Comment aider ceux qui vivent avec une douleur chronique

Des conseils pratiques pour faire preuve de compassion envers ceux qui souffrent au quotidien

Par Leslie J. Payne

Alors que la neige commençait à tomber doucement sur cette matinée calme et grise, tout semblait aller pour le mieux. J’étais au volant de ma voiture, arrêtée au feu rouge et chantant au son de la radio quand soudain un bruit étrange m’a fait lever les yeux vers mon rétroviseur. Tout ce que j’ai pu voir c’est la grille métallique d’un énorme camion qui, quelques millisecondes plus tard, a percuté mon véhicule.

J’ai crié : « Jésus ! » comme une prière. A l’instant même, le feu est passé au vert et le semi-remorque devant moi s’est mis à avancer, ce qui m’a miraculeusement permis d’éviter d’être écrasée entre deux camions. Après l’accident, je n’ai vu de sang nulle part ni ressenti la moindre fracture. J’ai donc remercié Dieu en prière et suis sortie de ma voiture. Les autres autos nous contournaient lentement. Le chauffeur du camion, inquiet, m’a demandé mes coordonnées. Je l’ai assuré que j’allais bien. Je n’aurais pas pu être plus loin de la vérité.

Les ravages de la douleur

Cette journée, qui se déroulait en l’an 2000, a drastiquement changé ma vie. Mon corps de trente-neuf ans qui avait l’habitude de faire régulièrement de l’aérobic, de la musculation et du vélo a soudain semblé prendre vingt ans. Dès le lendemain matin, j’étais paralysée de douleur. Mon bras droit ne pouvait bouger que de quelques centimètres. Je devais le soulever en me servant de ma main gauche. Les tests médicaux ont confirmé que plusieurs nerfs avaient été sérieusement endommagés, altérant le fonctionnement des muscles de mon dos, mon cou et mes épaules. Souffrant aussi d’un traumatisme crânien, j’étais devenue incapable de tenir ma tête droite pendant plus de quelques minutes. En un instant, ma vie active s’est évaporée et ma carrière d’interprète en langage des signes s’est effondrée.

De l’extérieur, mon corps n’avait pas changé de manière notable mais à l’intérieur, il hurlait constamment de douleur. Cette douleur m’empêchait de me reposer correctement. J’ai donc très vite souffert d’un profond manque de sommeil. Pendant un an et demi, j’ai passé la majorité de mon temps chez les physiothérapeutes. Les médecins me donnaient peu d’espoir, m’encourageant à accepter que ça ne s’améliorerait probablement pas. Tout en moi protestait contre ces affirmations, mais j’attendais d’être seule chez moi pour m’effondrer en sanglot. Je ne recevais pas de réponse à mes prières pour être soulagée de la souffrance. Je dépendais pourtant profondément de Dieu pour traverser la moindre journée.

Après plusieurs opérations de neurochirurgie, des années de rééducation, de nombreux spécialistes de la gestion de la douleur et ma détermination obstinée, le cauchemar s’est peu à peu estompé. Cependant, la douleur chronique et les séances de physio continuent de faire partie de ma vie quotidienne.

La douleur est entrée dans ma vie à toute vitesse, un peu comme ce camion. C’est ainsi que ça commence pour certains. Pour d’autres, la douleur chronique arrive doucement, avec ou sans explications. Quelle que soit la manière dont cela commence, les Centres de Prévention et de Contrôle des Maladies estiment que plus de 75 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques juste aux États-Unis. Cela est plus que les personnes souffrant de diabète, de maladies cardiaques et de cancer réunies. Bien qu’elle soit rarement constante, la douleur peut affecter tous les domaines de la vie, laissant la personne qui en souffre physiquement épuisée, émotionnellement isolée et spirituellement au plus bas.

Voici la définition de la douleur chronique : tout inconfort qui se poursuit un mois ou plus après la période normale de rétablissement. Elle peut être due à des blessures ou une maladie et durer des mois ou des années. La fibromyalgie, l’arthrite, le diabète, le cancer et bien d’autres maladies peuvent causer des douleurs chroniques. L’aspect trompeur de la douleur, c’est qu’elle ne peut pas se voir sur une radiographie ou dans les résultats d’un test médical, ce qui isole souvent encore plus ceux qui en souffrent.

Les effets de la compassion

En ce qui me concerne, il a été très difficile de m’adapter à la vie avec des douleurs chroniques. L’ampleur de mes besoins physiques et émotionnels a également rempli mes amis et ma famille d’un sentiment d’impuissance et de frustration.

Si quelqu’un dans votre entourage proche souffre de douleurs chroniques, les conseils suivants peuvent vous aider à marcher à ses côtés tout en renforçant votre relation avec lui :

  1. Écoutez avec empathie. La capacité à écouter calmement est une qualité souvent négligée, pourtant absolument cruciale en amitié. Les personnes qui prennent le temps de vous parler de leur douleur ont besoin que vous les écoutiez avec respect et sans jugement. Montrez-vous ouvert. Acceptez ce qu’ils vous disent en sachant que des émotions très fortes peuvent être attachées à la douleur physique.
  2. Parlez avec compassion. La douleur chronique peut donner à certains un profond sentiment de perte, suivi d’émotions semblables à celles que l’on traverse quand on perd un être cher. Votre proche traverse peut-être les étapes du déni, de la colère, de la dépression et de la culpabilité. L’acceptation ne vient qu’après tout cela.
  3. Priez ensemble. La National Pain Foundation [Fondation nationale de la douleur] explique que le corps et l’âme stressés par la douleur chronique ont besoin de soins constants. Une personne épuisée peut parfois avoir tendance à négliger la prière. Vous pouvez prier avec elle pour qu’elle soit soulagée de sa douleur, pour sa relation avec Dieu, pour qu’elle soit protégée de la dépression et pour qu’elle fasse preuve de patience envers elle-même.
  4. Agissez. Proposez-vous de faire quelque chose de précis : faire les courses, apporter un repas ou conduire votre ami à ses rendez-vous. Même offrir un bon oreiller ou un fauteuil confortable est un acte de compassion. Rappelez-vous de vous montrer doux quand vous serrez la personne dans vos bras. De telles actions peuvent avoir un effet très positif sur quelqu’un qui traverse une phase d’impuissance ou de retrait.
  5. Acceptez les limitations. Les personnes souffrant de douleurs chroniques hésitent souvent à admettre leurs limitations car elles les différencient des autres. N’essayez pas de les convaincre de dépasser leurs limites. Invitez-les à partager vos activités, selon leurs capacités. Si vous faites du golf, ne vous vexez pas quand votre proche se retire de la partie au milieu du parcours. Donnez-lui des occasions de socialiser tout en acceptant les limites imposées par la douleur. Rappelez-vous que même quand la personne a l’air d’aller bien, elle peut tout de même être encore en souffrance.
  6. Riez ensemble et célébrez la vie. Les recherches montrent que la douleur est à la fois une sensation et une émotion. Plaisantez avec votre proche, partagez-lui des moments drôles. Regardez ensemble des vidéos rigolotes ou bien allez voir une comédie. Le rire fait monter le niveau de sérotonine qui est un antidouleur naturel. Partagez un nouveau loisir ensemble pour vivre quelque chose de nouveau et de rafraichissant. Rappelez-vous de vous réjouir ensemble des spécificités de sa personnalité et des qualités qui lui sont propres.

Nous avons tous un jour ou l’autre à traverser des petites douleurs par-ci par-là, mais ceux qui vivent avec des douleurs chroniques ont besoin de s’entendre rappeler qu’ils sont précieux et aimés. Ils sont tellement plus que les limitations de leur corps. Servez-vous de ces quelques conseils pour pallier quelque peu leur douleur et nourrir l’espoir dans leur vie.

 

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