Lorsque l’on fait face au deuil

Par Focus on the Family

Avec le temps, l’intensité de votre chagrin va sans doute diminuer. Il est important cependant de ne pas chercher pas à précipiter le processus de deuil

Faire le deuil d’un être cher est un processus individuel. Certains se sentent comme anesthésiés pendant un certain temps avant de commencer à ressentir vraiment les douleurs de la perte qu’ils ont subie. D’autres sont envahis par l’angoisse et souffrent de troubles du sommeil, se remémorant peut-être d’anciennes disputes ou ressassant des paroles qu’ils n’ont pas eu le temps d’exprimer. Il n’est pas rare qu’une personne en deuil éclate en sanglots de manière soudaine, surprise par un souvenir ou un élément extérieur qui lui rappellent la personne disparue. Même pour ceux qui sont sûrs que leur être cher est avec le Seigneur, la peine liée à leur perte n’en est pas moins douloureuse. Tout le monde ne vit pas son deuil de la même manière, ni sur la même période de temps, mais il reste essentiel de se donner le droit de traverser son deuil pour pouvoir accepter la perte d’une personne proche et réussir à avancer. Pour cela, il vous faut vous montrer honnête dans votre cheminement et poser à Dieu les questions difficiles qui vous aideront à grandir (vous pouvez lire Lamentations 3).

Des deuils différents

Les circonstances dans lesquelles une personne décède, même quand il s’agit d’une personne âgée, peuvent affecter votre processus de deuil. Pour les familles de patients Alzheimer, le deuil commence dès le début de la maladie, bien avant que le décès n’intervienne. Dans un cas comme celui-là, la mort étant attendue depuis longtemps, ce type de deuil n’est pas le même que lors d’un décès suite à une courte maladie, une opération ou un accident.

Avec le temps, l’intensité de votre chagrin va sans doute diminuer, mais ne cherchez pas à précipiter le processus de deuil. Ne vous attendez pas à ce que vos émotions et vos ressentis soient les mêmes que pour tout le monde. Dieu a fait de vous une créature unique et votre processus de deuil sera un cheminenemt personnel. Gardez cependant à l’esprit que le poids du deuil s’allège un peu lorsqu’on le partage. Le soutien des autres peut vous aider à gérer les répercussions de votre perte. Dieu aussi vous offre son réconfort dans les temps de deuil. Paul affirme que Dieu est « le Dieu de toute consolation » (2 Corinthiens 1.3).

S’en sortir après l’enterrement

Lorsque l’enterrement est passé, et que tous vos proches et vos amis sont retournés à leurs propres vies bien remplies, vous vous demandez peut-être comment vous allez arriver à vous en sortir. Si le chagrin menace de vous submerger, rappelez-vous ces paroles du psalmiste et prononcez-les avec lui : « Mon âme est accablée de tristesse : relève-moi conformément à ta parole ! » (Psaume 119.28) Accrochez-vous aux promesses de Dieu tandis que vous avancez dans votre deuil. « Il donne de la force à celui qui est fatigué et il augmente la vigueur de celui qui est à bout de ressources. » (Ésaïe 40.29, version à la Colombe)

Mais comment peut-on surmonter la mort d’un être cher ? Après combien de temps est-il anormal d’être encore en deuil ? On considère généralement qu’il existe quatre « tâches du deuil » [1] que toute personne endeuillée doit accomplir pour pouvoir réellement se remettre de la perte d’un être aimé :

  • Accepter la réalité de la perte
  • Traverser la douleur du deuil
  • S’habituer à vivre sans la personne décédée
  • Rediriger l’énergie émotionnelle que l’on aurait consacrée à l’être perdu et la réinvestir dans d’autres relations

(J. William Worden, Grief Counseling and Grief Therapy: A Handbook for the Mental Health Practitioner[2], 1991).

  1. Accepter la réalité de la perte

La première tâche, accepter la réalité de la perte, implique de surmonter la réaction première de déni naturel et de réaliser que la personne est physiquement décédée. Un certain nombre de choses peuvent aider à avancer dans ce sens, comme le fait de voir le corps après la mort, d’assister aux funérailles et à l’enterrement, ou de se rendre à l’endroit où repose le corps. Par ailleurs, le fait de parler de la personne décédée ou des circonstances de sa mort peut également aider.

Il est nécessaire de faire le deuil de l’aspect physique du décès de la personne et de se faire à l’idée que l’on ne verra plus la personne dans cette vie. Mais la vie spirituelle, elle, ne s’arrête pas. Si la personne que vous avez perdue était chrétienne, non seulement vous la reverrez dans l’au-delà, mais vous savez aussi qu’elle se trouve désormais dans un lieu incomparablement meilleur, c’est-à-dire en présence du Seigneur, là où il n’y a plus de souffrance, de peur ou de chagrin. Cela est vrai pour tous ceux qui meurent en Dieu. « ‘Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu.’ Celui qui était assis sur le trône dit : ‘Voici que je fais toutes choses nouvelles.’ » (Apocalypse 21.4-5) Ainsi, c’est pour nous-mêmes que nous portons le deuil et non pour les chrétiens disparus. Ils sont (déjà) là où nous nous languissons d’être.

  1. Vivre la douleur du deuil

La deuxième tâche, vivre la douleur du deuil, consiste aussi à s’attaquer au déni émotionnel qui est si répandu chez les personnes en deuil. Nombreux sont ceux qui cherchent à éviter la douleur en réprimant leurs émotions ou en fuyant ce qu’ils ressentent. Ils évitent parfois les lieux ou les circonstances qui leur rappellent l’être aimé. Certains essaient de prendre des raccourcis dans leur processus de deuil, ne reconnaissant pas les sentiments de colère ou de déni généralement typiques. Pourtant, la seule manière d’avancer dans son deuil est d’accepter de faire ce chemin. Il n’est pas possible d’échapper à la souffrance qui y est associée. Ceux qui tentent d’éviter la douleur finiront par souffrir d’une forme de dépression, voire de problèmes physiques. Le fait de vivre pleinement cette douleur, le plus souvent à travers des larmes, est une source de soulagement. Jésus a pleuré lorsqu’il a perdu son ami Lazare, même s’il savait qu’il allait le ressusciter des morts. Nous avons, nous aussi, la permission de pleurer et de ressentir la douleur.

Nous traversons tous des souffrances dans cette vie. La seule chose qui soit pire que de perdre un être aimé, c’est la douleur de ne jamais avoir aimé ou avoir été aimé. D’une certaine manière, la douleur de la perte est un don, car elle est la preuve de la présence d’amour dans notre vie.

  1. S’habituer à la perte

La troisième tâche, s’habituer à vivre dans un monde où la personne décédée n’est plus là, demande à la personne en deuil de reprendre certains des rôles sociaux autrefois assurés par le disparu, ou de trouver d’autres personnes pour le faire. Par exemple, une personne qui a perdu son conjoint aura peut-être besoin d’aide pour s’occuper de la maison et faire la cuisine. Une personne qui n’avait jamais appris à conduire devra passer son permis ou trouver d’autres moyens de transport, autrement, elle va se retrouver très isolée. Quelqu’un qui redoute l’idée de rentrer chaque soir dans une maison vide peut par exemple choisir d’adopter un animal de compagnie.

  1. Rediriger son énergie

La dernière tâche consiste à rediriger l’énergie émotionnelle que l’on aurait consacrée à l’être perdu et la réinvestir dans d’autres relations. Il arrive souvent que les personnes en deuil aient l’impression de trahir ou de tromper l’être cher qu’ils ont perdu quand ils commencent à se détacher émotionnellement de lui. Le but n’est pourtant pas d’oublier la personne disparue, mais de pouvoir se souvenir d’elle sans être paralysé par le chagrin.

Pour certains, il est très difficile de s’investir à nouveau dans une relation car ils ne veulent pas prendre le risque de se confronter à nouveau à la douleur de la perte. D’autres ont mis toute leur énergie à prendre soin de la personne avant qu’elle disparaisse et maintenant, ils ne savent plus trop quoi faire. Cependant, il est toujours bon d’investir dans vos relations amicales et ce, pour plusieurs raisons. Vos amis de longue date peuvent se remémorer avec vous l’être cher que vous avez perdu. Ils peuvent aussi vous encourager et vous donner la permission de reconstruire votre vie. Le fait de créer de nouvelles amitiés vous permet de vous percevoir à nouveau comme une personne ayant un avenir et non plus seulement comme un veuf, une veuve ou un survivant. Pour certains, s’engager dans une activité bénévole peut leur apporter une structure, un but et leur permettre de faire de nouvelles rencontres. D’autres créent de nouveaux liens à travers un groupe de soutien pour personnes endeuillées.

Ne pensez pas qu’il vous faut arriver à cette étape le plus vite possible.  Si le fait de vous rendre à une grande fête vous semble en décalage avec ce que vous ressentez en ce moment, choisissez plutôt d’aller prendre un café avec un bon ami. Pour ceux qui ont perdu un conjoint, mettre plus de temps et d’énergie dans les autres relations familiales, comme celles avec leurs enfants ou leurs petits-enfants, apporte souvent du baume au cœur.

Ne vous précipitez pas pour prendre des décisions importantes ou apporter des changements qui pourraient ajouter du stress à votre vie. Donnez-vous le temps et l’espace de vivre votre deuil. Si cela est possible, ne déménagez pas la première année. Il peut être utile de mettre intentionnellement de côté une ou deux heures par jour pour « travailler » à votre deuil, surtout si la perte de l’être aimé est récente. Tournez-vous pour cela vers des proches ou des amis qui vous soutiennent. Lisez un bon livre de dévotions quotidiennes qui vous encourage. Vous pouvez aussi rechercher dans une concordance biblique des termes tels que consolation ou espérance. En lisant ces versets, méditez sur chacun d’eux et notez-les dans un journal de prière. Laissez la Parole de Dieu vous guérir. Psaume 94.19 affirme : « Et quand j’avais le cœur surchargé de soucis, tu m’as consolé, tu m’as rendu la joie. » (Version Français Courant)

© 2020 Focus on the Family. Tous droits réservés. Utilisation autorisée. Publié initialement en anglais sur FocusOnTheFamily.com.

[1] On parle de « tâches » plutôt que d’étapes, car des étapes supposent une succession dans un certain ordre alors que tout le monde ne traverse pas ces phases dans le même ordre.

[2] Accompagnement et thérapie du deuil : manuel pour les professionnels de santé mentale (traduction libre, livre uniquement disponible en anglais).