroser la semence plantée dans les cœurs.
Quelques bonnes pistes pour mieux partager sa foi avec ses amis musulmans :
http://www.lueur.org/textes/temoigner-musulmans
http://mena-france.org/temoigner-aux-musulmans.html
© 2017 Monique Linourdi. Utilisation autorisée.