S’il y avait un examen pour devenir maman…
Quand les échecs quotidiens deviennent des leçons de vie
Par Laura Polk
S’il y avait pour les mères un examen en éducation, je crois qu’on ne me donnerait pas le diplôme.
Mes professeurs ? Trois petits malins, des mini-versions de mon mari et moi. Oui, il s’agit bien de nos trois enfants, qui sont tous encore en âge d’aller à l’école. Ces trois-là aimeraient sûrement étudier de près la longue liste de faux pas de leur mère avant de lui mettre un zéro, en soulignant chaque faute au gros marqueur rouge permanent. Bon, peut-être suis-je un peu sévère avec moi-même, ils me mettraient probablement un ou deux points.
Toutefois, il me semble que, peu importe le mal que je me donne, je ne suis jamais assez qualifiée pour ce travail. Quelle que soit l’heure à laquelle je me lève (la première à être debout) ou à laquelle je repousse le coucher (la dernière au lit), j’ai l’impression de ne jamais réussir à tout faire.
Les rares fois où j’arrive au bout de ma liste de corvées, il est bien rare que j’aie le temps de m’en réjouir. En effet, avant que j’aie pu me reposer sur mon petit lit de lauriers, je me rends compte que j’ai déposé une voiture pleine d’enfants qui reniflent en ayant oublié de leur donner leurs médicaments. Ou bien je m’aperçois qu’un seul des trois petits trésors s’est brossé les dents avant d’aller au lit. Ou pire, alors qu’ils sont tous sortis jouer dans le froid glacé, je réalise que trois manteaux bien chauds sont encore accrochés derrière la porte d’entrée.
Mon cerveau se brouille souvent. Et au quotidien, je suis reconnaissante d’avoir la capacité de naviguer sur pilote automatique. Même si, je dois l’admettre, je ne suis pas toujours sûre de savoir qui est au volant. Au cours d’une semaine classique, je peux passer jusqu’à 33 heures dans ma voiture pour aller à des activités, attendre sur le parking qu’elles soient terminées et en revenir. Croyez-moi. J’ai compté. Et bien sûr, tout cela en plus du travail, de la lessive, des courses, des visites chez le docteur…
Pour être honnête, les activités pour lesquelles mes enfants ont dans un premier temps montré un intérêt se sont lentement transformées en corvées. Mais, quand on commence quelque chose dans notre famille, on le finit ! C’est la règle. J’aimerais bien savoir qui a eu cette brillante idée d’ailleurs. Ah oui, c’est moi ! MOI !
Pourquoi est-ce qu’il me semble que tant d’autres sont capables de maîtriser l’éducation de leurs enfants quand j’arrive à peine à me sécher les cheveux ? Est-ce que j’y arriverai un jour ? La vie de mes enfants va-t-elle tourner au désastre quand ils auront quinze ans, pendant que les super mamans du quartier vont me regarder et discuter de loin mes mésaventures ?
Je ne crois pas. En fait, quand je regarde la réalité avec attention, je vois que je ne suis pas toute seule.
De l’autre côté de la rue, je vois des mamans avec des empreintes de doigts collantes sur leurs nouveaux chandails. En fait, si je pouvais observer la journée de la plus douée de toutes les mamans, je verrais probablement qu’elle a un placard où s’entasse du linge sale, des rédactions oubliées et même peut-être un chemisier dans lequel quelqu’un s’est mouché.
En vérité, je suis la seule de la famille à être aussi dure avec moi-même. Je crois que mes enfants ne remarquent même pas mes petits échecs quotidiens. Ils ne notent pas mes performances au marqueur rouge. Mais ils m’enseignent des leçons incroyables sur la maternité – des leçons épuisantes et souvent difficiles à accepter, mais qui ont toutes un point commun : elles me montrent combien je dois m’en remettre à Dieu pour remplir ma tâche.
Non, leurs vêtements ne sont pas toujours parfaitement repassés quand ils sont assis au premier rang à l’église. Mais plus tard dans la journée, quand je dessine « le plus bel éléphant du monde » (c’est vraiment ce que pense mon fils) je suis aussi heureuse qu’un enfant a qui ont vient de donner un 20/20 – note que mon fils a attribuée à mon devoir la dernière fois que nous avons joué à l’école ensemble, soit dit en passant.
Laura Polk apprend ses leçons de mère à Wagram, en Caroline du Nord.